Ana GOLDIȘ - POALELUNGI N F L U E N C E L ’ I DU FRANCAIS SUR LE R O U M A I N (Vocabulaire et syntaxe) Ouvrage publie avec le concours du Conseil Scientifique de l’Universite de Dijon Dijon 1973 PU B LI c A T I O N S DE L ’ U N I V E R S I T £ DE DIJON -------------------XLIV..... ...... ANA GOLDIS POALELGNGI Docteur es lettres L'INFLUENCE DU FRAN^AIS SUR LE ROUMAIN (Vocabulaire et syntaxe) SOClfiTfi LES BELLES LETTRES 95, BOUIyBVARD RASPALU PARIS-VIe 1 973 i A mon fils PREFACE La France a joue, ă partir du XIXe siecle, un role determinant dans la vie du peuple roumain et une riche bibliographie qui concerne le do- maine historique, litteraire, economique, social, culturel, politique, etc., en temoigne. Non moindre a ete 1’influence du franqais sur la langue roumai- ne. Apres des preliminaires, dont Ies debuts se situent dans la deuxieme moitie du XVIIIe siecle, et dont le role reste insignifiant, sinon nul, une influence franqaise d’une importance fonciere s’exercera sur le roumain des Ies premieres decennies du XIXe siecle. En depit de sa portee dans la genese de la langue litteraire roumaine moderne, et deja de son anciennete -environ un siecle et demi-, cette influence n’a eu droit de la part des linguistes roumains qu’ă des ar- ticles, plus ou moins longs et documentes, ou bien ă des chapitres ou des paragraphes dans des ouvrages d'ensemble. Dans ce contexte, pour ne pas em- ployer le mot carence, le travail de Madame Goldiș-Poalelungi prend toute son importance. Cette monographie comble un vide dans la linguistique rou- maine, romane, voire generale, car elle presente Ies divers aspects de ce phenomene et Ies differents problemes que posent Ies influences linguisti- ques. II fallait beaucoup d’amour pour notre discipline, un grand esprit d’abnegation, une perseverance sans faille pour mener â bon terme un pareil travail : on ne peut que feliciter et remercier Madame GOLDIȘ- POALELUNGI de l'avoir entrepris avec patience, methode et intelligence. Assurement le sujet sera repris : des faits inedits pourront eventuellement le completer, la matiere sera peut-etre interpretee ou orga- nisee differemment, des details precises ou corriges, etc., mais cet ouvrage indispensable et de premiere utilite ne sera pas â refaire, ce dont l'auteur peut etre fier. STRASBOURG 1973 Octave NANDRIȘ AVANT-PROPOS 0.1. II n’est pas necessaire d'insister sur Ies difficultes d'un tel sujet. On sait qu’en pareille matiere, le chercheur se heurte parfois ă de nombreux obstacles. Les interferences linguistiques, Ies rapports entre Ies langues et leur systeme grammatical sont toujours delicats et complexes. Notre etude est consacree au probleme du contact de deux lan- gues : le roumain et le franqais. II s’agit de leur comparaison synchronique pour etablir des structures identiques et surtout les structures empruntees au franqais. C'est un aspect de la linguistique comparative, un essai dfetu- de statistique des faits d’influence qui sont lies ă des motivations lin- guistiques et psychologiques en derniere analyse. L'influence franqaise reside dans la contribution de la langue franqaise par 1’intermediaire des traductions et des personnes qui la par- laient et qui - dans leurs ecrits - imitaient le modele franqais. Si on rencontre peu d'elements syntaxiques qui puissent etre consideres comme des emprunts proprement dits, en revanche, on enregistre bon nombre de construc- tions calquees sur le franqais. 0.2. Nous considerons que 1’etude dTune langue romane, tel que le roumain, s’avere plus instructive lorsqu'elle est comparee ă une autre lan- gue romane, le franqais en l’occurrence - dont elle a subi l'influence au cours de son developpement. Dans ce cas, les interferences linguistiques offrent des perspectives de recherches. Ainsi, en partant de l’idee de Lucien Tesniere (1) qui classe les langues en centripetes et centrifuges, selon que - dans le releve lineaire du discours - le mot subordonne est place avant ou apres le mot regissant, Jacques Pohl affirme que le roumain se detache des langues romanes par son caractere centrifuge, le franqais reste au contraire un peu plus centripete que les autres langues romanes (2). (D'ou l’opposi- tion entre le franqais centripete : le docteur, mon ami, șes livres, etc., et le roumain centrifuge : doctorul, prietenul meu, cărțile sale, etc. D'ailleurs, en franqais, les mots vides sont presque toujours centripetes, les mots pleins sont souvent centrifuges). Etudiant les langues romanes, W. von Wartburg fait une autre remarque interessante : "Quand, un jour, la linguistique synchronique, cette Science si jeune et si pleine de promesses, procedera ă une classification (1) Elements de syntaxe structurale, 2eme edition, Paris, Klincksieck, 1966, p. 32. (2) Le roumain seule langue romane centrifuge ?, Omagiu lui Alexandru Rosetti la 70 de ani (Hommages ă Alexandre Rosetti ă 70 ans), Ed. Acad. R.S.R., București, 1965, p. 717. des langues romanes, elle mettra certainement ă part le roumain et le fran- qais et elle Ies opposera aux autres langues romanes” (3) - affirmation tres juste etant donne que le franqais a subi l’influence des langues germaniques et le roumain a ete soumis ă l’influence slave. 0.3. L’etude de l’influence du franqais sur la langue roumaine a ete traitee partiellement dans divers articles. Personne ne s’est occupe jusqu’â present de l’apport franqais, quoique tous Ies Roumains sentent com- bien la syntaxe ainsi que le vocabulaire en sont tributaires. C’est cette derniere lacune que nous nous sommes efforcee de combler. A chaque page d’un texte roumain on rencontre des mots et des constructions qui sont connus des lecteurs franqais. Tout Franqais qui abor- de 1’etude du roumain, se trouve, immediatement en pays de connaissance, ă tout instant, il rencontre, au hasard ou â dessein, des mots qui lui sont familiers, mots qui sont en realite d’origine frangaise et qui sont devenus d’authentiques mots roumains. 0.4. Notre etude est loin d’etre exhaustive. Sans pretendre dresser une histoire complete de l’influence du franqais, nous avons essaye de pene- trer au coeur du probleme. Elle reste un modeste chapitre de l’histoire des rapports linguistiques qui ont existe et existent entre le franqais et le roumain ; une modeste contribution ă l’histoire de la langue roumaine dans sa periode de formation. Pour bien comprendre "le moment franqais", pour en "tracer la courbe", il convient de representer jusque dans le detail Ies premieres pha- ses de cette longue evolution qui dure depuis deux siecles. 0.5. De plus, la presente etude constitue une investigation histori- que des neologismes d’origine franqaise. Notamment en partant de la traduc- tion pour arriver aux oeuvres originales. C’est ainsi qu’on peut determiner d’une maniere plus concrete quand, comment et ou Ies neologismes, Ies calques et Ies constructions syntaxiques ont penetre dans la langue. Parfois Ies e- lements anciens et ceux empruntes ont ete en concurrence et dans la plupart des cas, ce sont Ies neologismes qui ont vaincu. Cette lutte sur le terrain linguistique reflete Ies realites d’une epoque, Ies troubles politiques, so- ciaux et ideologiques, lutte dans laquelle Ies aspirations du peuple roumain ont trouve des echos et des correspondances dans la culture franqaise, dans la capacite que possede cette langue d’exprimer Ies notions de progres et de lutte pour 1 *independance naționale. 0.6. Dans notre travail nous avons cherche â combiner la methode descriptive et la methode historique. Les faits sont presentes par etapes et (3) Discours au Congres de Barcelone, en 1953, citation apud H. Guiter, Revue des langues Romanes, LXX.V, 1963, p. 256. - 2 - regardes dans la perspective du developpement historique de la langue rou- maine litteraire, parce que si 1’influence franqaise commence ă la fin du XVIIIe siecle, elle n’a pas cesse d’exercer un role important jusqu'ă nos jours. Nous avons essaye de presenter un tableau aussi fidele que possible de l’apport franqais dans le developpement et surtout dans l’acce- leration du processus de modernisation de la langue litteraire roumaine. Quant aux exemples nous avons ete obliges d'operer un choix, tant ils sont nombreux. 1.0. Le debut du XIXe siecle est une epoque trop importante pour que'Ies philologues n’aient pas ete tentes de l'etudier au point de vue des influences qui s’y sont exercees. Tout en reconnaissant la valeur des re- cherches faites et des resultats obtenus, nous constatons que cette impor- tante periode de l'histoire de la langue roumaine a besoin d'etre etudiee encore plus ă fond. 1.1. Parfois nous avons rencontre des ecueils. Tout d'abord il n’existe, â ma connaissance, aucun ouvrage de syntaxe historique de la lan- gue roumaine qui trăite des influences exercees par Ies traductions et, en general, tres peu d*ouvrages ont mis 1!accent sur 1'exploration synchronisee des textes de la langue preteuse - le franqais, dans notre cas - et de la langue emprunteuse - le roumain. Ensuite, il nfy a pas de sources d’informa- tion, pas de liste complete des publications et manuscrits traduits du fran- qais. Le precieux ouvrage de Bianu et Hodoș "Bibliografie veche românească" (Bibliographie roumaine ancienne) enregistre Ies livres imprimes jusqu'ă 1830. Or, on verra par la suite, que apres 1830 le nombre des traductions du franqais augmente considerablement. A part Ies traductions, source de base de notre etude, nous avons consulte Ies dictionnaires, Ies periodiques et Ies oeuvres originales pour pouvoir mieux suivre le destin des neologismes et des constructions calquees sur le franqais et leur evolution au cours du XIXe siecle. Les investigations dans Ies oeuvres des ecrivains de l’epoque, dans la presse, etc., nous ont permis de nous faire une image plus complete de la langue litteraire roumaine ă cette date et de mieux saisir son evolu- tion ulterieure. 1.2. Notre sujet etait si vaste qu’il nous fut impossible d’en com- prendre tous les aspects, dans tous les sens et loin de nous la pretention d’epuiser tous les problemes ; sur bien des points nous n’avons fait que 1'effleurer. - 3 - II ne sera donc pas inutile d’expliquer avec quelques details comment nous avons entendu notre tâche. Des le debut, nous avons du delimiter le point de depart chro- nologique de nos recherches. Ce travail est le resultat d’un depouillement personnel et - â peu de choses preș - complet des textes traduits du franqais qui vont de la premiere traduction roumaine attestee en 1750 jusqu'ă la fin du XIXe sie- cle. Si la source principale de notre etude reste les traductions, toujours qst-il que nous avons examine des oeuvres originales, des articles de jour- naux et de revues pour pouvoir mieux deceler ce qui appartient au franțais, crest-ă-dire, ce qu’on peut nommer "l’influence franqaise”. 1.3. Nous avons analyse l'influence du franqais dans le vocabulaire et dans la syntaxe, qui sont les compartiments les plus sensibles ă une in- fluence etrangere. Ces deux compartiments se sont developpes parailelement dans la periode que nous avons etudiee, en s'appuyant reciproquement comme des elements solidaires du systeme de la langue. Parfois l’aspect syntaxique a inclus des discussions d'ordre lexical. Ce procede est justifie par les faits qui decoulent de notre recherche : les constructions syntaxiques s'ap- puient, souvent, sur les elements lexicaux nouvellement introduits, en deve- nant les constituants de differentes structures. Lfetude systematique des emprunts et de differents syntagmes nous a permis de degager des conclusions nombreuses et variees relativement ă l'histoire de la langue roumaine. C’est ainsi que la langue livre ses se- crets et devient le miroir et 1*instrument d'une civilisation en marche, dTune âme collective en evolution. 1.4. Les neologismes et les constructions frangaises se sont vite repandus dans la langue roumaine. Pourtant l’emploi des emprunts presente des differences enormes par rapport â leur frequence et ă leur extension : il en existe dont tout le monde se sert dans toutes les occasions, d'au- tres ne sont vivants que dans un cercle tres restreint. Certains ne servent que dans des circonstances tres speciales et n’ont eu qu’une existence ephe- mere. Ces differences ne se laissent pas exprimer en chiffres et en for- mules. II sera possible de distinguer au moyen de notre intuition linguistique un certain nombre de mots drorigine franqaise qui pour tous les Roumains sont devenus des mots roumains, ce qui montre ă quel point ils ont ete assimiles par la langue roumaine. D'autre part, on pourra aussi re- connaître des mots qui ne sont employes que dans des milieux restreints ă l’imitation du frangais, dont l’usage reflete une mode. Entre ces deux grou- pes il y a la grande masse flottante des mots qui sont completement acceptes et reconnus comme des implantations du franqais. Les deux langues ayant un ancetre commun, il en resulte que nos faqons de formuler nos pensees se ressemblent. - 4 - Tout s’explique finalement par les affinites entre les deux peuples et les deux langues : "C’est le meme sang qui coule dans les veines des Roumains et des Franqais ; c’est le meme sang que Roumains et Franqais ont verse sans compter et sans se plaindre ; et, en Roumanie, ce sont tou- jours les amis de la France, les fils de la pensee franqaise, que l’on re- trouve parmi les bons ouvriers de la liberation roumaine". (4) C’est l’influence d’une langue soeur ; grande langue de civi- lisation, raffinee et qui jouit d’un prestige acquis depuis des siecles. 1.5. Le franqais a penetre profondement et son influence ne se bor- ne pas aux quelques milliers de mots dont il a enrichi le vocabulaire rou- main. II a modifie toute la structure intime de la langue roumaine, il a, par consequent, determine dans une certaine mesure de la faqon de formuler les pensees. Tout s’explique par le fait que le franqais se repand ă partir du XIXe siecle dans le milieu des boyards, quand on peut parIer d’une periode de bilinguisme et quand le franqais exerce sur le roumain une influence au- trement profonde que celle que nous revele une liste de mots empruntes, de calques et de structures syntaxiques. Pour apprecier ce qu’a pu etre l’effet de cette influence qui se maintient encore, il suffit d’observer ce qui se passe aujourd’hui autour de nous dans diverses publications et dans les journaux ou les calques d’a- pres le franqais abondent et quand les mots introduits se repandent infini- ment plus vite que ceux d’il y a cent ans. Si parfois on consfate^aCo^^r^gerations, il faut reconnaître que le roumain est sorti de son contact avec le franqais completement trans- forme. La phrase s’organise selon le mode analytique et rectiligne du fran- qais. "La phrase devient apres 1840, plus harmonieuse, plus symetrique dans les parties qui la composent... On emploie davantage de parties principales ou secondaires dans la phrase non point dans l’interet de l’idee mais de la forme. On introduit un rythme, une cadence dans la phrase".(5) (4) Mario Roques, Conference faite ă Paris le 24 Janvier 1925 ă l’Associa- tion des etudiants roumains en France, Paris, Champion, 1925, p. 3. (5) Petre V. Haneș, Dezvoltarea limbii literare române in prima jumătate a secolului al XlX-lea (Le developpement de la langue roumaine litte- raire dans la premiere moitie du XIXe siecle), București, 1927, p. 198. - 5 - Par ce modeste apport nous esperons mettre en evidence le role joue par la langue frangaise dans la modernisation de la langue roumaine et j’espere que nos recherches ne seront pas inutiles aux futurs historiens de la langue roumaine et surtout aux chercheurs de la grammaire comparative des langues romanes, pour pouvoir mieux fixer la place de la langue roumaine parmi les langues romanes. Dans 1’elaboration de notre travail ni les conseils, ni les encouragements ne nous ont manque. II nous reste â remercier tous ceux qui ont contribue â l’a- chevement de ce travail, qui ont guide nos recherches, en particulier Mon- sieur lorgu Iordan, Professeur de linguistique romane, membre eminent de l’Academie Roumaine (le Directeur de ma premiere these de doctorat soutenue â Bucarest en 1969, sur ”L’influence du franqais dans la syntaxe de la lan- gue roumaine”), qui a bien voulu nous faire profiter des tresors de son eru- dition ainsi que Monsieur le Professeur Robert Loriot aupres de qui nous avons eu la chance de travailler quelques mois et qui nous a fait part d’in- teressantes suggestions. Nous leur presentons nos plus vifs remerciements et notre pro- fonde gratitude pour les precieux conseils et les encouragements qu’il n’ont pas cesse de nous prodiguer au cours de notre travail. Je suis heureuse de pouvoir remercier egalement Monsieur v,---Nn^dris, Professeur ă la Faculte des Lettres de Strasbourg, dont la Science et son excellencc^cunnna'' ss^nce^de^eip7! J^Gt ete Pr^” cieuses. Nous tenons â remercier Monsieur Louis Michel, Professeur â la Faculte des Lettres de Montpellier, qui nous a fait l’honneur de presider le jury et Monsieur Taverdet, Professeur ă la Faculte des Lettres de Dijon. Ils ont bien voulu accepter d’etre mes juges et je leur exprime ma gratitude. Nous tenons â remercier Madame Livia Lamoure qui apres la lec- ture de cette etude m’a fait part d’interessantes remarques. Mes remerciements vont enfin â mon mari qui m’a fait profiter de ses connaissances d’histoire de la langue roumaine. A tous ceux qui n’ont pas menage leur temps pour suivre cette etude, j’exprime mes remerciements tres sinceres. Ce travail a pu etre publie grâce â l’aide du Conseil Scienti- fique de l’Universite de Dijon dont la subvention a permis de couvrir les frais de 1’imprimerie. Puisse cette these etre un lien de plus entre les cultures fran- qaise et roumaine. - 6 - INTRODUCTION 0.1. Vers la fin du XVIIIe siecle, on constate Papparition dans les Pays Roumains de conditions plus propices â la penetration des elements de la culture occidentale. Le fait tient â deux series de facteurs : cer- tains exterieurs, d'autres locaux. Parmi les facteurs exterieurs, il nous faut prendre en consideration le mouvement du siecle des lumieres (6) dans la doctrine duquel on retrouvait des idees et des principes susceptibles de stimuler les aspirations des peuples ă la culture et ă une Information plus libre. Dans la serie des facteurs locaux, il convient de noter Paube d'un processus historique, qui dans d’autres pays dtEurope avait pu se derouler quelques siecles auparavant, ă savoir : la desagregation du regime feodal sous Paction de la bourgeoisie en voie de developpement et de Pascension du capitalisme. 0.2. A noter que la langue roumaine est issue du latin vulgaire des colons romains adopte par les Daco-getes ă Pepoque de la colonialisation romaine et complete tout naturellement par Pidiome daco-getique parle avant la romanisation. A cause de la situation geographique du pays (dans la Penin- sule Balkanique) (7), la langue roumaine prend un aspect different par rap- port aux autres langues romanes (franqais, provensal, catalan, espagnol, (6) Les idees des lumieres ont penetre par differentes voies : dans les Pays Roumains par Pintermediaire de la France, en Transylvanie par celui de PAllemagne et de la France. Quant aux evenements de Transylvanie et sur- tout ceux relatifs â Pinsurrection de Horia (de son vrai nom Vasile Nicola Ursu - qui a organise, â cote de Cloșca et Crișan, la revolte des paysans - oct.-dec. 1784 -) dirigee contre Pexploitation, Lucian Blaga nous propose les commentaires du publiciste franqais Jean Pierre Brissot parus ă Paris en 1785, ouvrage sans titre (cf. Gîndirea româneasca în Transilvania în secolul al XVIII-lea (La pensee roumaine en Transylvanie au XVIIIe siecle), Editura Științifică, București, 1966, pp. 77-119). (7) Voilâ ce qui affirme Phistorien hongrois Huszti vers 1791 ”Aucune nation n’a sa langue aussi proche de Pancienne langue roumaine que la nation des Valaques. Ce qui est un signe certain, qui ne peut tromper personne, qu'ils sont en Transylvanie les descendants des ânciens colons roumains” (Balaj Teopil, Roumanie. Le pays et les hommes, Editions Meridiane, Bucarest, 1972, p. 35). - 7 - portugais, italien). D’une part, elle a mieux conserve que les autres, cer- taines formes latines (8), d’autre part, la Roumanie etant comme une île dans la masse des peuples slaves (russe, ukrainien, polonais, tcheque, bulgare, serbo-croate), a ete influencee par les langues des peuples voisins. "Ce qui est en tout cas admirable, c’est la force de resistance que ces Latins oppo- serent aux Slaves. Completement coupes du reste de l’Europe, ils demeurerent, comme une île au milieu de terres submergees, un bloc qui ne renonqa jamais â son heritage. Ce fait confere une valeur toute particuliere â la langue roumaine, car soustraite aux courants qui altererent ensuite le parler de la Romania, elle dut vivre de son propre fonds" (9). Sa position explique donc le contact, plus ou moins etroit, que le roumain a eu ă travers les siecles avec d’autres langues non romanes : neo-grecque, slave, finno-ougrienne, turque, etc. (10). 0.3. Tout au cours de cette periode, nous assistons dans les Pays Roumains, ă une feconde apparition d’influences etrangeres : neo-grecque, russe, polonaise, italienne, allemande, franqaise. Entre toutes, l’influence franqaise s’averera primordiale. "Le deșir d’affirmer leur origine et celui de participer au mouvement d’idees de l’epoque, aux changements survenus dans la vie des peuples, pousserent les Roumains â tourner leurs regards vers l’Occident. Le pays qui devait les attirer le plus, repondre â toutes leurs aspirations, les aider dans la realisation de leur ideal, ne pouvait etre que la France, d’ou avaient rayonne tant de hauts faits, tant de noblesse, la France genereuse, protectrice des opprimes. Tous ceux qui se souciaient de l’avenir de leur patrie, tous ceux qui desiraient ardemment la voir renaître, les intellectuels, la jeunesse enthousiaste, se dirigerent alors vers la France, vers sa culture, vers ce qu’elle offrait comme suggestion de progres, comme traces regeneratrices. II existait sans doute une culture ancienne dans les Pays Roumains, mais cette culture avait bien des lacunes ... II s’a- gissait de l’enrichir, de la moderniser, de lui donner surtout l’empreinte d’une culture latine superieure ... L’effet salutaire de l’influence fran- qaise fut plus visible au commencement dans la vie sociale, dans les moeurs, et en meme temps dans la vie intellectuelle, notamment en litterature". (11). (8) Des le Iile siecle notre territoire fut une aire laterale, isolee du reste de la Romania - voilâ pourquoi la langue roumaine a garde des tra- ces des cas latins inconnus de la Romania Occidentale comme le vocatif, aux substantifs masculins le genitif qui exprime les noms des jours (par exemple : omule = homme, lupule = loup, au vocatif ; miercuri = mercredi, joi = jeudi, etc. au genitif). (9) Pierre Groult, La formation des langues romanes, Casterman, Tournoi-Paris 1947, p. 41. (10) De toutes les recherches entreprises, on constate que dans le vocabulaire de la langue roumaine, 1’element primordial reste le roman. Pourtant dans le lexique roumain on enregistre des neologismes qui appartiennent â 15 langues differentes. (11) Ovide Densusianu, L’ăme roumaine et l’âme franqaise. Paris, 1919, p. 19-20. - 8 - 0.4. L’influence du frangais reste la plus importante parce que sur "tous les terrains de la vie et de l’esprit - langue, histoire, geographie, civilisation, politique et culture - la France occupait face â la Roumanie la position ideale ... Dans son accession ă l’Europe et â l’humain, la Roumanie eut â parcourir longuement une etape frangaise". (12). Si au XVIIe siecle il y a des traces et des contacts isoles, si au debut du XVIIIe siecle les relations sociales et intellectuelles entre la France et les Pays Roumains sont assez reduites (13), elles se developpe- ront progressivement vers la moitie du XVIIIe siecle et au debut du XIXe sie- cle elles deviendront meme massives et se manifesteront dans tous les do- maine-s determinants pour l’essor moderne de la culture roumaine en general, de la langue et de la litterature en particulier. L’accord est unanime sur ce sujet entre tous nos philologues. 0.5. On ne saurait aborder l’influence frangaise dans la langue roumaine sans evoquer l’atmosphere politique et l’ambiance sociale de l’e- poque (14), donc sans tenir compte des rapports historiques, economiques et culturels (15) qui ont preside â cette influence et â ces emprunts. L’em- (12) Basile Munteanu, La Roumanie moderne et sa litterature dans la concep- tion de Mario Roques, dans "Pour un cinquantenaire scientifique Mario Roques et les etudes roumaines”, Paris, 1953, p. 38. (13) "Il est probable que, deja au debut du XVIIIe siecle, il y a eu, dans les Principautes Danubiennes, des secretaires frangais, car, en 1710, 1’Ambassadeur de France ă Constantinople fait cadeau d’une montre au secretaire du prince Mavrocordato" (F. Brunot, Histoire de la langue frangaise. Des origines ă 1900, Paris, Armând Colin, 1934, p. 4). (14) "Le peuple roumain, dans sa longue histoire, a subi tant de miseres, tant de tortures, il a ete dans son corps - mais non dans son âme - l’esclave de tant de maîtres, il a ete la victime de tant de bourreaux; les succes passagers de ses efforts admirables pour reprendre sa place legitime dans le monde des nations ont ete contrebattus par l’acharne- ment de tant de volontes mauvaises, qu’il en a garde comme une timidite, une indecision, presque une peur, de l’esperance qui persiste au fond de lui. Puissent ceux qui sont vraiment ses amis lui redonner le gout et la force d’esperer ?" (Mario Roques, Ames en peines, Jean Vigneau, Paris, 1946, p. 29). (15) Les rapports franco-roumains ont ete etudies par George Bengescu dans la Bibliographie Franco-Roumaine du XIXe siecle (tome premier, Bruxelles, 1895) et continues et completes par Alexandru et Getta Elena Rally (voir B. Theodorescu, Istoria bibliografiei române (histoire de la bibliographie roumaine), Ed. enciclopedică româna, Bucarești, 1972, p. 350). - 9 - prunt doit etre observe sous un angle synchronique et diachronique â la fois. A. Meillet ecrivait : "On n’observe jamais une langue â l’etat fixe ... une linguistique ne peut resulter d’observation". (16). II faut nous transporter dans l’ambiance ou l’emprunt a pu avoir lieu. II est clair que le cote social et le cote linguistique s1in- fluencent et agissent l’un sur l’autre, allant parfois jusqu’â se condition- ner. Une etude de la langue ne peut donc se dispenser de prendre en consideration tous les faits ethnologiques et sociologiques qui representent une composante du phenomene linguistique. Voilă pourquoi nous passerons en revue dans ce qui suit, les conditions historiques qui ont favorise la pene- tration de 1’element franqais dans la langue roumaine, en nous arretant sur- tout aux effets linguistiques produits sur cette langue (17), en arretant un instant la dynamique de l’histoire et utilisant la methode de la synchronie fondee sur la diachronie. (16) Bulletin de la Societe de Linguistique de Paris, XV, 1907-1908, p. 24. (17) II faut ajouter qu’â la modernisation de la langue roumaine ont contri- bue d’autres facteurs et d’autres langues (ainsi il y a certains lin- guistes qui mentionnent l’italien, d’autres l’allemand, etc.) ; notre etude se limite seulement â l’influence du franqais qui tient le premier rang. Quant ă l’influence de l’allemand on peut signaler le livre de Edouard Winter, Die Pflege der West und Sudslavischen Sprachen in Halle im 18 Jahrhundert, Berlin, Akad. Verlag, 1954. Dans cet ouvrage, et surtout dans le chapitre VIII (pp. 132-146) l’auteur parle de l’influen- ce de 1filluminisme allemand sur les Pays Roumains et en particulier sur la Transylvanie. - 10 - 1. Conditions historiques 1 .0. Diderot notait en 1755 : "La langue d’un peuple donne son voca- bulaire et le vocabulaire est une table assez fidele de toutes les connais- sances de ce peuple : sur la seule comparaison du vocabulaire d’une nation en differens tems on se formerait une idee de ses progres". (18). Le vocabulaire traduit-il les realites sociologiques et re- flete-t-il, au cours de son evolution, les circonstances historiques qui ont contribue ă sa formation, et les relations entre les peuples ? La reponse est donnee par F. Brunot dans ; "Les mots, temoins de l’histoire". II n’exis- te pas de synchronisme parfait entre le developpement de la pensee et celui de la langue ; on constate cependant entre eux une analogie assez etroite pour que les etudes linguistiques prennent une grande importance dans tout travail historique, sociologique. (19). 1 .1. Dans les dernieres annees du XVIIIe siecle, les Pays Roumains commencent ă entretenir des relations economiques, politiques, culturelles, et notamment toujours plus intenses avec la Russie et la Pologne. De pair avec l’action en vue de s’affranchir de 1’exploitation feodale, les classes sociales nouvellement appelees ă la vie sentiront le besoin de s’instruire, de penetrer plus activement dans le circuit de la culture europeenne et, sur- tout, de combler sous ce rapport, les lacunes provoquees par les vicissitudes des epoques anterieures. Nous assistons, en consequence, â une serie de ma- nifestations caracteristiques revetant des aspects varies, mais ayant des si- gnifications et des buts communs. D’une part, les familles les plus aisees recommencent ă envoyer leurs rejetons poursuivre leurs etudes en Pologne, dans diverses ecoles â tradition humaniste, ou parallelement ă l’estime accordee au latin, la langue et la culture frangaise etaient aussi en grand honneur. Par l’entremise polo- naise, due pour une bonne part au voisinage des deux pays, l’influence fran- gaise a plante dans les Pays Roumains, quelques uns de ses premiers jalons. D’autre part, le developpement de nouveaux rapports de produc- tion stimule l’essor des Sciences et de la technique, des echanges de mar- (18) Article de 1’Encyclopedie, tome V, p. 637. (19) En discutant les memes problemes concernant 1’etude d’une langue, Ferdinand de Saussure affirme : "... il faut mentionner les relations existant entre la langue et l’histoire politique" (Cours de linguisti- que generale,V-eme edition, Paris, 1962, p. 40). La meme idee nous la retrouvons chez Kr. Nyrop : "... la syntaxe doit etre envisagee, elle aussi, dans ses rapports avec la societe, les moeurs et les evenements" (Grammaire historique de la langue frangaise, tome 5, Copenhague, 1925, p. VI). -11- chandises ; l’appareil administratif devient plus complexe. Tous ces fac- teurs entraîneront l’apparition de nouvelles institutions et la fondation d^coles roumaines ou 1’enseignement sera dispense en langues etrangeres et surtout en grec. 1.2. Ulterieurement, apres le trăite de Kutchuk-Kainardji, en 1774, (au terme de la guerre russo-turque) et surtout apres celui d'Andrinople, les Pays Roumains voient s’ouvrir ă eux de nouvelles perspectives de deve- loppement. CTest ă cette epoque que se cristallise 1*ideologie de la bour- geoisie roumaine dans le cadre de laquelle l’idee naționale acquiert un role preponderant. A la suite de l’abolition du joug ottoman (20) sur le commerce exterieur, les Principautes Roumaines obtiennent leur autonomie administra- tive et penetrent dans le circuit du commerce europeen, entretenant des re- lations economiques intenses avec d’autres pays. Cependant, pour ce qui est du commerce et de 1!industrie, il n*y a guere de details interessants ă donner pour le XVIIIe et le XIXe sie- cle concernant notre sujet (21). 1.3. L’enseignement dans la langue naționale se developpe egalement, favorise par certaines stipulations du Reglement Organique (1829-1830). Ela- bore sous la direction de Kisseleff (general russe qui fut le representant du protectorat russe entre 1829 et 1834), le Reglement Organique semble avoir ete inspire par les tendances democratiques et humanitaires de la France, tendances partagees par nombre de diplomates et officiers russes (22). II represente la premiere constitution ecrite roumaine. Le Reglement Organique etabli sous la surveillance et par les soins du Gouvernement russe, assure le protectorat russe en Roumanie. Bien que de caractere aristocratique en opprimant les paysans (Karl Marx l’a appe- le ”le Code de la corvee”) il a eu la signification dTune veritable prepara- tion de l'Union des Principautes, en donnant une organisation presque iden- tique tant ă la Valachie qu’ă la Moldavie. En meme temps, il introduit dans le regime social des Pays Roumains des elements du systeme politique frangais. (20) Pendant des siecles, les Pays Roumains furent soumis au joug ottoman, ce qui a empeche la renaissance naționale et culturelle de notre peuple. (21) A la fin du XVIIIe siecle, on voit s’ouvrir â Bucarest, grâce â la Mai- son Pellet et Cie, une sorte de grand bazar ou l’on vend un peu de tout. Au XIXe siecle, le commerce d’importation de France connaît un petit developpement : on importe des draps, des etoffes de Lyon, du tabac de Paris. (22) Pompiliu Eliade, La Roumanie, au XIXe siecle, II, Paris, Hachette 1914, p. 66. - 12 - 1.4. Ajoutons que pour la situation politique creee en 1848, c’est un autre element qui vient en faveur de la penetration des idees d'humanite et de progres. Les revolutionnaires de 1848 exiles deployerent en Occident une intense activite de propagande en faveur de 1'union. Citons quelques noms : Nicolae Balcescu, Ion C. Bratiam, C.A. Rosetti, Ion Heliade Rădulescu. Tous luttaient pour une reforme sociale, pour un Etat național, unitaire et independant. Les masses populaires ne sont pas completement amorphes ; les nombreuses revoltes prouvent un profond besoin d'emancipation sociale. A souligner que 1’idee d'unite ethnique et de 1'union a ete nettement exprimee par les chroniqueurs moldaves et valaques, des la fin du XVIIe siecle. Ainsi Grigore Ureche (23) mentionna le premier ”Nous descendons de Rome” et Miron Costin (24), quelques annees plus tard, dans son ouvrage De neamul Moldove- nilor (De la nation des Moldaves) affirma que les Moldaves, les Valaques et les Transylvains appartiennent tous au meme peuple et ne constituent qu'une seule et meme unite naționale. Le stolnic (ecuyer tranchant) Constantin Cantacuzino et 1'erudit voivode Dimitrie Cantemir avaient egalement releve 1’origine des Roumains descendants des colons amenes par Trajan. Mais c'est dans la premiere moitie du XIXe siecle que les ger- mes murissent et la conscience de 1'unite, de la fusion du peuple moldo- valaque se pose avec fermete. C'est l'epoque ou les Roumains deployerent une grande activite en faveur de leur unite, pour 1'affirmation de leur valeur et de leur existence en tant que nation. En 1830, le poete lancu Vacărescu (25) apostrophe violemment le petit cours d'eau, le pauvre Milcov qui se- pare les deux principautes : "D'ou vient ton nom, ruisseau sans force, qui ose maintenir les freres separes ?" Le 24 Janvier 1859 est la date ou s'ar- rete l'histoire des Principautes Roumaines (la Principaute de Valachie et la Principaute de Moldavie avaient chacune ses institutions, son gouverne- ment, son prince). Trois ans plus tard, en 1862, les Principautes Unies prirent le nom de Roumanie. 1.5. Toutes ces circonstances contribueront ă l'essor economique de la bourgeoisie et â son affirmation sur le plan culturel. Meme si 1'aristo- crație est plus accessible aux idees occidentales, la classe bourgeoise de- (23) L'un des plus grands chroniqueurs de la fin du XlVe et du debut du XVIIe siecle. II a commence Letopisețul Țarii Moldovei(Chronique de la Moldavie) la premiere chronique roumaine et a ete un souteneur ardent des idees humanistes. (24) Personnalite remarquable du XVIIIe siecle. Ecrivain et eminent homme politique, en meme temps, Miron Costin a laisse de nombreuses oeuvres : Viața lumii (La vie du monde) 1671-1673, il continue Letopisețul Țării Moldovei de la Aaron-vodă încoace (Chronique de la Moldavie ă partir du Prince Aaron), De neamul moldovenilor din ce țara au ieșit strămoșii lor (Du peuple des Moldaves et de quel pays sont issus leurs ancetres), Istorie în versuri polone despre Moldova și Țara Romaneasca (Histoire en vers sur la Moldavie et la Valachie). (25) Poete erudit et polyglote du XIXe siecle. II a publie des recueils de poesies (il a ecrit plus de 200 poemes), des comedies, des tragedies, il a fait meme des traductions. - 13 - vient un ferment actif et efficient de 1’emancipation naționale inspiree par la Revolution frangaise. Le developpement de la bourgeoisie roumaine, la lutte pour la liberte naționale et sociale ont impose la creation d’une culture moderne. Dans ces conditions nous voyons penetrer dans les Pays Rou- mains les echos des transformations survenues dans les idees et les institu- tions europeennes. Les progres du mouvement scientifique et les innovations de toutes sortes apparues dans les differents domaines de 1’activite humaine ne pouvaient rester etrangers aux Principautes Danubiennes. Les intellectuels roumains militeront en faveur de leur propagation. 2.0. II existe dans l’histoire des Principautes Roumaines une pe- riode qui revet un double aspect. II s’agit du regne des Princes Phanariotes (26) ainsi nommes parce qu’ils etaient originaires d’un quartier grec de Constantinople "Le Phanar". Du point de vue național, la periode des regnes phanariotes a constitue pour les Pays Roumains une epoque de regression et d’humiliation. Ces monarques nous ont ete imposes par la "Porte" (27) aux fins d’entraver la politique d’emancipation entreprise par les princes regnants autochtones. Sous le rapport social aussi, les princes phanariotes ont pratique une poli- tique de spoliation des couches paysannes et citadines, ce qui est ă l’ori- gine pour une bonne part de 1’appauvrissement du pays. C’est ainsi que la Moldavie et la Valachie connaissent l’une des plus dures periodes de leur histoire. C’est une epoque de repression so- ciale. La politique d’emancipation devient lettre morte. Les Turcs exigent des tributs de plus en plus lourds et les Princes nouvellement "promus" sont obliges d’y souscrire s’ils veulent avoir la vie sauve. L’appauvrissement du pays est endemique. En revanche, dans le domaine culturel, les princes phanariotes ont contribue, bon gre mal gre, ă la penetration et ă 1’accentuation de l’in- fluence franqaise. Le Coran interdisant aux Mahometans la pratique des langues e- (26) L’epoque des Phanariotes qui commence avec le regne de Nicolae Mavrocordat - en Moldavie â 1711 et en Valachie ă 1716 - se maintient plus d’un siecle jusqu’â 1821. Pendant cette periode, les princes re- gnants des deux principautes etaient choisis presque exclusivement, parmi les drogmans de l’Empire ottoman originaires du Phanar. (27) A 1’epoque de la suzerainete turque, "Porte" est synonyme de la cour, du gouvernement du Sultan. - 14 - trangeres (28) les Sultans furent obliges de faire appel aux traducteurs et interpretes (ou dragomans) Grecs du Phanar - afin d’etablir et maintenir les relations diplomatiques avec les pays non musulmans (la France, 11Angleterre, la Russie, etc.). En reconnaissance des Services rendus et afin de garder la haute main sur les Principautes Danubiennes, la"Sublinie Porte”installe sur le trone de ces principautes, leurs fideles drogmans. C’est le visage sombre du regne Phanariote. Mais il y a aussi une zone claire. Les Grecs instruits et cultives apprennent le frangais des 1’epoque de Louis XIV, quand la France jouissait d’un grand rayonnement cul- turel. Si pendant le XVIIe siecle l’italien est la langue des Chancelleries - parce que 1’Italie de cette epoque exerce une incontestable domination intellectuelle - des le XVIIIe siecle la France prend le relais. "Le frangais ... des le XVIe siecle tend ă remplacer le latin dans l’usage internațional de 1'Occident europeen : les diplomates, les voyageurs, les banquiers, les militaires, les Cours, les beaux esprits, les theologiciens eux-memes - le maître ouvrage de Calvin comporte une version frangaise - utilisent le frangais "par choix" : les savants feront comme eux au Siecle des lumieres et ce regne du frangais se poursuivra, incontes- te, jusqu’au lendemain de la Premiere Guerre Mondiale". (29). 2.1. Les drogmans phanariotes etaient des gens cultives ; ils pos- sedaient â fond la langue frangaise, ils etaient de culture frangaise. Venus prendre possession de leurs trones danubiens, ils arrivent entoures de se- cretaires et de precepteurs frangais charges de l’education des enfants prin- ciers. Ainsi : de la Roche, Nagny, Simian, Tissandier, Durosoy, Clemaron, Martinot, Ledoulx, Lanrengon, Mondoville, etc. entrerent en cette qualite au service des princes phanariotes. C’est ainsi que les Phanariotes favorisent 1’implantation et le developpement de l’influence frangaise dans ces regions de l’Europe. "C’est ainsi que la langue frangaise s’introduisit â la Cour, tout d’abord, parmi les boyards, par la suite" (30). (28) Dans la seconde moitie du XIXe siecle, l’influence frangaise s’exerce egalement sur la langue et en particulier sur la litterature turque. Ainsi on assiste ă "1’institution de 1’enseignement obligatoire du fran- gais â partir du 28 Juillet 1862 dans les ecoles secondaires ... et ă partir de 1870 Aii Pacha, lors de son passage au Ministere des Affaires Etrangeres, oblige ses secretaires ă rediger leurs rapports en frangais, pour les traduire ensuite en turc" (Guzine Dino, l’influence frangaise sur la langue litteraire turque dans la seconde moitie du XIXe siecle, dans "Revue de litterature comparee", 34e annee, no. 4, oct.-dec., 1960, Paris, Didier, p. 562. (29) Marc Blancpain, Les Lumieres de la France, dans,Le Frangais dans le monde, Colmann-Levy, Paris, 1967, p. 14. (30) F. Brunot, Histoire de la langue frangaise. Des origines ă 1900, tome VIII, Paris, Armând Colin, 1934, p. 3-4. - 15 - Citons par exemple Gregoire Ghika, Prince de Moldavie, qui a engage un secretaire franqais nomme Jean Miile (ou Millo). Preș du Prince Constantin Moruzzi, nomme Hospodar de Moldavie en 1771, on trouve deux abbes franqais : Marchand et Pierre Chabert, qui ont le role de secretaires. Le Prince Moruzzi avait sejourne ă Paris ou il avait garde de nombreux amis, aussi parlait-il admirablement le franqais ; il se fit envoyer de Constanti- nople pour ses enfants, un percepteur franqais, Clemaron. En Valachie, Nicolas Karagea (1782-83) a eu deux secretaires franqais : Pierre de la Roche et Tissandier. Jean-Louis Carra fut lui aussi secretaire. C’est lui qui evoque dans son livre (31) les danses roumaines qui semblent avoir fait une profonde impression sur lui. 2.2. Le 14 Decembre 1785, 1’archeologue franqais Jean-Baptiste Le Chevalier fut envoye en mission comme secretaire aupres du prince Alexandre Ypsilanti. Les resultats de ses recherches archeologiques se trou- vent consignes dans son ”Voyage dans la Troade fait dans les annees 1785 ou Tableau de la plaine de Troie” (1 voi. in-8°, Paris, Laron, 1799) ou il parle aussi de son sejour chez le prince Alexandre Calimachi et de sa mis- sion en Moldavie (32). 2.3. Nous voyons s’instaurer une ”mode” (33) franqaise et nous as- sistons parallelement â une diffusion en profondeur de la culture franqaise proprement-dite. (31) Histoire de la Moldavie et de la Valachie avec une dissertation sur l’etat actuel de ces deux Provinces, lassy, 1777, p. 4. (32) N.A. Gheorghiu, Une lettre de J.B. Chevalier â Choiseul-Gouffier sur sa mission en Moldavie, dans,”Melanges de linguistique et de litterature romanes, offerts â Mario Roques”, tome III, MCMLII, Didier, Paris, p. 89-92. (33) La superiorite culturelle de la France etait reconnue : ”En 1777, le marquis Carraccioli, ambassadeur du royaume de Naples â la cour de Louis XVI, publia â Venise son oeuvre : Paris, le modele des nations etrangeres ou l’Europe franqaise. C’est qu’en effet, 1’Europe n’a ja- mais ete plus franqaise qu’au XVIIIe siecle. De Hollande, d’Autriche ou du lointain empire de Catherine II, la langue de Voltaire et les i- dees pour lesquelles combattent les ecrivains franqais se repandent sur les peuples europeens qu’ils preparent ă une autre forme de vie” (D. Popovici, La litterature roumaine â l’epoque des lumieres, Sibiu, 1945, p. 29. Grâce au rayonnement de la litterature, grâce aussi au prestige politique acquis, le franqais est parle ă peu preș partout au XVIIIe siecle. "A cette epoque, nombre d’etrangers, dont un souverain et de grands personnages comptent parmi les ecrivains franqais : Frederic II, roi de Prusse ; Les Allemands Leibniz, le baron de Holbach ; l’abbe Galiani, Italien ; le prince de Ligne, Autrichien. L’imperatrice Catherine II ecrit des comedies en franqais. Les lettres en franqais de - 16 - C’est encore aux princes phanariotes que l’on doit l’introduc- tion des premiers livres frangais dans les bibliotheques des boyards roumains. Les princes phanariotes ouverts aux idees occidentales sont a- bonnes aux journaux et certains, comme Constantin Mavrocordat (34), possedent une magnifique bibliotheque, riche aussi bien en classiques anciens qu’en ou- vrages frangais. (35). C’est ă ce prince que l’abbe Desfontaines dedia en 1744 sa traduction des oeuvres de Virgile, comme â celui qui regne sur un pays ou la langue frangaise est regardee comme une langue savante et preferee entre toutes les autres langues modernes (36). La vogue de la litterature frangaise dans les Principautes Danubiennes est une autre raison qui a favorise la penetration de la langue frangaise, on peut affirmer, sans exagerer, que les classes cultivees sont bilingues. A l’interet que portent les Roumains aux idees politiques fran- gaises, s’ajoute celui, non moins grand, pour la vie litteraire. Vers cette epoque, le debut du XIXe siecle, penetrent dans les Pays Roumains les premiers livres frangais. Les classiques : Corneille, Racine,*Moliere et nombre d’autres etaient â l’honneur dans les bibliotheques de nos boyards. Certains d’entre eux ne se contentaient pas seulement de lire des livres frangais, mais les commentaient, ajoutant en marge differentes observations et ă la fin un vocabulaire ou les mots frangais etaient accom- pagnes de leurs correspondants en grec ou en roumain. (37). 2.4. Pour ce qui est des ecoles et de 1’enseignement des le XVIIIe siecle on trouve dans les Pays Roumains des maîtres frangais. Ces professeurs sejournaient alternativement en France et en Roumanie ou ils apportaient non Gustave III et du roi de Pologne .contemporain denotent des qualites d’ecrivain”. (Al Dauzat, Voyage â travers les mots, Editions Bourrelier et Cie, Paris, 1947, p. 141-142). (34) Le Prince Constantin Mavrocordat a ecrit en frangais dans le Mercure de France de Juillet 1742 la ”Constitution faite par S.A. Mgr. le prince Constantin Mavrocordato, prince de deux Valachies et de Moldavie, le 7 Fevrier 1740, qui portait suppression de plusieurs impositions one- reuses aux habitants de Valachie et prescrivait des regles utiles au gouvernement de cette province"(N.I. Apostolescu) L’influence des ro- mantiques frangais sur la poesie roumaine, Paris, 1909, p. 21. (35) Germain Lebel, La France et les Principautes Danubiennes (du XVIe sie- cle ă la chute de Napoleon I), P.U.F., Paris, 1955, p. 299. (36) F. Brunot, op. cit, p. 6. (37) Voir Nestor Camariano, Influența franceză în Principatele Române prin filieră neogreacă (L’influence frangaise dans les Principautes Rou- maines par filiere neo-grecque) "Revista fundațiilor", 1942, no. 2, p. 398. - 17 - seulement la langue mais aussi toutes les coutumes de leur pays d’origine. C’est â partir de 1775 que la langue frangaise commence â etre introduite dans nos ecoles et elle y devient obligatoire tant en Valachie qu’en Moldavie. Une annee plus tard, sous le regne d’Alexandre Ypsilanti, les langues enseignees etaient le frangais et l’italien ă cote du latin. II in- troduisit officiellement l’etude du frangais dans le programme du College de Bucarest. Donc la langue grecque a fait place aux langues de la meme origine que la notre, ce qui a ouvert de nouvelles perspectives : un gout pour la lecture des oeuvres philosophiques du XVIIIe siecle, une pensee plus moder- ne (38) . A la fin du XVIIIe siecle, nous voyons paraître les premieres grammaires et les premiers dictionnaires frangais. Au debut, ces grammaires frangaises etaient ecrites en grec, du fait que la haute societe phanariote et ses adulateurs regardaient la langue roumaine comme impropre ă une cul- ture superieure. Ainsi, Nicolae Caragea, afin de venir en aide aux jeunes etudiants, redige en 1785, en grec, une grammaire de la langue frangaise, qui cependant ne paraîtra qu’en 1806. Apres cette premiere tentative, nous voyons paraître, tour â tour, la grammaire de Gh. Vendotis, editee avant celle de Caragea et la grammaire de Mihail Partula de Clisura qui a fait l’objet d’une grande diffusion dans les Pays Roumains. Nombre de lexicographes ont entrepris d’elaborer les diction- naires. Parmi les premiers publies on peut citer le dictionnaire franco-grec et greco-frangais d’Alexandre I. Mavrocordato. En 1790,nous voyons paraître un vaste dictionnaire en trois tomes et en trois langues : frangais, italien et grec, redige par Vendotis et ”30 autres collaborateurs", aux dires de Panaghiotachis Codricas (39). Un autre dictionnaire franco-grec nous a ete laisse par Grigori Zalicoglu. A cette meme epoque Dimitraki Fotiadi Catargi est charge de traduire le grand "Dictionnaire de l’Academie Frangaise". En 1797, C. et Ilie Kogălniceanu publient un petit Dictionnaire franco-roumain (40). Le premier dictionnaire frangais-roumain et roumain-frangais a ete redige par J.A. Vaillant en 1839 "Vocabular purtareț rumânesc- franfozesc et franțozesc-rumânesc" (Vocabulaire portatif roumain-frangais et frangais roumain), suivi d’une liste d’homonymes. Le deuxieme, de pro- portions plus vastes (plus de 45 000 termes) appartient â P. Poenaru, FI. Aaron et G. Hill. Qu’il s’agisse de librairies, de bibliotheques particulieres ou publiques, ou de cabinets de lecture, partout la premiere place appar- tient aux auteurs frangais. Sur quatre librairies ouvertes ă Jassy vers 1830 trois ne fournissaient que des livres frangais (41). (38) Cf. Nicolae lorga, Istoria învățămîntului românesc (Histoire de l’en- seignement roumain), București, 1928, p. 105. (39) Voir Nestor Camariano, op. cit., p. 400. (40) Mircea Seche, Schiță de istorie a lexicografici române (Esquisse d’his- toire de la lexicographie roumaine), I, ed. Științifică, București, 1966, p. 21. (41) Cf. Ion Horia Râdulescu, Le theâtre frangais dans les Pays Roumains (1826-1852), M.J. Minard, Paris, 1965, p. 29. - 18 - Le besoin des manuels d’ecole et des livres de lecture se fai- sânt imperieusement sentir, les professeurs grecs rivalisent d'ardeur dans leurs traductions. A la fin du XVIIIe siecle et au debut du siecle suivant, ils traduisent de franqais en grec nombre d’ouvrages d’histoire, de mathema- tique, de philosophie, de chimie et d’autres matieres, qui ont ete egalement enseignees dans les ecoles des Principautes Roumaines. 2.5. Dans cette periode de domination phanariote, il y a des cas ou les livres franqais ne sont pas traduits directement du franqais en roumain mais ils nous parviennent par 11intermediaire des traductions faites tout d'abord en grec. Ainsi les quelques oeuvres de Voltaire ont ete traduites d'apres la version grecque faite par Eugen Vulgaris. C!est aussi le cas de Ioan Beldiman qui traduit en 1818, Istorie a celor mai gingașe amoruni a Parisuluri(L'histoire des plus tendres amours de Paris) d’une traduction grecque. Divers boyards roumains, ennemis declares des Phanariotes, se sont engages, â la meme epoque, â traduire du grec (42). On peut mentionner le nom de lordache Golescu, le traducteur des ”Lettres persanes” de Montesquieu et du roman "Paul et Virginie" de Barnardin de Saint-Pierre. La langue grecque s’employait couramment dans 11administration. Cette situation d’ordre politique et social a agi egalement sur l'apparition des premieres traductions du franqais en roumain par la filiere grecque. En 1794, sur l’ordre du Prince (43) regnant de Moldavie, loan Mihai Suțu, son secretaire Panaghiotakis Kodricas, traduit et publie lfou- vrage de Fontenelle "Entretiens sur la pluralite des mondes”. Quelques annees plus tard, en 1819, la Princesse Ralu Suțu traduit ”Les conseils d'une mere â sa fille” de la marquise de Lambert. 2.6. Nous avons deja mentionne qu'ă cette epoque il existait une cer- taine tendance â imiter tout ce qui portait la marque franqaise. La vie â la Cour est des plus seduisantes : ”...rien n’egale en Europe - ecrit le fin di- plomate A.Billecoq - le spectacle tout â fait remarquable offert un grand jour de fete chez les hospodars valaques ou moldaves” (44). Dans les salons des boyards roumains, ou tout est franqais, depuis les toilettes jusqu’â la con- versation, on se croirait ă Paris. "De jeunes et belles femmes vetues â la (42) Le fait est qu'au debut du XIXe siecle, les circonstances font que certains boyards connaissent le grec tout aussi bien que le roumain. (43) Auparavant les Princes etaient nommes Palatins en Moldavie ; les Allemands les nommaient Voivode, les Slaves les appelaient Gospodar ou Hospodar. (44) Album moldo-valaque, dans, "Illustration, journal universel". Paris, 24 Septembre, 1848, p. 7. - 19 - frangaise, assises â la frangaise, causant, riant, faisant d’etourdissantes petites mines, toujours â la frangaise ; elles rivalisent d’eclat, d’elegan- ce, de bon gout, de seduction” (45). Un voyageur frangais, invite ă des soi- rees donnees par 1’aristocrație valaque, a l’impression de se trouver ă Paris. II note aussi que : ”L’education d’un boyard et d’un Parisien est semblable” (46). 3.0. Les rapports politiques ont ete tres intimes ; la culture et la langue frangaises ont entraîne 1’aristocrație roumaine ă vivre dans une etroite communion d’esprit et de langage avec la France. 3.1. Au point de vue diplomatique, les relations franco-roumaines ont connu la meme ascension. Avânt le XVIIIe siecle, les rapports officiels sont assez limites. Mentionnons que le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, rencontre ă Cozia le prince moldave Alexandru cel Bun (Alexandre le Bon) en 1427 ; au cours des annees la France a soutenu la cause de plusieurs prin- ces moldaves ou valaques pour obtenir la protection de Constantinople et leur permettre ainsi de reconquerir le trone de leurs peres - c’est le cas de Petru cel Bun (Pierre le Bon) qui a obtenu le trone de Valachie en 1531 grâ- ce â l’appui de la France et par 1’intervention du futur ambassadeur de France, d’Aramon (47). Le Pere Philippe Avril visite en 1685 la Moldavie. II est regu avec beaucoup d’amenite â Jassy par le Prince Constantin Cantemir, pere du celebre historien de”l’Empire Ottoman", qui met â sa disposition une maison en viile et envoie â sa rencontre son carrosse accompagne d’une es- corte de cinquante soldats (48). En 1711, Nicolas Mavrocordat, grâce â la recommandation du Roi de France, devient prince de Moldavie. Nos princes se sont trouves en relation avec la France soit pour y avoir reside, soit pour avoir combattu dans ses armees. Ainsi Ștefan Tomșa (Etienne Tomșa), qui sera prince de Moldavie au debut du XVIIe siecle, sert Henri IV contre les Espa- gnols (49). Dans la collection de auspices de 1’Academie Roumaine une Moldavie et la Valachie” portant la Alexandru Odobescu. Ce document sur documents Hurmuzaki paraissent sous les serie de "Questions et reponses sur la date de 1712 et publiees plus tard par la Moldavie et la Valachie provient, se- (45) St. Bellanger, Le Keroutza ou Voyage en Moldo-Valachie, Librairie fran- gaise et etrangere, Paris, 1846, I, p. 394. (Keroutza = căruța - le chariot ... meme racine que les "car - carrosse - carriole frangais”. Sans doute St. Bellanger a-t-il employe ce moyen de locomotion au cours de ses peregrinations moldo-valaques). (46) Thibauld L e f e b r e , La Valachie, au point de vue economique, diplomati- que, culturel et moral, Paris, 1858, p. 124. (47) Germain Lebel, op. cit., p. 17. (48) Germain Lebel, op. cit. , p. 45. (49) Germain Lebel, op. cit., p. 30. - 20 - de lutter pour 1 *independance, pour 1'unite des peuples et, je reprendrai le mot, pour le triomphe du principe des nationalites”(53). 4.0. L’influence frangaise se manifeste avec toujours plus de for- ce (54) quoique nombre de personnes, notamment les Grecs etablis dans le pays, combattent ces tendances et ironisent sur les jeunes gens qui lisent avec ferveur les romans frangais. Signalons le cas du marquis Markides Pulios qui, en 1797, avait fait venir dans le pays tout un chargement de livres frangais. Le prince donne l’ordre d’expulser le marquis au delâ des frontie- res, pour ne pas faire courir ă ses sujets le risque d’etre corrompus par les idees revolutionnaires contenues dans ces publications. L’eglise a pris elle-aussi des mesures afin d’empecher ses fi- deles de lire les ouvrages des athees, et notamment les ecrits de Voltaire. (55). Mais en depit de l’opposition des princes, de l’eglise et de quelques ecrivains ”d’ancienne mode”, l’influence frangaise n’a pu etre entravee dans sa marche victorieuse. Elle a ete et reste puissante tout au long du XIXe siecle. Les rapports entre les Frangais et les Roumains sont devenus plus e- troits, plus directs et plus intimes et la langue frangaise est de plus en plus employee. Dans la preface de la ”Petite grammaire frangaise”, publiee en 1841 par Noel et Chansal, les auteurs declarent : ”La langue frangaise du fait de sa culture s’est rendue depuis longtemps universelle, elle etait em- brassee aussi par les Moldo-roumains qu’elle pouvait interesser notamment â cause de son affinite avec la langue roumaine”. (53) Le discours La remise de l’etendard d’Etienne le Grand fut publie dans le volume Les Frangais et la Roumanie, textes choisis par Paul Desfeuilles et Jacques Lassaigne, Bucarest, 1937, pp. 104-105. Le dis- cours a ete prononce ă l’occasion de la remise solennelle â la Roumanie de l’etendard d’Etienne le Grand, retrouve par les troupes frangaises au couvent bulgare de Zographo (Mont Athos) et envoye en France par le ge- neral Sarrail. (54) ”Depuis la fin du Xle siecle le frangais s’ecrit et s’emploie comme lan- gue litteraire d’une maniere vraiment suivie. Deux generations ont suffi pour qu’il acquiere en Europe un prestige extraordinaire” (W. von Wartburg, Evolution et structure de la langue frangaise, Leipzig et Berlin, 1934, pp. 97-98). Le frangais s’est impose en Europe, des le XVIIe siecle, affirme M. Schwab "L’universalite de la langue frangaise est due ă son pittoresque, ă sa clarte, â sa perfection” (cf. Dissertation sur les causes de l’uni- versalite de la langue frangaise et la duree vraisemblable de son empire, Paris, 1803, p. 46. (55) Carra fait remonter â 1777 le premier contact des jeunes boyards roumains avec l’oeuvre de Voltaire. II affirme que le besoin du livre frangais se fait deja sentir â cette epoque dans le milieu moldo-valaque. (op. cit., p. 219). - 22 - Ion toutes les probabilites,d'une personne de la Cour de Louis XIV ou des milieux officiels frangais. II a ete ecrit pour satisfaire la curiosite de Madame la Dauphine â laquelle ce document fut remis en 1711 ă Fontainebleau. Les questions posees portent sur tout ce qui pourrait apporter une connais- sance exacte des Pays Roumains. On ecrit que dans les ecoles, ă cette epoque lâ, on apprend â lire et â ecrire seulement en grec et en slavon, mais on ajoute que la langue des Moldaves et des Valaques est "composee du latin et d’un italien corrompu" : c’est la preuve la plus convaincante de leur ori- gine romane (50). Meme s'il y a des lacunes et des erreurs, ce document re- presente la description de la Moldavie en particulier, la plus complete qui ait ete faite jusqu'ă cette epoque par un Franqais. Ce document prouve en meme temps l'interet que l’on commenqait â porter en France aux Principautes Roumaines au debut du XVIIIe siecle. En 1802, Napoleon repond ă un groupe de boyards roumains qui demandent, par 1'intermediaire de Champagny alors ambassadeur â Vienne, la protection de la France : "Ecrire au citoyen Champagny, pour faire ecrire â ces individus qu’ils me fassent connaître ce que je pourrais faire pour leur service", signe Bonaparte I, Thermidor, 20 Juillet, 1802 (51). Nous devons encore citer le memoire adresse par les represen- tants de la Moldavie â Napoleon Ier, en 1807, par lequel ils sollicitaient 1'Union des Principautes et la suppression du protectorat de toute puissance etrangere (52). A mentionner les liens etroits qui se sont noues entre les re- volut ionnaires roumains de 1848 exiles en France et le monde intellectuel et politique de Paris. Parmi les Franqais qui manifesterent de la sympathie en- vers le peuple roumain, il y a lieu de citer : Jules Michelet, Edgar Quinet (qui a epouse une roumaine la fiile de Gheorghe Asachi), Paul Bataillard (qui a ecrit : Les Principautes Danubiennes, păru en 1850), Elias Regnault (a publie en 1855 : Histoire politique et sociale des Principautes Danubien- nes) , Thibault - Lefevre, etc. Voilâ ce que dit, quelques annees plus tard, Albert Thomas, Ministre de l'Armement et des fabrications de guerre, dans un discours pronon- ce le 28 Juillet 1917 ă la Sorbonne : "Aussi, amis roumains, parce que vous avez bien et vaillamment combattu, et parce que vous etes nos freres en lati- nite, avec quelle sympathie, avec quelle joie la France accomplira envers vous ce qu'elle considere comme une mission traditionnelle ... Cette mission, c'est (50) Cf. C.C. Giurescu, Une enquete franqaise sur les Principautes Roumaines au commencement du XVIIIe siecle, "Melanges de l'Ecole roumaine en France premiere pârtie, Gamber editeur, Paris, 1924, p. 41 et suiv. Mentionnons que quelques annees plus tard a păru dans la meme collection des documents (Documente privitoare la Istoria Românilor, Supplement I, Bucarest, 1886 - Documents concernant 1'histoire des Roumains), publies par Alexandru Odobescu (un Memoire sur la Moldavie et la Valachie). (51) Pompiliu Eliade, op. cit., p. 234. (52) Constantin C. Guirescu, La formation de l'Etat unitaire roumaine, Edi- tions Meridiane, Bucarest, 1971, p. 78. - 21 - 5 .0. Parmi d’autres facteurs qui ont contribue â la penetration du frangais dans les Pays Roumains, on peut citer le contact avec la Russie. Le processus commence pendant le regne de Pierre le Grand (56) et surtout sous celui de Catherine II, au XVIIIe siecle. L’atmosphere frangaise qui regnait en Russie â cette epoque, dans 11administration, dans la vie des aristocra- tes, dans les rapports diplomatiques, dans l’activite scientifique, se re- trouve dans les Principautes Danubiennes grâce aux officiers venus pendant la guerre russo-turque (1806-1812), tout aussi bien que grâce aux consuls russes, ă Kisseleff, ainsi que par l’entremise des fonctionnaires superieurs russes charges de traduire dans les faits ce protectorat. 6 .0. Un role important dans l’appui de la culture frangaise fut egalement celui de la generation des jeunes intellectuels enflammes par les valeurs de la culture frangaise, par les idees de la Revolution frangaise et qui, rentres dans leur pays apres leurs etudes, sont devenus des facteurs actifs dans la stimulation des elements de culture et de progres. D’autre part, les idees avancees de la France aureolee du prestige de sa gloire mi- litaire, des resultats de la Revolution frangaise et de l’ideologie de l’e- poque des lumieres - liberte, egalite, souverainete naționale - ont suscite un vif intdret parmi les intellectuels roumains progressistes. Ces idees pronees par la Revolution frangaise etaient repandues par des emigrants po- litiques, par l’entremise des ecoles, des secretaires et precepteurs fran- gais des princes, des professeurs de frangais engages par les boyards. C’est ainsi que penetrent dans le vocabulaire de la vie socia- le, politique, litteraire de nombreux neologismes qui servent â exprimer des notions et idees nouvelles qui apparaissent dans notre evolution culturelle. Les notions d’egalite et de fraternite,proclamees par la Revo- lution frangaise,repondent â un besoin vital et trouvent un echo favorable dans les rangs de la jeunesse roumaine. Le vent de la liberte soufflait sur le monde. II etait normal que ceux qui avaient subi la servitude pendant si longtemps se laissassent emporter par lui. Tout ce qui pouvait traduire et exprimer ces notions genereu- ses etait adopte, assimile. C’est ce qui advint des apports linguistiques frangais (57). (56) Les officiers russes etaient ă cette epoque-lâ recrutes, dans tous les pays, et, pour s’entendre entre eux, Russes, Polonais, Anglais, Alle- mands et Frangais parlaient tous plus volontiers le frangais que le rus- se. Ainsi, les Russes acheverent de repandre la connaissance du frangais dans les salons roumains ou la conversation n’eut plus lieu que dans cette langue surtout ă partir de 1769 (Pompiliu Eliade, op. cit.,p.182). (57) ”Les forces qui mettent la langue en mouvement sont de deux sortes : les tendances determinees par des causes internes et celles qui sont provo- quees par des causes externes. Au premier groupe appartiennent les cau- ses d’ordre psychologique communes â toutes les langues, â savoir l’assi- milation et la dissimilation. Pour ce qui est des causes externes, no- tons qu’elles sont determinees par des circonstances d’ordre social” (L. Kukenheim, Grammaire historique de la langue frangaise, Leyde, 1967, p. 3-4). - 23 - II ne faut pas oublier non plus la contribution de la jeunesse instruite ou desireuse de s’instruire, issue des rangs d’une bourgeoisie naissante, prete moralement ă combattre la feodalite et la domination etran- gere. La connaissance du frangais ne leur apporte non seulement des mots nou- veaux, mais des idees et ces idees la jeunesse roumaine les fait siennes â j amais. 7.0. Apres la Revolution de 1789, nombre d’emigrants arrivent dans les Principautes Roumaines pour y enseigner le frangais. Le premier profes- seur frangais arrive dans les Principautes Danubiennes en 1794 ; il s’appelle Cado de Lille. Vers la meme epoque vivent ă Jassy deux Frangais, originaires d’Avallon : Jean-Baptiste Trecourt et son frere Frangois. En 1802, Alexandru Moru^zi, Hospodar de Moldavie, choisit pour precepteur de ses enfants, Beaupoil de Saint Aulaire (58) et comme instituteur le nomme Clemaron. En 1813, le Frangais Doret s’occupe de l’education du fils de Scarlat Callimachi et en 1816, Madame Caumont exerce la fonction de gouvernante des enfants du Prince Alexandru Mavrocordato (59). Ajoutons les noms de Dopagne, V. Lejeune, l’abbe L’homme de la Roche, Colson, Vaillant, Cuenim, etc. Les trois derniers furent les professeurs de M. Kogalniceanu (60), I. Vacarescu et V. Alecsandri (61). Le role de ces professeurs, qui donnent en meme temps des legons en viile et contribuent ainsi â repandre le frangais dans les milieux aises de Bucarest et de Jassy, est particulierement important : ils nous ont permis d’etablir un contact direct avec la France et ont diffuse les idees progres- sistes, ce qu’on appelait ă l’epoque ”les idees nouvelles” - tout comme les Frangais de France lorsqu’ils parlaient des idees importees d’Angleterre. Le nombre des professeurs frangais, tres restreint au XVIIIe siecle, ne tarde pas ă s’accroître rapidement et une tradition s’etablit bien- tot : pour devenir un homme accompli, cultive, il est indispensable de posse- der â fond l’usage du frangais. C’est ainsi que les professeurs de frangais etaient tres recherches. (58) Alex. Demetrescu, L’influence de la langue et de la litterature fran- gaise en Roumanie, Lausanne, 1888, p. 44. (59) Germain Lebel, op. cit., p. 184-189. (60) M. Kogalniceanu, homme d’Etat et ecrivain, fut une personnalite remar- quable de. la premiere moitie du XIXe siecle. De formation frangaise il a apporte une grande contribution au developpement de la langue et de la litterature roumaines. (61) V. Alecsandri a une activite soutenue dans tous les domaines : litte- raire, social, politique. Participant â la Revolution de 1848, soute- neur ardent de l’Union des Principautes Roumaines (1859) et de la guerre d’independance (1877). Sa vie et son oeuvre sont identifiees aux plus im- portants evenements de la Roumanie Moderne. II a collabore au ”Glaneur” moldo-valaque (Spicuitorul). Poete et dramaturge remarquable, il a ecrit plusieurs recueils de poesies parmi lesquels ”Les Doinaș", Paris, 1855, et plusieurs volumes de pieces de theâtre. - 24 - 7.1. Signalons le role des consuls frangais envoyes dans les Princi- pautes Roumaines. Ils seront officiellement reconnus en Valachie et Moldavie en 1798. C’est un succes d’importance locale, il est vrai, mais ouvrant nean- moins un champ tout nouveau â l’influence frangaise chez nous. Deux ans plus tot, en 1796, on mentionne le nom du premier consul frangais nomme dans les Principautes Roumaines. II s’agit de Constantin Stamaty, Grec de Constanti- nople, entre au service de la Republique Frangaise. Lui succedent : Charles Flury, Montai, Adolphe Billecocq, Parant, Lamare, Ledoulx, Mechain, Martin, Fornetty, Due de Nion, E. Gaudin (62). Tous exercent leurs fonctions tantot ă Bucarest, tantot ă Jassy. 7.2. Les professeurs et les consuls ne sont pas d’ailleurs les seuls Frangais ă resider dans les Principautes. A la liste des personnes qui, de par leur formation intellec- tuelle ont exerce une influence importante en tant que ”diffuseurs" non seule- ment de la langue frangaise, mais aussi des connaissances scientifiques, il faut ajouter les medecins comme M. de Ferriol, installe aupres du Prince Constantin Brîncoveanu en 1701, Daniel de Fonseca qui est reste ă la cour de Nicolas Mavrocordato en 1719, Jean-Baptiste Desmarets, le celebre anatomiste Exupere-Eiigene Bertin, etc. (63). Par la suite, nombre de grands noms de la medecine roumaine se reclameront de "l’ecole frangaise”. Une profession beaucoup plus prosaique - Science pour les uns, art pour les autres - voit ses adeptes recherches par les Roumains de la ”bonne societe”. II s’agit tout simplement des cuisiniers ! La gastronomie frangaise et ses desservants font prime - ils apportent leur Science et leur vocabulaire, et aujourd’hui encore c’est un titre de gloire pour une jeune maîtresse de maison que de reussir ”la pate frangaise” qui n’est autre que la pate feuilletee. 8.0. L’influence grandissante du frangais dans les Pays Roumains - idees et vocabulaire qui les traduit - va de pair avec le deroulement des faits historiques, avec les aspirations du peuple roumain. Pousses par le meme sentiment patriotique et par le deșir de faire connaître aux etrangers les beautes et les realites de notre pays, I. Ghica, l’etudiant Mihai Anagosti et nombre d’autres publient dans les periodi- ques de Paris des articles sur la richesse, la situation politique dans les Principautes Roumaines d’une part, et sur l’influence du frangais, d’autre part. (62) Cf. V. Haneș, Formarea opiniunii franceze asupra României în secolul al XIX-1 ea (La formation de l’opinion frangaise sur la Roumanie au XIXe siecle), București 1929, II, p. 160 et J.A. Vaillant, La Roumanie, Paris, 1844, tome II, p. 266. (63) Cf. Germain Lebel, op. cit., p. 140-191. - 25 - L’affinite (64) et la sympathie entre le peuple franqais et le peuple roumain sont reciproques (65). La France continue ă s’interesser, elle aussi, moins que les Roumains, il est vrai - au destin des Principautes Roumaines. Ainsi, des avant le XIXe siecle, on trouve deja dans divers pe- riodiques franqais des renseignements sporadiques sur les Pays Roumains. Le premier livre sur la situation de la Valachie et de la Moldavie "Histoire de la Moldavie et de la Valachie avec une dissertation sur l’etat actuel de ces deux provinces" fut ecrit par Jean Louis Carra en 1777. En 1821, Franqois Recordon publie ses "Lettres sur la Valachie" et en 1822, O.M. Lejeune tra- duit en franqais une etude de Raicevitele, ecrit en italien "Voyage en Vala- chie et en Moldavie avec les observations sur 1'histoire, la physique et la politique ; augmente de notes et additions pour 1’intelligence de divers points essentiels" (66). 8.1. L’explication de cet interet reciproque est facile â trouver : d’une part, 1’origine commune des deux langues, leur parente genealogique, elements qui ont rapproche de plus en plus les deux peuples (67) ; d’autre part, l’influence franqaise commence ă s’exercer juste au moment decisif pour le developpement de la culture roumaine et favorisera 1’affirmation des Principautes en tant que nations. C’est le moment ou une lutte acharnee op- pose les boyards autochtones aux familles d’origine phanariote ou l’opposi- tion â un regime politique impose par l’etranger prend de l’ampleur. (64) Cf. V. Haneș, op. cit., tome II, p. 135-136. (65) "Mais je dois rappeler que nulle part en Europe les demonstrations et les prieres des exiles ou des voyageurs roumains ne trouverent autant d’echo qu’en France ; que, dans cette periode, l’opinion franqaise et les hommes politiques franqais furent peu â peu gagnes â la cause rou- maine et, avec les hommes politiques, les diplomates. C’est un nom que les Roumains ne doivent pas oublier, c’est celui de Victor Place, consul de France en Moldavie, fervent ami des Roumains, fervent defenseur de 1’union roumaine" (Mario Roques, Le 24 Janvier, conference faite â Paris le 24 Janvier 1925 ă 1’Association des etudiants roumains en France, Paris, 1925, p. 134. (66) Cf. V. Haneș, op. cit., p. 33-75. (67) Voilă le commentaire de I. Heliade Rădulescu dans Paralelisme între limba română și italiana (Parallelismes entre les langues roumaine et italienne), I, 1840 : ’’ ... jusqu’ă une certaine epoque c’etait la fo- lie des grecismes, ă present tout est oriente vers la France. La langue franqaise s’entend partout, dans toutes les maisons : du franqais dans les ecoles, colleges ..." (p. 42). En 1835, Genilie, dans la description de Bucarest ecrit : "... dans la capitale des Pays Roumains la langue franqaise est tres connue et tres employee" (cf. Gh. Oprescu, Eliade Rădulescu și Franța (E.R. et la France), Cluj, 1923, p. 35. - 26 - 9 .1. L’attraction exercee par la France s’averera des plus fortes. Les jeunes gens issus de la couche aisee de notre societe se montrent tou- jours plus desireux d’aller faire leurs etudes en France. Certains boyards pourront juger par eux-memes des moeurs et des coutumes frangaises. Outre le Dudesco bien connu qui fit en France un voyage legendaire et y depense sa fortune, nous voyons lancu Văcărescu, petit fils du poete et futur poete lui- meme, se rendre â Paris en 1804 en compagnie de C. Falcoianu et de Didascole Zaharie. Si en 1804, George Bogdan est signale comme etant le premier Rou- main â faire ses etudes de droit ă Paris, deux ans plus tard, en 1806 arrive le deuxieme, Furnuraki. En 1807,c’est Constantin Nicolopoulo de Smyrne, ex- precepteur des enfants de Demetre Ghika, qui fait ses etudes de medecine â Paris et en 1858, rien qu’au Lycee Louis le Grand on denombre plus de 70 ele- ves roumains (73). C’est un vrai exode de la jeunesse vers le monde occiden- tal. A cote d’eux,ajoutons les noms de certains ecrivains et diplomates qui ont fait leurs etudes en France : Mihail Kogalniceanu â Luneville, V. Alecsandri ă Paris, Rosetti, Brătainu, etc. Parmi les ecrivains certains par- laient le frangais comme leur langue maternelle et beaucoup d’entre eux ai- maient ecrire en frangais. Nous nous limitons ă un seul exemple, celui de V. Alecsandri, qui a donne â la poesie populaire roumaine ses lettres de no- blesse. II a prouve qu’en partant des themes simples mais universels de la production poetique populaire roumaine - amour de la nature - amour du villa- ge natal - on pouvait aboutir â la creation d’oeuvres litteraires d’une inde- niable valeur artistique, les seules d’ailleurs qui ont garde leur fraîcheur et qui - dans une production litteraire touffue et d’inegale valeur - ne sont ni demodees, ni ridicules. II a donne vie au theâtre ; il a ecrit en frangais des vers et des comedies, a traduit, a imite. Tout cela est fonde chez V. Alecsandri sur une connaissance du classicisme et du romantisme frangais. 10 .0. Dans cette periode d’effervescence politique, sociale, le pre- mier journal le "Courrier de Moldavie”, publie â Jassy en 1790 fut ecrit en frangais (74), et ă partir de 1837 ”Curierul” (le Courrier) - păru en 1829, dont le directeur etait I.H. Rădulescu, ajoute, â certains articles, sur la colonne de droite, la traduction frangaise du texte roumain. En 1841, Gh. Asachi (75) publie ”Le Glaneur moldo-valaque" oii notre grand poete Vasile Alecsandri, bon connaisseur de la langue frangaise, a ecrit ses premieres poesies (76). II faut ajouter :”Albina româneasca" (L’Abeille roumaine), en 1829, "Gazeta Teatrului National" (La Gazette du Theâtre National) en 1835, redigees en roumain et en frangais, et â partir de 1849 paraîtra en langue (73) Cf. Alex. Demetrescu, op. cit., p. 51. (74) Cf. Dan Simonescu, Primul ziar tipărit pe pămintul țării noastre (Le premier journal imprime sur le territoire de notre pays), dans,"Studii și materiale de istorie medie", Ed. Acad. R.S.R., tome I, 1956, pp. 343-351. (75) Gh. Asachi a joue un role important - au debut du XIXe siecle - dans le developpement de 1’enseignement et de notre culture naționale. II a ecrit des drames (Petru Rareș), des comedies (Contradanțul - Contre- danse) et des recueils de poesies. (76) Cf. V. Haneș, op. cit., tome I, p. 29. - 28 - Une telle situation favorise et aggrave les bouleversements so- ciaux que les Pays Roumains (68) connaissent â cette periode de leur histoi- re. Dans la premiere moitie du XIXe siecle, la jeune societe moldo-valaque se trouvait dans une situation critique. Son deșir, son ambition d’appartenir ă la civilisation occidentale se heurtent â des moeurs traditionnelles et â des prejuges. II fallait donc - avant toutes choses - creer un climat spiri- tual propice au processus de democratisation de la societe roumaine et ă 11instauration d’une meilleure organisation sociale et economique du pays. C’est la diffusion des idees nouvelles venues de France qui en sera 1’ele- ment favorable. Voilâ pourquoi dans le domaine politico-social les regards des Roumains se portent vers la France. L’orientation vers les Frangais et les peuples neo-latins ne correspond pas â un programme, mais ă une impulsion, ă un penchant naturel (69). Les Roumains avaient pris conscience de leur individualite na- ționale et cela les encourageait ă combattre pour obtenir leur independance politique.”Peu ă peu, la verite se frayait un chemin dans l’esprit des hommes cultives de partout et, au XIXe siecle, lorsque paraît la premiere grammaire comparee des langues romanes, oeuvre de Fr. Diez, 1’appartenance du roumain ă la familie romane est officiellement reconnue par la linguistique scienti- fique" (70). 9.0. Cette situation aboutit ă l’ouverture des premiers pensionnats frangais. Sous le regne de loniță Sandu Sturza sont crees les premiers pen- sionnats pour les gargons : ainsi ă Jassy, le pensionnat "Mouton" dirige par Cuenim, 1’Institut ”Miroslava” preș de Jassy, dirige par Bayard, Lincourt et Chefneux et un pensionnat pour jeunes filles, dirige par la familie Garet et plus tard par Mmes Champolbert, Fajore, Joe Gali (71). A Bucarest, les premiers etablissements scolaires diriges par des Frangais sont ouverts en 1859. Parmi les professeurs qui y ont enseigne citons : Vichy Blaremberg, Chun, Salvigny, etc. (72). (68) En 1821, eclata en Valachie, sous la conduite de Tudor Vladimirescu, un puissant mouvement revolutionnaire. La plus importante et immediate conse- quence de ce mouvement a ete d’ordre politique (la suppression du regime turco-phanariote et la nomination de princes regnants autochtones en Valachie et en Moldavie). (69) Cf. Sextif Pușcariu, Limba română (Langue roumaine) I, Bucarest, 1949, p. 370. (70) Alex. Graur, La Românite du roumain, Editions de l’Academie de la Republique Socialiste de Roumanie, Bucarest, 1965, p. 7. (71) Cf. Pompiliu Eliade, Histoire de l’esprit public en Roumanie au XIXe siecle, tome I, Paris, 1905, p. 221-222. (72) Cf. N. Serban, Racine en Roumanie, București, 1940, p. 23-24. Parmi les premiers Frangais qui ont visite notre pays, le meme auteur (op.cit., p. 15) cite le nom de Charles de Joppecourt, qui apres un court sejour en Moldavie, en 1608, a publie Histoire des choses les plus memorables advenues aux derniers troubles de Moldavie, Paris, Toussaint de Bray,1620. - 27 - franqaise le "Journal de Bucarest" (77). 1 0.1. Sur le plan culturel, ce qui caracterise la societe roumaine â cette epoque c’est le deșir de s’instruire. Le gout de la lecture se de- veloppe rapidement. On s’interesse â la litterature, mais on manifeste ega- lement une vive curiosite pour les problemes politiques, economiques et sociaux. Bon nombre des boyards roumains sont au courant des evenements de l’Occident, ils lisent frequemment les journaux. Les publications fran- qaises, telles que : "Le Spectateur du Nord", "Le Journal encyclopedique", le "Journal litteraire", le "Mercure de France", "l’Almanach des Dames", provenant directement de Paris etaient connues par 1’aristocrație roumaine (78). Les revolutionnaires roumains, Nicolae Bălcescu (79) en tete, qui ont ete obliges de quitter le pays pour ne pas etre emprisonnes ont publie â Paris le journal "Republica română" ("La Republique roumaine"). 11 .0. C’est vers la meme epoque qu’apparaît 1’activite theâtrale franqaise chez les Roumains (80). Commencee en novembre 1831 â Bucarest, elle a continue ă Jassy ă partir de l’automne 1832, jusqu’en 1852. A partir de 1852,un theâtre franqais regulier cesse d’exister chez les Roumains (81). Le premier directeur du theâtre franqais â Jassy fut Baptiste Fourneau qui avec (77) Cf. Ion Horia Rădulescu, op. cit., p. 31. (78) D. Popovici, op. cit., p. 77. (79) Homme de lettre et militant actif pour 1’independance național. Son oeuvre comprend des etudes d’histoire, des biographies historiques, l’imposante monographie : Românii sub Mihai Viteazul(Les Roumains sous Michel le Brave), Paterea armată (Pouvoir arme), Starea Sociala (L’etat social), Reforma socială la români (La reforme sociale chez les Rou- mains) etc. (80) Les premiers spectacles furent donnes par des etrangers. Au milieu des nombreux comediens de foire,ou acteur plus ou moins improvises : turcs, grecs, russes, allemands, qui tour ă tour amuserent les Moldaves et les Valaques, les comediens franqais commencerent â paraître sur la scene roumaine des la fin du XVIIIe siecle. C’est en Valachie qu’arriverent les premiers comediens franqais. Mentionnons le cirque Mathieu qui en 1793 organisa ă Bucarest des spectacles fort goutes par le public. En 1807, lorsque le duc de Richelieu, gouverneur d’Odesse, se rendit en visite ă Jassy,pour repondre ă l’invitation faite par le "Divan moldave" (une sorte de parlement), il assista ă des spectacles franqais de come- dies. En 1816, on trouve un "theâtre de varietes" â Jassy et dans la meme localite s’installe en 1826, une troupe franqaise de pantomime. A partir de 1843,1’Opera italien fut un rival du theâtre franqais. (81) Ion Horia Rădulescu, op. cit., p. 9. -29- sa femme, ses filles, son frere et d’autres ont interprete beaucoup de pie- ces frangaises. A Bucarest, on signale comnie premier directeur, le nom de Fourneau, qui a construit en 1832 un theâtre de varietes. Le repertoire est assez varie (82) : comedies melees de chant, vaudevilles, melodrames ; tres peu de tragedies et de drames. Parmi les dra- mes les plus joues on peut citer : Angelo -Tyran de Padou, Lucrece Borgia, Maria Tudor, Ruy Blas ; quant aux auteurs, on constate que les dramaturges en vue â Paris sont joues egalement sur les scenes roumaines : V. Hugo, Al. Dumas, Ch. Lafont, E. Scribe, Moliere, Voltaire. Voilâ comment J.A. Vaillant presentait la salle du theâtre lors d’un spectacle en 1841 : " ... Le coup d’oeil de la salle est delicieux. La fleur de Jassy, les ele- gantes "coconise" et les lions moldaves en emplissent toutes les loges”(83). 12.0. Les faits cites jusqu’ici n’epuisent pas l’ensemble des pro- blemes. En realite, ce processus est infiniment plus varie et revet des as- pects multiples. Certains, comme nous l’avons vu, se sont traduits par des faits immediats, concrets (84) ; d’autres se sont produits d’une maniere dif- (82) Pour enrichir le repertoire, beaucoup d’amateurs ont essaye de traduire des pieces franqaises. Basile Kogalniceanu, parent de l’homme d’Etat et de l’historien bien connu, s’essaie â la "Princesse d’Elide". Plus tard, le bukovinien Daniel Scavinschi traduira en bons vers roumains le "Democrite" de Regnard. La "Mathilde"de Mme Cottin trouve meme un tra- ducteur en la personne du poete Conachi (Ion Horia Rădulescu, op. cit., p. 300). (83) La Roumanie, A. Bertrand, Paris, 1845, tome III, p. 477. (84) "Les manuels scolaires, les oeuvres litteraires, les articles des jour- naux, tout etait dans la sphere de l’influence frangaise" (G. Oprescu, Eliade Rădulescu și Franța, etude de litterature comparee, dans "Dacoromania", 3eme annee, 1923, Institutul de Arte Grafice Ardealul, Cluj, 1923, p. 122). Alex. Marcu ecrit : "Apres 1831, ceux qui ne connaissaient pas le frangais n’avaient pas acces aux etudes superieures" (Un student român la Pisa și Paris către 1820 : Simion Marcovici - Un etudiant roumain ă Pișe et ă Paris, vers 1820 : S.M.-, Vălenii de Munte, 1929, p. 24). En presentant la meme epoque, M. Xenopol (dans Courrier europeen, 6 Avril 1906) exagere un peu les choses en ecrivant : "La haute societe sans distinction de partis politiques, les descendants des boyards, com- me la bourgeoisie enrichie, n’emploient comme langue de conversation que le frangais. C’est seulement dans la vie publique qu’ils sont for- ces de parler le roumain. II y a bon nombre de deputes qui ne le savent pas et qui le parlent abominablement ... S’il arrive que quelqu’un dans un salon ne sache pas le frangais, c’en est fait pour lui. Les moindres fautes sont notees et soulignees par des sourires, et suffisent pour ranger l’individu, fut-il un puits de Science, parmi les ignorants. Ja- mais un jeune homme n’osera faire sa cour ă une jeune fille ou ă une jeune femme en roumain ; il s’exposerait au ridicule" (apud Albert Dauzat, Le frangais et l’anglais, langue internaționale, ed. Larousse, Paris, p. 21). - 30 - fuse et expriment des etats d’esprit, des aspirations en voie de formation dans cette ambiance nouvelle de 1’epoque. Ce processus s’est egalement eten- du aux couches moyennes de la societe, dans la mesure, bien entendu, ou celles-ci avaient acces ă 11instruction et ă une certaine liberte d’action. II nous faut preciser que l’influence frangaise â cette pe- riode fort importante pour la formation de la Roumanie moderne, depasse les proportions et les significations d’une influence habituelle. Dans la pre- miere moitie du XIXe siecle, les Principautes Roumaines se trouvent devant des tâches historiques comme la necessite d’eloigner les princes etrangers du trone du pays ; de constituer une bourgeoisie naționale ; d’etablir des relations plus organisees avec la civilisation des pays occidentaux ; de creer un reseau d’activite ă meme d’assurer la penetration de la culture dans les masses. A cela il faut ajouter la necessite de remedier ă de gra- ves situations touchant la condition sociale et economique des paysans ; de realiser l’union des Principautes et d’entreprendre l’action en vue d’ob- tenir 1 *independance naționale. II faudra aussi combler les lacunes pro- duites dans le developpement de la culture naționale par la survivance du regime feodal, des capitulations politiques et de l’isolement des Pays Roumains opprimes et appauvris. Dans la realisation de toutes ces tâches, la culture frangaise est devenue un appui precieux, tant directement qu’indirectement, grâce â ses idees eclairees, sa philosophie politique defendue par la Revolution de 1789 et par son puissant plaidoyer pour les droits de l’homme. Meme si les emprunts faits au frangais ont ete facilites par la parente des deux langues, il faut reconnaître que c’est le rayonnement du XVIIIe siecle frangais, les lumieres et les idees democratiques repan- dues par la Revolution frangaise qui ont egalement favorise leur diffusion dans la langue roumaine. Si au XVIIIe siecle,on n’avait enregistre que des signes plus ou moins directs de l’influence frangaise, les neologismes sont en nombre reduit, au siecle suivant,cette influence revet un caractere toujours plus evident, grâce aux voyages d’etudes, grâce ă l’activite des emigrants poli- tiques, etc. L’influence frangaise en Roumanie ne s’est pas exercee seule- ment par 1’intermediaire des Roumains qui ont fait leurs etudes et des voyages en France et de ceux qui, dans le pays, ont appris le frangais et ont ete eleves â la frangaise. Le fait se reflete dans le mode de vie et dans la langue de la classe dominante, dans le theâtre et la presse. A qui mieux mieux, les boyards font enseigner le frangais ă leurs enfants. "Savoir le frangais et le clavecin devinrent les deux arti- cles indispensables de l’education, du moins dans les grandes familles ; les savoir bien, c’etait le summum” (85). Ceci etant, il nous est facile de comprendre que l’influence frangaise sur la langue roumaine doit etre envisagee dans une perspective plus large, non point seulement comme un phenomene strictement linguistique, mais comme un phenomene aux amples implications historiques, phenomene dans le cadre duquel notre langue s’est vu assigner le role d’agent et de cata- lyseur. (85) Pompiliu Eliade, op. cit, p. 187. - 31 - 2. La langue litteraire dans les Pays Roumains (ă la fin du XVIIIe et au debut du XIXe siecle) 1 .0. Le renouvellement de la langue etait devenu â la fin du XVIIIe et au debut du XIXe siecle, un sujet general de preoccupation dans la plu- part des pays d’Europe (86). Par renouvellement nous comprenons : l’enrichis- sement du vocabulaire pour le rendre plus nuance, plus pittoresque, tel qu’il a ete â 1’epoque du "Sturm und Drang” en Allemagne et, en general, pendant toute l1epoque du romantisme. Dans ces circonstances, la lutte de nos intellectuels etait justifiee ă cette epoque-cle du developpement historique et culturel. "Re- nouvellement, progres, instruction, culture, tous etaient etroitement lies. L’enrichissement du vocabulaire, le perfectionnement du style et de la lan- gue pour devenir capable d’exprimer toute la civilisation de 1’epoque” (87) sont les problemes dont on discute le plus. 1.1. Le XIXe siecle represente l'une des plus importantes etapes du developpement de la langue litteraire roumaine. La periode qui va jusqu'ă 1860 marque le moment essentiel de cette effervescence linguistique : la disparition de la structure archaique dans la syntaxe, la formation de la langue naționale. Mentionnons que le XIXe siecle est aussi celui du passage ă l'alphabet latin, qui venait de remplacer l’ecriture cyrillique en usage depuis le XVIe siecle (88). Commencee en 1779, (86) Voltaire dans son Dictionnaire philosophique a donne la definition du genie de la langue : "On appelle genie d'une langue son aptitude â dire de la maniere la plus courte et la plus harmonieuse ce que les autres langues expriment moins heureusement". (87) Constantin Negruzzi, Preface de Mărie Tudor, traduction de Victor Hugo, 1825, p. 5. Les memes preoccupations et idees nous les retrouvons chez : Paul lorgovici, Observații de limbă românească (Observations sur la langue roumaine), 1799. Asachi, înainte cuvîntarilor (Preface), 1832 ; I.H. Rădulescu, Gramatica (Grammaire), 1828, etc. II y a lieu de mentionner le testament poetique de lenăchița Vacărescu qui est reste comme un mot d’ordre pour toutes les generations suivan- tes : "... las vouă moștenire creșterea limbii românești și a patriei cinstire" (je vous laisse en heritage le soin de cultiver la langue rou- maine et d'honorer la Patrie). (88) Celui qui a elabore le premier le systeme d’ecriture de la langue rou- maine en caracteres latins, de maniere â ce que 1!origine latine des mots soit mises en valeur a ete Samuil Micu. II en a meme presente une ebau- che ă la fin de son livre "Carte de rogacioni" (Livre de prieres) păru ă Vienne en 1779. - 32 - la bataille durera jusqu’en 1860, date â laquelle par un decret officiel, l’alphabet latin sera obligatoirement introduit dans la vie d’Etat tout entier. C’est 1’epoque qui voit, dans les grandes lignes, le connnencement de la cristallisation de la langue roumaine contemporaine. Certains linguistes, comme G. Ivanescu par exemple, affirment que le processus de 1’unification de la langue litteraire roumaine commence vers 1830 et se realise apres 1840, il dure jusqu’en 1880. lorgu Iordan af- firme que la phase de la consolidation de la langue roumaine litteraire mo- derne s’etend entre 1860-1917. On ne peut parIer en tout cas d’une langue litteraire unifiee avant 1880 (89). 1.2. Les evenements politiques et surtout l’abolition du regime feo- dal, en 1821, ouvrent de nouvelles perspectives aux Pays Roumains qui s’enga- gent dans la voie vers 1’emancipation politique et culturelle. Les idees de renaissance et de regeneration naționale, d’affirmation sur le plan europeen animent tout le peuple. Le progres culturel ne peut etre conqu sans l’evolu- tion de la langue, sans son enrichissement. Ce point de vue linguistique est fonde sur un puissant sentiment patriotique, sur le deșir ardent d’affirma- tion naționale, de progres culturel. Le renouvellement et 1’enrichissement de la langue deviennent l’imperatif de 1’epoque. Ces idees reviennent chez tous les intellectuels du XIXe siecle. Chez des hommes de lettres tels que Samuil Micu (90) et A. Teodori dans "Lexiconul de la Buda” (Le Lexicon de Buda), commence en 1795 et termine en 1825 ; I.H. Rădulescu dans "Vocabular de vorbe străine în limba română" (Vocabulaire des mots etrangers dans la langue roumaine) - 1817 - ecrit : "Notre langue est d’origine latine, c’est une langue romane mais sous une autre forme ; il s’agit maintenant de la cultiver, de l’ennoblir, de lui don- ner cette education conforme â sa structure, mais cette education doit se faire avec prudence comme toute education". C. Negruzzi (91) dans la Preface ă la traduction de Mărie Tudor de Victor Hugo (1837, p. V) parle d’un "style (89) Cf. Structura morfologică a limbii române contemporane - Structure mor- phologique de la langue roumaine contemporaine - Edit. Științifică, București, 1967, p. 9). (90) Samuil Micu-Clain (1745-1806) a ecrit deux ouvrages representatifs : Une grammaire de la langue roumaine, completee par Gheorghe Șincai et publiee en latin â Vienne en 1780 ("Elementa linguae daco-romanae sive valachicae") et un ouvrage historique, intitule "Istoria, lucrurile si întîmplarile Românilor (Choses et evenements de l’histoire des Roumains). (91) C’est le premier ecrivain moderne de Moldavie. II a ecrit de nombreuses nouvelles : Alexandru Lâpușneanu, Zoe, Muza de la Burdujeni (La Muse de Burdujeni), et a traduit du franqais. - 33 - plus adequat â la civilisation du siecle”. B.P. Hașdeu (92) dans ”Cuvente den bătrîni" (Paroles des anciens) - 1881, tome III, p. VII - remarque : ”la lan- gue d’un peuple se confond avec sa nationalite”. Des idees justes apparaissent chez tous les linguistes parce que : ”le prestige se justifie le plus souvent par la valeur de la langue”. (93). C’est une action qui, ă differentes etapes de leur evolution, est vala- ble pour tous les peuples. Chaque langue a connu des periodes d’emancipation linguistique. ”Des qu’un peuple atteint un certain degre de civilisation, il commence ă se former dans sa langue des nuances de style” (94). 2.0. Ce phenomene n’est pas particulier seulement ă la langue rou- maine. II s’est produit ă des epoques differentes ă peu preș dans toutes les langues. Des preoccupations pour une forme plus soignee de la langue litte- raire ont caracterise la langue frangaise tout au long du XVIe siecle. Le XIXe siecle roumain peut etre compare au XVIe frangais. La plupart des ecri- vains du siecle de la Renaissance frangaise ont professe que la langue avait besoin de se renouveler et que le vocabulaire, en particulier, devait etre enrichi et rajeuni (95). Ronsard et surtout Du Bellay dans "Defense et illus- tration de la langue frangaise" recommandent 1’enrichissement du frangais â partir du latin : ”Plus nous aurons de mots dans notre langue, plus elle sera parfaite” disait Ronsard. Voilă ce qu’ecrit Albert Dauzat dans ce sens : ”... Montaigne trouve le frangais assez riche comme vocabulaire, mais pauvre par ses moyens d’expression pour rendre les pensees abstraites ... c’est la cause de 1 *inferiorite du frangais au XVIe siecle, par rapport au latin et au grec. II faut suivre les efforts des prosateurs de Rabelais ă Descartes, pour enrichir et assouplir la syntaxe frangaise sur le modele des langues antiques, en transposant et en adoptant les tours et les periodes jusqu’au jour ou Pascal, desormais maître d’une langue litteraire au point, cree la prose fran- gaise moderne” (Le genie de la langue frangaise, Payot, Paris, 1943,p.289) (96). (92) Personnalite complexe et prestigieuse de la culture roumaine, d’un vaste horizon encyclopedique. II a cree des oeuvres d’une haute valeur autant dans le domaine de la poesie et de la dramaturgie que dans celui de la philologie, de l’histoire et de la philosophie. II a ecrit : Principes de philologie comparee ario-europeenne, Cărțile populare ale Românilor (Les livres populaires des Roumains), Etymologicum Magrum Romaniae. (93) J. Vendryes, Le Langage, Paris, 1921, p. 333. (94) W. von Wartburg, op. cit., p. 26. (95) Le frangais, â certaines epoques, a emprunte autant que de nos jours, mais au latin et au grec : â partir du XlVe siecle, les clercs et les sa- vants, qui utilisaient autant le latin que le frangais, ont donne ă la langue frangaise, â partir des langues anciennes, une grande pârtie de son vocabulaire. La medecine s’est forge un lexique â partir des racines grecques. Le vocabulaire politique s’est developpe au milieu du XVIIIe siecle, etc. (96) C’est toujours Albert Dauzat qui affirme : ”11 apparaîtra de plus en plus que la langue est un des principaux facteurs qui favorisent l’ex- pansion mondiale d’un peuple” (Le frangais et l’anglais langues inter- nationales, Larousse, Paris, p. 7). - 34 - 2.1. Bref, le roumain n’etait pas encore l’image d’une langue culti- vee et tous les hommes de lettres preconisaient son enrichissement et sa mo- dernisation. ”Si le peuple a forme les langues, les grands hommes les per- fectionnent par les bons livres ; et la premiere de toutes les langues est celle qui a le plus d’excellents ouvrages” (Voltaire). 2.2. Le role de la litterature, â cette epoque d’affirmation des Pays Roumains, tant sur le plan social que sur le plan linguistique est tres important. Jusqu’au XVIIIe siecle,dans notre litterature predominent, chro- nologiquement parlanț, les livres ă caractere religieux, des oeuvres de chro- niqueurs. C’etait 1’epoque de domination turque qui a eu une influence nefas- te non seulement sur le developpement de la litterature, mais aussi sur celui de la langue, qui renfermait de nombreux mots d’origine turque et grecque. 2.3. La fin du XVIIIe siecle et la premiere moitie du XIXe sont mar- quees par l’effort des hommes de lettres roumains dans l’oeuvre de l’evolu- tion et de la formation d’une langue et litterature nationales. Si l’usage de la langue naționale apparaît timidement dans 1’enseignement, au XVIIe siecle, il se generalise au XVIIIe. En 1814, Gheorghe Asachi cree ă l’Academie de lassy une classe speciale pour la profession d’ingenieur et en 1818, Gheorghe Lazăr (97) pose les fondements d’une ecole speciale â Bucarest ou les cours sont dispenses en roumain. On organise 1’enseignement sur des bases modernes, on voit paraître des manuels, des livres de vulgarisation scientifique. La presse se developpe elle-aussi. A la meme epoque, on assiste aux premieres publications en rou- main : ”Curierul romanesc” (Le courrier roumain) sous la direction de I. Heliade Rădulescu ă Bucarest et ”Albina românească” (L’Abeille roumaine), publiee par Gheorghe Asachi â Jassy. La pleiade des ecrivains de Transylvanie, connue sous le nom de Școala ardeleana (Ecole transylvaine) marque, elle- aussi, des moments d’une importance toute particuliere dans 1’affirmation de la conscience naționale et la creation d’une langue litteraire. Școala ardeleana (Ecole transylvaine) (98) marque, au point de vue linguistique, le (97) Le createur de ”l’ecole roumaine superieure”, l’initiateur de l’enseigne- ment scientifique (au debut du XIXe siecle) dans la langue roumaine. (98) Școala Ardeleana est le mouvement ideologique et litteraire de 1’epoque des lumieres des Roumains de Transylvanie (Ardealul ou Transilvania) pour la liberte sociale et naționale. Son apparition et son essor coincident, en general, avec le developpement des forces de production de la deuxieme moitie du XVIIIe siecle. (Mentionnons que dans les Pays Roumains c’est ă la moitie du XIXe siecle que les relations feodales cedent la place au capitalisme). Les representants de l’Ecole de Transylvania (Samuil Micu, Gheorghe Șincai, Petru Maior, I. Budai-Deleanu, etc.) reprennent les idees de la românite du peuple roumain, de la latinite de notre langue et de la con- tinuation de 1’element latin en Dacie. Ils contribuent au developpement de la conscience de l’unite politique et du sentiment de dignite naționa- le des Roumains de partout. - 35 - passage de la phase des chroniqueurs â une phase superieure, en contribuant - par 1’elaboration de manuels, grammaires, dictionnaires - â la formation d’une langue qui essaie de satisfaire aux exigences du XVIIIe siecle. En 1833, I. Heliade Rădulescu (99) aide par d’autres boyards Ion Cîmpineanu, Aristia, etc. a fonde le Theâtre National (100). 3.0. On decele dans toutes les manifestations un souffle nouveau et la preoccupation pour la langue litteraire est une realite objective confir- mee par toutes ces actions. La langue de tous les jours paraît peu apte ă ex- primer les nouvelles pensees et l’emprunt a contribue â accelerer cette evo- lution. L’influence frangaise est d’autant plus tangible sur le plan linguistique, que la langue litteraire roumaine, au stade qu’elle avait at- teint alors, ne possedait encore qu’un vocabulaire reduit, ne disposait pas de formes suffisantes pour pouvoir exprimer l’essor impetueux de la societe roumaine, dans la premiere moitie du XIXe siecle, et n’etait pas assez riche de normes capables d’assurer son unite et de favoriser son developpement moderne. Les conditions nouvellement creees facilitent 1’enrichissement du vocabulaire par 1’introduction de moyens d’expression exiges par les be- soins de la culture nouvelle et par les aspirations de la classe la plus a- vancee de 1’epoque - la bourgeoisie. Une langue de civilisation - dans notre cas, le frangais - apporte un flot de mots nouveaux representant des objets, des idees, des moeurs nouvelles. 3.1. Les intellectuels roumains se preoccupent toujours davantage de 1’aspect litteraire de la langue. Les traductions d’ouvrages appartenant aux litteratures etrangeres et surtout â la litterature frangaise s’intensi- fient. La langue s’enrichit non seulement au point de vue lexical - grâce ă un nombre considerable de neologismes - mais aussi au point de vue syntaxi- que. On emprunte et on calque sur le frangais - on calque des mots, des tour- nures, des constructions. (99) I. Heliade Rădulescu est une des personnalites les plus marquantes de notre culture de la premiere moitie du siecle dernier. Ecrivain, lin- guiste, traducteur et homme politique, il fut membre de l’Academie Roumaine dont il fut le premier president (1867-1870). II a apporte d’importantes contributions au developpement de la presse, de l’ensei- gnement et du theâtre dans la langue roumaine. L’auteur d’une Grammai- re - parue en 1828 - a ete aussi un excellent journaliste. C’est lui qui a ecrit Zburătorul (Celui qui prend son voi) et c’est lui qui a traduit bon nombre des oeuvres frangaises dans la langue roumaine. (100) En attendant cet evenement, I.H. Rădulescu traduit Mahomet de Voltaire (cf. Eliade Rădulescu și Franța - E.R. et la France - p. 32). La meme annee, ă Bucarest, dans une petite salle de spectacles, les freres Fouraux presentent des vaudevilles et des pantomimes (cf. Alexandru Demetrescu, op. cit., p. 44-45). - 36 - L’influence franqaise agit autant sur le developpement de la langue que sur la litterature. On sait ce que la litterature roumaine de cette epoque doit aux modeles franqais. Les genres litteraires se precisent et nous en voyons apparaître de nouveaux. La poesie s’enrichit, le registre des themes abordes s’amplifie, le style devient plus varie, plus souple. Plus d’un ecrivain de 1’epoque s’est fait une gloire de s’etre inspire de la litterature franqaise. Nous voyons se preciser â cette meme epoque les tendances ă la fixation qui assurent l’unite et la stabilite de la langue, moyen supe- rieur de communication correspondant aux nouvelles aspirations. L’enrichissement du vocabulaire de la langue roumaine litte- raire du XIXe siecle represente le resultat de toute une epoque d’evolu- tion ; soit par des moyens internes, soit par des moyens externes : emprunt et calque. D’autre part,un grand nombre de mots tombent en desuetude et dis- paraissent petit â petit. Les neologismes d’origine franqaise penetrent massivement dans la langue roumaine et enrichissent le vocabulaire de celle- ci. L’emprunt apparaît comme une necessite. On cree de nouvelles possibili- tes d’expression. Avec 11introduction des notions nouvelles, nous voyons apparaître aussi des mots capables d’exprimer ou de nuancer les valeurs semantiqties de certains mots autochtones. 4.0. En conclusion, contrairement â certains auteurs qui trouvaient bon d’ironiser ou meme de ridiculiser la penetration de l’influence fran- qaise, nous voyons, dans le deșir d’assimiler des elements de la culture ma- terielle et spirituelle franqaise, le signe d’une tendance vers le progres et l’ascension. Bon nombre d’intellectuels etaient domines par un puissant senti- ment patriotique et animes d’un souffle bienfaisant d’idees modernes. La dif- fusion des neologismes franqais dans le vocabulaire roumain, l’influence que le franqais a exerce, en general, sur la langue roumaine ont joue un role po- sitif compte tenu des conditions sociales et historiques de l’epoque. 4.1. Toujours est-il que dans l’action d’assimilation des mots d’ori- gine franqaise, certaines difficultes ont surgi. Pourtant, l’effort pour com- prendre les finesses du franqais et pour trouver les equivalents les plus ap- propries pour traduire en roumain la multitude des nuances de la langue fran- qaise et ceci d’une maniere plus claire et avec une plus grande precision dans l’expression des idees, represente un effort considerable. Dans le developpement de la societe roumaine, l’apport du fran- qais peut etre considere comme un facteur d’importance capitale du fait qu’il offre une gamme d’expressions, de constructions, un choix de termes jusqu’a- lors ignores du roumain. Or, mots, constructions, expressions traduisent des idees. Si pour certains neologismes ou pour certaines constructions syntaxiques l’influence franqaise est evidente, l’imitation du modele fran- qais est indiscutable, pour bon nombre de calques et de faits stylistiques le chercheur est deconcerte : s’agit-il de parallelismes romans, de construc- tions qui se sont developpees independamment dans les deux langues ou s’agit- il de constructions si bien assimilees par le roumain qu’on ne peut se rendre compte de leur origine etrangere ? - 37 - Les constructions paralleles ou equivalentes ne doivent pas etre confondues - ce qui peut arriver de prime abord - soit â cause de 1 ’ in- comprehension du phenomene, soit ă cause du non approfondissement des pro- blemes, avec ce que Schuchardt nomme "general humain" ou "apparente elemen- taire" ; â notre avis, ces constructions s’expliquent par la parente genea- logique entre le frangais et le roumain - issus tous deux du latin (101). Par la reproduction des modeles frangais - et ce phenomene est surtout evident dans 1’etude des traductions - la langue roumaine enrichit son vocabulaire, sa syntaxe (surtout la syntaxe de la subordination), en ac- centuant son caractere de langue romane cultivee ou litteraire, en s’appro- chant des autres langues romanes. Dans le cadre du processus de modernisa- tion de la langue roumaine, â cote de ses moyens propres, la diffusion des neologismes fortement marquee par l’influence frangaise, fut denom- mee par Sextil Pușcariu ”1’epoque de reromanisation" (102). En reprenant cette idee, Octavian Nandriș ecrit : "Bon nom- bre de mots d’origine slave, grecque, turque, etc. ont dispăru de la langue roumaine et cela pour deux raisons : les mots frangais les ont evinces grâ- ce â divers facteurs favorables (prestige, nouveaute, mode, expressivite) ; mais le plus grand nombre de ces mots a dispăru par le fait que la civilisa- tion occidentale, de structure essentiellement frangaise, avait evince les anciennes institutions et formes de vie ... Le frangais a ainsi contribue â "reromaniser" le fonds lexical de cette langue, remplissant aussi en rou- main le role que le latin a joue â l’epoque de la Renaissance dans l’histoi- re de la langue frangaise" (103). (101) Louis Hjelmslev classifie la parente des langues en : a) classement genetique - qui existe entre les langues appartenant â la meme familie linguistique et qui indique leur origine commune - c’est le cas du roumain et du frangais. b) la parente qui existe entre des langues appartenant au meme type linguistique : la parente typologique qui n’indique pas une origine commune mais se fonde sur une concordance structurelle conditionnee par les possibilites generales du langage (Le langage, Les Editions de Minuit, Paris, 1966, p. 30). (102) Limba româna (Langue roumaine), I. București, 1940, p. 370. (103) L’influence frangaise en Roumanie, dans "Le Frangais moderne" no.3-4, 1956, p. 184-185. Ce meme processus prit le nom de "relatinisation" sous la plume de Ch. Reviga = A. Graur dans "Adevărul" (La verite) 20 Aout 1930. Quant au terme de "reromanisation" lorgu Iordan affirme que c’est un "terme impropre, qui altere la realite et peut preter ă des interpre- tat ions erronees" (L’importance du roumain pour les etudes de linguis- tique romane, rapport presente au XXeme Congres internațional de lin- guistique et de philologie romanes, Bucarest, 15-20 Avril, 1968, p. 9). - 38 - 3. Le bilinguisme et l’emprunt 1 .0. A la lumiere de ces circonstances historiques, avant d’esquis- ser les traits caracteristiques de l’influence frangaise sur la langue rou- maine, nous estimons necessaire de presenter sommairement la situation creee dans les Pays Roumains dans cette atmosphere de "bilinguisme” (104). Le qua- lificatif "bilingue" ne veut pas dire que les deux langues : le frangais et le roumain, ont ete officiellement reconnues comme langues nationales ; nous avons pense aux personnes qui parlaient les deux : le roumain, leur langue maternelle et le frangais, comme deuxieme langue de culture. J.1. Par bilinguisme (105) nous avons compris l’aptitude d’un su- jet parlant â utiliser, ă se servir du frangais comme deuxieme langue avec la meme aisance que s’il s’agissait de la langue maternelle, donc de savoir manier aisement les deux codes linguistiques. D’ailleurs de veritables bi- lingues il n’y en a pas.”Nous n’avons tous qu’une seule langue dans laquelle (104) Edouard Pichon dans Le developpement psychique de l’enfant et de l’a- dolescent, Paris, 1936, fait la distinction entre le bilinguisme - etat d’un enfant qui, â l’âge de la constitution progressive du langa- ge, a appris deux idiomes ă la fois et le diglottisme qui sera l’acqui- sition d’une seconde langue quand la premiere est constituee depuis longtemps et devenue maîtresse de la pensee. D’autres chercheurs ne font pas de difference entre bilinguisme et diglottisme (apud Leopold Taillon, Diversite des langues et bilinguisme, 2e edition, Collection Bilinguisme, Les Editions de l’Atelier, Montreal, 1959, p. 18). Jacques Pohl affirme que bilingue est celui qui comprend ou parle deux idiomes ou deux niveaux nettement differents d’un idiome. II distingue un bilinguisme horizontal quand deux langues en contact occupent ”les memes cantons psychologiques de l’individu ou du groupe, c’est-â-dire les langues que l’on peut tenir pour equivalentes par leur role officiel, culturel ou familial" (Bilinguisme, Revue roumaine de linguistique, tome X, 1965, no. 4, Ed. de l’Academie R.S.R., Bucarest, p. 345). B.E. Vidos parle de milieu bilingue et de milieu economique- ment bilingue. Pour le dernier,1’auteur comprend la situation quand les sujets parlants ne connaissent et ne parlent pas bien la langue etrangere (Mots crees, mots empruntes et curiosites lexicales, dans "Revista Portuguesa de Filologia, voi. IV, tome II, Coimbra, 1951, p. 280. (105) Les deux linguistes qui ont renouvele 1’etude du bilinguisme sont : Uriel Weinreich (Languages in Contact, Findings and Problems, 2e ed., La Haye, Mouton, 1963) et Einar Hanjen (Bilingualism in the Americas : A Bibliography and Research Guide, Univ. of. alabama Press, 1957). - 39 - nos pensees s’expriment spontanement” (106). Cependant le bilingue remplace un certain nombre de combinaisons d’une langue (le roumain dans notre cas) par des combinaisons d’une autre langue (le franqais dans notre cas). Notre enquete porte justement sur cet aspect. Parfois le bilinguisme comporte certains inconvenients. ”Les personnes bilingues parlent habituellement la langue seconde avec une correc- tion relative, mais massacrent litteralement leur langue maternelle ; c’est presque toujours la langue maternelle qui a le dessous” (107). C’est une idee contestable, d’habitude le bilingue les parle correctement toutes les deux. 1.2. En considerant l’evolution des langues dans son ensemble, on peut dire que, par suite des contacts frequents, elles restent de moins en moins confinees dans leurs limites linguistiques. L’influence reciproque est le resultat du contact entre les langues, la consequence de 1’interpenetra- tion (108) de leurs systemes linguistiques. Le terme de ”contacts linguisti- ques” a ete propose par A. Martinet, W. Weinreich (op. cit. , p. I) affirme que deux langues sont en contact quand elles sont utilisees simultanement par la meme personne. II definit le bilinguisme comme la pratique alternee de l’usage de deux langues. Le terme d’interference a ete cree par les psycholo- gues et il fut introduit en linguistique il y a trois decenies, par les re- presentants de l’Ecole de Prague. L’interference, affirme Andree Tabouret- Keller, ”resulte d’un processus qui aboutit ă la presence d’agencements appartenant â un autre systeme” (109). W. Mackey ecrit : "1’interference est l’emploi, lorsque l’on parle ou que l’on ecrit dans une langue, d’elements appartenant â une autre langue” (110). Tous ces problemes se reduisent en fin de compte â celui du bilinguisme, par 1’intermediaire duquel se realise le contact entre les lan- gues, qui occasionne des interferences, des emprunts de toutes sortes, non seulement des mots isoles, mais de phonemes, d’elements grammaticaux, de (106) J.J. Salverda de Grave, L’influence de la langue franqaise en Hollande d’apres les mots empruntes, Leqons faites â l’Universite de Paris, en Janvier 1913, Paris, Edouard Champion, 1913, p. 99-100. (107) Cf. Leopold Taillon, op. cit., p. 72. (108) "L’interpretation des langues peut etre observee partout ou coexistent sur le meme territoire ou sur des territoires contigues des langues genetiquement apparentees ou non. Cela revient â dire que ce phenomene se retrouve dans toutes les regions du globe, car nulle part on n’a pu constater l’existence d’une langue completement isolee, sans contact avec des langues voisines" (Emil Petrovici, Interpenetration des syste- mes linguistiques, dans, Actes du Xe Congres internațional des linguis- tes, Bucarest, p. 37. 28 Aout-2 Septembre 1967, Ed. de 1'Academie de la Republique Socialiste de Roumanie). (109) Jeanne Martinet, De la theorie linguistique ă 1’enseignement de la lan- gue . Ou commence le bilinguisme ? Presses Universitaires,Paris,1972, p. 17T——————— (110) Bilingual interference its analysis and measuremend, Ouebec, 1965. - 40 - faits de structure, de caracteristiques prosodiques (111). "Les evenements historiques peuvent aussi entraîner un bilinguisme plus ou moins durable". (112). 1.3. En conclusion, la langue d’un peuple peut se modifier, dans une mesure plus ou moins grande, grâce aux contacts qui s’etablissent entre les differents systemes linguistiques. Elle n’est pas fondee sur des regles immuables. II s’agit d’un phenomene general, observe chaque fois que se rea- lise un contact entre les langues. "... l’etat de bilinguisme a touche par- fois jusqu’â la structure interne des mots " (113) et favorise les emprunts de toutes sortes, dans le domaine de la grammaire, en general, tout particu- lierement dans le domaine de la syntaxe et surtout dans le domaine du voca- bulaire (114). "L’influence d’une langue ou d’un parIer sur une autre langue ou sur un autre parler est de caractere different suivant la parente histo- rique des deux. Quand il s’agit de langues ou de parlers qui sont tres pro- ches les uns des autres et quand les sujets parlants des groupes differents arrivent â se comprendre, plus ou moins bien, entre eux, l’influence peut s’etendre ă tout le systeme linguistique, aussi bien â la phonetique qu’ă la morphologie et au vocabulaire. Ce type d’influence est generalement fourni par l’action de la langue de civilisation sur les parlers qui lui sont appa- rentes mais qui ne jouissent pas du meme prestige social" (115). C’est le cas de la culture et la langue frangaises qui une fois penetrees sur le ter- ritoire roumain provoquent l’admiration des Roumains. "... elle a regenere notre morale meme, en introduisant au sein de notre peuple les idees occiden- tales sur l’honneur et la dignite" (116). Cependant, il ne faut pas oublier que nous avons affaire â deux langues apparentees genealogiquement et que la cause du succes s’explique par 1’origine latine commune aux deux langues. Sur le plan du lexique on sait, d’une part, que le roumain et le frangais se partagent un nombre considerable de vocables d’origine latine (111) Ibidem, p. 38. (112) Antoine Meillet, Linguistique historique et linguistique generale, tome II, Paris, 1952, p. 101. (113) A. Meillet, ibidem, pp. 95-100. (114) Si A. Meillet a affirme que deux systemes phonetiques ou morphologi- ques ne se melangent pas - car on n’emprunte pas d’une langue â 1’au- tre des phonemes ou des desinences - cependant dans ses derniers ecrits il est moins categorique quant â la possibilite des influences d’une langue sur une autre - Schuchard constate la permeabilite des systemes linguistiques qui permet le passage d’une langue ă 1’autre meme aux desinences flexionnelles. (115) Alf Sommerfeld, Un cas de melange de grammaire, Avhandlinger Utgitt av Det Norske Videnskaps-Akademi Oslo II, Hist. Filos. Klasse 1925, no. 4, Oslo, 1926, p. 3. (116) Xenopol A., Influența franceză în Romania, conferință ținuta în Ateneul Român la 5 martie 1887 (L’influence frangaise en Roumanie, conference tenue â l’Athenee Roumain le 5 marș 1887), p. 16. - 41 - et d’autre part, du point de vue linguistique, il y a de grandes divergences entre leurs structures. II y a tout un mecanisme d’interferences linguistiques, admira- blement etudiees par M. Weirneich (117), fonde sur la comparaison de deux langues en contact (118). 1.4. Le probleme du bilinguisme se presente sous de nombreux as- pects : "il y a l’aspect social, l’aspect individuel, le probleme pedagogi- que, l’emploi des langues dans 11administration, le processus psychologique de l’usage de deux idiomes, les resultats permanents de 1’interference de deux langues, l’histoire du bilinguisme" (119). Donc le bilinguisme et l’en- semble des problemes linguistiques, psychologiques et sociaux qui se posent aux locuteurs qui utilisent, ă un moment donne, une autre langue. C’est no- tamment le cas des Roumains qui parlaient le frangais, et des Frangais ve- nus dans les Principautes Danubiennes, professeurs, diplomates, emigres qui utilisaient leur langue maternelle. A ajouter les mesures officielles qui imposent dans 11enseignement 1’apprentissage du frangais ă la fin du XVIIIe siecle. Plus les similitudes entre les deux systemes linguistiques sont nombreuses et profondes (le cas des langues apparentees) - plus grandes seront les difficultes de reconnaître ce qui est emprunt de ce qui appar- tient ă la langue. D’ailleurs "... les relations qui se developpent entre deux peuples ayant des habitudes linguistiques tres differentes ne permettent guere qu’un echange d’elements lexicaux et laissent intactes les structures grammaticales des langues en presence" (120). Ce que nous verrons par la suite (l’influence exercee par le frangais sur la syntaxe et la stylistique roumaines). 1.5. On peut etudier les langues des peuples geographiquement con- tigus, dans les zones ou plusieurs langues se trouvent en contact et ou "les locuteurs tendent ă modifier leur langue maternelle selon la langue de leur partenaire afin de permettre une meilleure intercomprehension".(121). (117) Languages in contact, La Haye, Mouton, 1963. (118) En reprenant le meme probleme Vigo Brondal affirme ; "Chaque courant de civilisation, qui touche plus que superficiellement une population, laissera des traces dans la langue de celle-ci" (Substrat et emprunt en roman et en germanique, Copenhague, Bucarest, 1948, p. 142). (119) M. de Greve, F. von Passe1, Linguistique et enseignement des langues etrangeres, Langage et culture, Paris-Bruxelles, 1968, p. 121. (120) H.R. Tellier, Langage et colonisation, dans "Vie et langage" no. 26, mai, Paris, 1957, p. 210. (121) Jacqueline Manessy-Guitton, La linguistique comparative, Revue de 1’enseignement superieur, La linguistique, Paris, 1967, no.1-2,p. 13. -42- C’est lă, notamment, le contact des langues des pays frontaliers. Ces lan- gues exercent, alors les unes sur les autres,une action qui se manifeste de differentes manieres. Les bilingues adaptent une langue ă 1’autre et, dans la suite, stimulent la diffusion de certains phenomenes parmi les non- bilingues. (122). On peut etudier les langues des peuples eloignes geographi- quement mais qui grâce â differentes circonstances se sont influences les uns les autres. La consequence la plus simple et la plus evidente de cette interaction linguistique est l’emprunt. Donc l’emprunt est favorise par le bilinguisme ; ”Le bilinguisme a pour effet d’emplir la langue â sphere li- mitee d’emprunts de toute sorte” (123). Pourtant, on peut emprunter des mots d’une autre langue sans la parIer. L’emprunt d’un mot ne suppose pas force- ment une situation de bilinguisme. En revanche, le calque suppose un bilin- guisme plus ou moins parfait parce qu’on copie la forme interne des mots. (124). 1.6. En etudiant la structure de ces deux langues en contact, leurs‘tendances evolutives, et en comparant les processus d’evolution du roumain, on peut affirmer,qu’au XIXe siecle, dans certains milieux des Pays Roumains, on peut parler d’un bilinguisme franco-roumain. C’est l’epoque ă laquelle se fait sentir l’influence du franqais chez presque tous les ecri- vains qui admirent et imitent les Franqais. Dans une pareille ambiance il n’etait donc pas etonnant que les Roumains se fussent appliques de bonne heure ă 1’etude de la langue franqaise. Ces conditions conduisirent les Roumains â se familiariser avec la langue de Voltaire et â acquerir une sorte de bilinguisme. Les relations etroites entre la France et la Roumanie sont refletees fidelement par le nombre important des emprunts et des calques. D’habitude la langue preteuse jouit d’une autorite et d’un prestige supe- rieurs â la langue emprunteuse. J. Du Bellay ecrit : ”Et certes, comme ce n’est point chose vicieuse, mais grandement louable emprunter d’une langue etrangere les sentences et les mots, et les approprier â la sienne” (125). Kristopher Nyrop reconnaît lui aussi l’importance de 1’etude des emprunts : ”il est interessant d’etudier dans une langue les elements etrangers ... qui peuvent reveler tant de chose ă la fois sur la nation qui fournit et sur celle qui emprunte" (126). (122) R. Jakobson, Essais de linguistique generale, Paris, 1963, p. 35. (123) Niedermann Max, L’interpenetration des langues, dans "Scientia”, voi. 83-84, serie VI, 1948-1949, premiere pârtie, p. 266. (124) Cf. L. Deroy, op. cit., p. 183. (125) Defense et Illustration de la langue franqaise, ed. Chamard, Paris, p. 105. (126) Linguistique et histoire des moeurs, traduction de E. Philippot, Paris, 1934, p. 68. - 43 - 4. Les traductions du frangais et le role des traducteurs 1 .0. "La traduction ... est 1’indispensable lien des langues, le fii d’Ariane de leurs meandres, le diapason normal des esprits tendus de tous les points de la terre civilisee ... l’accord harmonieux de leurs communs ideals" (128). Les traductions nous interessent sur le plan synchronique "mais il y a aussi le cote diachronique de la theorie de la traduction, qui releve de 1'histoire litteraire et qui porte sur l’evolution des diverses techniques de l’art de traduire" (129). Traduttore, traditore ! dit un vieux dicton florentin, qui n’est pas une boutade gratuite, nee d’une fortuite assonance. Dans les sie- cles precedents, souvent, les traductions litteraires etaient publiees seu- lement sous le nom du traducteur qui ne respectait pas fidelement le texte original. J. C. Catford affirme que "par la traduction on ne parvient jamais, ou ă peu preș jamais, â remplacer la totalite du texte de depart par des equivalents dans le texte d’arrivee" (130). En effet, le traducteur serait un ecrivain d’une espece parti- culiere ; l’auteur traduit sa propre inspiration, 1’autre,des mots conqus dans une langue differente. Alors que 1*ecrivain travaille sur des mots, des idees, des images, des sentiments, etc., le traducteur travaille â etablir des rapports d’equivalence entre mots, idees, images, etc. Un traducteur doit posseder â fond les deux langues et il doit etre familiarise avec les tournu- res propres ă chacune des deux langues employees dans le texte. Traduire, c’est enoncer dans la langue B ce qui a ete enonce dans la langue A - langue source - en conservant les equivalences semantiques et stylistiques. 1.1. On affirme que la traduction est un art (131) et qu’une bonne traduction doit s’appuyer, en premier lieu, sur la connaissance de deux struc- tures linguistiques. L’assertion est vraie dans la mesure ou la comparaison des traductions du meme livre met en evidence des facteurs stylistiques et (128) T. Taggart Smyth, G. Panneton, H.W. Mandefield, J. Darbelnet, J. Gaudefroy-Demanbines, J.P. Vinay, Traductions, Melanges offerts en me- moire de Georges Panneton, Universite de Montreal, 1952, p. 31. (129) J.S. Kvapil, Theorie de la traduction esthetique - nouvelle branche de la Science litteraire, Acta Universitas Polackianae olomucensis, Philologica, IV, 1961, p. 159-166. (130) La traduction et 1’enseignement des langues dans "Les Theories linguis- tiques et leurs applications, Aidela, 1967, p. 126. (131) Georges Mounin, Les problemes theoriques de la traduction, Ed. Gallimard Paris, 1963, p. 12. - 45 - psychologiques qui demontrent, au cadre de la stylistique comparee, que la traduction est toujours monunivoque (132). Vinay et Darbelnet (op. cit., p. 55) elaborent une methode de la traduction suivant sept procddes techniques qui peuvent etre utilises pour la traduction : 1) 1’emprunt - le recours ă un terme qui n’existe pas dans la langue ; 2) le calque - combinaison de deux signes existants, en imi- tant un modele etranger ; 3) la traduction litterale - le mot â mot ; 4) la transposition qui consiste â substituer une pârtie du discours ă une autre sans changer le sens du message ; 5) la modulation qui consiste en une variation dans le messa- ge par modification du point de vue ; 6) 1’equivalence, moyens stylistiques et linguistiques qui rendent differemment la meme situation ; 7) l’adaptation - c’est une limite extreme de la traduction, employee dans le cas ou il n’existe pas de situation correspondante ă celle qu’on a ă traduire. Ils considerent que la traduction est une discipline exacte qui possede ses techniques et ses problemes qui meritent d’etre etudies. II y a des obstacles de nature extralinguistique. Les equiva- lehces n’existent pas toujours ; et meme lorsque celles-ci existent il n’est pas certain que la traduction rende exactement la situation (133). Deux faits sont indispensables dans la traduction : la connais- sance de la langue etrangere et la connaissance de toutes les valeurs extra- linguistiques (socio-culturelles) qui caracterisent la communaute linguisti- que. Une bonne traduction doit respecter un processus psychologique rigoureux et irreversible : la comprehension d’abord, la traduction apres. D’autre part, les unites de traduction de la LB ne sont pas conventionnelles, mais dependantes de la structure du systeme et au niveau de l’analyse semantique. Les traductions demontrent, une fois de plus, que l’arbitraire du signe linguistique est le corollaire de la contingence se- mantique (134). (132) Cf. J.P. Vinay, J. Darbelnet, Stylistique comparee du frangais et de l’anglais, Didier, Paris, 1964, p. 23-24. (133) Arcâini Enrico, Principes de linguistique appliquee, Structure - Fonc- tion - transformation, Payot, Paris, 1972, p. 278. (134) P. Guiraud, Sens et Information, dans "Stylistique et analyse linguis- tiques, Colloque de Strasbourg, 20-22 avril,1964, Paris,1966, p. 53. -46- II est evident que le probleme de la traduction n’est pas le meme. Si pour les ouvrages ă caractere scientifique la fidelite est obliga- toire, pour les litteraires une certaine liberte artistique est permise. Pourtant la traduction litteraire est difficile, la plus difficile de tou- tes, peut-etre. De tous temps, les traductions des oeuvres etrangeres ont ete une source importante de la diffusion des neologismes et leurs traducteurs de vrais propagateurs des mots etrangers. Les traductions d’oeuvres fran- qaises ont beaucoup aide ă la penetration des neologismes, des calques et de differentes constructions et tournures qui ne sont autre chose que des constructions franqaises habillees ”â la roumaine”. 1.2. L’opinion qu’une langue peut s’enrichir grâce ă l’emprunt ap- paraît ă l’epoque de la Renaissance. ”11 faut attendre la Renaissance pour que la traduction prenne un essor veritable” (135). Depuis, les traductions ont eu leur place, elles deviennent un instrument d’enrichissement du lexique, de precision et delimitation de certaines spheres semantiques. A partir du XVIIIe siecle, etant donne l’importance de plus en plus grande des traduc- tions, on voit apparaître les premieres theories. Dans les Pays Roumains, c’est le commencement du XIXe siecle et surtout le XXe que ce mode de diffusion prend son essor. 1.3. La tâche du traducteur n’est pas simple. II doit recoder et transmettre un message requ. ”La traduction implique deux messages equiva- lents dans deux codes differents” (136). La theorie tout comme la pratique de la traduction proprement dite, soulevent beaucoup de problemes complexes, parce qu’une traduction ”interlinguale” - pour reprendre l’expression de R. Jakobson (op. cit., p. 79) suppose 1’interpretation des signes linguisti- ques par 1’intermediaire d’une autre langue. La methode genetique - appliquee aux langues apparentees - recommandee par Greemberg (137) s’entrecroise sur le plan de traductions avec la methode typologique, d’isomorphisme ; la meme idee apparaît chez L. Hjelmslev : ”... la linguistique (ou grammaire) c’est- ă-dire en realite la linguistique typologique” (138). Les traductions posent encore de nombreux problemes : celui de l’emprunt proprement dit, du calque, de la traduction litterale, de la trans- position, de 1’equivalence, du modelage, de 1’adaptation. II y a deux especes de traductions, l’une est la traduction pro- prement dite, elle met en oeuvre le mot-ă-mot, la transposition, la modulation obligatoire ou peu poussee. L’autre espece c’est une veritable recreation qui (135) Ed. Cary, La traduction dans le monde moderne, Georg, Geneve, 1956, p. 121. (136) R. Jakobson, op. cit., p. 80. (137) Apud R. Jakobson, op. cit., p. 70. (138) Le langage, p. 170. - 47 - met en oeuvre de fortes modulations ou d’heureuses equivalences (139). II y a ensuite des similitudes dans la structure de base des langues. ”En principe, les types de transformat ion de base sont tres simi- laires d’un langage â un autre. Les transformations elementaires d’un type particulier, disons fs, pour un langage donne sont des traductions approxi- matives, des transformations de base correspondantes du meme type pour un autre langage, dans la mesure ou il est possible de determiner des corres- pondances appropriees” (140). Nous estimons qu’entre les deux extremes - celle de nier com- pletement la traduction (opinion de Bloomfield) et celle de la simplifier le plus possible - il faut adopter le juste milieu. La tradition dans les relations culturelles peut laisser des traces de la langue â traduire dans la langue qui traduit. En meme temps, les traductions representent un vrai document sur la valeur et le stade de la langue naționale â une periode donnee. Elles donnerent une puissante impulsion â la litterature originale roumaine, d’une part, et essayerent de former une langue et un style litteraire plus eleves, d’autre part. 2.0. Dans les Pays Roumains, au debut du XVIIIe siecle, le franqais est presque completement inconnu. II faut attendre la fin du siecle pour trouver les premiers livres traduits. D’autre part, nous avons deja mentionne qu’â la fin du XVIIIe siecle de nombreuses traductions du franqais en roumain ont ete faites d’apres des textes deja traduits en grec. Sans avoir une va- leur linguistique, ces premiers essais gardent une valeur demonstrative et documentaire. Dans l’ordre chronologique, on enregistre : Cugetările lui Oxenstiern (Pensees sur divers sujets avec des reflexions morales) ecrit par Gabriel Thureson, conte de Oxenstiern et tra- duit en Moldavie par un anonyme, en 1750 - on connaît les copies de 1779-1780, et de 1785 et 1803 (141) ; Intîmplările lui Telemah, fiul lui Odisefs (Les aventures de Telemaque) de Fenelon, premiere version (1772) appartient â lordache Darie (Darmanescu). A la fin du XVIIIe siecle, on enregistre une deuxieme traduc- tion, du meme livre, Intîmplanile lui Telemahos, fiului lui Ulises, faite par un anonyme. (139) Cet aspect a ete etudie par H. Malblanc, Stylistique comparee du fran- £ai_ș_etd^_JJ_aJJLemand, Essai de representation linguistique comparee et Etude de traduction, Didier, Paris, 1961, chapitre Introduction, pp. 15-38. (140) Z.S. Harris, Structures mathematiques du langage, Monographie de linguis- tique mathematique, 3, Paris, Dunod, 1971, p. 174. (141) Notre grand poete Mihai Eminescu a consulte cette traduction. - 48 - A la meme epoque, deux oeuvres de Voltaire : Tălmăcire a fa- cerii lui loan Plokov, sfetnicul lui Olsteinii la pricinile acestea de acum (Traduction du poeme de Jean Plokof, conseiller de Holstein, sur les affai- res presentes en 1770) et Toaca împăraților (Le Tocsin des rois aux souve- rains de l’Europe) - en 1772 circulaient en Moldavie et en Valachie. Par 1’intermediaire du russe on a traduit "Le voyageur fran- gais ou la connaissance de l’ancien et du nouveau monde mis au jour*' par M. l’Abbe Delaporte (1772) sous le titre : A toata lumea călătorie (manuscr. 2992). La premiere traduction du roman Velisarii (Belisaire) de Marmontel par Samuil Micu,en 1782,fut perdue. Le manuscrit de l’Academie 2235 contient la traduction de C. Conachi, sans date, mais d’apres la gra- phie - caracteristique au XVIIIe siecle - on peut supposer que cette traduc- tion appartient au XVIIIe siecle. Istoria lui Alcidalis și a Zelidiei (L’histoire d’Alcidalis et de Zelide), la premiere traduction faite directement du frangais ; c’est un roman precieux de Julie d’Angennes (la fille de la marquise de Rambouillet) et complete par Vincent de Voitures, traduit par lordache Darie Dărmănescu et qui fut publie en Moldavie,en 1783 (142). En 1786, T. Beldiman a traduit Istoria lui Târlo (Histoire de Târlo). II y a lieu de rappeler parmi les premieres traductions du fran- gais un trăite sur la Franc-magonnerie, Taina francmasonilor (Le secret des Francs-Magons), traduction du moine Gerasime en 1787. L’oeuvre de Voltaire Istoria Craiului Sfeziei Carol al Xll-lea (acum întîi tălmăcită după al nostru dialect, prin silința și osteneala smeritului Gherasim (Histoire de Charles XII - pour la premiere fois traduite dans notre dialecte, grâce ă 1’application et l’effort du tres pieux Gherasim), toujours par le moine Gerasime, en 1792, et une deuxieme version,en 1799. loan Contacuzino a traduit la comedie Narchis sau îndrăgostitul de sine (Narcis amoureux de lui-meme) de J.J. Rousseau, en 1794. A mentionner dans la meme annee la traduction Ansachie si Ismenia (Arsace et Ismene) de Montesquieu, faite par loan Contacuzino. Istoria Americii (Histoire de 1’Amerique) de W. Robertson (tra- duction de Clin Gherasim) en 1795, par 1’intermediaire du grec. Dans la meme annee, Alexandre Beldiman a traduit Numa Pompilii, al doilea crai al Rîmului, de Florian tomul al doilea. Un an plus tard, en 1796, le meme roman a ete tra- duit par loan Contacuzino sour le titre : Numa Pompilius, al doilea crai al Romi i. Par 1’intermediaire du grec, lordache Slatineanu traduit,en 1797, Istoria lui Sofronim (Histoire de Sophronyme). Le manuscrit de la Bibliotheque de l’Academie no. 4246 indique une traduction sans titre qui date de 1799. (142) Cf. N.N. C ondee s cu, Istoria lui Alcidalis și a Zelidiei,unu1 din prime le romane franceze în limba noastră, Acad. Româna, Memoriile Secțiunii literare, seria III, tomul V, men. 3, București, 1931. - 49 - D’apres le contenu on deduit qu’il s’agit du roman pastoral grec "întîmplari- le lui Ismin și ale Ismeniei" traduit en franqais, en 1729, par P. Fr. de Beauchamps sous le titre : "Amours d’Ismene et d’Ismenias" et qui par la suite a ete traduit en roumain. Istorie universala (Histoire universelle) de C.F.X. Millot traduite par loanim Molnar en 1800, etc. A partir de 1800 on rencontre toute une serie de traductions, (143) qui ont contribue dans une grande mesure â la vulgarisation des neologismes et de nombreux calques, ainsi qu’ă la dif- fusion de la litterature franqaise dans les Principautes Roumaines. Le nombre reduit de traductions au XVIIIe siecle explique pourquoi les neologismes sont si rares ă cette epoque. Ceux qui circulent ă cette date appartiennent surtout au domaine culinaire, vestimentaire ou mondain. 2.1. Les traductions du franqais datant de cette epoque donnent un aperqu du gout du public - tres sensible aux situations attendrissantes, gout de l’idylle, de la pastorale et du genre bucolique, representes par Florian, Marmontel, Fenelon, Voltaire, etc. Elles nous permettent aussi de mesurer la capacite de developpement de la langue litteraire roumaine ainsi que l’inte- ret general temoigne par notre societe aux idees de 1’epoque. Parmi les au- teurs les plus traduits on peut citer : Fenelon (Les Aventures de Telemaque), Fontenelle (Entretien sur la pluralite des mondes), Florian (Numa Pompilius, Galatee), Corneille (Pompee, Polieucte), Racine (Britannicus), Molierc (Le Bourgeois Gentilhomme, Don Juan, Amphytrion, Les Precieuses ridicules, l’Ava- re), Montesquieu, Voltaire (Zaire, Henriade, Jeannot et Colin), Chateaubriand (Atala, Rene, Le Genie du Christianisme), Marmontel (La tragedie de Helene, Annette et Lubin, Palemon, Belisaires), Bernardin de Saint-Pierre (La chaumie- re indienne, Paul et Virginie), Gessner (144), etc. (143) Voir Olga Cosco, Primele cărți franceze traduse în românește Istoria lui Carol al XVI-lea de Voltaire (Les premiers livres franțais traduits en roumain : Histoire de Charles XII de Voltaire), dans "Cercetări literare", publies par M. Cartojan, București, 1934, tome I, p. 102-114 ; Nestor Camariano, Primele traduceri din Bernardin de Saint-Pierre în litteratura româna (Les premieres traductions de Bernardin de Saint-Pierre dans la litterature roumaine), extras din volumul omagial C. Giurescu, București, 1944, p. 183-194 ; Ariadna Camariano, Voltaire și Giovani del Turco, tra- duși în limba româna pela 1722, extras din volumul omagial C. Giurescu, București, 1944, p. 175-182. (144) II est interessant de remarquer que les memes auteurs franqais et les me- mes oeuvres qui ont ete traduites chez nous au XIXe siecle, ont ete tra- duits en anglais un siecle plus tot. II s’agit de Telemaque, de Fenelon, traduit pour la premiere fois en 1699, suivi d’une autre version en 1703 et des editions nouvelles se succedent â partir de ce moment sans inter- ruption ; en 1703, la traduction de "L’Education des filles" de Fenelon. De Marmontel, on a traduit en 1763 des Nouvelles et en 1767 Belisarius, qui connaît par la suite plusieurs editions. L’oeuvre de Madame de Genlis - 4 volumes - a ete traduite en 1781. En commenqant par Georges Dandin en 1706, suivi de Sganarelle en 1745, presque toutes les oeuvres de Moliere ont ete traduites en anglais. Les livres de Voltaire ont connu une grande diffusion - ainsi La Henriade a ete traduite en 1729, 1’His- toire de Charles XII, en 1732 et en 1740 paraîtra la 7e edition, -50- La premiere place, ă la fin du XVIIIe siecle et au debut du siecle suivant, appartient aux classiques frangais. Mais ă partir de 1830, on traduit des ouvrages de tout genre. Les textes appartiennent aux domaines les plus divers : scientifique, philosophique, didactique et surtout litte- raire. Les romans sentimentaux d’aventures, â caractere lyrique, comme ceux de Florian, "Atala" et "Rene" de Chabeaubriand, “Paul et Virginie” de Bernardin de Saint-Pierre, etc. attiraient par leur contenu romanesque. Notre etude sera fondee sur les traductions du frangais ef- fectuees ă cette epoque parce que ce sont elles qui ont largement ouvert les portes ă l’influence frangaise et qu’elles ont eu pour resultat d’integrer le modele frangais dans l’evolution moderne de notre vie culturelle. Mihail Kogalniceanu, dans "Introducție" (Introduction) â "Dacia literară" (Dacie litteraire) disait : "Les traductions ne font pas une litterature". Nous pourrions affirmer, en paraphrasant, que les traduc- tions sans former une litterature, peuvent apporter leur contribution au de- veloppement d’une langue (145). - 3.0. Rarement les traductions ont constitue l’objet des preoccupa- tions et de l’attention des linguistes. De nombreuses etudes ont ete consa- crees au probleme de l’adaptation des neologismes, ă la transformation succes- sive du mot etranger, mais dans l’ensemble, elles ignorent les problemes es- sentiels ; elles comportent des lacunes pour la comprehension integrale des problemes qui soulevent les aspects de l’influence du frangais (146). Merope et Mahomet en 1740, Zaire en 1752, etc. (cf. Mackenzie Fraser, Les relations de l’Angleterre et de la France d’apres le vocabulaire, voi. II, Droz, Paris, 1939, p. 166 et suiv. (145) J. Brenous, dans Etude sur les hellenismes dans la syntaxe latine, Paris, 1895, insiste sur l’importance des traductions dans 1’etude des emprunts : "Parmi les causes d’emprunt que nous avons signalees dans notre preface, la traduction et la lecture ont ete les plus actives ; il faut joindre l’ascendant d’une langue consideree comme un type d’art superieur, 1’entraînement de la mode qui faisait de l’hellenisme un or- nement indispensable du style poetique au temps d’Auguste, la lassitu- de des anciennes tournures et le deșir de donner du piquant ă l’expres- sion ... il ne pouvait se soustraire â l’influence d’une langue qui jouissait de son temps d’une faveur plus grande que jamais" (p. 440). (146) Citons quelques articles ou references dans diverses oeuvres qui s’oc- cupent partiellement de l’influence du frangais : Octav Nandriș, L’in- fluence frangaise en Roumanie, Le Frangais moderne, no. 3-4, 1961 ; Petre V. Haneș, Dezvoltarea limbii literare române în prima jumătate a secolului al XlX-lea, ed. a Il-a, Ed. Casei Școalelor, București, 1927 ; V. Haneș, Formarea opiniunii franceze asupra României în secolul al XlX-lea, 2 voi.. București, 1929 ; Gh. Adamescu, Adaptarea la mediu a neologismelor, București, 1938 ; S. Pușcariu, Limba româna, voi. I, București, 1940 ; lorgu Iordan, Limba română actuala, o gramatică a greșelilor, ed. a IlI-a, Socec, București, 1948 ; lorgu Iordan, Limba română contemporană, ed. a Il-a, București 1956 (Le chapitre : adaptarea neologismelor la sistemul fonetic și morfologic al limbii noastre) ; Al. Graur, La românite du roumain, Editions de 1'Academie de la Republique - 51 - La multiplication des traductions a ouvert en permanence les perspectives pour introduire des termes etrangers, notamment dans les sec- teurs du lexique ou le roumain ne dispose pas de formes propres pour desi- gner les realites nouvelles qui attendaient un nom. Depuis le commencement du XIXe siecle jusqu’ă nos jours,la langue frangaise n’a pas cesse d’in- fluencer le vocabulaire et la structure du lexique roumain. On assiste en- core â 1’infiltration des mots et des calques d’apres le frangais. 3.1. Notre etude, consacree au probleme de l’influence du frangais sur le roumain, est fondee surtout sur le depouillement des traductions. Nous avons estime que les traductions du frangais revetent une importance toute particuliere : ce sont les premieres traductions qui nous permettent â surprendre in stătu nascendi l’apparition de tel ou tel neologisme, de telle ou telle structure ; ce sont elles qui ont contribue â la penetration d’un grand nombre,sinon le plus grand nombre, des termes empruntes du fran- gais et leur role et leur apport ne doivent pas etre negliges dans la forma- tion de la langue litteraire roumaine. L’annee 1750, point de depart de notre recherche, marque l’ap- parition de la premiere traduction du frangais en roumain, gardee en manus- crit. II s’agit de ‘'Cugetările lui Oxenstirn" (manuscrit â la Bibliotheque de l’Academie de Bucarest, no. 2773) (147). C’est cette annee que nous avons retenue pour marquer le debut de notre etude. A partir de cette date, jus- qu’ă la fin du XVIIIe siecle, on enregistre tres peu de livres traduits du frangais. Socialiste de Roumanie, Bucarest, 1965 ; Alex. Graur, Tendințe actuale ale limbii române, ed. Științifică, București, 1968 ; J. Byck, Vocabu- larul științific și tehnic în limba română din secolul al XVIII-lea, dans, S.C.L., V, 1954, fasc. 1-2 ; C. Ivănescu, L. Leonte, Fonetica și morfologia neologismelor române de origine latină ^i romanică, dans, SCS,Iași seria Filologie, VII, 1956 ; N.A. Ursu, Formarea terminologiei științifice, Ed. Științifică, București, 1962 ; Luiza și Mircea Seche, Despre adaptarea neologismelor în limba română literară, dans "Limba română’’, no. 6, 1965 ; Despina Ursu, Rolul accentului în stabilirea etimologiei unor neologisme ale limbii române, dans,S.C.S., Iași, 1962, fasc. 1 ; idem, încadrarea morfologică a verbelor neologice în limba română din perioada 1760-1860, dans, "Limba română", no. 3, 1965 ; N.A. Ursu, Observații asupra adaptării adjectivelor neologice la sis- temul morfologic al limbii române în jurul anului 1800, dans, "Limba română", no. 5, 1964 ; Despina Ursu și N.A. Ursu, Observații privitoa- re la adaptarea neologismelor în limba română, dans, "Limba română", no. 6, 1966. (147) Nous avons consulte la copie qui date de 1779-1780. - 52 - 4 .0. Une statistique faite par Paul Cornea (148) atteste, entre 1770 et 1860, un nombre de 679 livres traduits de differentes langues etran- geres, sans compter les oeuvres restees en manuscrit ou publiees dans cer- tains periodiques. Sans donner une liste des traductions, il se contente seulement d’enregistrer chronologiquement des chiffres. Ainsi : Si entre 1770-1830, 64 livres seulement sont traduits, entre 1830-1860, apparaissent 615 traductions, reparties de la maniere suivante : entre 1830-1840 : 157 traductions entre 1840-1850 : 173 traductions entre 1850-1860 : 285 traductions En rapportant les titres traduits aux langues etrangeres qui ont fourni le texte de base, on constate que la plupart appartiennent au franqais ; ainsi, sur 675 traductions, 385 livres sont traduits du franqais, 83 de l’allemand, 56 de 1’anglais (149), pour ne parler que des plus impor- tants. Le meme auteur soutient que le nombre de livres traduits entre 1850 et 1860 est ă peu preș egal, ă celui enregistre entre 1770 et 1850 (150). 5 .0. II est interessant de mentionner que certaines traductions ont connu un grand succes parmi les lecteurs roumains, ce qui a eu pour conse- quence des traductions successives d’un meme livre. Ainsi, Les Aventures de Telemaque de Fenelon, a ete un des livres les plus lus. La premiere traduc- tion, en 1772, est faite ă partir du grec par lordache Darie Dărmănescu ; ă la fin du meme siecle, nous enregistrons une autre traduction, en 1818, de Petru Maior qui donne une traduction libre d’apres une version italienne et c’est en 1852 seulement, que Grigore Pleșoianu le traduit directement du franqais. Un autre livre, qui a connu une grande circulation, a ete Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. Une premiere traduction a ete publiee en 1827 par lancu Nicola, une deuxieme en 1831 par lancu Buznea ă Jassy (151) et une troi- (148) Cf. Traduceri și traducători în prima jumătate a secolului al XlX-lea, De la Alexandrescu la Eminescu, (Des traductions et des traducteurs dans la premiere moitie du XIXe siecle - De Alexandrescu â Eminescu), Editura pentru literatură, București, 1966, p. 48 et suiv. (149) II est important de remarquer que par 1’intermediaire des traductions effectuees en franqais ont penetre chez nous,des oeuvres appartenant ă differentes litteratures et, en particulier, de 1’Angleterre. (150) Paul Cornea, op. cit., p. 51. (151) Nicolae lorga, Istoria literaturii românești în veacul al XlX-lea de la 1824 înainte (Histoire de la litterature roumaine au XIXe siecle, â par- tir de 1824), București, 1907, p. 123-133. L’auteur soutient que cette oeuvre a ete encore traduite en 1827 par lancu Nicoli. Nestor Camariano, Primele traduceri din Bernardin (Premieres traductions de Bernardin) af- firme que lancu Nicola et lancu Buznea ne sont, au fond, qu’une meme personne. - 53 - sieme en 1850 par Alex. Pelimon. Un autre livre bien apprecie ă 1’epoque a ete Atala de Chateaubriand ; traduit en 1839 par N. Heruvian, dans 1’impri- merie de I. Heliade Radulescu, il connaît une deuxieme version en 1839,ă Jassy, grâce â Gh. Romanescu. ,,Velisari,, (Belisaire) de Marmontel a connu plusieurs versions. La premiere traduction, en 1782, fut faite par Samuel Micu, une autre version, toujours ă la fin du XVIIIe siecle (on ne connaît pas la date precise), par C. Conachi ; au siecle suivant,le meme roman a ete traduit deux fois : en 1843, par D. Simion Marcovici et en 1844, par Alexandrina Maghieru. L’histoire de Manon Lesco de l’Abbe Prevost a ete traduite, en 1815, par Alex. Beldiman et en 1857, une autre traduction apparaît sous la plume de St. Bâjescu. Costache Stamati nous donne deux traductions de la Nouvelle Galatee de Florian. La premiere fois â Jassy, en 1808, d’apres une version grecque et, en 1813, la deuxieme d’apres 1'original frangais. Le conte phi- losophique Jeannot et Colin de Voltaire apparaît dans la traduction de Stanciu Capățineanu (Janot și Colen) en 1830,et, â peu preș ă la meme date, ce conte fut traduit aussi par C. Negruzze, etc. 5.1. Parmi les initiateurs et les animateurs qui affirmaient la ne- cessite de traduire autant de livres que possible, mentionnons I. Heliade Radulescu, lui-meme un ardent traducteur et proprietaire d’une typographie (152) et Gheorghe Baritiu qui ecrit : "La traduction est un des plus puis- sants moyens d’enrichir la langue et de la rendre beaucoup plus souple" (153). Notons encore que sous la plume d’une meme personne apparais- sent plusieurs traductions. C’est le cas de Stanciu Capațineanu, qui a tra- duit, tour â tour : Considerations sur les causes de la grandeur et de la decadence des Romains, en 1830, Le Contrat social de J.J. Rousseau, Les Ruines ou meditations sur les revolutions des empires de Volney, Jeannot et Colin de Voltaire, Le bon mari de Marmontel, Zadig ou la Destinee de Voltaire. On peut rappeler aussi Ion Heliade Radulescu, qui a traduit : le conte philosophique Mahomet de Voltaire (1831), Speronare de Dumas (1841), Julie ou la Nouvelle Heloise de Rousseau (1837), Meditations poetiques de Lamartine (1830) ; C. Negruzzi a traduit Angelo, le tyran de Padou de V. Hugo en 1837, le conte philosophique Memnon de Voltaire (1823), Le trepied d’Helene de Marmontel (1824). A cette liste on peut ajouter encore les noms de : G. Baronzi, Alex. Beldiman, I. Negulici, Grigore Pleșoianu. II y a des cas ou la meme personne traduit deux fois le meme livre. Ainsi Costache Stamati a traduit la Nouvelle Galatee de Florian en 1808 - d’apres une version grecque - et en 1813, directement du frangais, comme nous 1’avons indique deja ci-devant. (152) Paul Cornea, op. cit., p. 50, affirme que I. Heliade Radulescu a tra- duit du frangais 31 livres, parmi lesquels les celebres Meditations de Lamartine. (153) "Albina romanească", 1846, no. 26, marș 28, p. 97-98. - 54 - 5.2. Dans les premieres traductions effectuees directement du fran- gais en roumain, â la fin du XVIIIe siecle et dans les premieres annees du XIXe siecle, on n’observe â peu preș aucune difference entre la structure syntaxique ancienne, des oeuvres des chroniqueurs, et celle du texte traduit. On remarque seulement la penetration de quelques neologismes, en nombre tres reduit, chose expliquable dans ce processus timide pour commencer, mais qui va affecter, quelques annees plus tard, tous les compartiments de la langue. Le style, lui aussi, reste encore assez lourd. A cette epoque ”de la dicho- tomie habituelle entre traduction litterale et traduction idiomatique ou li- bre d’un texte" (154) l’accent tombe sur les traductions libres parfois meme trop libres. Ce sont plutot des traductions semantiques. Les textes sont rigides, abondent en adaptations artificielles. A maintes reprises, les traducteurs constatent des difficultes ă trouver les equivalents les plus propres et les plus indiques, pour rendre toutes les nuances de la langue frangaise si riche en expressions. Certains traducteurs etaient â tel point domines par le texte frangais qu’ils rendaient le texte mot â mot - d’ou l’abondance de calques de toutes sortes. D’autres traduisent tout â fait librement en employant beaucoup de periphrases, procede souvent utilise dans les premieres traductions. On enregistre couramment des changements de sens, des interpretations erronees, des suppressions de mots ou des additions de termes inutiles, des constructions compliquees, des interventions qui dena- turaient le texte, un ordre dans la place des mots qui ne correspondait pas au systeme de la langue roumaine, autrement dit, le contenu n’etait rendu qu’approximativement. Les traducteurs, soit qu’ils ne possedaient pas assez bien le frangais, soit qu’ils manquaient de connaissances linguistiques suffisantes, ne trouvant pas les equivalents roumains correspondants, imitaient d’une ma- niere servile le modele frangais. Parfois, il est meme impossible de suivre les deux textes : 1’original et la traduction, tellement le texte roumain est eloigne de son original frangais. Nombre de traducteurs etaient pousses par un sentiment de sympathie pour les ouvrages frangais. Certains traduc- teurs n’etaient guere traducteurs, ils savaient un peu le frangais et avaient un joii brin de plume (155). Malgre le nombre eleve d’expressions forgees d’une fagon ar- tificielle, parfois de fausses Solutions qui rendent la lecture difficile, cet effort passionnant a un grand merite : ce sont les premiers pas dans un domaine tout ă fait nouveau - celui de la traduction. 5.3. Parfois les traducteurs se heurtent ă de grandes difficultes et ils observent 1’insuffisance du developpement de la langue roumaine au debut du XIXe siecle. Voilâ ce que avoue Pleșoianu dans une note : "Maintes (154) Yuen Ren Chao, Langage et systemes symboliques, Payot, Paris, 1970, p. 164. (155) N. lorga cite parmi ces amateurs meme des boyards, des noms represen- tatifs dans la vie politique de l’epoque, tels que : Vasile Vîrnoc, Alex. Beldiman, Constantin Baș, Grigore Balș (cf. Traducerile din limba franceză în literatura românească - Les traductions de la langue frangaise dans la litterature roumaine)- Vălenii de Munte, 1936, p. 6 (conference â Brașov). - 55 - fois j’ai voulu renoncer ă la traduction de ce beau livre, â cause des dif- ficultes que j’ai eprouvees en essayant de traduire bon nombre de mots et d’expressions franqais inutilises dans la langue roumaine” (156). Nous n’insistons pas sur cet aspect. Les abus et les exagera- tions ont ete ridiculises en leur temps par nos hommes de lettres, comme des elements nocifs qui ont essaye d’alterer et de deformer notre langue. De nos jours, le vocabulaire de la vie mondaine est parfois outrancierement francisant et on peut relever surtout dans la langue de la presse un grand nombre de calques et de neologismes inutiles. Ces traductions ne presentent qu’un interet et une valeur do- cumentaires, elles refletent les efforts de la langue â cette epoque de tâtonnements. Toutes ces manifestations de la langue en cours de son per- fectionnement representent une phase inherente au contact avec une langue deja reconnue sur le plan internațional, comme le franqais. Toutefois, cet acharnement ă vouloir transposer en roumain des textes franqais qui etaient l’objet d’une admiration incontestable, a quelque chose de touchant. Les resultats peuvent parfois preter ă sourire, mais les intentions etaient louables. L’etude des traductions de cette epoque-lă illustre d’une maniere expressive l’effort des traducteurs ă prouver la capacite de la langue roumaine de reproduire un texte etranger. 5.4. A partir de 1830, on rencontre des traducteurs competents comme : I. Heliade Rădulescu, C.A. Baronzi, Simion Maroovici, Grigore Pleșoianu, I. Negulici, Alecu Beldiman, Alexandru Creteșcu, Alexandru Peliman et nombre d’autres, qui se sont fait un titre de gloire de leurs apports dans ce domaine. Grâce â eux, la langue roumaine a gagne indiscu- tablement. Des traductions apparaissent dans des periodiques. C’est le cas de I. Negulici qui publie la traduction : De l’education des meres de familles ou de la civilisation du genre humain par les femmes (de Aime Martin, păru ă Paris en 1834) dans Foaie pentru minte, inima și literatură, en 1846, n° 4 et 5 (Feuillet pour l’esprit, le coeur et la litterature). II est interessant de mentionner que, environ vers 1830, a ete creee la "Bibliotheque universelle" dont les publications etaient presentees seulement par les traductions. 5.5. Le role des traductions est tres important par leur contribu- tion â la renaissance de la langue roumaine moderne. Elles ont determine, dans la conscience de notre intellectualite, l’idee que le vocabulaire de la langue roumaine est assez pauvre et qu’il doit etre enrichi,soit par des emprunts faits au latin et aux langues romanes, soit par la remise en circu- (156) Cf. întimplarile lui Telemah, fiul lui Ulise (Les aventures de Telemaque) de M. Frantisc de Salignac de la Mot Fenelon, 1831, p. 210. -56- lation des mots herites du latin et qui, dans les siecles anterieurs ont ete evinces par les "grecismes", les "turcismes", etc. D’autre part, les neologismes frangais ont chasse les emprunts faits anterieurement au turc, grec, russe, etc. De nos jours, il n’en va pas autrement. La plupart des notions nouvelles, portent les memes noms que dans les autres langues romanes et surtout le frangais. "Meme les emprunts au russe ont contribue â renforcer l’influence romane, puisque l’habitude des termes nouveaux qui n’etaient pas eux-memes d’origine latine en russe, n’ont pas ete pris directement au russe, mais bien ă travers leur traduction frangaise. On ne dit pas sputnic en roumain, mais bien satelit artificiel". (157) On constate egalement une priorite dans l’usage du neologisme frangais,ă la place du mot roumain. En second lieu, les traductions mettent en lumiere la necessi- te d’eliminer tous ces elements heterogenes, etrangers â sa structure romane et qui ont charge inutilement le lexique roumain. "La conscience de l’origi- ne latine de la langue a pousse les hommes de lettres a renouveler en tout premier lieu le lexique du roumain, pour le rapprocher de ses sources lati- nes" (158). 5.6. L’etude parallele des textes - l’original frangais et la tra- duction roumaine - met en valeur tout le progres fait par la langue roumaine litteraire : l’evolution et le developpement du systeme syntaxique roumain sous l’influence de l’original et 1’enrichissement du vocabulaire. La langue, et si on peut dire, le style des traductions, ont constitue une source d’ins- piration pour les ecrivains contemporains qui ont adopte dans leurs oeuvres les constructions syntaxiques nouvelles, les calques et les neologismes. D’autre part, l’etude des textes paralleles nous a aide de ne pas succomber â la tentation de faire intervenir - selon l’expression de Martinet - "la logique aux depens de la realite linguistique". Ce n’est pas l’intuition qui nous a conduit ă nos conclusions,mais la realite des faits depouilles dans les textes. Pour nous, l’interet fondamental a ete 1’etablissement motive des tendances et surtout de l’apport du frangais. Nous avons constate d’a- bord et nous avons demontre ensuite. Par rapport aux siecles anterieurs, l’analyse de la syntaxe du XIXe siecle,demontre que la phrase de la langue roumaine s’etait modernisee, avait une organisation structurale plus logique, etait plus claire, plus sy- metrique, plus riche tant au point de vue de la variete du lexique que du point de vue de ses constructions. Ces changements assez nombreux et impor- tants sont en grande mesure dus ă l’influence du frangais. (157) Alexandru Graur, La românite du roumain, Editions de l’Academie de la Rep. Soc. de Roumanie, Bucarest, 1965, p. 49. (158) Ibidem, p. 52. - 57 - 6. Dernierement, bon nombre de linguistes (159) relevent 1’impor- tance de la comparaison des langues fondee sur les traductions, parce qu’ elles favorisent 1’etude parallele et synchronique de deux langues. Cette etude etablit les structures identiques et differentes, les particularites universelles et individuelles. Nous considerons que le role des traductions est important, surtout dans une periode comme celle etudiee par nous ; l’analyse de deux langues fondee sur les traductions les met en valeur dans leur vraie lu- miere. 7. En conclusion, la traduction constitue une modalite qui favo- rise la penetration des neologismes ; elle illustre en meme temps (surtout au debut du XIXe siecle), l’effort des traducteurs pour trouver les equiva- lences, les correspondants les plus propres puisque la langue roumaine n’e- tait pas suffisamment riche ă cette epoque-lă. Voilâ pourquoi 1*etude des textes traduits est importante et revelatrice. Les traductions representent un moment ele dans le developpe- ment du roumain litteraire moderne. Cependant, une bonne traduction ne doit pas etre litterale. II faut traduire, d’une part, dans le sens et dans l’esprit de l’original, en concordance avec l’esprit, le genie, le rythme et l’harmonie, la construc- tion syntaxique organique de la phrase ; d’autre part, d’apres les regles et les lois syntaxiques de la langue dans laquelle on traduit. Tout cela exige un travail intellectuel createur. Et pour y parvenir, il est necessaire de posseder une intuition et une extreme precision et exactitude philologique. (160). (159) On peut citer : Mario Wandruszka, Interlinguistic, Munchen, 1971. (160) Cf. W. Wilmer, Fug und Unfug des Ubersetzens, Koln-Berlin, Kiepenheueu in Witsch, 1950, p. 84. - 58 - Premiere pârtie Elements lexicaux d'origine frangaise I. INTRODUCTION 1 .0. Apres ces preliminaires necessaires - il nous semble, pour no- tre etude sur l’influence du franqais - nous voilă arrives â la pârtie prin- cipale de notre etude : les considerations sur les emprunts qui, tour ă tour, ont penetre et feconde le vocabulaire roumain. Les evenements politiques, sociaux, culturels du debut du XIXe siecle, expliquent psychologiquement 1’aspect des transformations dans le pro- cessus de modernisation de la langue roumaine et nous font penetrer dans ce ”laboratoire interieur” de la langue ou s’operent tous les mouvements lin- guistiques qui ont ete accueillis avec un vif interet par les Roumains. 1 .1. II n’y a pas de langue completement exempte d’apports lexicaux. Quand il s’agit de deux langues de meme origine, les interferences sont plus frequentes, elles se produisent d’autant plus facilement que, mis â part les elements differents, les deux langues presentent des analogies et des ele- ments communs. Les langues romanes, unies non seulement par leur origine com- mune, mais aussi par des similitudes tres apparentes, ont ete plus que d’au- tres sujettes â des influences reciproques et â des echanges culturels. De la ces emprunts, des allees et venues, parfois du meme mot, ces rapproche- ments analogiques qui ne sont pas sans compliquer singulierement la tâche de celui qui entreprend aujourd’hui de faire la part de chacune d’elles (161). Une langue est en perpetuelle evolution, ce qui est reflete par leurs structures. Cela represente la meilleure confirmation de l’intimite des relations qui existaient entre les langues, entre les peuples. Produit de l’histoire, la langue est le resultat d’une evolu- tion lente, se deroulant dans differents milieux, sous la pression d’evene- ments particuliers, qui en ont modele la forme. Elle est un veritable heritage des epoques precedentes ou toutes les generations apportent leur contribution en traduisant un milieu et une experience dont elle est issue. ”Nous verrons que si toute langue se modifie au cours du temps, c’est essentiellement pour s’adapter de la faqon la plus economique â la satisfaction des besoins de com- munication de la communaute qui la parle”. (162). La presence dans une langue des mots d’origine etrangere est un indice revelateur des rapports existant entre les deux langues. (161) B.H. Wind, Les mots italiens introduits en franqais au XVIe siecle, Deverter - Kluwer, 1928, p. 36. (162) A. Martinet, Elements de linguistique generale, Armând Colin, Paris, 1960, p. 13. -60- 1.2. II est incontestable que le roumain se presente, au point de vue de sa structure, comme une forme historique du latin. La majeure pârtie des mots du roumain a ete heritee du latin. Mais progressivement le vocabu- laire a ajoute un grand nombre d’emprunts. Le nombre impressionnant de neo- logismes frangais entres dans la langue roumaine demontre combien l’in- fluence frangaise a ete un facteur actif dans le developpement du roumain moderne. L’emprunt fait au frangais occupe evidemment la premiere place dans le vocabulaire roumain, il en est le facteur regenerateur le plus im- portant . 2.0. Avânt d’analyser le processus d’adaptation des neologismes d’origine frangaise, nous estimons necessaire d’elucider le probleme du neologisme, de l’emprunt et du calque. Pour une meilleure comprehension des faits exposes, nous te- nons ă preciser que nous avons considere comme influence l’em- prunt fait par la langue B, langue emprunteuse, le roumain, ă la langue A, langue preteuse, le frangais (163). (163) D’autres theoreticiens des traductions distinguent : LA - langue d’ar- rivee (ou tangent language) et LD - langue de depart (ou source lan- guage) ; cf. J.P. Vinay, J. Derbelnet, Stylistique comparee du frangais et de l’anglais, Methode de traduction, Didier, Paris, 1958, p. 3. - 61 - II. NEOLOGISME - EMPRUNT - CALQUE 1 .0. Nous avons deja dit que l’apport frangais depasse en impor- tance toutes les influences qui ont agi sur le roumain, dans le cours de son evolution. II venait ă temps, â un moment ou le domaine des connaissances s’etendait de toute part, ou le changement de la societe roumaine qui sortait du monde slavo-turco-byzantine, exigeait l’emploi de nuances plus fines, ou le progres economique, technique, scientifique interessant les Pays Roumains provoqua un echange incessant de mots et d1expressions. On cree des mots pour deux raisons : d’abord parce que la ci- vilisation introduit dans la vie de nouveaux concepts : objets, institu- tions, idees, sentiments, auxquels il faut bien donner un signifiant ; puis parce qu’il peut y avoir interet ă resserrer dans un terme unique et expres- sif, une idee qui se trouvait jusqu’alors diluee, donc affaiblie, dans un agencement periphrastique (164). 1.1. Entre le systeme du frangais et du roumain, il y a beaucoup de ressemblances et de tendances communes - qui s’expliquent par leur origine commune mais, egalement, beaucoup de differences. Jakobson, reprenant une these de A. Meillet, insiste sur le fait qu’un changement linguistique ne pourrait se produire dans un parler local s’il n’y avait pas une tendance collective identique determinee par le systeme de la langue. La structure d’une langue suit ses propres lois et une trans- formation structurelle n’est pas due â des tendances propres ă la communaute linguistique, mais ă la "disposition” du systeme en voie de transformation : ”une langue d’une structure determinee doit se concevoir comme susceptible de se deplacer dans certaines directions et non pas dans d’autres, c’est la cause de la transformation linguistique”, affirme Jakobson (165) L’etude de l’influence d’une langue sur une autre permet de distinguer diachroniquement les neologismes, les emprunts, les calques, l’e- volution semantique qui finissent par affecter le systeme de la langue em- prunteuse dus ă l’insertion dans l’enonce des elements exterieurs ă ce sys- teme . (164) A. Darmesteter, De la creation actuelle de mots nouveaux dans la lan- gue frangaise, ap ud Mar cel Cressot, Un aspect du neologisme dans ” L e Frangais Moderne”, lOe annee, no. 4, oct. 1942, p. 270-271. (165) Op. cit., p. 171-172. - 62 - 2 .0. Le neologisme (gr. neos "nouveau" et graphein "ecrire") desi- gne une innovation orthographique qui ne touche pas â la prononciation (166). Albert Dauzat ecrit que les neologismes sont "des mots nou- veaux compris de tous qui font irruption chaque jour dans le langage courant et qui sont imposes par une necessite sociale ou intellectuelle" (167). George Matore affirme que "le neologisme est une acception nouvelle introduite dans le vocabulaire d’une langue ă une epoque determinee. Cette acception peut se manifester par un mot nouveau, un mot qui a acquis un sens nouveau par un changement de categorie grammaticale" (168). Le neologisme est congu par certains linguistes comme un mot nouveau,qui peut etre forme aussi dans le cadre de la meme langue. D’autres linguistes affirment que le neologisme est d’habitude un mot nouveau ou une expression nouvelle empruntee â une autre langue et non pas creee au sein de la langue meme, avec ses propres moyens. Nous considerons comme neologisme, tout mot emprunte au fran- gais dans la periode que nous nous sommes proposes d’etudier. D’une part, ce sont des termes qui denotent une realite nouvelle (nouvelle technique, nou- veau concept). D’autre part, on assiste â l’emploi d’un signifiant existant deja dans la langue roumaine en lui conferant un contenu qu’il n’avait pas jusqu’alors. 3 .0. Si pour le neologisme, il y a parfois des hesitations dans la definition et l’acception du terme, en revanche, l’emprunt est le mot qui provient d’une autre langue ou d’un autre dialecte de la meme langue. A 1’origine de l’emprunt se trouve le besoin qui determine dans une large mesure la penetration et surtout la diffusion du terme em- prunte. Le progres ou l’apparition des Sciences nouvelles, le developpement des techniques, la vie mondaine ont entraine de tout temps l’apparition de mots nouveaux. Plus l’objet, la chose, l’idee se repandent et se generali- sent dans la societe, plus les emprunts acquierent, â leur tour, de la noto- riete et s’implantent dans le vocabulaire. II y a une liaison directe, une interdependance etroite entre l’adaptation du neologisme et la necessite. 3.1. Les emprunts ont une valeur historique indeniable. Grâce aux emprunts, nous y reconnaissons la trace de tous les contacts qui peuvent s’etablir entre plusieurs peuples, la preuve aussi de la permeabilite des civilisations. L’emprunt est le phenomene socio-linguistique le plus impor- tant dans tous les contacts de langue. II est nâcessairement lie au presti- (166) Cf. J. Marouzeau, Lexique de la terminologie linguistique. Frangais, allemand, anglais, 2e £d., Paris, 1943, p. 148. (167) La langue frangaise d’aujourd’hui. Evolution. Problemes actuels. Armând Colin, Paris, 1908, p. 49. (168) Le neologisme : naissance et diffusion, dans "Le Frangais Moderne", 20e annee, no. 2, avril 1952, pp. 87-92. - 63 - ge dont jouit la langue preteuse. Le developpement des relations internationales et l’influence qu’un peuple puissant exerces sur un autre ont toujours eu pour effet de faire voyager les mots, en meme temps que les idees. L’emprunt est une formule normale de l’evolution des langues et rien ne saurait l’entraver ni meme le freiner, meme en depit des reser- ves des puristes... Le mot emprunte est le plus souvent, dans une langue, comme un corps etranger dans un organisme et l’on sait que cet organisme n’a que deux manieres de le rendre inoffensif : ou 1’assimiler, si c’est possi- ble, ou l’enkyster (169). 3.2. Le terme ”emprunt” recemment employe dans la linguistique avec son acception d’aujourd’hui, a commence â faire fortune dans les oeuvres de certains philologues qui essaient de donner des definitions plus ou moins precises. 3.3. B.E. Vidos, en discutant le probleme de l’emprunt, soutient que : "l’emprunt a un caractere individuel et au fond n’est autre chose qu’ une creation" (170). La meme idee revient dans un autre article : "On voit donc que plus on penetre dans l’ambiance ou l’emprunt d’un terme technique a eu lieu, c’est-â-dire plus on a des donnees qui permettent d’observer comment un em- prunt a lieu, plus on est persuade du caractere individuel de l’emprunt, qui au fond n’est autre chose qu’une creation" ... Ce qu’on appelle emprunt d’un terme technique dans un milieu bilingue n’est autre chose qu’une creation. (171). 3.4. Gaston Paris ecrit : "Les emprunts que fait un peuple soit ă des langues mortes, soit aux idiomes de ses voisins, temoignent â la fois des lacunes qui existaient dans son vocabulaire et de sa capacite ă accueil- lir de nouvelles idees ou de nouveaux elements de culture ; ils attestent, en meme temps, l’influence exercee sur un peuple, soit par 1’instruction qu’ il acquiert, soit par le commerce plus ou moins amical des etrangers avec lesquels il se trouve en rapport" (172). (169) G. Waringhien, L*emprunt, dans "Vie et langage", no.9, Dec.1952, p. 18. (170) Les problemes de l’emprunt et les relations qui ont existe entre la Peninsule Iberique et les Pays-Bas - Flandre et Hollande, dans, "Revista Portuguesa de Filologia", voi. VI, tomos I et II, Coimbra 1953-1955, p. 273. (171) B.E. Vidos, Le bilinguisme et le mecanisme de l’emprunt, dans,"Revue de linguistique romane", tome XXIV, no. 93-94, 1960, p. 18. (172) Les mots d’emprunts dans le plus ancien franqais, dans,"Journal des Savants, 1900, p. 294-295. -64- 3.5. George Matore voit dans 1’emprunt un neologisme, une "accep- tion nouvelle introduite dans le vocabulaire d’une langue,ă une epoque de- terminee” (173). 3.6. Pour Louis Deroy, l’emprunt est par essence un neologisme "une forme d’expression qu’une communaute linguistique regoit d’une autre commu- naute linguistique ... lorsqu’ un groupe d’hommes parlant une langue definie se trouve en relation avec un autre groupe utilisant une langue distincte" ... on peut emprunter "des mots, des elements grammaticaux, des significa- tions s’introduisant d’un parler dans l’autre" (174). A la page 224, le meme auteur ajoute : "Compare au calque et ă l’emprunt de sens, qui sont des em- prunts partiels, l’emprunt de mot est un emprunt total". 3.7. Marouzeau dit ă propos de l’emprunt : "Comment pretendrions- nous, lorsque nous empruntons des choses (nous ajoutons des idees) refuser les mots qui les designent ? Et qui oserait dire que nous pourrons nous pas- ser des emprunts de choses ?" (175) 3.8. L’emprunt (176) reste le procede le plus elementaire et uni- versel observe dans l’histoire de toute langue et s’impose quand il est in- dispensable et quand la langue l’assimile. II designe â la fois,l’acte par lequel une langue accueille un element d’une autre langue et 1’element em- prunte lui-meme. L’emprunt peut se faire par voie orale ou par l’ecriture. L’integration du mot emprunte â la langue emprunteuse se fait de manieres tres diverses et comporte des degres divers. Le mot est veritablement entre dans la langue lorsqu’il s’a- dapte aux changements phonetiques ou il s’assimile aux conditions morpholo- giques et forme des derives, lorsqu’il y a integration de ce mot dans le systeme propre de la langue emprunteuse. L’integration est totale quand tous les traits de la langue source disparaissent. Cette integration est â la fois phonetique, morphologique et syntagmatique. Les emprunts ne suffi- sent pas â modifier la structure d’une langue, c’est surtout leur assimi- lation et leur capacite d’y introduire des elements nouveaux qui assurent leur vitalite. Donc,1’introduction d’un element nouveau dans la langue ne se produit pas arbitrairement. (173) Le neologisme : naissance et diffusion, dans "Le Frangais Moderne" 1952, p. 87. (174) L’emprunt linguistique, Paris, "Les Belles Lettres", 1956, p. 18. (175) Aspects du frangais, Masson & Cie, Editeurs, Paris, 1963, p. 142. (176) Les Dictionnaires de Littre, de Bescherelle Arne, de Darmesteter ne donnent pas le sens linguistique du mot. Paul Robert donne l’accep- tion suivante : "acte par lequel une langue accueille un element d’une autre langue ; element (mot, tour) ainsi incorpore". - 65 - Dans la plupart des cas le neologisme est si bien ancre dans la langue emprunteuse, qu’il arrive un moment ou il cesse d’etre considere comme un mot emprunte, etranger. 4.0. A cote de l’emprunt, le calque represente un autre moyen d’en- richissement de differents syntagmes et structures grammaticales. "II y a d*autres emprunts qui supposent une penetration intime de deux systemes lin- guistiques. Ce sont les faits de calques" (177). Procede tres productif dans la langue du XIXe et du XXe sie- cle, le calque est la transposition (lat. transponere,aliem. Ubertragen) soit rigoureuse, soit approximative d’une construction. Le calque est un emprunt ou l’on traduit litteralement par necessite ou par snobisme, une expression de la langue etrangere representant un aspect caracteristique particulier, soit en gardant au mot ou â la locution leur structure, soit en lui donnant celle de la langue d’arrivee. 4.1. "Par emprunts bruts ou emprunts proprement dits, on entend des sons, des suffixes, des mots entiers qu’une langue doit ă telle autre, par calques des mots, des locutions, des tours syntaxiques, crees avec des materiaux indigenes, mais par traductions mecaniques de modeles etrangers et des sens nouveaux que certains mots d’une langue donnee ont pris par sui- te de la generalisation d’une synonymie partielle avec un mot etranger"(178). 4.2. Tous les linguistes reconnaissent l’efficacite des calques. Charles Bally affirme : "C’est presque toujours par le calque que les ex- pressions idiomatiques, les locutions composees de plusieurs mots passent d’une langue dans une autre". Et, plus loin, il ajoute (en n’admettant pas de differences entre emprunt et calque) : "C’est une erreur que de faire une distinction rigoureuse entre l’emprunt et le calque ; ils different dans leur forme exterieure, mais tres peu par leur origine et leurs caracteres fondamentaux ; ils ont une seule et meme raison d’etre et une egale influen- ce dans la formation du vocabulaire ... On ne comprend pas encore l’exten- sion et l’importance de cette forme de l’imitation qu’on surprend dans les replis les plus caches de la langue, mais plus tard, il apparaîtra que l’em- prunt n’est qu’une variete d’une tendance generale, que sa diffusion est bien moins grande que celle du calque" (179). 4.3. L. Deroy donne des precisions concernant le calque : "Ce qui est emprunte par le moyen de calque, ce n’est pas la forme externe du mot, (177) Vendryes, op. cit., p. 341. (178) Niedermann Max, 1’Interpenetration des langues, dans,"Scientia", voi. 83-84, serie VI, 1948-1949, p. 228. (179) Trăite de Stylistique frangaise, seconde edition I, Paris, 1921, p. 50. - 66 - ni le sens seul, mais cet element immateriel que les linguistes appellent parfois la "forme interne" (180). 4.4. Pour clore ce defile de citations, il faut conclure que le cal- que est une imitation automatique d’expressions d’un modele etranger avec des moyens linguistiques propres. On dit qu’il y a calque, quand pour denom- mer une notion ou un objet nouveaux, la LB (le roumain dans notre cas) tra- duit un syntagme de la LA (le franqais) par des mots existant dans la langue emprunteuse. II n’est au fond,que le passage d’une construction d’une lan- gue ă une autre, une combinaison de deux ou plusieurs mots qui copient un mo- dele etranger. C’est une forme d*emprunt qui consiste â traduire ad litte- ram par la LB un syntagme de la LA (181). (180) Op, cit, p. 216. (181) LB = langue B, langue emprunteuse ; LA = langue A, langue preteuse. - 67 - III. L’IMPORTANCE DES NEOLOGISMES FRANCAIS 1 .0. Le grand nombre de neologismes frangais, leur presence dans les traductions, ensuite dans les oeuvres originales et finalement dans la langue courante, demontre leur importante contribution ă 1’enrichissement du vocabulaire roumain ; demontre aussi que l’influence frangaise a ete un fac- teur actif dans le developpement de la langue roumaine litteraire. II s’en- suit egalement que les emprunts du frangais n’etaient pas une simple “mode” de 1’epoque, un caprice du traducteur, un proces d’imitation servile ou de calque spontane, ils repondaient ă une necessite imperieuse. Cette importance nous apparaît encore plus grande, si l’on pense que le nombre des neologismes augmente sensiblement d’une epoque ă l’autre. Ainsi, entre 1850-1860, leur nombre est quatre fois superieur â ce- lui de la periode qui va de 1820 ă 1830. 1.1. Malheureusement, la langue roumaine ne dispose pas d’un dic- tionnaire de 1’epoque complet qui nous permette d’etablir une statistique exacte des neologismes d’origine frangaise qui ont circule au debut du XIXe siecle. Pourtant,les nombreux dictionnaires de 1*epoque temoignent du grand interet qu’ont pris les intellectuels d’alors aux nouveautes linguistiques dues aux conditions creees. Ils se sont rendus compte que ce bouleversement general, les neologismes que l’on commence â employer laisseront des traces profondes dans la langue roumaine. En 1942, le professeur D. Macrea, s’ap- puyant sur le "Dictionnaire encyclopedique" de Candrea-Adamescu a etabli que le pourcentage de mots d'origine frangaise s*eleve â quelque 30%. Une autre statistique, etablie cette fois-ci â partir du "Dictionnaire de la langue roumaine" de 1958, qui comprend le vocabulaire general de la langue roumaine, atteste un pourcentage de 38,42% (182). (182) Le meme auteur donne la statistique suivante : 20 %, mots herites du latin ; 14 %, emprunts aux langues slaves ; 1,72 %, mots empruntes â l’italien ; 2,39 %, emprunts recents faits du latin ; 1,77 %, mots d’origine allemande ; 2,37 %, du neo-grecque ; 3,62 %, du turc ; 3,62 %, du hongrois. En consequence, les mots herites du latin avec les emprunts faits aux langues romanes, representent, dans le vocabu- laire usuel de la langue roumaine moderne, un total de 62,58 % (Locul limbii române între limbile romanice - La place de la langue roumaine parmi les langues romanes, dans,"Cercetări lingvistice", annee XVI, no. 1, janvier-juin 1971, Ed. Acad. RSR, Bucarest, p. 15). - 68 - 1.2. Nous avons etabli une statistique d’apres le "Dictionnaire de neologismes” (183), la lettre A : sur un total de 2598 neologismes enregis- tres par ce dictionnaire, 1201 sont consideres comme d’origine franqaise. De ce nombre, 226 termes sont d’origine grecque et penetrent chez nous par l’in- termediaire de la langue franqaise. Limitons-nous â quelques exemples : fr. aboulie > r. abulie fr. acephale > r. acefal fr. achromatique > r. acromatic fr. adenopathie > r. adenopatie fr. aerostat > r. aerostat fr. aphone > r. afon etc. Mentionnons egalement, que de 1201 neologismes, 677 appartien- nent au domaine scientifique ou technique. 1.3. II est interessant de signaler des cas ou le mot grec, une fois adopte par le franqais, forme des derives sur le terrain franqais qui se sont transmis par la suite,dans le roumain. C’est le cas de : fr. agronome et agronomie provenant du grec ; en frangais, ils for- ment le derive agronomique qui passe en roumain sous la forme : agronomic. fr. aerostat vient du grec, mais aerostatique, est un derive frangais > r. aerostatic. fr. acotyledone a la meme origine, en revanche acotyledone > r. aco- tiledonat s’est forme en frangais. fr. achromatique d’origine grecque forme le derive achromatisme > r. acromatism, etc. Le meme phenomene peut etre signale â propos des mots d’origine latine : Le r. cub vient du latin cubus (fr. cube), mais le derive cubaj > fr. cubage, etc. 1.4. La langue roumaine possede un fonds de neologismes frangais com- mun aux ecrivains au debut du XIXe siecle. Certains ont penetre dans le fonds lexical principal, d’autres n’ont circule qu’ă l’epoque dont nous nous occu- pons. L’etude des traductions, des textes litteraires et scientifiques paral- lelement aux textes originaux frangais est revelatrice ă cet egard. 1.5. Dans la langue roumaine, â part les neologismes frangais, pene- trent des mots d’autres origines : latine, italienne, turque, slave, hongroi se, qui figurent dans les traductions et les oeuvres originales de l’epoque. C’est ainsi que Dimitrie Cantemir a introduit et utilise beau- coup de neologismes dans ses oeuvres philosophiques. La pleiade des ecrivains de Transylvanie, qui faisaient pârtie de la "Școala Ardeleana" (Ecole transyl- (183) Florin Marcu et Constant Maneca, Dicționar de neologisme (Dictionnaire de neologismes), 2e ed., Ed. Științifica, Bucarest, 1966. -69- vaine) emplois d’une maniere abusive les italienismes et les latinismes. Dans l’oeuvre de Timotei Cipariu l’influence latine est evi- dente ; voici un exemple : "Declinațiunea se face prin numeri și cazuri. Numeri în limba româneasca sînt doi : singulariu și plurale" (184) (La de- clinaison se fait par nombre et cas. Deux sont les nombres dans la langue roumaine : le singulier et le pluriel) . Dans la meme oeuvre, on peut signa- ler : pronunciam, scienția, l-am vendit (p. 14), muliere (p. 38), blande- ția, betraneția, mustacia (p. 23), nor, sor (p. 25), tempuri (p. 44) ; â peu preș tous les substantifs sont termines par le suffixe - iune - : compara- țiune, conjugațiune, declinațiune, prepusețiune, terminațiune ; une seule fois, nous avons rencontre le suffixe - are - : declinare (p. 42). Dans les traductions et les oeuvres de certains ecrivains, on rencontre des italienismes : le fr. amitie fut traduit par amiciție auj ourd’hui prietenie ” conquete ’ ’’ ’’ concuista (dispăru) aujourd’ 'hui cucerire ’’ courage ’ n *’ coragio (dispăru) ’’ curaj ” demoiselle ’ n ’’ damigela (dispăru) " domnișoară ’’ dignite ’ ii ’’ dignitate (dispăru) ” demmitate ’’ disgrâce ' n ’’ disgrața (dispăru) ’’ disgrație ” un quart d’heure ’ ii ’’ un cuart de ora (dispăru) " un sfert de ora ” fraîcheur ’ ii ’’ freschețe (dispăru) ’’ prospețime, răcoare ’’ facile ’ ii ” facil (dispăru) ” ușor ” facilite ’ ii ’’ facilitate (dispăru) ” ușuriuța ’’ felicite ’ it ” felicitare (dispăru) ” fericire ’’ fortunee ’ ii ’’ fortunată (dispăru) ” norocos, fe- ricit, înstărit ’’ fortune ’ ii ” fortuna (dispăru) ’’ soarta, noroc, avere (184) Compendiu de gramatica limbii române (Essai de grammaire de la langue roumaine), Blaj iu, 1855, p. 5. - 70 - le fr. machine fut traduit par machine (dispăru) aujourd’hui mașina " monseigneur H ii ii monsegnore (dispăru) ii monsenior " porcelaine fî ii ii porcelană (185) (dispăru) aujourd’hui porțelan " silence n ti ii silenția (dispăru) ii liniște Dans certaines traductions apparaissent des mots d'origine turque : "el fu nevoit să se rezime de parmalîc" (MGPC, p. 54) "il fut oblige de s’appuyer ă la rampe" Ou d'origine russe : "țifrile arabice" (EIIA, p. 179) "les chiffres arabes" "țifre Romane și cele țiriliane" (EIIA, p. 18) "les chiffres romains et ceux cyrilliques" Ou bien d'origine hongroise : "iată vine groful" (MBNN, p. 68) "voici monsieur le comte" Tous ces mots ont ete remplaces, peu â peu, par d’autres d’o- rigine romane : rampă (rampe) ou balustrada (balustrade), cifre (chiffre), contele (comte), (groful s’emploie pour rendre la couleur locale dans cer- tains textes). Numeriquement, 1Telement slave est plus important que nfimpor- te quel element etranger dans une autre langue romane (186). "Ce ne sont pas les Roumains qui ont emprunte les elements slaves aux Slaves, ce sont les Slaves qui les ont introduits dans le roumain et les ont, par la, generalises. Ainsi, ce sont les Slaves qui auraient tâ- che de parler roumain et non les Roumains le slave" (187). 1.6. Dans ces circonstances, les emprunts franqais remplacent au fur et ă mesure les "slavismes", les "turcismes", les "grecismes". On remar- que une tendance generale â remplacer les mots des langues non romanes qui sont elimines des que l’occasion s’en presente. On assiste ainsi, â deux phe- nomenes : (185) Le mot porcelaine a circule sous differentes formes : porțelenă, porțelană, porcelană, porcelan, aujourd'hui : porțelan. (186) Pierre Groult, La formation des langues romanes, Casterman, Tournoi- Paris, 1947, p. 153. (187) Kfepinsky M., Lfelement slave dans le lexique roumain, Melanges de linguistique et de litteratures romanes offerts ă Mario Roques, tome IV, Paris, 1952, p. 158. - 71 - a) Le remplacement d’un mot non roman par un neologisme fran- gais : macat (< turc makat) fut evince par cuvertura < fr. couverture meremet ( ” meramet, meremet) ’’ " " reparație < fr. reparation "reparation sommaire” suliman ( turc șulumen) ” ’’ " fard < fr. fard "preparation cosmique" et "plante herbacee" b) L’introduction d’un neologisme qui fera double emploi avec le terme qui appartient au superstrat roumain (d’origine slave, turque,etc.) Ainsi : birt qui peut provenir de l’all. Wirt ou peut penetrer par la pliere serbe (sl. birt) fut remplace par restaurant < fr. restaurant. Le terme birt s’em- ploie de nos jours rarement. A cote du mot cinste (< sl. cisti) circule, avec une frequence de plus en plus grande le terme onoare < fr. honneur (lat. lit. honor - is de l’accusatif honorem). Le mot hatîr (< turc hatir) fut remplace par favoare, concesie "favoare, concesie, grație" (< fr. faveur, concession). han (< turc han) perd en concurrence avec hotel < fr. hotel. De nos jours, han s’emploie rarement, pour donner de la couleur locale dans un texte. hîd (cf. ukrainien hyd) est remplace dans la plupart des cas par hidos for- me d’apres le fr. hideux. ibovnic (< sl. Ijuboviniku) a ete evince par le neologisme frangais amant (< fr. amant). De nos jours, ibovnic a un sens soit populaire iubit-ă, soit un sens pejoratif, vulgaire. jalbă (< v.sl. zaliba) est remplace par reclamație < fr. reclamation. A men- tionner qu’en roumain, il y a egalement le mot petiție (< lat. petitio, fr. petition) ayant â peu preș le meme sens. De tous les trois termes, c’est reclamație qui est le plus employe. jertfa (< v. sl. zrutva) est en concurrence avec le terme sacrificiu < fr. sacrifice, lat. lit. sacrificium). C’est le dernier qui gagne du terrain. obștesc (< v. sl. obistije, un derive de obște + le suff. - esc) perd le terrain en face de comun < fr. commun, (lat. lit. communis). parmaclîc ou parmalîc (< turc parmaklik) fut completement evince de la lan- gue par le neologisme balustradă < fr. balustrade. Le mot turc pehlivan perd en concurrence avec escroc < fr. escroc. Le verbe (a) pîrî (< v. sl. pireti) va circuler â cote de (a) reclama < fr. reclamer (lat. lit. reclamare) et ă cote de (a) denunța < fr. denoncer (lat. lit. denuntiare). - 72 - Pricina (< bulg. sl. pricina) fut remplace, dans la plupart des cas, par cauză (< lat. causa, fr. cause). Slobod (< bulg. sloboden) limite, de plus en plus, sa sphere d’emploi, en face de liber (< fr. libre, lat. lit. liber). (a) sluji (< sl. sluziti) est de plus en plus remplace par le verbe (a)servi (< fr. servir, lat. lit. servire) Taina (< sl. tajna) cede la place au mot secret (< fr. secret, lat. lit. secretum) etc. Toutes ces paires de (mots de la deuxieme categorie - b -) cir- culent dans la langue roumaine moderne comme des synonymes. Dans ces couples synonymiques - l’un d’origine romane et 1’autre d’origine non romane - on voit clairement combien le mot non roman est reste concret, humble â cote de son compagnon roman plus intellectuel, plus abstrait. Les "turcismes”, les "slavonismes” et tous les elements etrangers aux langues romanes ont ete eli- mines de maniere deliberee sous l’effet de la mode qui voulait, d’une part, que tout vint de l’Occident et, d’autre part, donner un vetement, le plus latin possible, au roumain. C’est la consequence de 1’eloignement des ancien- nes idees et de l’apparition d’autres conceptions nouvelles dans le cadre de nouvelles relations sociales. 1.7. Nous verrons par la suite que la fixation de la forme defini- tive des neologismes a exige un temps d’adaptation assez long. Les textes traduits,plus que les textes originaux,nous ont permis de suivre les etapes successives de ce processus. II nous ont permis de parcourir l’etat civil des mots empruntes. 2.0. Les emprunts posent des problemes de graphie, d’accentuation, de genre et de nombre, d’integration lexicale. L’adaptation des neologismes enregistre au debut - et cela etait normal - bon nombre d ’ oscillations de nature lexicale, phonetique, mor- phologique, syntaxique, phraseologique jusqu’â la consecration des formes qui devaient enrichir la langue litteraire roumaine. Les mots parvenus au roumain par la voie ecrite, grâce aux manuscrits des premiers traducteurs, abondent en formes des plus curieuses. Parfois, on peut suivre les etapes successives d’adaptation aux lois de la phonetique et de la structure grammaticale rou- maine. D’autres fois, nombre de mots empruntes â la suite d’une adaptation erronee n’ont pas ete acceptes dans la langue et ont survecu, seulement, comme des formes rares, ou bien ont entierement dispăru. 2.1. Pour mieux comprendre le processus, assez important d’hesita- tion et finalement d’adoption des termes neologiques, nous donnons une liste des mots en montrant parallelement le terme autochtone et, ă cote,le neolo- gisme : - 73 - fr. accent aigu fut traduit par accent drept et ensuite par accent ascuțit n accent circonflexe ii ti H accent compus ’ accent circumflex ii accent grave ii 11 II accent plecat ’ accent grav ii affectueusement H ti II cu mare ’ frăgezime afectuos ii art ii ii II chipul ’ arta ii athee ii ii II nedumnezeit ’ ateu ii atroce 11 it 11 cumplit ’ atroce ii au revoir ti ii 11 spre revedere ’ la revedere ii avantage ti n II folos ’ avantaj ii comparaison n H II comparire ’ comparație ii considerable ii II II însemnatoare ’ considerabil ii debiteur n 11 11 datoraș ‘ debitor ti deguise it 11 11 străvesmintat ’ deghizat ti deguisement 11 11 II străvesmîntare ’ deghizare ii dependre ti 11 11 (a) atîrna * (a) depinde ti desavantage ti 11 11 nefolos ’ dezavantaj ti difficile ii II II anevoie ’ dificil ii epurer ti 11 11 (a) lămuri ’ (a) epura, (a) purifica ii equivoque H 11 11 prepus ’ echivoc ii evident II 11 II învederat ’ evident it favorable II 11 II propițiu ’ favorabil ii gigantesque 11 11 II urieșești ’ gigantic ii gravure II 11 11 scobitura ’ gravura ii immobile 11 II 11 neclintit ’ imob i1 ii impenetrable 11 II 11 nepătrunzibil et ’ impenetrabil nestrăbătut ii implacable 11 11 11 nepaciuința ’ implacabil ii inaccessible 11 11 11 neapropiabil ’ iaccesibil ii inclination 11 11 11 aplecare ’ înclinare ii inevitable 11 11 11 neapărat ’ inevitabil ii inexprimable 11 11 11 necuvîntat ’ inexprimabil ti infaillible 11 n 11 de neajuns ’ infailibil n ingrat 11 n 11 nerecunoscător ’ ingrat et nemulțumit ti innocent 11 H 11 nevinovat ’ inocent ti inspiration II n 11 insuflare ’ inspirație -74- fr. insensible fut traduit par nesimțibil et ensuite par insensibil 11 insupportable ii 11 II nesuferibil 11 insuportabil tl insurmontable ii ii n neurcatoriu n insurmontabil II menagement ii ii ii economie 11 menaj ament II obscene ii ii ii urît n obscen II perfidie ii n ii vulperie 11 perfidie II permission ii ii n slobozenie n permisiune II plancher ii n ii pardoseala et podea n planșeu II porte-clefs ii n n cheiajul ii portchei II predestine 1! ti ti preursit ii predestinat II presse (meca- nique) II it ii teaca ti presa meca- nică »• profond II ii ii adine 11 profund II raisonnable II ti ii norociți n rezonabil II rapide II ii n repede ti rapid II remarquable II ti ii însemnătate ii remarcabil II reprocher II n n (a) mustra n (a) reproșa II souper II TI II mîncare ii supeu II superstition 11 II II desidemonie ii superstiție II supportable II II II suferita ii suportabil II taille II 11 II stat ti talie II tarte 11 II II turta ii tarta II tendre II II II fraged et tînăr ii tandru (188) II tendresse II ii n frăgezime it tandrețe II terrible II ii n înfricoșător ii teribil 1! tumulte II 11 ti zvoane n tumult II universelle II ii n generalnica n universal II violable ti it ti siluită ti violabil n visible ii 11 n văzută ti vizibil etc. (188) Cf. le fr. tendre amour ... traduit par : "dragostea cea mai frageda" (AAB,43), ou : miile choses tendres "mii de tinere lucruri" (HADN,63). Le substantif correspondant tendresse est traduit par : dragoste, tinerețe et ensuite par : tandrețe. - 75 - De toutes ces paires de mots, on distingue un petit nombre qui circule, rarement, comme des synonymes : imobil et neclintit, nerecunoscător et ingrat, înfricoșător et teribil, pardoseală et planșeu, (a) reproșa et (a) mustra» Dans tous les autres cas, c’est le neologisme qui l’emporte com- munement et qui est le plus employe. De ces quelques exemples, on peut ob- server le grand role joue par les neologismes frangais qui evincent le terme autochton equivalent. La plupart d’eux apportent des precisions et des nuances plus subtiles et contribuent ă 1’enrichissement du vocabulaire roumain, C’est ainsi que les considerations sur l’importance du frangais se degage d’elle meme. 2.2. II est curieux de noter que dans les premieres traductions, nous assistons â une simple transposition des mots d’une langue â une au- tre, ă des traductions serviles. C’est l’ignorance de ces transpositions qui explique certaines traductions mediocres que l’on releve au debut du XIXe siecle. La plupart des mots reproduisent la prononciation du terme fran- gais ; parfois, on ressent l’influence italienne. Citons â titre d’exemple : ama < fr. âme ivoriul < fr. ivoire amploiat ii employe jolier 1! joaillier avenirul ii avenir maisul II mais bacaratu ii baccara messa II messe caresa ti carresse oliul II huile companion ii compagnon olivul II olivier (a) compta ii compter ordure II ordures concherant ii conquerant orora II aurore (a) contenta ii contenter pale roaial II palais royal (a) depanda ii dependre (a) penetra II penetrer departul it depart plezantă II plaisante (a) destrui ii detruire racordement II raccordement dezirul ii deșir (a) repoșa II reposer favorablu ii favorable retirat II retire forsat it forqat serjant II sergent francă tt franche șezuri II chaises fromagiu it fromage stravagant II extravagant grila ii grille (a) suplica II supplier grosier ii grossier taulet II toilette instantanate ii instantanes uvraj 11 ouvrage etc - 76 - Ce sont des tâtonnements dans l’adaptation (peu reussie) â la prononciation roumaine ; on a essaye purement et simplement de copier le mot frangais. Ces traductions arbitraires, non acceptees par la langue, ont dispăru. Ces termes bâtards ont sporadiquement circule dans les premiers textes traduits, parfois, on les rencontre chez un seul traducteur, et, dans la plupart des cas, dans une seule traduction. L’usage n’a pas admis de telles formations artificielles et de pareilles "innovations" non reussies sont vite tombees en desuetude. Nous n’insistons pas davantage sur les erreurs d1 interpreta- tion ou de traduction, phenomenes inherents pendant l’epoque de la diffu- sion des premiers neologismes qui attirent parfois des hesitations. 2.3. A cote de ces constructions, contraires â la structure de la langue roumaine, la plupart des neologismes frangais s’impose grâce ă la tendance de l’esprit moderne, desireux de preciser de nouvelles notions et de distinguer les nuances. C’est ainsi que bon nombre des neologismes sont si bien ancres dans le vocabulaire et se caracterisent par une si parfaite assimilation (phonetique et morphologique), que leur origine frangaise n’est reconnaissable qu’apres recherche. C’est le cas des neologismes du type : acces (acces) antrenament (entraînement) antreprenor (entrepreneur) antrepriza (entreprise) apel (appel) artizanat (artisânt) atlas (atlas) avalanșă (avalanche) buchet (bouquet) cabinet (cabinet) carnet (carnet) conspirație (conspiration) corespondență (correspondance) cornet (cornet) cravata (cravate) (a) delăsa (delaisser) (a) demobiliza (demobi1iser) difuzor (diffuseur) emotiv (emotif) expresiv (expressif) jandarm (gendarme) local (local) manșon (manchon) șarlatan (charlatan) siestă (sieste) etc. - 77 - 2.4. En conclusion, on peut affirmer que le lexique de la langue litteraire roumaine du XIXe siecle represente le resultat d’une longue evo- lution. D’un cote, on observe la disparition d’une serie d’elements lexi- caux qui ne correspondaient plus aux nouvelles conditions sociales, et de 1’autre, le vocabulaire s’enrichit de nouveaux termes et moyens d’expres- sion imposes par les nouvelles conditions d’existence. 3. Nous voyons se preciser, ă cette meme epoque, les tendances de fixation qui assurent l’unite et la stabilite de la langue, moyens supe- rieurs de communication correspondant ă des aspirations nouvelles. 3.1. Avânt de nous arreter aux neologismes et aux faits de langue empruntes directement au frangais, nous estimons necessaire de rappeler qu’ă la fin du XVIIIe siecle et au debut du siecle suivant, les mots fran- gais ont penetre en roumain par differentes voies : ils passaient par le neo-grec dans la premiere periode, par le polonais et le russe par la suite. Ces neologismes, diffuses indirectement, ont subi parfois les influences respectives. Ainsi : epolet < fr. epaulette pretenție < fr. pretention maghistrat ” magistrat senat ” senat manifest ” manifeste țeremonie ” ceremonie etc. ont penetre par 1’intermediaire du russe ; reghiment < fr. regiment appa- raît par 1’intermediaire du polonais ; bezea < fr. baiser vient par 1’inter- mediaire du gr. mpezes ; fr. patience passe en grec sous la forme pasientza, et ensuite en roumain sous la forme pasiența. 3.2. Ce sont les suffixes qui indiquent tres souvent la filiere par laquelle les neologismes ont penetre dans le roumain. Les suffixes - ie - et - icesc - de certains mots, comme : aristocraticesc (fr. aristocratique) istoricesc (fr. historique) comicesc II comique naționalicesc II național comisie II commission orizontalicesc II horizontal comunicație 1! communication satiricesc II satyrique corespondenție 1! correspondance speculație II speculation fizicesc II physique etc. montrent que le terme est venu du frangais par l’entremise du russe (189) (< r. mecKWfl ) (189) En Transylvanie, les neologismes termines en - ie - ont ete empruntes directement au latin : comunicație (communication), speculație (specu- lation), corespondenție (correspondance), etc. - 78 - Les derives filiere grecque : formes ă l’aide . adresser du suffixe - (aujourd’hui (ar)isi - marquent la adresarisi < fr< (a). adresa) comandărisi II commander 11 (a). comanda cultivarisit 11 cultive ii cultivat ocuparisi 11 occuper H (a). ocupa pretenterisi (190) 11 pretendre 11 (a) pretinde publicarisi 11 publier n publica transportarisi 11 transporter ii transporta etc. Toutes ces oscillations et ces tentatives d’integration sont egalement consignees par la presse et les ecrivains de 1'epoque. Dans sa preface â la "Gramatica românească" (Grammaire roumaine) I.H. Radulescu ecrit : "En Valachie, nous disons : formalicesc, recomandarisesc, repetiri- sesc, pretenderisesc, ceux de Transylvanie, du Banat et de Bucovine disent : formăluesc, recomăndăluesc, repetiruiesc, pretendaluesc, describaluesc" (p. XXIX). 3.3. De meme, en Transylvanie, on rencontrait des formes telles que : (a) formalui (former), (a) recomendalui (recommander), (a) declaralui (declarer), etc. derives avec le suffixe - ălui - d’origine hongroise. Etant donne que les verbes simples existaient dans la langue roumaine, il est evi- dent que - contrairement â l’opinion de Lajos Tamas (191) - qui soutient que ces verbes sont d’origine hongroise - nous affirmons que nous nous trouvons devant un emprunt fait au franqais ou au latin litteraire auxquels on a ajoute le suffixe - ălui -, il s’agit de la substitution de l’affixe. Tou- jours est-il que, l’emploi de ces formes est restreint, dans des spheres tres limitees et surtout dans des patois locaux de Transylvanie, sans pene- trer dans la langue litteraire roumaine. L’auteur cite donne toute une liste de mots, qu’il considere ă tort d’origine hongroise. Nous nous limi- tons ă tres peu d’exemples : fabricălui < fr. fabriquer, lat. fabricare + le suffixe - ălui - explicălui < fr. expliquer, lat. explicare + ti n moralizălui < fr. moraliser, lat. moralizare + ii it obligalui < fr. obliger, it. obligare + ii ti considere par DLR, s.v.,vieilli. provocalui < fr. provoquer, lat. provocare + •» n repetelui < fr. repeter, lat. repetere + ti ii etc. La conclusion se degage d’elle-meme : le suffixe - ălui - s’est greffe sur la racine latine, franqaise, ou italienne. (190) Plus tard, chez I. Heliade Radulescu apparaît la forme : pretenda (191) Etymologisch - historisches Worterbuch der ungarischen Elemente im Rumanischen, Unter berucksichtigung der Mundartworter, Mouton, 1967. - 79 - 3.4. Influences par l’aspect russe ou parfois allemand, les neo- logismes frangais subissent souvent des transformations phonetiques : capriție < fr. caprice (aujourd’hui capriciu) ofițial < fr. officiel 1! oficial ) serviție < fr. service II serviciu) țitroane < fr. citronniers II lamii ) Le fr. scene apparaît sous les formes : sțena, țena,(venu par la filiere russe ou allemande), șena, et plus tard, sous l’influence italien- ne ou frangaise, on enregistre scena. 3.5. L’origine des neologismes pose quelquefois des problemes complexes d’etymologie, l’emprunt cache son origine etrangere, insoupgonna- ble au premier abord. Dans de nombreux cas, on accepte une etymologie mul- tiple, vu les differentes influences qui se sont exercees ă cette epoque sur la langue roumaine. Voilâ la raison pour laquelle parfois il est difficile de preciser d’ou vient le mot emprunte (192) : r. binemeritat < fr. bien merite ou de l’all. wohlverdient ti bombă ii bombe ti 1 ’ it. bomba ti cal de mare ii cheval marin ii l’all. Seepferdchen ii coreografie ti choregraphie ii 1 ’ it. coreografia ti cosmodrom ii cosmodrome ii rus. kosmodrom ii galant om ii galant homme ii 1 ’ it. galantuomo ii gentilom n gențiIhomme n 1 ’it. gențiluomo it guma arabica (193) n gomme arabique ii 1 ’ it. gomma arabica n gumă elastica (194) n gomme elastique ii 1 ’ it. gomma elastica I! limonată ti limonade n 1 ’ it. limonata 11 măseaua minții ii dent de sagesse 11 1 ’it. dente del giudizio II monedă ti monnaie mais II monetă lat. moneta ii 1 ’it. moneta II parlament fr. parlement n 1 ’it. parlamento 11 pașaport ii passeport n l’it. passa porto 11 pasărea paradisului ti oiseau du paradis ii l’all. Paradiesvogel (192) Le probleme d’etymologie multiple est valable pour toutes les langues. (193) Au debut du XIXe siecle, on peut rencontrer les formes : gum(i), arabicesc et gom arabic. (194) Dans certaines traductions du XIXe siecle circule egalement la forme gumielastic. - 80 - r. personagiu < it. personagio mais " personaj < fr. personnage ” prim-ministru II premier ministre ou de 1 ' it. primo ministro ” publicațiune I! publication 'it. publicazione ” relație 1! relation ” r ’ it. relazione ” roza vînturilor II rose des vents ” r 'all. Windrose ” șocolata II chocolat mais " șocolada all. Schokolade et " ciocolată it. cioccolata ” sparge-gheață fr. brise glace ” i’ 'all. Eisbrecher ou ang1. icebreaker etc. 3.6. Signalons un autre aspect qui nous a păru assez interessant : Si le roumain abstracție, terme philosophique, peut venir du lat. abstractio, fr. abstraction, all. Abstraktion, son derive abstrac- tionism provient du fr. abstractionnisme. Roum. academie peut venir du lat. academia, gr. akademia, fr. academie, it. accademia, ses derives : academism du fr. academisme, all. Akademismus, et academic < fr. academique, it. accademico, lat. accademicus ; en revanche,academician provient du fr. academicien. Pour le roum. acrobat,on peut invoquer :fr. acrobate, it. acro- bato, gr. akrobatos ; les derives : acrobatic < fr. acrobatique, it. acroba- tice , acrobatică < fr. acrobatique, all. Akrobatik, mais acrobație < fr. acrobație. Roum. actinograf peut provenir du fr. actinographe, all. Akti- nograph ; actinometru < fr. actinometre (provenant du grec), mais les trois autres derives : actinografie, actinometric, actinometrie proviennent des termes franqais respectifs : actinographie, actinometrique, actinometrie. Le terme roumain aforism a deux origines possibles : gr. apho- rismos ou fr. aphorisme, mais aforistic < fr. aphoristique. Pour les roum. aglutina, amator, etc. la meme explication : ils ont deux origines, fr. agglutiner ou lat. agglutinare, fr. amateur ou lat. amator, mais aglutinant < fr. agglutinant et amatorism < fr. amatorisme, etc. Le r. biblioteca vient du lat. bibliotheca mais les derives : bibliotecar et bibliotehnică proviennent des mots fr. bibliothecaire et bibliotechnie. Roum. recuza peut provenir du fr. recuser ou du latin recusare, mais recuzabil < fr. recusable. Le r. (a) imputa peut provenir du lat. imputare ou du fr. impu- ter ; en revanche, les derives : imputabil, imputabilitate, imputație, vien- - 81 - nent des termes correspondants frangais : imputable, imputabilite, imputa- tion. Le r. medic < lat. medicus, mais les derives : medical, medi- cament , medicamentos, proviennent du fr. : medical, medicament, medicamen- teux. Roum. ospitalitate a deux origines possibles : lat. hospitali- tas ou fr. hospitalite ; en revanche, ospitalier vient du fr. hospitalier. De tous ces exemples, qui peuvent etre multiplies, une con- clusion nette se degage : â 1'epoque ou la langue roumaine lutte pour son enrichissement et sa modernisation, l’influence du franqais s’avere la plus efficace. 3.7. Un cas interessant nous offre le mot roumain lambă (qui pro- vient du neo-grec ^apăa.) ; ce terme cede la place ă la forme litteraire lampa qui peut provenir, soit du fr. lampe, soit de l’allemand Lampe ; cependant, il circule dans un grand nombre d’expressions phraseologiques copiees d’apres le franqais : lampa de petrol (lampe â petrole) , lampă electrica (lampe electrique), lampa de sudat (lampe â souder). Les cas d’etymologie multiple sont tres frequents et posent des problemes epineux, surtout quand il s’agit d’etablir 1’appartenance du neologisme roumain au franqais ou â l’italien. Pourtant, si nous prenons le dernier exemple : de lamba passe â lampă, quoique son etymologie soit douteuse - franqaise ou allemande - le fait que le mot entre dans un grand nombre d’expressions calquees sur le frangais demontre une fois de plus l’importance incontestable de l’influence franqaise. 3.8. Un autre aspect qui merite d’attirer notre attention est celui du franqais "langue vehicule" ; par son intermediaire penetrent dans le vo- cabulaire roumain bon nombre de mots d’origine differente : anglaise, arabe, etc. C’est ainsi que nous pouvons citer : r. antilopa < fr. antilope (< angl. antelope < gr. antholops) n buget " budget ii budget < fr. bougette ) it confort " confort tt confort tt (a) dribla " dribbler tt dribble ti interviu ’’ interview ii interview tt pachebot " paquebot I! packet-boat ti sesiune " session 11 session ii alcool ’’ alcool (< arabe al-kohl) ii magazin ’’ magasin ti ii sirop ” sirop ii -82 - r. bazar < fr. bazar (< persan) ” gong ” g°ng (< malais) ” bitter ” bitter (< holl. bitter) ” chimono ” kimono (< j aponnais) ” agenda ” agende (< lat. agenda) " ascensiune ” ascension ( it ascensio-nis) etc 3.9. La diffusion des termes d'origine frangaise est â tel point importante qu'on voit penetrer avec le neologisme, toute une familie de mots ou de derives : abdomen (abdomen), abdominal (abdominal) aberant (aberrant), aberativ (aberratif), aberație (aberration) (a) aboli (abolir), aboliționisme (abolitionnisme), aboliționist (aboli- tionniste), abolițiune (abolition) (a) adapta (adapter), readapta (readapter) afiș (affiche), (a) afișa (afficher), afișaj (affichage), afișor (afficheur) (a) ajusta (ajuster), ajustaj (ajustage), ajustor (ajusteur) alarma (alarme), (a) alarma (alarmer), alarmist (alarmiste), alarmant (alar- mant) alcalin (alcalin), alcalinite (alcalinite), (a) alcaliniza (alcaliniser) alergie (allergie), alergic (allergique), alergologie (allergologie) (a) amenaja (amenager), amenajament (amenagement), amenajabil (amenageable) (a) ancheta (enqueter), anchetator (enqueteur), anchetă (enquete) (a) antrena (entraîner), antrenament (entraînement), antrenant (entraînant), antrenor (entraîneur) automobil (automobile), automobilism (automobilisme), automobilist (auto- mobiliste) (a) camufla (camoufIer), camuflaj (camouflage) (a) canaliza (canaliser), canalizabil (canalisable), canalizator (canalisa- teur), canalizare (canalisation) (a) coincide (coincider), coincidență (coincidence) confort (confort), confortabil (confortable) cosmetică (cosmetique), cosmetician (cosmeticien) debut (debut), (a) debuta (debuter), debutant (debutant) (a) decalca (decalquer), decalc (decalque) dezinvolt (desinvolte), dezinvoltură (desinvolture) finisaj (finissage), finisor (finisseur) imuabi1 (immuable), imuabilitate (immuabilite) (a) interfera (interferer), interferență (interference) - 83 - (a) jalona (jalonner), jalon (jalon) jovial (jovial), jovialitate (jovialite) (a) jubila (jubiler), jubileu (jubile), jubiliar (jubiliaire) magaziner (magasinier), magazinaj (magasinage), (a) înmagazina (emmagasiner) (a) pastișa (pasticher), pastișa (pastiche) (a) reproșa (reprocher), reproș (reproche), reproșabil (reprochable) (a) rezona (raisonner), rezonabil (raisonnable) (a) telefona (telephoner), telefon (telephone), telefonic (telephonique), telefonist (telephoniste) (a) televiza (televiser), televizor (televiseur), televiziune (television) etc. 3.10. A mentionner un autre aspect assez important : un neologisme, une fois introduit dans la langue, attire apres lui, d’autres syntagmes ou il joue le role de mot-cle. Qu'on en juge par ces exemples : â cote de : accuzator (accusateur) circule acuzator public (accusateur public) ti amprenta (empreinte) it amprente digitale (empreintes digitales) it asentiment (assentiment) ti cu asentimentul cuiva (avec 1’assentiment de quelqu’un) ii circumstanța (circons- tance) tt circumstanțe agravante (cir- constances aggravantes) cir- cumstanțe neprevăzute (circons- tances imprevues), circumstanțe atenuante (circonstances atte- nuantes) ii voiaj (voyage) ii comis-voiajor (commis voyageur), birou de voiaj (bureau de voya- ge) . 3.11. D’autre part, on constate dans certaines circonstances et mi- lieux sociaux, la tendance ă remplacer les mots autochtones par des neologis mes. On entend souvent : au lieu de : (a) cere on dit plutot : : (a) solicita < fr. solliciter ti (a) cîrmui ii (a) guverna it gouverner ii de obște ti în general ii en general ti (a) hotărî ti (a) decide ti decider n mîncați fructe ii serviți... ii servez... (mangez des fruits) ii neatîrnare ti independența ii independance -84- au lieu de : (a) povesti on dit plutot : (a) relata < fr. relater (raconter) conferința a avut loc (ou s-a ținut) (la conference a eu lieu lieu . ..)- conferința s-a desfășurat (la conference s’est de- roulee)... a da sprijin (donner une aide) - a da un aport ... 3.12. II y a des cas ou le meme neologisme donne en roumain deux termes : un adjectif et un substantif : fr. aerodinamique aerodinamic (adj . .) et aerodinamica (subst.) 11 aeronautique aeronautic n et aeronautică ii 1! aerostatique aerostatic ti et aerostatica ti II biomecanique biomecanic H et biomecanica tt 11 casuistique cazuistic 11 et cazuistică n II caustique caustic II et caustica tt II ceramique ceramic 11 et ceramica ti 11 cosmetique cosmetic H et cosmetică ti 11 cybernetique cibernetic 11 et cibernetica ti 11 didactique didactic It et didactica ii 11 dietetique dietetic n et dietetica tt II dynamique dinamic ti et dinamica tt 11 electronique electronic n et electronica tt 11 electrotechnique electrotecnic it et electrotecnica tt 11 esthetique estetic n et estetică tt 11 graphique grafic tt et grafică tt 71 phonetique fonetic ti et fonetica ii n semantique semantic it et semantică ii 11 thermodynamique termondinamic tt et termodinamică tt -85- IV. L’ADAPTATION DES NEOLOGISMES 0.1. Le comportament du point de vue phonetique, morphologique syntaxique et semantique des mots empruntes au frangais, nous aide ă ana- lyser et ă preciser le role que l’element frangais a joue au cours de la premiere moitie du XIXe siecle, dans l’evolution complexe du roumain litteraire. Les neologismes frangais se sont vite et facilement imposes dans tous les styles de la langue avec leur sens precis dans la langue d’origine. Pourtant, jusqu’ă la fixation definitive, ont existe certaines oscillations et tâtonnements d’adaptation, au systeme grammatical rou- main. "Lorsque deux systemes linguistiques sont en contact, et que pour des raisons socio-culturelles, un terme passe d’un systeme dans 1’autre, il y a integration de ce mot dans le systeme propre de la langue qui emprunte. Cette integration est ă la fois phonetique, morphologique et syntagmatique” (195). En partant de ces affirmations, nous verrons par la suite que la fixation de la forme des neologismes est le resultat d’un long processus. Les textes traduits nous permettent plus que les textes origi- naux de suivre les etapes de ce processus, les oscillations entre une forme ou une autre, etc. Nous verrons de meme, comment une serie de neo- logismes acquerront peu ă peu une autre forme, plus ou moins differente de celle qu’ils avaient ă l’epoque dont nous nous occupons. 0.2. Nous essayerons de mettre en lumiere un certain nombre de particularites concernant l’adaptation des neologismes frangais dans la langue roumaine. Le processus d’adaptation a ete assez complexe etant donne que la diffusion des mots etrangers suppose, souvent, le changement de leur aspect formei pour permettre leur integration au systeme phonetique et morphologique du roumain. Ce mecanisme de transformations a determine l’existence syn- chronique et diachronique de plusieurs variantes lexicales du meme neolo- gisme, jusqu’ă son assimilation definitive par la langue. Ce processus a un role tres important dans 1’etablissement des formes des emprunts. La penetration des neologismes frangais presuppose donc le changement de leur aspect pour pouvoir etre inclus au systeme phonetique et morphologique roumain. (195) J. Dubois, Grammaire structurale du frangais : le verbe, Librairie Larousse, Paris, 1968, p. 31. - 86 - 1. L*aspect phonetique (196) 1 .0. Une grande pârtie du vocabulaire roumain est constituee par des mots hereditaires. A cote de ces mots, il en est d’autres dont l’ori- gine est differente, ce sont les mots d’emprunt. Les neologismes frangais, qui ferment le sujet de notre etu- de, ont subi une evolution, parfois des deformations, pour acquerir une ap- parence roumaine. Le mot ainsi roumanise subit, en ,general, une alteration â la fois graphique et phonetique resultant des differences entre le phone- tisme des deux langues. Les premiers traducteurs avaient du surmonter beaucoup‘de difficultes. Ils se sont trouves en face de deux langues apparentees lin- guistiquement, mais possedant chacune un systeme phonetique different. 1.1. Bien que le frangais et le roumain - langue donneuse et langue receveuse - appartiennent ă la familie des langues romanes, il y a des dif- ferences (197) de structure grammaticale. Elles ont des systemes phonetiques (vocalisme et consonantisme) divergents : Le systeme vocalique frangais se caracterise par la richesse de ses phonemes : : (.], >] . [â] , [!].[,] , [»], M- [«]. [»]. [ = ]. et nasales : [a], [f], [oe] , [o] En roumain, il y a : £a] , [^aJ , pj, , £ej , [^i] , [oj , £uj . II y a en frangais des phonemes qui n’existent pas en roumain. Mentionnons : |^j ’ [oeJ ’ [u], les nasales, les semi-voyelles £ yj , [wj, . En roumain, il n’existe pas de nasalisation pertinente (198). Les systemes consonantiques sont assez proches, malgre la dis- tribution differente des sons et l’absence de quelques phonemes dans l’un (196) L’aspect phonetique constitue l’objet d’un article d’Octavian Nandriș, L’influence franqaise en Roumanie, dans ”Le Frangais moderne, no. 3, p. 181-190 et no. 4, p. 271-283, 1956. (197) En roumain, on prononce toutes les lettres, meme les finales, chaque lettre representant un son. (198) Rarement, on remarque en roumain une legere tendance de nasalisation dans la prononciation de certains neologismes d’origine frangaise : bonboană (bonbon), dans (danse), contabil (comptable), guidon (guidon). etc. Ce sont plutot des variantes phonetiques des voyelles respectives. - 87 - des deux systemes. Notons une difference significative : en roumain £ - en fr. ts, tz (tsigane - tzigane) - roum. țigan (tzar, tzarine) " țar, țarină en frangais, mentionnons le groupe consonantique au, (kw, gw) inconnu du roumain. D’autre part, le systeme phonetique du roumain est assez ri- che, il possede des phonemes ignores par le frangais. C’est le cas de : £, £, î_, ensuite £ et £ suivis de £ ou £ donnent les affriques palatales £> I- Voilă pourquoi il est interessant de signaler au moins quel- ques tendances qui se sont manifestees ă 1’epoque de transition dans 1’adap- tation phonetique des neologismes frangais. Les emprunts subissent parfois des deformations phonetiques dont il est difficile de discuter toutes les raisons. II s’agit d’une interference des actions psychologiques, sociologi- ques, linguistiques â la fois. 1.2. Les emprunts frangais se sont repandus, dans la plupart des cas, par 1’intermediaire de l’ecriture. Pour ceux qui ne connaissaient pas le frangais, etant donne que ces emprunts ont penetre dans les milieux les plus divers, la prononciation n’a pas ete facile. Au moment de leur penetra- tion, les mots nouveaux sont l’objet d’un travail d*accommodation pour les adapter aux lois phonetiques de la langue roumaine. ”Dans un veritable emprunt, on n’essaie pas de parler la langue etrangere, mais d’adapter les mots etrangers â sa propre phonetique” (199). La meme idee apparaît chez I. Heliade Rădulescu dans la pre- face de sa Grammaire : ”Vorbele străine trebuie să se înfățoșeze în haine romînești și cu mască de rumîn înaintea noastră" (200). ("Les emprunts doi- vent se presenter devant nous dans des vetements roumains et avec un masque roumain"). 1.3. Jusqu’ă present, ceux qui ont etudie la question d’adaptation phonetique des neologismes, ne se sont occupes que des oeuvres autochtones, en negligeant les traductions du XIXe siecle notamment, ou les tâtonnements sont mieux mis en valeur. L’analyse des traductions de cette epoque nous permet d’observer que les nombreuses manieres de prononcer et d’ecrire vont de pair la plupart du temps (dans les phases du debut ou intermediaires) jusqu’ă la fixation d’une forme. On enregistre de nombreuses oscillations, soit sur la prononciation du neologisme, soit sur la prononciation et la graphie en meme temps. Or, de telles variantes ne peuvent nous etre offertes que par les premieres traductions, quand parfois les neologismes conser- vaient leur "vetement" etranger. (199) Yuen Ren Chao, op. cit. , p. 95. (200) Grammaire publiee en 1828, p. XXVIII. -88 - 2 .0. Deux tendances phonetiques se manifestent dans les textes tra- duits : a) une, plus particuliere, mais qui a son importance : donner un aspect roumain ou roman aux mots d’origine slave, grecque, turque, etc. qui circulaient deja dans la langue. Ainsi, le mot : (a) guberna penetre par 1 ’ intermediaire du russe, dispărut petit â petit et fut remplace par la forme (a) guverna, d’apres le correspondant fr. gouverner. b) la deuxieme tendance se manifeste dans l’effort fait par tous les traducteurs pour integrer au systeme phonetique roumain tous les emprunts franqais, d’ou toute une serie de doublets, de tâtonnements jusqu’â la fixation de la forme definitive qui circule de nos jours. Cette tendance de roumaniser les termes d’origine franqaise a impose des lois d’adaptation correspondant au phonetisme roumain. Les neolo- gismes passent par de nombreuses phases d’adaptation. 3 .0. Parmi les alterations phonetiques que le neologisme a pu subir dans le passage d’une langue â 1’autre, mentionnons les cas les plus impor- tants : [o], [o], [oe] , et [uj, qui ont penetre dans le roumain en meme temps que les neologismes franqais, ont ete adoptes, compte tenu egalement, de la ma- niere dont ont ete traites les mots ayant les memes sons et qui etaient ve- nus auparavant du turc et du hongrois (201). Ainsi o / oe / est rendu en roumain de trois manieres differen- tes : - io comme dans les mots : blio < fr. bleu (auj. bleu, prononce blo) lichior < fr. liqueur o ” ” coafor < fr. coiffeur, dizor < fr. diseur (auj. ~ dizeur, prononce dizor), furnizor < fr. fournis- seur. e " " fetru < fr. feutre, șofer < fr. chauffeur, șomer < fr. chomeur. Le phoneme ii connaît lui aussi trois types d’adaptations en roumain : - iu : aliura < fr. allure (auj. alura), biurou < fr. bureau (auj. birou), Bosiue < fr. Bossuet, manichiura < fr. mânucure (201) Voir en ce sens : G. Ivanescu, L. Leonte, Fonetica și morfologia neo- logismelor române de origine latina și romanica (La phonetique et la morphologie des neologismes roumains d’origine latine et romane), dans SCL Filologia, Acad. RSR, Filiala Iași, an VII, fasc.2, 1956, p.12 et suiv. ; L. et M. Seche, Despre adaptarea neologismelor în limba româna literară. Unele considerații generale (De l’adaptation des neologismes dans la langue roumaine litteraire. Quelques considerations generales), dans L.R., XIV, 1969, no. 6, p. 667-687. -89- - u : cură < fr. cure, manicura < fr. manucure (auj. manichiura), nuanță < fr. nuance, tulipa < fr. tulipe - i : birou < fr. bureau, chirasa < fr. cuirasse (auj. cuirasă) Pendant la periode de 1’entre deux guerres, quand l’influence frangaise a atteint le maximum d’intensite en Roumanie, on observe la ten- dance ă prononcer les mots empruntes comme dans la langue d’origine : likor (liqueur), coafor (coiffeur), șofor (chauffeur), fotru (feutre, manicura (manucure), alură (allure), epuiza (epuiser), truc (truc), șomor (chomeur), buro (bureau), pardesu (pardessus), etc. Ces prononciations ont dispăru, ces mots circulant sous la forme : coafor, fetru, lichior, etc. e muet aboutit en roumain ă : eo : Leobel < fr. Lebel o : portofel < fr. portefeuille e : biberon < fr. biberon, bibelou < fr. bibelot ă : dama < fr. dame, drama < fr. drame, frontiera < fr. frontiere, treflă < fr. trefle. Notons que la transposition de e muet final en ă marque l’adap- tation au systeme phonetique roumain. 3.1. Dans l’adaptation des neologismes frangais termines en voyelle accentuee (par exemple £ rendu par eau), on constate des formes comme : platou ou platau < fr. plateau, tomberou < fr. tombereau, etc. La voyelle o orthographiee - eau - en position finale accen- tuee, est rendue egalement en roumain par ou : birou < fr. bureau, cadou < fr. cadeau, cavou < fr. caveau, panou < fr. panneau, platou < fr. plateau, tablou < fr. tableau ou rarement par £ : caro < fr. carreau. o orthographie au aboutit en roumain ă au : autorizație < fr. autorisation (qui a connu une forme de tran- sition otorizație), automobil < fr. automobile (avec la forme de transition otomobil). Dans les premieres traductions, pour certains neologismes d’o- rigine frangaise, le son £ a ete transforme en oa, tout comme dans les ele- ments herites du latin par voie populaire (202). Ainsi : (202) Voir G. Ivanescu, L. Leonte, op. cit♦, p. 11. -90- comisioane < fr. commission, convențioane < fr. conventions, consoale < fr. consoles, legioane < fr. legion, națioane < fr. nations, operațioane < fr. operation, profesioane < fr. profession, provizioane < fr. provision, regioane < fr. region. Ces formes ne sont pas restees dans la langue litte- raire, elles marquent une epoque de transition. Aujourd’hui, les formes correctes sont : comisie, convenție, consola, legiune, națiune, operație, profesiune, provizie, regiune. 3.2. Dans la plupart des cas h_ en position inițiale disparaît : idroliză < fr. hydrolise, imen < fr. hymen, imnuri < fr. hymnes, ipertrofie < fr. hypertrophie, oribil < fr. horrible, otel < fr. hotel, uman < fr. hu- main, umoare < fr. humeur, etc. Parfois, le h. aspire est tantot prononce, tantot non : (h) igiena < fr. hygiene, (h) emoragie < fr. hemorragie, (h) egemonie < fr. hegemonie, (h) așura < fr. hachurer. Si au XIXe siecle, on constate l'absence du h inițial, l’evo- lution ulterieure de la langue litteraire roumaine a impose le h tant dans la graphie que dans la prononciation. 3.3. Le s intervocalique a connu deux regimes : a) Jusqu'ă 1850, predomine la forme qui respecte l’aspect so- nore des neologismes franqais : abuza < fr. abuser, acuza < fr. accuser, amuza < fr. amuser, azil < fr. asile, bizon < fr. bison, civilizat < fr. ci- vilise, etc. Ces formes sont egalement attestees dans le "Vocabularul francez-roman" de Poenaru-Aaron-Hill de 1840 (Vocabulaire franqais-roumain). b) Apres 1850, on rencontre souvent le s sourd, conformement ă la tendance latinisante et etymologisante dans la reproduction orthographi- que des neologismes, tel que : acusa, asii, basin, eclesiastic, etc. A cette epoque circulent de nombreux doublets comme : azil et asii (asile) prezent et present (present) cauză et causa (cause) prizonier et pr1sonier (prisonnier) (a)civiliza et (a) civilisa (civiliser) (a) refuza et (a) refusa (refuser) curiozitate et curiositate (curioșite) (a) reprezenta et (a) representa dezert et desert (de.ssert) (representer) mizerabil et miserabil (miserable) et (a)_ reserva ---------- ------------ (reserver) poziție et posiție (position) , x x1£1— (a) rezista et (a) resista (resister) etc. De nos jours, se sont imposees les formes en z : (a) abuza, azf1> civilizat, premiză, (a) refuza, (a) rezista (cependant, les dernieres - 91 - directives de l’Academie RSR (Republique socialiste de Roumanie) proposent premisă), etc. 3.4. Le digramme consonantique ch connaît quatre variantes dans les traductions : a) soit il garde 1'aspect grec dans les mots d’origine grec- que : arhitectură < fr. architecture, orchestră < fr. orchestre. b) soit, assez rarement d’ailleurs, il est transpose en rou- main par la fricative £ : arșitectura, orșestra. D’un emploi extremement re- duit, ces formes ne sont pas restees dans la langue roumaine. c) apres 1850, ce groupe est rendu par £ /k/ dans certains mots, selon la prononciation franqaise : almanacuri (almanach), cristianisme (christianisme). Aujourd’hui se sont imposees des formes avec la fricative laryngale aspiree sonore h_ : arhitectură, almanah, etc. £ : d) quant aux autres neologismes,ch a cartouche > r. cartuș fiche > chaise-longue > r. șerlong franche cherif > r. șerif galoche douche > r. duș rechaud ete adapte sous la forme r. fișa > r. franș > r. galoș > r. reșou 3.5. Les groupes c + e et c + i connaissent deux transpositions phonetiques : a) avant 1840, dans les mots venus par filiere russe et alle- mande, ce groupe est rendu soit par £ (tz), soit par che /k’/ : alianție et aliație < fr. alliance, audienție < fr. audience, chedru < fr. cedre, confiență < fr. confiance, jurisprudenție < fr. jurisprudence, prințip < fr. principe, proțesuri < fr. proces, sențeră < fr. sincere, soțietate < fr. societe, țeremonie < fr. ceremonie. b) apres 1840, ces groupes sont transposes, dans la plupart des cas, par l’affriquee £ (203) ; par exemple : cedru < fr. cedre, centru < fr. centre, ceremonie < fr. ceremonie, cigarete < fr. cigarettes, (auj. țigarete), occidental < fr. occidental. Nous enregistrons pourtant beaucoup d’hesitations, d’ou l’exis- tence des doublets comme : capriție (dispăru) et capriciu < fr. caprice ocsidental ii et occidental n occidental sacrifiție ii et sacrificiu ti sacrifice serviție ii et serviciu ii service soțietate ii et societate ti societe etc. (203) l’influence italienne peut etre aussi invoquee comme pour la traduc- tion du fr. felicite rendu par felicitate < it. felicită. Aujourd’ hui : fericire. - 92 - 3.6. La transposition phonetique du groupe £ + £ (g) presente un autre cas interessant. Vers 1830, ce groupe est rendu par le phoneme j_ - qui correspond â la prononciation du groupe fr. ge. Par exemple : curaj < fr. courage, negiijență < fr. negligence, neglija < fr. negliger, oranj < fr. orange, etc. Par analogie avec ces formes, on transpose les mots frangais : jalousie, conjugal, jambon, en : jaluzie, conjugal, jambon. Quant aux mots comme : objet, projet, sujet, etc, il est cer- tain que nous avons affaire ă des imitations des formes correspondantes frangaises : objet, projet, sujet. etc. Toutes ces formes ont dispăru. En etudiant ce groupe, remarquons que pendant l’epoque de l’in- fluence de l’italien, la fricative £ garde la prononciation selon le phone- tisme italien ; ainsi on rencontre : curagiu et coragiu < fr. courage, (a) dirige < fr. diriger, gelosie < fr. jalousie, (a) imagina < fr. imaginer, ingiust < fr. injuste, subgiugat < fr. subjugue, etc. Par analogie avec les italianismes, les neologismes frangais sont influences dans leur transposition en roumain et dans quelques traduc- tions, on rencontre des formes comme : gagiu < fr. gage, giongler < fr. jon- gleur, subgiugat < fr. subjugue, etc. Toutes ces formes ont eu un emploi restreint ă l’epoque. 3.7. Le groupe graphique qu (la velaire k) a, en frangais, deux fonctions etymologiques : - il indique l’origine latine du mot : lat. qualitatem > fr. qualite, r. calitate. - il indique la prononciation velaire des mots latins qui contiennent un £ /k/ : lat. applicare > (fr. appliquer), r. (a) aplica. En general, pour les deux groupes de mots, le roumain trans- pose le groupe qu par : £, cu, lț, chi. Ainsi : antic < fr. antique, cartier < fr. quartier, confisca < fr. confisquer, convoca < fr. convoquer, invoca < fr. invoquer, epoca < fr. epoque, obelisc < fr. obelisque, public < fr. publique, rustic < fr. rustique, anticar < fr. antiquaire, ecuator < fr. equateur, acuarela < fr. aquarelle, echestru < fr. equestre, echitație < fr. equitation. Toutes ces adaptations sont restees et circulent de nos jours. Le groupe cu n’est pas reste dans le roumain : bricuetă < fr. briquet, incuitudini < fr. inquietude, licuidă < fr. liquide, licuefacție < fr. liquefaction de meme k : likorul < fr. liqueur. - 93 - Mais au debut du XIXe siecle enregistre des flottements. Ainsi : dans certaines traductions, on qu rendu par gu : eguație ou par cv : ecvație fr. equation fr. equation, ecvator < fr. equateur. Pour cette derniere transposition, mentionnons encore acvilon fr. aquilon et adecvat < fr. adequat, qui sont restes dans la langue. 3.8. Les voyelles nasales ( [aj, [£ ] > [oe^ , [o] ,) ont pose de nom- breux problemes d’adaptation, etant donne qu’elles n’existent pas dans le systeme phonetique roumain. Dans les premieres traductions, on adopte en roumain la gra- phie resultant de la prononciation frangaise des nasales. Ainsi : amploiat < fr. employe, companie < fr. compagnie, confonda < fr. confondre, distanție < fr. distance, distengat < fr. distingue, empresie < fr. impres- sion, fantoma < fr. fantome, levant < fr. levant, manta < fr. manteau, ofansat < fr. offense, ocazion < fr. occasion, orizon < fr. horizon, planta < fr. plante, salon < fr. salon, santiment < fr. sentiment, tantațiune < fr. tentation, etc. A quelques exceptions preș, comme : amploiat, ofansat, santi- ment , etc. qui sont des transpositions forcees, ces formes sont restees dans la langue. Parfois, dans un souci d’hypercorrection de la part du traduc- teur, on rencontre des formes qui font sourire aujourd’hui : abondența < fr. abondance, (a) antreprinde < fr. entreprendre, (a) comenda < fr. commander, confiențâ < fr. confiance, dantist < fr. dentiste, impor- tent < fr. important, pansion < fr. pension, talant < fr. talent, etc. Toutes ces formes, qui ne correspondent pas aux lois de la phonetique roumaine, ont ete eliminees progressivement. Cette lutte d’adap- tation a dure des annees et des annees. Apres 1850, on rencontre de plus en plus rarement des formes pareilles. Nous avons enregistre pourtant : ambarasat, (a) amploia, avantura, etc. (embarrasse, employer, aventure). De nos jours, les voyelles nasales sont adoptees conforme- ment au systeme grammatical roumain. Ainsi : encyclopedie > r. enciclopedie, mais : bidon > r. bidon, cadran > r. cadran, cabotin > r. cabotin, ouragan > r. uragan, huligan > r. huligan, encrasser > r. ancrasa. La voyelle nasale - [e] (ain) en position finale est rendue graphiquement par - an - d’apres l’etymologie latine : suteran < fr. souterrain (actuellement subteran), suveran < fr. souverain, uman < fr. humain, contanporan < fr. contemporain, (auj. contemporan), etc. En general, cette transposition est restee dans la langue roumaine. - 94 - Les prefixes nasaux - im - et - in - connaissent eux aussi deux variantes de transposition graphique en roumain : Jusqu’en 1830, on enregistre des formes qui imitent de preș la prononciation du modele frangais : empresie < fr. impression, enscripție < fr. inscription, enstrumenturi < fr. Instruments, enteres < fr. interet, etc. ou des variantes comme : incult < fr. inculte, inspira < fr. inspirer, invita < fr. inviter. Plus tard, toutes ces formes ont ete remplacees par : impre- sie , inscripție, instrumente, interes, incult, inspira, invita. 3.9. Le groupe consonantique [x] (cs) des mots frangais connaît des flottements multiples. II n’a pas ete rendu uniquement pas s, comme dans les mots herites du latin, ou par jc, dans la graphie cyrillique cs, ni meme dans les mots frangais formes â l’aide du prefixe lat. - ex -, comme l’affirment G. Ivanescu et L. Leonte (204). II a eu une evolution plus complexe et il enregistre plusieurs autres variantes. Dans les premieres traductions, on transpose phonetiquement la prononciation sonore ou respectivement sourde du groupe consonantique cz ou cs. Par exemple : aucsilier < fr. auxilier eczact < fr. exacte ecselenția ” excellence (a) eczista ” exister ecserciția " exercice eczemplu ” exemple etc. ecstravaganțiile ” extravagances Vers 1850, on atteste des formes avec la transposition sourde de ce groupe ecsista < fr. exister, flues < fr. flux, macsima < fr. maxima, preteest < fr pretexte, etc C’est toujours apres 1 850 qu’on trouve la transposition de x en _s, d’apres le phonetisme italien. Ainsi, on rencontre : esact < fr. exact (a) esplota < fr. exploiter escuzele ” excuses esplotație ” exploitation escepțiune ” exception (a) espoza ” exposer escelent ” excellent esilat ” exile escesif ” excessif (a) esista ” exister (a) esala ” exhaler espediție ” expedition esemplu ” exemple esperiențâ ” experience esecuta ” executer estrem ’’ extreme esersa ” exercer flus ” flux (204) op. cit.,p> 13-14. - 95 - masima < fr. maxima reflus < fr. reflux etc. pretest ” pretexte Pourtant, l’influence italienne ne peut pas expliquer tous les cas ou la consonne double x_ est rendue par s_. Ainsi, les mots : esperiență, espiona, esplica, justifient notre affirmation, etant donne qu’en italien, les mots correspondants sont : sperienza, spionare, spiegare. En conclusion, les formes qui se sont imposees et qui ont sur- vecu jusqu’â nos jours dans la langue, sont dues â l’influence du frangais. L’italien a servi seulement d’appui dans leur adaptation. Dans des cas extremement rares, on a rencontre x rendu par : ss : ossigenul < fr. oxigene, tasse < fr. taxes z : ezaltare < fr. exaltation, ezperiența < fr. experience ou rarement par cc : eccita < fr. exciter. Souvent, on enregistre le meme mot frangais rendu par plu- sieurs variantes : fr. exact a circule sous les formes : esact, ecsact, ensuite exact ; fr. excellence a eu aussi plusieurs variantes : ecselenția, esselenția et eccelență. Le verbe exister est enregistre, â l’epoque, par differents dictionnaires, mais chacun propose sa propre variante : le Dic- tionnaire de Poenaru-Aaron-Hill et celui de Protopopescu-Popescu proposent la forme ecsista ; le dictionnaire de Negulici : esistare et celui de Stamati : e c z i s t a. De nos jours, la forme correcte est x : exemplu < fr. exemple, exista < fr. exister, excelență < fr. excellence, etc. 3.10. Dans la traduction de certains mots frangais, nous constatons l’emploi d’une loi phonetique roumaine appliquee aux elements latins heri- tes. II s’agit du groupe ct > pt ; ainsi, le fr. nocturne est rendu par nopturne, aujourd’hui nocturn. Ce sont des aspects de transition jusqu’â la fixation definitive du neologisme. 3.11. Le groupe fr. oi est rendu en roumain par ua et oa, d’ou des doublets : cuafor et coafor < fr. coiffeur; lavuar et lavoar (205) < fr. lavoir; tualetă et toaletă < fr. toilette, etc. Aujourd’hui, seulement les formes en oa sont correctes : fumoar < fr. fumoir, etc. 3.12. Nous n’allons pas insister sur les cas rares, contraires â la structure de la langue roumaine, rencontres isolement. A titre de curiosite, nous en citons quelques exemples : pour un son palatal - qui n’existait que dialectalement en roumain - on prend la graphie approximative combinee avec la prononciation : fr. ignorance > inioranța (aujourd’hui ignoranță) ; une occlusive palatale du frangais est rendue par une occlusive velaire, â la suite de la combinaison de la graphie et de la prononciation : fr. liquide est transpose par licuidă (auj. lichid). Le mot fr. productions, derive â l’aide du suffixe -ion- a comme correspondant roumain le terme producturi (aujourd’hui producții). (205) Nous avons enregistre une seule fois la forme lavor. - 96 - 4 . Les mots frangais termines par : (e)iile, illant, illage, illon, du type : bouteille, briliant, beteillon, grille, pavilion, gar- dent en general, dans leur transposition, la consonne liquide ”1” ; ainsi les neologismes correspondants sont : butelie, briliant, batalion, grila, pavilion ; cependant, on trouve : microsion < fr. microsillon, cochiaj < fr. coquillage. 4.1. Les groupes consonantiques finals : -ble, -bre, -ere, -tre, -vre, des substantifs et des edjectifs changent d’habitude en roumain le e muet final en u : arbitru < fr. arbitre, cadavru < fr. cadavre, dublu < fr. double, funebru < fr. funebre, idolatru < fr. idolatre, macabru < fr. macabre, mediocru < fr. mediocre, monstru < fr. monstre, sceptru < fr. sceptre, etc. 4.2. Les substantifs frangais termines en -ele connaissent dans leur adaptation en roumain plusieurs variantes. Quand ils sont influences par le latin, ils ont les formes : spectacul < fr. spectacle, oracul < fr. oracle, tabernaclu < fr. tabernacle ; quand c’est l’influence italienne qui joue, apparaissent les formes : spectacol, (le mot spectacol est d’eil- leurs d’origine italienne) oracol, tabernacol, qui sont aussi les formes actuelles. 4.3. Le suffixe fr. -ence est rendu dans les premieres traductions par -ința. Ainsi : fr. absence > r. ebsințe, fr. apparence > r. eperință, fr. concurrence > r. concurințe, fr. influence > r. influință, fr. indulgence > r. indulgințe, fr. negligence > r. neglij ința, fr. presence > r. presința, fr. prudence > r. prudință, fr. Regence > r. regințe, fr. transparence > r. transparința, etc. Aujourd’hui, ce suffixe a ete adapte sous la forme -ența : afluență (affluence), concurență (concurrence), influență (influence), neglijență (negligence), etc. 4.4. Le suffixe fr. -ance est adapte sous la forme de -anță et -ența : fr. abondance > abundență, fr. assurance > asiguranță, fr. complei- sance > complecențe, fr. consistance a connu trois variantes : consistință, et plus tard consistență et consistențe. De nos jours : ebundențe, comple- zență , consistență, etc. 4.5. Le termineison frenqeise -ce trensposee phonetiquement per -ță est egelement eteyee per l’itelien -zze et l’espegnol -ze. Fr. disgrece est treduit per disgreție. On peut reppeler le phenomene d’etymologie mul- tiple . - 97 - 4.6. Les suffixes -ant et -ent des participes presents ou adjectifs verbaux, ont circule dans les traductions sous la forme -inte- : fr. complai- sant > complacinte, ardent > ardinte, puissant > putinte, intelligent > in- teliginte, prudent > prudinte, violent > violinte, confident > confidinte, etc. Aujourd’hui, les suffixes circulent sous les formes -ent : complezent, prudent, violent, confident, ou -ant : agasant (agagant), gerant (gerant), ou sous d^autres formes : fr. ardent > arzător, fr. puissant > puternic. 4.7. Le suffixe frangais -tion (< lat. tionem, it. zione) est rendu en roumain par : a) dans les premieres traductions par le suffixe -ciune consideraciune < fr. consideration, consolaciune < fr. consolation, desda- ciune < fr. desolation, descripciune < fr. description, moderaciune < fr. moderation, navigăciune < fr. navigation, etc. b) vers 1850, ce suffixe apparaît plus rarement ; il est rem- place par les formes en -ție : aprobație < fr. approbation. Le dictionnaire de T. Stamati (206) enregistre deux formes : discreciune et discreție < fr. discretion Selon la meme tendance de "roumaniser" n’importe quel mot, on applique le suffixe -ciune- ă d’autres termes, comme : pusaciune (fr. position), auj. poziție, prepusaciune (fr. supposition), auj. supozi- ție , etc. 5 .0. Certains mots empruntes au debut du XIXe siecle different de leurs variantes posterieures. Si au debut, la tendance, â peu preș generale, etait de transposer les neologismes conformement ă la prononciation du fran- gais, avec le temps,ces emprunts ont ete adaptes au systeme phonetique du roumain ; ainsi, les formes decorațion, enscripție, enstrument, ocazion, pension, santement, semplicitate, talant, etc. ont cede la place â : decora- ție , inscripție, instrument, ocazie, pensiune, sentiment, simplicitate, talent, etc. 6 .0. Remarquons egalement que dans certains livres et chez cer- tains traducteurs, apparaît consequemment une seule forme ; par exemple, dans "Paul et Virginie” (traduction datant de 1831), on n’enregistre que la forme santiment. Dans d’autres cas, on rencontre plusieurs variantes d’un meme mot dans la meme traduction. C’est ainsi que dans les "Dialogues de Focion” (1844), le traducteur emploie tantot sintiment, tantot simtiment ; dans "Zgîrcitul" (L’avare) (1836) pour fr. sentimehtș,on rencontre les cor- respondants : sentimenturi, sintimenturi, simțiri. Ces fluctuations s’ex- pliquent par le fait que le mot n’avait pas encore pris sa forme definitive. Ainsi, fr. sentiment avait de nombreuses variantes : simțâmînt (calque), simțiment (calque pârtiei), simtiment (contamination entre simțire et senti- (206) Disionarașu românescu de cuvinte tehnice și altele greu de înțelesu, Iași, 1851, s.v. (Petit dictionnaire de mots techniques et d’autres difficiles ă comprendre). - 98 - ment) , simțire (equivalence) et enfin sentiment (emprunt). Ces formes con- naissent des variantes en -mint (-ămint, -imînt) suffixe herite et en -ment (-iment, -ement) suffixe emprunte. Ces tâtonnements demontrent, une fois de plus, les difficultes rencontrees par les traducteurs de 1’epoque, pour trouver les correspondants capables de rendre, d’une part, le sens du neologisme et d’autre part - d’adapter l’emprunt au systeme phonetique de la langue roumaine. 6.1. Bon nombre de neologismes presentent des hesitations, des os- cillations dans les graphies, orientees soit d’apres la prononciation dans la langue d’origine, soit d’apres la graphie etymologique frangaise. Ainsi, le fr. madame a ete adapte au phonetisme roumain sous la forme de madama, ou sous la forme madam, identique ă la prononciation du frangais madame. Fr. demoiselle a circule sous les formes : demoazelă, demua- zela, demoasela, et plus rarement : damigelă et damicelă sous l’influence de l’italien damigella. Fr. mademoiselle est rendu par les variantes mademoazel, madmoazel, matmoasel, matmoazel. Le fr. monsieur apparaît sous les formes : monsiu, monsio, musiu ; fr. monseigneur est traduit par monsignore (sous l’influence de l’italien monsignore) et monsenior. Toutes ces variantes qui, dans la plupart des cas, imitent la prononciation de leurs correspondants frangais ne sont pas restees dans la langue (sauf quelques exceptions). Au commencement, elles etaient canton- nees dans un milieu tres restreint, ensuite, elles ont ete remplacees par : doamna, domnișoara, domnule. 7.0. En conclusion, on peut affirmer que l’adaptation des neologis- mes au systeme phonetique roumain - solution pour laquelle les linguistes de l’epoque se sont prononces avec fermete - a connu beaucoup de fluctuations non seulement chez des ecrivains differents, mais aussi dans les oeuvres d’un meme ecrivain, comme nous 1’avons deja signale. Chez un meme ecrivain, le meme neologisme apparaît sous differentes formes ; le mot d’emprunt con- naît une periode d’adaptation avant de s’integrer dans la langue. L’appren- tissage d’une langue nouvelle par une population peut comporter une devia- tion du systeme phonetique et des differences de formes grammaticales (207). Les modifications phonetiques que subissent certains mots adaptes s’expli- quent aussi par l’emploi des emprunts dans des milieux les plus divers. Lorsqu’il s’agit d’un mot technique, l’usager n’est pas choque par sa forme anormale - peu importe que sa graphie soit plus ou moins compliquee. II en va tout autrement lorsqu’il s’agit de termes d’usage courant. Lamines par la conversation, il leur faut absolument se plier aux habitudes de notre prononciation, en perdant leur sonorite etrangere. Jusqu’au XVIIIe siecle, l’emprunt se faisait surtout par voie orale. Depuis que les traductions et les journaux connaissent une plus grande diffusion, les neologismes se repandent par voie ecrite. La plupart des ter- mes que l'on etudie, supposent donc, au point de depart, une image visuelle. C’est au XVIIe siecle qu’apparaissent les premiers textes imprimes (c’e- taient des textes juridiques). (207) Cf. A. Meillet, Sur les effets des changements de langue, dans ”Scien- tia", janvier, 1932, p. 91-98. - 99 - 7.1. Une autre constatation qui s’impose se rattache aux differen- tes etapes d’integration du neologisme. D’habitude, la premiere adaptation que subit un mot emprunte est d’ordre phonetique et graphique ; on essaie de reproduire la prononciation du terme etranger ; dans le cas present, en imitant la prononciation frangaise. Rappelons : santimant ( fr. sentiment - aujourd’hui sentiment), tantațiune ( fr. tentation - aujourd’hui tenta- ție) , (ț = ts), etc. 7.2. Un neologisme revet plusieurs formes successives jusqu’â son integration definitive au systeme phonetique de la langue emprunteuse. Les oscillations que nous avons rencontrees,dans les textes de la premiere pe- riode des traductions,ont un caractere plus etymologique qu’evolutif. Ainsi on constate des alternances du type (208) : chitara - ghitară (guițare) cifru - țifru - șifru (chiffre) lambă - lampă (lampe) porțolan - porcelan (porcelaine) țilindru - cilindru (cylindre) auj ourd’hui ii 1! II It ghitară cifra lampa porțelan cilindru etc ou des hesitations de la forme orale : furnisor - furnizor (fournisseur) auj ourd’hui furnizor premisa - premiza (premisse) tt premisa vitesa - viteza (vitesse) «i viteză etc Cette situation caracterise les premieres traductions jusqu’â 1840 environ. Apres cette date, l’evolution de la langue litteraire roumaine impose une unification dans la graphie et la prononciation. A quelques excep- tions preș, les neologismes frangais, apres 1850-1860, sont soumis â un autre traitement. Le processus d’adaptation ne subit plus tant de flottements pho- netiques . Remarquons egalement que pour un bon nombre de neologismes, on peut invoquer l’etymologie multiple ou collective. Le systeme phonetique rou- main est plus proche des systemes phonetiques latin et italien que du fran- gais, ce qui explique la raison pour laquelle les neologismes frangais sont adoptes parfois sous la forme latine ou italienne. 7.3. En ce qui concerne la forme sous laquelle se presentent les em- prunts entres dans une langue par la voie ecrite, on observe que, d’une fagon generale, l’emprunt n’introduit pas de phonemes nouveaux. La langue emprun- teuse essaie de les adapter â son propre systeme phonetique. Les formes non- adaptees et parfois les oscillations s’expliquent,soit par la filiere par la- quelle elles penetrent dans la langue (russe, grecque, etc.),soit par l’in- (208) Ces transformations n’ont pas echappe â Octavian Nandriș qui les a analysees dans l’article cite. - 100 - capacite des traducteurs de donner au neologisme une forme correspondante au systeme phonetique de la langue roumaine. 7.4. L’accent lui aussi, est souvent flottant. En frangais, l’ac- cent tombe sur la syllabe finale. Le roumain, au contraire, a un choix de possibilites plus riches : l’oxyton (finale accentuee), paroxyton (accent sur la penultieme syllabe) et proraroxyton (accent sur 1 *antepenultieme). On prononce tantot profesor, tantot profesor, mar i t ime ou maritime, academie et academie, industrie et industrie, director et direc- tor, cumul et cumul, vestibul et vestibul, somnolență et somnolență, anecdotic et anecdotic, etc. - 101 - 2. L/gșpgct morpho~syntaxique 1 .0. Cet aspect impose 1’eclaircissement de certains problemes. La structure morphologique de la langue roumaine est, dans les grandes li- gnes, semblable â celle des autres langues romanes. Appartenant au meme sys- teme grammatical, le latin, le franqais et le roumain presentent, en gene- ral, des structures semblables. Pourtant plus synthetique que les langues romanes, le latin possede une morphologie plus riche. Dans les langues ro- manes, on constate une reduction des genres, du nombre - â deux (m. ț. ) - des declinaisons et une simplification du systeme verbal (temps et modes). En matiere de vocabulaire, la plupart des neologismes appar- tiennent ă la classe des substantifs, ensuite des adjectifs et enfin des verbes. C’est une loi generale : lorsqu’il s’agit de contact linguistique, les substantifs passent plus facilement d’une langue â 1’autre. Le substantif et l’adjectif 1.1. Dans le domaine des substantifs,quatre derer : genre, nombre, derives et composes et cas. elements sont â consi- 1.2. Le genre et le nombre. En ce qui concerne le genre des substan- tifs, il y a des differences entre le latin et les autres langues romanes. En latin, les substantifs etaient classes en trois genres (masculin, feminin et neutre). Cette classification devient de moins en moins rigoureuse et commence â ne plus etre respectee en latin meme, minee par les changements d’ordre phonologique. Sur le plan formei, (chute des consonnes finales), et sous le rapport du contenu (abandon de la discrimination : anime - inanime), des changements se sont operes. De nos jours, les langues romanes, le roumain mis â part, ne presentent que deux genres : masculin et feminin, marques par le morpheme et par l’article. La repartition des substantifs dans ces categories n’a pas un critere precis, on constate de nombreuses exceptions. Mentionnons que les substantifs qui appartiennent en roumain au neutre se confondent avec le masculin au singulier et avec le feminin au pluriel. Par exemple : autobuz (autobus), argot (argot), complot (complot), capriciu (caprice), ciclu (cycle), climat (climat), costum (costume), etc. 1.3. La conservation du genre neutre est un des traits qui contri- buent puissamment â differencier le roumain du roman occidental. Si pendant - 102 - tout le Moyen Age, le roumain a renforce le neutre en y versant d’anciens masculins et feminins, depuis le siecle dernier, l’emploi du neutre a sensi- blement baisse. Les termes techniques introduits recemment et designant des objets inanimes, sont du genre masculin pour la plupart. Non seulement les termes recemment empruntes, tels que atom (atome), bicarbonat (bicarbonate), calciu (calcium) carbonat (carbonate), celuloid (celluloide), cromosom (chromosome), izotop (isotope) , etc. ont ete directement attribues au genre masculin, mais, meme des mots empruntes anterieurement et traites comme des neutres ont ete ensuite repris au masculin ; c’est le cas de balot (ballot) avec pl. baloturi, robinet (robinet) - pl. robinete, neutres au commence- ment, qui sont passes au masculin dans le langage technique; les techni- ciens disant : baloți, robineți, bien que la langue litteraire maintienne les pluriels baloturi, robinete, d’apres les normes de 1'Academie Roumaine. Les exemples comptent par centaines, sinon par milliers (209). 1.4. II est interessant de rappeler que pour certains substantifs d’origine frangaise, les genres differents designent aussi des mots apparte- nant ă des domaines differents ; ainsi, le fr. corps/ lat. corpus, a ete traduit en roumain par corp, qui connaît deux formes de pluriel : doi corpi - masculin pluriel, employe comme terme scientifique, alors que doua corpuri - neutre pluriel designe un terme general. Ces deux syntagmes correspondent en frangais ă une seule forme : deux corps. Le mot plan < fr. plan, a, lui aussi, deux formes au pluriel : doua plane - neutre pluriel, employe en geometrie, et doua planuri - neutre pluriel, qui s’emploie dans les autres cas. 1.5. Nous voyons egalement se produire des oscillations entre les genres. Au debut, les mots s’encadrent dans le meme genre qu’en frangais ; c’est le cas de : chlorurul < fr. le chlorure, sulfurul < fr. sulfure, bromurul < fr. bromure, problemul < fr. probleme, dramul < fr. drame, aromul < fr. arome, diagramul < fr. diagramme, aniversar < fr. anniversai- re, insect < fr. un insecte, flauta < fr. la flute, qui copient le modele frangais ; par la suite, tous ces termes ont ete adoptes au systeme morpho- logique roumain, sous la forme : clorura, sulfura, bromura, problemă, drama, aromă, diagramă, aniversare, insecta, flautul. 1.6. D’autres substantifs frangais, comme crime et fantome, mas- culins en frangais, circulent jusqu’â 1840 sous deux formes : mase, crim, fantom (cites par le Dictionnaire de Stamati), influences par le genre fran- gais, et crimă, fantoma, les formes correctes adaptees au systeme gramma- tical roumain et qui se sont imposees. 1.7. Nous avons enregistre, des cas isoles, dans les premieres traductions, ou certains substantifs ne respectent pas le genre : (209) Alex. Graur, op. cit., p. 45. - 103 - roum. adres ” albumin ” analis " clasul ” cornet ” compres ” elips ” fras ” ghirland ” metodu ” period ” rezonul ’’ stimul (m) < fr. 1» 11 II II II II II II II II 11 II II II II II II 1! II II II 11 II II adresse (f) albumine ” analyse ” classe ” comete ” compresse ” ellipse ” phrase " guirlande " methode " periode ” raison ” estime ” - aujourd'hui 1! 11 11 11 11 II II 11 11 11 11 11 adresă albumina analiză clasa cometa compresa elipsă fraza ghirlanda metodă perioada dreptate stima (f) 11 11 11 11 11 11 11 11 II II II 11 (21 0) etc ou feminins au debut du siecle dernier et neutres par la suite roum. bisturie (f) < fr. bistouri (m) - auj ourd1 hui bisturiu (n) ” crepuscula ” crepuscule n ti crepuscul 11 ” flegmona ii flegmon ti ti flegmon 11 ” sistemă ii systeme n t» sistem 11 ” spasmă n spasme ti ii spasm 11 etc 1.8. De nos jours, on observe parfois, que certains mots masculins frangais, entres dans le roumain, passent ă la categorie du neutre et sur- tout ceux qui designent des objets ou des notions abstraites : arbitraj (arbitrage), aspirator (aspirateur), autobuz (autobus), bagaj (baga- ge), capriciu (caprice), complot (complot), confort (confort), cordon (cor- don) , costum (costume), ecran (ecran), episod (episode), fenomen (phenomene), filtru (filtre), franj (frânge), landou (landau), sirop (sirop), etc. En revanche, ceux qui designent des etres,gardent leur genre en roumain : albatros (albatros), candidat (candidat), crab (crabe), curtizan (courtisan), etc. Le passage des mots masculins en frangais dans la categorie du feminin en roumain, et inversement, tels que : un cabriolet - o cabrioletă un compotier - o compotiera (210) La forme analiză commence â circuler ă partir du 1850. - 104 - un masque - o masca un saladier - o salatieră etc. (211), est plutot un phenomene accidentel. 1.9. La physionomie phonologique des neologismes frangais a con- nu, elle aussi, des modifications en s’adaptant au systeme grammatical du roumain. Les substantifs feminins, d’origine frangaise, sont traites en roumain de deux manieres differentes : a) ceux qui ont ete empruntes par 1’intermediaire de la fi- liere russe ou grecque sont devenus masculins et surtout neutres parce que les deux langues intermediaires les ont pris sous leur forme prononcee, c’est-ă-dire termines par une consonne. Mentionnons qu’en roumain la ter- minaison consonantique est incompatible avec le genre feminin. C’est le cas de : fr. clarinette(> gr. klarinetto) > r. clarinet (neutre) - dans les premieres traductions, on rencontre la forme clarinetă (fem.), disparue. fr. epaulette(> rus. epolet)> roum. epolet (mase.) etc. A ce groupe, ajoutons d’autres mots (tres peu d’ailleurs) qui viennent directement du frangais et qui, tout en gardant l’aspect frangais, ont ete inclus au neutre : fr. garde-robe > r. garderob (neutre) ; le feminin garderoba a le sens de ”vestiaire” en roumain ; fr. sauce > r. sosul (neutre), fr. compote > r. compotul (neutre) fr. danse > roum. dans, (n.) fr. extase > r. extaz (n.), fr. marche > roum. marș (n.), etc. b) La plupart des substantifs feminins termines par e_ pris di- rectement au frangais - designant des choses ou des etres - respectent le genre de la langue d’origine et prennent un a â la finale (212) : fr. batteuse > r. batoza (f) fr. , femeile > r. femelă (f) ii bonbonniere ii bonboniera II ti forme ” formă II n bourse ii bursa II it glycerine ” glicerina II ii cocarde ii cocarda II tt mesaventure ” mezaventura II ii croisiere ii croaziera II ii methode ” metodă II 1! envergure ii anvergură II ii nervure ” nervura II II etape ii etapă II ii passerelle ” pasarela II (21 1) Dans les alee (f) tradu ; tas ctions, on a rencontre 1’allee (f), se (f) - tasul (m), ensuite ceașcă. - aleiul (m), ensuite - des adaptations erronees qui ne meritent pas une analyse detaillee. (212) Dans les premieres traductions, cette regie n’est parfois pas respec- tee. Ainsi : fr. phrase > roum. fras, ensuite frază ; ” faveur ” favor, ” favoare. - 105 - fr. piscine > r. piscina (f) fr. tetine > r. tetină (f) IT rafale ” rafală tt Tî trousse ” trusa n 1! reclame ” reclama TI n usine ” uzina ii !! serviette ” servietă TI ir valise ” valiza ti etc Cette categorie : substantifs feminins frangais termines par une consonne plus e^ final muet, a ete adoptee en roumain en ajoutant un a_. Meme si dans les premieres traductions, on remarque des flottements du ty- pe : fr. adresse > roum. adres, fr. chance > roum. șans, fr. morale > roum moral, fr. ruine > roum. ruin, etc., plus tard, toutes ces formes ont ete transposees sous la forme correcte : adresă, șansa, morală, ruină. Les exemples de cette categorie sont tres nombreux : fr. agriculture > r. agricultura fr. endive > r . andivă ” bride ” bridă ii enquete ” anchetă ” cabane ” cabană it fesse ” fesa " canicule ” canicula it figure ” figură ” casque ” casca tt indifference ” indiferență ” cassette ” casetă tt mode ” modă ■ ' ■ ” centure ” centura tt pommade ” pomadă ” couchette ” cușeta tt regie ” rigla etc ” depeche ” depeșa 1.10. Les substantifs feminins et masculins termines en : e_, ee, er, et, etc. (qui, au point de vue de la prononciation finissent en e_) sont traites, quant au genre, de deux manieres differentes : ils sont tantot fe- minins (213) : fr. canape > r. canapea, fr. baiser > r. bezea (fem.), fr. chaussee > r. șo- sea, fr. soiree > r. soarea (fem.), tantot incorpores dans la categorie des neutres : fr. cheminee > r. șemineu, fr. foulee > r. fuleu, etc. sans qu’il soit possible de determiner le critere de la distribution. II est interessant â remarquer que, en general, les substantifs introduits par l’entremise grecque transforment ee en ea (soiree > soarea, aujourd’hui serată), alors que ceux introduits directement du frangais appa- raissent en -eu (cheminee > șemineu). L’examen de tous les exemples nous a permis de constater que - â quelques exceptions insignifiantes preș - tous les masculins ou neutres termines par une consonne ont un correspondant en russe ou en grec, tandis que les feminins en n’en ont pas ; tous les mots roumains en -eu (du (213) Ils subissent le meme traitement que les mots d’origine turque en -e et qui en roumain passent au feminin : turc, ceșme "fontaine" > roum. cișmea (fem.). - 106 - type șemineu) viennent directement du frangais, puisqu’ils n’ont pas de parallele en russe ou en grec (tous les feminins en -ea ont un parallele en grec). (214). Les exemples sont en grand nombre : fr. bidet > r. bideu, fr. boufee > r. bufeu, fr. carre > r. careu, fr. cliche > r. clișeu, fr. coupe > r. cupeu, fr. defile > r. defileu, fr. dictee > r. dicteu, fr. dragee > r. drageu, fr. expose > r. expozeu, fr. moulinet > r. mulineu, fr. puree > r. pureu, fr. toupet > fr. tupeu, fr. trace > r. traseu, etc. A noter d’autres adaptations du type : fr. nescafe > r. nescafe, fr. tranchee > r. tranșee, fr. uree > r. uree,etc. 1.11. Les substantifs feminins termines en -ie» appartenant en rou- main au meme genre, gardent la meme terminaison : fr. acalmie > r. acalmie, fr. acrobație > r. acrobație, fr. amnistie > r. amnistie, fr. atrophie > r. atrofie, fr. droguerie > r. drogherie, fr. dy- senterie > r. dizenterie, fr. pharmacie > r. farmacie, etc. 2 .0. Les substantifs masculins frangais connaissent eux aussi leurs lois d’adaptation. Ainsi, la plupart des neologismes qui designent des objets et des notions abstraites, passent en roumain ă la categorie du neutre. A peu preș deux tiers des substantifs masculins frangais introduits en roumain sont passe au neutre. On peut citer : fr. amortisseur > r. amortizor fr. complot > r. complot ii argument " argument " cordon ti cordon ii aspirateur " aspirator " credit ii credit ii avion " avion " dictaphone it dictafon ii binocle " binoclu " diffuseur ii difuzor »• bouchon " bușon " pathephone ii patefon ii brouillage " bruiaj " reflecteur ii reflector etc ii chronometre " cronometru Ceux qui designent des etres, des plantes, en general, res- tent du genre masculin : fr. ananas > r. ananas, fr. arbuste > r. arbust, fr. auteur > r. autor, fr. cocotier > r. cocotier, fr. crabe > r. crab, etc. (214) Alex. Graur, Etymologie collective, dans "Linguistique contemporaine. Hommage â Eric Buyssens", ed. de 1’Institut de sociologie, Universi- te Libre de Bruxelles, 1970, p. 86. - 107 - La repartition des substantifs masculins est due â des fac- teurs d’ordre interne : la signification des mots ; en revanche, les neolo- gismes feminins frangais gardent leur genre en roumain, bien que ceux-ci designent des etres, des choses ou des notions abstraites. 2.1. Les substantifs masculins franqais termines en : e_, i_, £, £, reqoivent dans le processus d’adaptation en roumain un £ au singulier : fr. atout > r. atu, fr. cadastre > r. cadastru, fr. candelabre > r. cande- labru, fr. couple > r. cuplu, fr. croquis > r. crochiu, fr. habitacle > r. habitaclu, fr. pari > r. pariu, etc. On enregistre des formes qui ont circule seulement au debut du XIXe siecle. Ainsi, le role, est traduit par rola (aujourd’hui rol), le genie > genie (aujourd’hui geniu). 2.2. Certains substantifs ont conserve la consonne finale du mot d’origine. Ainsi : fr. accord > r. acord, fr. acrobat > r. acrobat, fr. adstrat > r. adstrat, fr. affront > r. afront, fr. aplomb > r. aplomb, fr. celibat > r. celibat, fr. choc > r. șoc, fr. complet > r. complet, fr. complot > r. complot, fr. correct > r. corect, fr. corset > r. corset, fr. discret > r. discret, fr. doublet > r. dublet, fr. hotel > r. hotel, fr. indirect > r. indirect, fr. pigment > r. pigment, fr. piquet > r. pichet, fr. robinet > r. robinet, fr. secret > r. secret, fr. support > r. suport, fr. thermal > r. termal, etc. 3 .0. Au pluriel, les substantifs masculins franqais devenus neu- tres en roumain, presentent des oscillations entre la desinence -£ ou -uri. Les formes en -uri predominent dans les traductions anterieures ă 1830; en- suite ces pluriels sont remplaces par les variantes correctes en -£. Ainsi, on remarque les flottements suivants : fr. accents > r. accenturi plus tard accente ii billets ii bileturi ii bilete ii bouquets ii bucheturi o buchete n canaux ii canaluri n canale ii diamants ii diamanturi 1! diamante ii instruments ii instrumentări II instrumente it interets ii interesuri II interese ii manuscrits H manuscripturi II manuscrise - 108 - fr. objets r. objeturi plus tard obiecte ” presents ” prezenturi ” prezente (215) ” pretextes " pretexturi ” pretexte " proces ” protesuri ” procese ” produits ” producturi ” produse ” proj ets ” projecturi ” proiecte ” sentiments ” sentimenturi ” sentimente ” suj ets ” sujeturi ” subiecte ” talents ” talenturi ” talente etc. 3.1. On constate les memes tâtonnements pour quelques substantifs feminins qui ont subi des traitements pareils jusqu’â la fixation de la forme definitive. Ainsi : fr. couleurs > r. coloruri plus tard culori ti heresies ti eresuri ii erezii ii methodes ti metoduri ti metode ii phrases it frazuri ii fraze it sectes ii secturi ii secte etc 3.2. De nos jours, la langue roumaine manifeste une preference pour les pluriels en -e vis-â-vis de ceux en -uri ; la plupart des neologismes neutres suivent cette tendance et ce n’est que rarement qu’on rencontre des formes en -uri : fy. codes > r. coduri ’ ’ monopoles ' ’ monopoluri reproches > r. retours ” reproșuri retururi 3.3. Jusqu’â 1830, on rencontre des formes de pluriel non adaptees au systeme morphologique roumain et qui disparaitront apres 1840 : ambition (ambition), arnbiyioane, provizion (provision), pl. provizioane, rezon (raison) pl. rezoane. Dans le processus de 1’adaptation, pour certains mots, on constate des hesitations entre la forme masculine et la forme neutre. Notons quelques exemples rencontres jusqu’â 1830 : fr. accidents (m) > r. accidenti et ” genies ” ’’ geniuri ” ” hymnes ” ” imnuri ” (215) mot dispăru ulterieurement et remplace par cadouri (fr. cadeaux) accidente genii imni - 109 - Aujourd’hui geniu est masculin, avec le pluriel genii ; imn a passe au neutre, conformement aux lois du systeme grammatical roumain, comme substantif inanime, ayant le pluriel imnuri ; accident a garde le pluriel accidente. Un cas non moins interessant est celui du mot frangais (m.pl.) obelisques qui a connu plusieurs adaptations en roumain : obelischi (1831) , obelisc! (1852) jusqu’â la forme correcte actuelle : obeliscuri. 3.4. En conclusion, l’etude du genre et du nombre des substantifs frangais passes en roumain laisse voir plusieurs faits interessants d’ordre grammatical et phonologique. La penetration des termes neologiques pose le probleme de leur integration dans certaines categories morphologiques. Certains substantifs ont (les morphemes du masculir) une terminaison consonantique, quoiqu’ils soient - par leur contenu semantique - feminins, par exemple : madam, madmoazel. Ajoutons que la flexion des neologismes presente elle aussi des fluctuations : madama avec le pluriel madamuri et madame (216) II y a aussi des cas ou les neologismes d’origine frangaise ont regu en roumain une autre structure morphologique, c’est-ă-dire une autre categorie grammaticale que celle qu’ils avaient dans leur langue d’ori- gine. Le grand nombre de tâtonnements exprime, sur le plan linguistique, l’effort des traducteurs pour adopter et pour trouver la forme la plus propre du systeme grammatical roumain ; c’est la lutte entre l’ancien et le nou- veau, ou il est evident que ”â cote des forces novatrices fort naturelles, il esiste des tendances conservatrices, qui ne le sont pas moins” (217). Derives et composes a) Les suffixes 1.0. L’adaptation morphologique des emprunts revet parfois des aspects singuliers. II n’est sans doute pas sans interet d’analyser quelques exemples. On assiste â l’apparition de maints suffixes d’origine fran- gaise. ’’.... comment des suffixes, qui n’ont pas d’existence autonome, peuvent-ils etre l’objet d’un emprunt ? Ils ne se propagent pas tout seuls, mais ils passent d’une langue â 1’autre avec les mots qui en sont affubles et ces mots deviennent alors, quelquefoisj le point de depart d’innovations dans lesquelles le suffixe etranger se trouve greffe sur un radical indi- gene". (218) (216) Certaines formes sont pejoratives = o madamă (oh madame) ou le vocatif MadamoLou le descriptif Madam X; la forme correcte, respectueuse demeu- rant "doamna"(domina - it. donna, esp. dona). (217) L.Kukenheim,Grammaire historique de la langue frangaise,Leyde 1967,p.4 (218) Max Niedermann, L’interpretation des langues,dans "Scientia",vol.83 et 84, serie VI, 1948-1949, p. 21. -110- k signaler que le franqais a fourni au roumain â peu preș vingt suffixes, la plus grande pârtie assez productifs. La plupart de ces suffixes ont penetre du latin en franqais et du franqais en roumain. 2.0. Les suffixes substantivaux sont les plus nombreux. Nous les anslyserons en ordre alphabetique : - age (/_lat. - at icus) est rendu en roumain par -aj , -agiu. Dans les premieres traductions, les formes les plus frequentes sont celles en -aj. : curaj < fr. courage (rarement curagiu), cochilaj < fr. coquillage etc. C’est l’epoque ou les traductions respectent fidelement la prononcia- tion franqaise. Apres 1850, ce suffixe apparaît sous la forme -agiu, oii on peut invoquer l’influence italienne -agio : avantagiu < fr. avantage măritagiu < fr. mariage corsagiu i» it corsage menagiu " ii menage curagiu et n n courage naufragiu " o naufrage coragiu n ii rafinagiu " n raffinage ecleragiu n n eclairage etc, . , mesagiu " " message La forme curagiu au detriment de curaj est recommandee par I. Heliade Rădulescu (219). Finalement c’est la forme franqaise -aj qui s’est imposee confor- mement ă l’esprit de la langue roumaine et qui penetre avec beaucoup de neologismes franqais : acordaj fr. accordage camuflaj fr. camouf1age abataj " abattage dezavantaj IV desavantage aeraj " aerage dozaj îl dosage acroșaj " accrochage etalaj VI etalage ambuteiaj " embouteillage ghidaj VI guidage ambreiaj " embrayage mesaj message ambalaj " emballage miraj îl mirage aliaj " alliage procentaj II pourcentage anturaj ’’ entourage reportaj reportage arbritaj ’’ arbitrage surmenaj 11 surmenage asamblaj " assemblage s orna j II chomage avantaj " avantage 'triaj triage bandaj " bandage voiaj voyage baraj " barrage (219) Ciompec, Sufixul aj dans "Studii si materiale privitoare la formarea cuvintelor în limba româna" (Etudes et materiaux concernant la forma- tion des mots dans la langue romaine) voi. I, Ed. Acad.RSR București, 1959. -111- Rarement on ajoute un -a : fr. plage > r. plaja Les formes en -agiu sont considerees par le Dictionnaire de 1'Academie de Puscariu et celui encyclopedique de Candrea comme vieillies. Cependant, il y a encore quelques mots, comme naufragiu (naufrage), omagiu (hommage), stagiu (stage) etc.., qui proviennent probablement de l’italien et qui ont conserve le suffixe - agiu. - ance ( lat. antia) aboutit en roumain â -anta, -ența, -inta, rarement -enție. Les substantifs franqais en -ance ont â la base la forme du participe present des verbes de la premiere conjugaison : abonder - abondant - abondance, allier - alliant - alliance etc... Les equivalents roumains connaissent plusieurs variantes : a) rarement -inta cule aussi sous les forîîes corespondinta z^fr. correspondance, corespondenție et corespundentie. qui a cir- b) jusqu’â 1850,les formes en -anta : abondanta < abondance, alianța r. asistenție tendance > tendenție, formes rencontrees seulement â cette epoque. 1 - ard fut adopte tel quel : comunard C fr. communard. -e forme -eu Les neologismes franqais termines en -e. furent adoptes sous la fr. bombe r. bombeu,- fr. coupe > r. cupeu,- fr. te >r. teu. _ence ( lat. entia)aboutit â trois variantes en roumain : a) -ința or -inți : aparința fr. apparence, circonferinta r. junețe ou juneta, noblesse > r. nobleță, noblețe, fr. politesse > r. politeță, politețe, ^fr. faiblesse > r. febiețe. b) tantot sous la forme -eață, suffixe herite du latin -itia variante de ities : fr. forteresse > r. fortăreața. Mentionnons que le fr. promesse est traduit par promisiune qui proba- blement vient du latin parce que le mot fr. promission n’est utilise que dans l’expression "Terre de promission”. Un cas interessant est represente par le fr. par dumnezeiță, dumnezeoaie et zeie - aujourd’hui deesse qui a ete traduit zeiță _ette aboutit â -eta : fr. avionette r. avioneta ” banquette ” bancheta ' ’ briquette ’ ’ bricheta ’ ’ charrette ’ ’ șareta fr. etiquette ” fusette ” lunette ” midinette r. eticheta ” fuzeta ” luneta ” midineta -113- fr. motorette r. motoreta ’ ’ navette ' ’ naveta ’ ’ pipette ’ ’ pipeta ” planchette ” planșeta f r. sonnette r. soneta ” soubrette ” subreta ” suffragette sufrageta ” talonnette ” taloneta •eur et teur roum. duroare en ancien roumain (aujourd’hui durere), soit de substantifs derives du participe passe des verbes ; ninge (neiger), nins - ninsoare. De nos jours, le suffixe -or 4 fr. -eur est assez productif ; d’une part : a) pour les noms d’agent : acuzator < fr. accusateur, acordor 4 fr. accordeur, administrator 4 fr. admi- nistrateur, afinor < fr. affineur, ajustor 4 fr. ajusteur, apicultor 4 fr. apiculteur, avicultor 4 fr. aviculteur, colector 4fr. collecteur, construc- tor < fr. constructeur, emailor 4 fr. emailleur, operator 4 fr. operateur, 4 fr. operateur, redactor < fr. redacteur, schior < fr. skieur, sondor 4 fr. sondeur, trior 4 fr. trieur etc... d’autre part : b) pour les Instruments : abductor4 fr. abducteur, aerator 4fr. aerateur, amortizor 4 fr. amortisseur, aspirator 4 fr. aspirateur, atomizor < fr. atomiseur, avertizor 4 fr. aversis- seur, compresor < fr. compresseur, comutator < fr. commutateur, condensor 4 fr. condenseur, contor 4 fr. compteur, clasor 4 fr. classeur, distrugător < fr. destructeur, extinctor r. șanteza (aujourd’hui cîntarea^a), amoureuse > r. amoreza. Sur le meme modele, on a forme un derive du mot dame : dameza. Ensuite -euse a ete rendu par -oare pour les noms d’agent: fr. enqueteuse > r. anchetatoare et par -(i)eza ; Soit pour les Instruments : fr. raboteuse>r. raboteza, remmailleuse>r. remaieza, fr. sondeuse > r. sondeza, ou oza ; batteuse >r. batoză ; Soit pour les noms d’agents : (220) Le fr. transistor r. tranzistor - 115 - brodeuse> r. brodeza, masseuse> r. maseză -trice, feminin de -teur, a comme correspondant en roumain dans les pre- mieres traductions le suffixe -iță : fr. directrice > r. directrița et ensuite directoare. Les derives â l’aide du suffixe -ița ont contribue â la creation de doublets synonymiques pour les noms d’agent : ainsi on atteste en roumain â cote du suffixe -oare, -ița et parfois -eațM. Rappelons qu’en roumain existaient les suffixes -easa ( r. ambasadrița, plus tard ambasadoare ; fr. cantatrice (it. cantatrice) ? r. cantatriță~et ensuite cântăreața ; fr. liberatrice > liberatriță et ensuite liberatoare ; fr. protectrice > r. protectriță, ensuite proiectoare ; fr. spectatrice > r. spectatoare. Ce suffixe (-iță) a ete si productif ă l’epoque, qu’il s’ajoute meme aux derives frangais formes avec un autre suffixe ; par ex. -iere ; ainsi s’explique les formations que nous avons enregistrees dans les tra- ductions, du type : spălătorița (traduisant fr. lavandiere) aujourd’hui spalatoreasa florăriya (qui traduit le fr. bouquetiere) au lieu de florareasa ; laptăriță \fr. laitiere) au lieu de lăptăreasă. Plus encore, les substantifs feminins frangais formes par une pe- riphrase, telle que : femme d’un pretre, ont ete traduits par preotița au lieu de "soția unui preot" ou preoteasă. Tous ces derives en -ița ont ete elimines de la langue roumaine. -iceClat. -iciun (m.) , -itia (f.) aboutit en roumain â : -iciu,-iție, -eță. Les derives ă l’aide du suffixe -iciu appartiennent, dans la plupart des cas, ă la categorie des neutres : artificiu (artifice), edificiu (edifice), sacrificiu (sacrifice), serviciu (service). Toutes ces formes ressemblent â leur etymon latin et â leur correspondant italien (-icio), -izio), l’etymologie multiple est donc evidente. Les autres deux suffixes : -iție, -eța sont specifiques au genre feminin : avariție (avarice), justiție (justice), poliție (police) etc... Fr. avarice a connu aussi la variante avareța - formation par analogie avec nobleță, politeța. Quant au terme poliție, le dictionnaire de la langue roumaine moderne lui attribue une provenance russe. Son etymologie peut etre cherchee tout aussi bien dans le grec politeia ou le latin politia, ou bien l’italien polizia. L’etymologie multiple, une fois de plus, doit etre admise. Les mots capriț ie (caprice)et serviție (service) posent, eux aussi, des problemes d’etymologie. En frangais, ces deux termes sont masculins, en latin (capritium, servitium) et en italien (capricio, servizio) ils sont neutres. -116- L’explication de ces equivalents peut etre cherchee dans l’analogie avec les formes des neologismes venus en roumain par 1’intermediaire du russe ; exemple : armistiție (armistice) ; quant au mot capriciu (caprice), on rencontre : capriție dans les dictionnaires de Poenaru et dans celui de Stamati, caprițiu, capriț dans celui de Negulici. Serviție est une creation isolee. -ier. Ce suffixe a ete transpose en roumain sous la forme -ier : fr. aerostier > r. aerostier, fr. animalier > r. animalier, fr. atelier > r. atelier, fr. cantonnier > r. cantonier, fr. casier >r. cazier, fr. chantier > r. șantier, fr. chiffonnier >r. șifonier, fr. coursier > r. cursier, fr. courrier > r. curier, fr. hotelier > r. hotelier, fr. quartier > r. cartier, etc... cu -iera : ==== fr. sommier >r. somiera. -isation. Les verbes franqais en -iser favorisent l’apparition des deri- ves en -isation. Ce suffixe, assez productif de nos jours, a ete adopte par le roumain sous la forme de -izare : fr. bituminisation > r. bituminizare, fr. centralisation > r. centralizare, fr. democratisation> r. democratizare, fr. nationalisation > r. naționali- zare , fr. utilisation > r. utilizare. - isme et -iste, adoptes sous les formes -ism et -ist, tres productifs, sont devenus des suffixes internationaux. Les exemples sont assez nombreux : r. absolutism < fr. absolutime, r. absolutist < fr. absolutiste, r. abstrac- ționism < fr. abstractionnisme, r. aeromodelism < fr. aeromodelisme, r. aeromodelist < fr. aeromodeliste, r. aboliționism r. contractibilitate,excitabilite > r. excitabilitate, perfectibilite> r. perfectibilitate, respectabilite > r. respectabilitate. ~menț4 lat.-mentum, rendu en roumain par -ment a donne lieu â une quantite de derives formes â partir des verbes : evenement, plus tard la forme correcte eveniment 4 fr. evenement, firmament < firmament, sentiment < sentiment, temperament^ temperament etc... Au debut du XIXe siecle, ce suffixe a connu d’autres variantes qui ne sont pas restees dans le roumain. Le dictionnaire de Stamati (1851) (222) aujourd’hui extremitate (223) avec une variante onestate qui a circule seulement â l’epoque (224) lorgu Iordan, le suffixe roumain (i)tate, dans Melanges Marcel Cohen, Monton, Paris, 1970, p.373. - 118 - atteste une forme roumanisee en -mint : evenemint, simțimint. On enregistre, dans certaines traductions du siecle dernier, une grande frequence des variantes adverbiales transposees sous la forme -mente (225) . esclusivemente ( r. aspersor, et oire sous la forme de -oar : fr. balan- qoire> r. balansoar. •on est adopte tel quel : fr. abandon> r. abandon ; fr. biberon > r. biberon ; fr.canton > r. canton ; fr. dicton > r. dicton ; fr. dragon > r. dragon ; fr. echelon > r. eșalon ; fr. etalon > r. etalon ; fr. echantillon > r. eșantion ; fr. fourgon > r. furgon ; fr. pavilion > r. pavilion ; fr. perron > r. peron ; fr. piston > r. piston ; fr. pyramidon > r. piramidon ; fr. reveillon > r. revelion ; fr. talon > r. talon ; fr. tampon > r. tampon ; fr. tendon > r. tendon ; fr. vaga- bond > r. vagabond ; fr. vison > r. vizon etc... -țion, -ion r. breviar, extraordinaire >estraordinar et plus tard extraordinar, missionnaire > misionar, questionnaire >chestionar, proprietaire> proprietar, solidaire >solidar, solitaire > solitar, sta- tuaire> statuar, temeraire> temerare, tributaire> tributar etc... Parfois, dans les traductions, ces suffixes influences par le cou- rant latiniste, revetent la forme -ariu : necesariu r. iv est frequente : abusiv 4abusif, admirativ 4 admiratif, agresiv < agressif, subversiv 4 subversif, adeziv 4 adhesif, afectiv 4affectif, etc... -ique aboutit dans la transposition des neologismes ă -ic et -ica : aerotehnica 4fr. aerotechnique, acuatic 4 fr. aquatique, acustica 4fr. acous- tique» cuantic 4fr. quantique. - 123 - v~ure a ete transpose en -ura : allura r. archiduca, ensuite arhiduce ” archiduchesse > r. archiducesa ’’ archimillionnairer. arhimilioar, fr. archidiocesainr. arhi- diecezan, fr. archiphoneme>r. arhifonem, fr. archiepiscopal > r. arhie- piscopal etc. . . așțro- se detache comme un element de formation de plus en plus productif”dăns le domaine scientifique : fr. astrophysique r. ” astrolabe ” ” astrolâtrie ” ” astrometrie ” ” astronautique ” astrofizica astrolab astrolatrie astrometrie astronautică etc... - 129 - Un autre element formatif, tres productif est : auto- : fr. autobus r. autobus fr . autocamion ►r. autocamion 11 autocar ii autocar ” automoteur ” automotor (1 autoinduction n autoinductie * autostop ” autostop 11 autosuggestion ii autosugestie autoservice ” autoservire 11 autofecondation ii autofecundare autofourgon ” autofurgon Parmi les mots d’origine grecque qui se sont repandus par 1’intermediaire du frangais, on peut citer : autobiographie > r. autobiografic, autobiographie> autobiografie, autocrate > autocrat, autocrație> autocrație, autodidacte > autodidact, autographe autograf etc... audio-, qui s’est detache et forme des mots nouveaux : fr. audiometre > r. audiometru, fr. audiometrique > r. audiometric, fr. audiofrequence >r. audiofrecventa, fr. audiogramme > r. audiograma etc... avanț- est adopte par le roumain sous la forme avan- : fr. avant-garde > r. avangarda, fr. avant-port > r. avanport, fr. avant-pre- miere > r. avanpremiera, fr. avant-scene > r. avanscena, fr. avant-train r. avantren, fr. avant-poste >r. avanpost, etc... Cependant dans le mot avantbec contradant (fr. contredanse vient de l’an- glais country dance). fr. contre-accusation ” contre-balancer ” contrecarrer ” contrefaire ” contre-expertise ” contretorpilleur ” contrevenir ” contreprojet r. contracuzație ” a contra balansa ” a contracara ” a contraface ” contraexpertiza ” contratorpilor ” a contraveni ” contraproiect - 130 - fr. contredire r . a contrazice etc. .. (235) co- ( r. combate fr. compassion > r. compasiune ’ ’ complaire ’ ’ complăcea ’ ’ comporter ’ ’ comporta ’ ’ compromettre ' ’ compromite * ’ commu^er ’ ’ comuta ” complaisance ” compIaciune ensuite complezenta ” compositeur ” compositeur ensuite compozitor de-et ses derives (des lat . di ș) punt connu deux variantes : de et des ; dans les premieres traductions, il est transpose gauchement par des-: fr. degenere > r. desgenerat (aujourd’hui degenerat), fr. decolorer > r. des- colora (aujourd’hui decolora), fr. defavorable > r. desfavorablu (aujourd’hui defavorabil), fr. detrone > r. destronat (aujourd’hui detronat), fr. dena- turer > r. desnaturaf aujourd’hui denatura)}fr. dedoubler > r. desdoiește, (aujourd ’hui dedubla) . (235) Ajoutons les termes roumains formes sur le modele frangais contre + substantif enregistres dans nos dictionnaires : contraamiral (contre-amiral), contrabas (contrebasse), contracurent (contre-courant) , contrafort (contrefort) , contraindicase (contre- indication), contramaistru (contremaître), contramarca (contremarque), contraordin (contre-ordre), contrapantă (contre-pente), contraplacaj (contre-placage), contrareforma (contre-reforme), contrarevoluție (contra-revolution), contraspionaj (contre-espionnage), contravaloare (contrevaleur), contravenient (contrevenant), contravizita (contre- visite) etc... - 131 - Cependant il y a des neologismes qui adoptent la forme des- dez- devant les voyelles et les consonnes sonores : fr. desespoir > r. desperanț^ aujourd’hui desperare ; fr. decomposition > r. descompoziție aujourd’hui decompunere ; fr. dequalifier > r. (a) descalifi- ca ; fr. decentrer )> r. (a) descentra; fr. decentraliser> r.(a) descentrali- za ; fr. dechiffrer > r. (a) descifra ; decompletterX ca) descompleta ; deconsideration> r. desconsideratie ; fr. decourager > r. (a) descuraja etc.. Avec la forme dez- : fr. desaccord > r. dezacord ; fr. desaccorder > r. (a) dezacorda ; fr. desa- greable > r. dezagreabil ; fr. desagreger > r. (a) dezagrega ; fr. desagre- ment > r. dezagrement ; fr. desapprouver r. (a) dezaproba ; fr. desarmer > r. (a) dezarma ; fr. desarticuler > r. (a) dezarticula ; fr. desavantage > r. dezavantaj ; fr. desequilibre > r. dezechilibru ; fr. deshonorer >r. (a) dezo- nora (â l’epoque on a enregistre descinstita qui traduisait fr. deshonoree, ensuite circule la forme necinstită) ; fr. desorienter> r. (a) dezorienta ; fr. demembrement > r. dezmembrare (â l’epoque nous avons enregistre la forme desmădulire). La forme la plus frequente est de- : fr. decolorant > r. decolorant ; fr. declasser >r. (a) declasa ; decalcifier > r. (a) decalcifia ; defertiliser> r. (a) defertiliza ; defiler> r. (a) defi- la ; delaisser> r. (a) delasa ; devaliser > r. (a) devaliza ; devaloriser r. (a) devaloriza ; denicotiniser >r. (a) denicotihiza ; degivrer >r. (a) degivra ; defricherr. (a) defrișa. em^, en- ( r. (a) amplasa ; fr. emplacement > r. amplasa ; fr. en- traîner > r. (a) antrena ; fr. endosser >r. (a) andosa ; fr. encrasser >r. (a) ancrasa ; fr. encablure >r. ancablura ; fr. encadrement >r. ancadra- ment. ențre-f r. antreprenor entretoise antretoaza entreprenant ” 'întreprinzător entrevoir ” (a)întrevedea entreprise ” întreprindere im- a ete transpose soit sous la forme ne- : fr. impoli > r. nepoli- ticos ; imparfait> nedesâvirșit ensuite imperfect ; imprudent>r. neînte- lept ensuite imprudent, soit, par la suite, dans la plupart des cas}sous la meme forme : - 132 - fr. impur ” immobile ” immemorial ” immortaliser " impraticable r. impur ’’ imobil ” imemorial ” (a)imortaliza " impra icabil fr. imbattable >r. " immixtion ” " impatienter ” ” imprevisible " etc... imbatabil imixtiune (a)impacienta (a)imprevizibil in-(lat. in) a connu le meme destin ; au debut il a ete parfois transpose sous la forme ne- : insoluble > r. nesolubil, ensuite insolubil ; incorruptible >r. incorupti- bil et necoruptibil ; insurmontable > r. necurmatoriu ensuite de netrecut nedispozare ensuite indisposition> r. indispoziție. Ne- entre en concurrence avec in- qui gagne du terrain : fr. inuțilisable > r. inutilizabil â cote de neutilizabil ; fr. inevitable> r. inevitabil ; fr. inpraticable > r. inpracticabil ; fr. inattaquable > r. inatacabil ; fr. inimaginable r. inimaginabil ; fr. incalculabler. nesocotit ensuite incalculabil ; fr. inhumain > r. neomeniți ensuite inuman ; fr. incolore > r. necolore ensuite incolor ; fr. inodore > r. nemirositor ensuite inodor ; inviolable > r. nesiluita ensuite inviolabil ; fr. inacceptable > r. inacceptabil ; fr. inactivite >r. inactivitate ; fr. inimaginable>r. inimaginabil fr. inalterable > r. inalterabil ; fr. incomprehensible >r. incomprehensibil ; fr. inelegance > r. ineleganta ; f r. inexplorable > r. inexplorabil ; fr. encaissabler. incasabil, etc... inter- est un autre element de composition qui a forme un bon nombre de substantifs et adjectifs : fr. interlocuteur> r. interlocutor ; fr. intertype >r. intertip ; fr. inter- connexion > r. interconexiune ; fr. intercostal> r. intercostal ; fr. inter- astral> r. interastrai ; fr. interdepartamental> r. interdepartamental ; fr. interplanetaire> r. interplanetar etc... mini- (236) - On connait le succes rapide et la faveur dont il jouit ; il a pris en peu de temps le statut d’un adjectif invariable qui peut remplacer petit devant n’importe quel substantif. z Element formatif nouveau, il a fait une belle carriere ; il manifeste deja des signes de lexicalisation. Issu du vocabulaire de la publicite, mini- fait tâche d’huile et se repand un peu partouV • (236) Voire larticle de Florica Di^itrescu, Observați (Observations sur mini) dans Studii si materiale privitoare la formarea cuvintelor în limba româna, voi. VI, Ed. Acad. RSR, București, 1972, p. 137. - 133 - mini-jupe r. minijupa ou mini-jupe ou minifusta ; mini-emission >r. minie- misiune ; miny^rigade >r. minibrigadă ; mini-vehicule> r. mini-vehicul ; mini-hotel> r. minihotel etc... II y a une concurrence entre mini et micro. Si l’on voit cir cuier microclub pourquoi pas miniclub et â cote de microreportaj, pourquoi pas mini reportaj , de micro-gravură^ - mini-gravura etc. . . latin per) garde la meme forme * fr. parcourir > r. parcura, ensuite (a)parcurge ; fr. parvenir > r.(a) parveni ,fr parcours ^r. parcurs ; pardessus >r. pardesiu ; parfumer > r. (a)parfuma etc... Un autre element de composition tres productif est radio- Les textes, surtout techniques, abondent en neologismes fran- qais formes de radio + un autre terme : radioactiv (radio-actif), radioactivitate (radioactivite), radioamplificare (radioamplification), radioaterizare (radioatterrissage), radiocomunicatie (radiocommunication), radioconductor (radioconducteur), radiodifuziune (ra- diodiffusion), radioelectric (radio-electrique), radioelement (radioele- ment), radioemisiune (radioemission), radioemițator (radio-emetteur), radio- far (radiophare), radiograma (radiogramme), radiofonie (radiophonie), radio- metru (radiometre), radiorecepție (radioreception), radiotelegrafie (radio- telegraphie), radiotelegrama (radiotelegramme), etc... re- (re^X^lat. re) element de composition qui exprime l’aspect ite- ratif du verbe respectif, sert â former des verbes ou des substantifs : a) verbes : fr. reorganiser > r. (a)reorganiza ; reabonner r. (a)reabona ; reactiver ;> r. (a)reactiva ; rehabiliter >r. (a)reabilita ; rebobiner r. (a)rebobi- na ; recalculer> r. (a)recalcula ; fr. reclasser > r. (a)reclasa ; reconfor- ter >r. (a)reconforta ; reimprimer r. (a)reimprima, etc... Mentionnons que dans les premieres traductions on rencontre des formes du type : fr. renaître - r. a se naște din nou (naître de nouveau), fr. retrouver - r. a găsi din nou (trouver de nouveau), fr. reproduire - r. "apoi iarasi din nou sa-d aducă” (l’amener de nouveau). Les formes correctes sont : (a)renaște, (a)regăsi, (a)repro- duce . b) substantifs : fr. reactif > r. reactiv, fr. recomposition >r truction > r. reconstrucție, > r. regenerator. fr. redresseur >r. . recompoziție, fr. recons- redresor, fr. regenerateur - 134 - Re (237) connaît deux regimes : avant 1850 la plupart des derives sont rendus par une periphrase, comme nous venons de l’indiquer deja, ou â l’aide de 1’adverbe iar (de nouveau) ou din nou. Apres 1850, ces prefixes, extremement nombreux, copient le modele frangais : fr. reconnaître > r. recunojtiința, plus tard recunoaște, fr. retirer > r. retrage etc... Element de composition tres productif, il apparaît dans de nombreux calques formes sur le modele frangais. re- apparaît encore dans d’autres neologismes comme : refrigeration )r. refrigerație, reformisme > r. reformism, fr. remanier > (a)remania, fr. reprocher >r. (a)reproșa, fr. ressentiment > r. resentiment, fr. requisitionner> r. (a)rechiziționa^1 fr. recidive^ r. recidiva, fr. re- foulerr. (a)refula etc. .. 3 sous- est adopte par le rnumain sous la forme sub : fr. sous-chef >r. subșef ; sous-alimentationr. subalimentare ; sous-com- mission >r. subcomisie ; sous-directeur > r. subdirector ; sous-titre > r. subtitlu ; fr. souslieutenant > r. sublocotenent ; fr. sousestimer >r. subes- tima etc... Rarement sous la forme sus-fr. soustraire>r. sustrage. șur-( r. surmenaj ; fr. surprendre >r. (a)surprinde ; fr. surex- citer >r. (a) surescita, etc... ou sous la forme supra : fr. surnaturel> r. supranatural, surcharge > r. supraîncărcat, surcharge supra.sarcina , sursaturation > r. suprasaturație, fr. surnommer a donne en roumain (a)surnumi et ensuite (a)supranumi. șuper-( superciment ; superfin > super- fin ; supersonique > r. supersonic etc... Rarement il est rendu par supra : fr. sttperposer > r. (a)suprapune ; superproduction > r. supraproducție ; super- structure r. suprastructura. De tous les elements analyses, on constate que a- (â sens privatif), anti- etc... sont des prefixes d’origine grecque ; co- (con-, corn-) contra-, de (des) , in- (rendu par ne ou par in-) inter-, par-, re-, super, d’origine latine, sont devenus des prefixes internationaux. (237) On enregistre des traductions erronnees comme dans le cas de : se rejouir r. a se rebucura au lieu de a se bucura. - 135 - On peut ajouter des formations du type : fr. extrafinr. extrafin ; fr. hypersensible )>r. hipersensibil ; fr. ultra-chic >r. ultra- șic ; fr. ultramoderne >r. ultramodern etc... ou les prefixes intensifs : extra-, hyper-, ultra-,qui expriment un haut degre, sont tres employes dans le langage publicitaire Le verbe 1.1 En parlant de la categorie verbale, Meyer-Liibke (238) affirme que le roumain a conserve, avec plus de fidelite que les autres langues romanes, les formes verbales latines et il garde des formes bien distinctes pour chaque personne verbale. Mentionnons qu’en franqais la conjugaison se fait au moyen des predeterminants ou pronoms (je, tu, il, etc...). En roumain, la conjugaison se fait seulement par la flexion (c’est la desi- dence qui indique la personne). "Une tendance differenciatrice existe en roumain depuis longtemps, la morphologie de cette langue ayant le souci de bien distinguer entre elles les personnes d’un meme verbe" (239). 1.2. Le franqais apporte quelques contributions â la trans- formation et ă 1'enrichissement du systeme verbal roumain. Limitons-nous ă un seul exemple, avant d’exposer la situa- tion qui a existe au debut du XIXe siecle, dans le systeme verbal telle qu’elle se reflete dans les traductions er les oeuvres originales de cette epoque. Le suffixe -iser,qui a cree un nombre considerable de verbes nou- veaux en franqais, a influence beaucoup la creation des verbes roumains correspondants : fr. alcaliser \ ► r. (a). alcaliza it actualiser ti II actualiza n analyser ii II analiza ti alphabetiser - 11 alfabet!za ti automatiser H n automatiza ti brutaliser ii 11 brutaliza ti canaliser ti n canaliza it carboniser n ti carboniza ti centraliser 11 ii centraliza it colonialiser ti ii colonializa ii cristaliser ti ii cristaliza fr. finaliser \ > r. (âl finaliza ii griser ii 11 griza ii idealiser ii 11 idealiza ii moderniser n 11 moderniza ti monopoliser ii II monopoliza ii nasaliser ii II nazaliza ti nationaliser ii 11 naționaliza n pasteuriser ii II pasteuriza ti radiodiffuser ii 11 radiodifuza it revolutionner ti 11 revoluționa ii scandaliser n 11 scandaliza (238) Grammaire des langues romanes, t. II, Morphologie, Paris, 1895 p. 179. (239) Alf.. Lombard, Un phenomene de morphologie roumaine, dans "Melanges de linguistique et de litterature romanes offerts â Mario Roques, tome III, Paris, 1952, p.109. - 136 - fr. s'exercer) r. (a) se exsersi aujourd’hui (a)se exersa ” cultiver ” ” cultivi ” ” cultiva ” repeter ” ” repetui " ” repeta V communiquer ” comuni ” ” comunica (242) etc.... Plus tard, dans les textes traduits apres 1850, on rencontre quelques rares exemples des formes adoptees d’une maniere erronee, du type : fr. favoriser > r. (a) favori ; fr. offenser >r. (a) ofende ; fr. preferer > r. (a) preferi ; fr. posseder >r. (a) posede ; fr. resister ^r. (a) resis- ste, etc... La plupart des verbes sont transposes correctement et ces formes se sont maintenues jusqu’â nos jours : fr. aborder > r. (a) aborda fr. distribuer / >r. (a) distribui II adnlirer " ii admira ii distinguer ii II distinge II abuser ’’ n abuza ti engager ii II angaj a II adopter ” ii adopta ii exciter ii II excita (243) II alterer ” ti altera ti flatter ii II flata II amuser ’’ ii amuza ii humilier ti II umili (244) II assister ” ii asista ti imaginer ii II imagina II attaquer ’’ ii ataca it naviguer ii II naviga II considerer ii considera ii negliger ii II neglija II calomnier ’’ ii calomnia ii orner ii II orna II commander ’’ ii commanda ii palpiter ii II palpita II contrarier ii contraria ii preceder ii preceda 11 contribuer ’’ ii contribui ii raisonner ii rezona ensuite raționa II decourager ’’ ti descuraj a ii recompenser n recompensa etc... Les exemples sont innombrables. (242) Les formes en -ui s’emploient suftout dans les textes traduits en Mol- davie ; en Valachie, ce sont les formes en -a qui predominent. Cette situation confirme 1'affirmation de I.Iordan : en Moldavie, en ce qui concerne les verbes, il y a une tendance pour la IVe conjugaison et en Valachie pour la premiere (Forme de conjugare mixta în limba romana Formes de conjugaison mixte dans la langue roumaine- dans Buletinul Insti- tutului de filologie româna,"Alexandru Philippide”, II, 1935, p. 51^. (243) Avânt 1850, ce verbe a circule sous la forme (a) escita. (244) Dans certaines traductions, nous avons rencontre la forme (a)umilia (disparue). - 138 - fr. desolidariser r. (a) desolidariza fr. uniformiser r. (a)unformiza familiariser ” ” familiariza utiliser ” ” utiliza etc... Le suffixe -iser, dans la plupart des cas, a ete adopte sous la forme -iza. Pourtant, on connaît aussi certaines variantes : fr. reviser a ete traduit dans les premieres traductions par (a) reviza, la forme actuelle etant (a) revizui. Ce suffixe est si bien ancre dans le roumain que l’on ajoute â des neologismes frangais qui ne l’ont pas; ainsi : fr. caricaturer >r. (a) caricaturiza ; fr. regir >r. (a) regiza, etc... 1,3. Signalons le suffixe -(i)fier qui est transpose sous la forme -(i)fica ou -(i)fia : fr. bonifier > r. (a) bonifica ; calcifier> r. (a) calcifica ; atrophier > r. (a) atrofia ; caligraphier J>r. (a) caligrafia ; solidifier >r. (a) soli- difica ; intensifier r. (a) intensifica ; diversifier r. (a) diversifica etc... 1,4. En frangais, tout comme dans les autres langues romanes, la premiere conjugaison est la plus riche des classes verbales. En roumain, j’usqu’â 1830-1840, c’etait la quatrieme conjugaison qui etait la plus riche, tant au point de vue numerique que sous le point de vue de la pro- ductivite (240). Au debut du XIXe siecle (241), on constate dans les traduc- tions du franqais la tendance â inclure â la quatrieme conjugaison tous les verbes franqais du premier groupe qui finissent en -er. Ainsi : fr. simplifier > r. (a)simplificui auj ourd’hui (a)simplifica ” appliquer n ” aplicui ii ” aplica ” decourager ii ’’ descuragii ii ” descuraja ” insinuer ii ” insinui ii ” insinua ” recommander ii ” recomendui ii ” recomanda ” respecter ii ” respectul ii ’’ respecta ” embaumer ii ’’ ^mbalsămi ii ” 'îmbălsăma (240) Ursu,D., încadrarea morfologica a verbelor neologice în limba români din perioda (1760-1860) (L’integration morphologique des verbes neo- logiques dans la langue roumaine dans la periode 1760-1860), dans ”Limba româna/ XIV, 1965, n° 3, p. 371. (241) Nous n’insistons pas sur les adaptations erronees du type : (a)desmo- raliza (demoraliser), (a)influa (influencer), (a)protecta (proteger). r. (a) accentua decoder r. (a)decoda ti accumuler " " acumula decouper " " decupa ti actionner " " acționa — adiționa > admira deformer " "deforma ti additionner " deconecter " deconecta n admirer " declasser " " declasa tt adorer " adora emballer " " embala n afficher " afișa emotionner" " emoționa n affronter " afronta enqueter " " ancheta ti abjurer " abjura examiner " " examina ti ambitionner " ambiționa exister " " exista ti agacer " agasa -fauf iler " " fofila ti agglomerer " aglomera flatter " " flata n contre-indiquer contraindica ovationner " ovaționa ii contrebalancer contrabalansa proliferer " prolifera ii conserver " conserva etc... ii declancher " declanșa *— Pour certains verbes du type suivant : ofende, favorie etc... on remarque qu’ils prennent un aspect latin ou italien, etant donne qu’ils sont englobes, contrairement aux verbes frangais, (offenser, favoriser etc...) â la troisieme ou ă la quatrieme conjugaison. L. Galdi affirme que "la voie des premiers verbes neologiques frangais introduits en roumain par la domination phanariote a ete preparee par 1’italien" (245). Si au debut , l’influence italienne est indeniable, plus tard, l’influence frangaise s’averera plus puissante et les verbes : (a) favori, (a) ofende, (a) preferi, (a) resiste etc... sont passes tous ă la premiere conjugaison en imitant le modele frangais : (a) favoriza, (a) ofensa, (a) prefera, (a) rezista etc... A souligner, une fois de plus, que grâce â l’influence fran- gaise, la premiere conjugaison des verbes roumains est devenue plus riche que la quatrieme, fait qui la rapproche de plus en plus des autres langues romanes. (245) Les premiers verbes d’origine frangaise dans la langue roumaine,dans Zeitschrift fur franzosische Sprache une Literatur, LXIII, p. 176. - 139 - 1,7. Pour les verbes de la seconde categorie, on peut faire certaines remarques. Ainsi pour les verbes : (a) abuza, (a) angaja, (a) flata, (a) negiija qui ne sont pas mentionnes par les dictionnaires de l’epoque, on peut supposer que ces formes enregistrees sont les premieres attestations dans la langue roumaine, â savoir țe debut du XIXe siecle. Le verbe esista, aujourd’hui (a) exista, ne peut etre qu’un emprunt au frangais - exister - parce que l’equivalent latin est existere et celui italien esistere de la troisieme conjugaison. 1,8. La langue roumaine se familiarise â tel point avec la premiere conjugaison, qu’â partir de 1850 on observe des cas ou meme les verbes frangais appartenant â d’autres conjugaisons, passent en roumain â la pre- miere ; c’est le cas de : (a) aplana fr. aplanir ; (a) ameriza r. (a) fini, fr. reussir > r. (a) reuși ; fr. reunir >r. (a) reuni ; fr. servir ^r. (a) servi ; fr. unir Zr. (a) uni etc. . . 1,11. Tous ces verbes figurent â present dans tous les dictionnaires et s’emploient couramment â tous les niveaux de la langue. L’explication est facile â donner : ces neologismes peuvent exprimer des idees nouvelles pour lesquelles il n’y avait pas d’equivalents en roumain ; ils viennent donc remplir des lacunes ainsi : (a) abuza (abuser) ; (a) aclama (acclamer) ; (a) achita (acquitter) ; (a.) acapara (accaparer.; (a) asista (assister) ; (a) contempla (contempler) ; (a) declara (declarer) ; (a) excela (exceller) ; (a) imita (imiter) ; (a) instrui (instruire) ; etc... En meme temps, certains verbes ont enrichi le fonds lexical de la langue roumaine comme des synonymes des mots deja existant mais ap- portant des nuances semantiques et stylistiques nouvelles : (a) adopta (adopter) â cote de (a) primi (recevoirJ ” comanda (commander) ” ” porunci (ordonner) - 140 - (a) explica (expliquer) â ” imagina (imaginer) ” orna (orner) ” prepara (preparer) ” recepționa (receptionner) ” soluționa (solutionner) cote de (a) lacuri (faire comprendre) ” ” închipui (inventer,conce- voir) " ” împodobi (parer) ” ” pregăti (preparer) ” ” primi (recevoir) ” ” rezolva (resoudre) Toutes ces nuances nouvellement introduites enrichissent les possibilites stylistiques de la langue roumaine litteraire moderne,. 2JD. Au point de vue phonetique, on observe souvent dans les premie- res adaptations des conjugaisons des verbes, la diphtongaison de o^ accentue devant -a ou e^, en oa, et de £ devant a en ea : fr. aborde - r.-aboardă aujourd’hui aborda ii accorde -acoarda ii acorda ii conserve h -consearva ii conserva ii console |; -consoală ii consolează ii desapprouve i, -deaproaba ti dezaproba ii deshonore » -desonoară it dezonorează ii disolve i/ -disoalvă ii dizolvă ii observe -obsearva ii observă L* alternance o acc.> oa est due â une diphtongaison condition- nee (elevânt a, a, e^.Par exemple : rog passe dans la flexion â roaga" scol ” ” â scoală scot ” ” â scoate torn ” ” â to?arna Cette situation qui a gagne du terrain au debut du XIXe siecle s’est etendue par analogie â des verbes neologiques. Cependant, cette diph- tongaison appliquee â certains neologismes frangais ne correspond pas aux formes prescrites par 1'Academie. Elle ne se justifie pas phonetiquement. C’est la raison pour laquelle les formes refaites actuellement, seules acceptees, sont : acord, dizolva, acorda etc... Pour comprendre cette diphtongaison, il faut tenir compte de la subsistance dans la morphologie roumaine de differents types d’alter- nances. - 141 - 2.1. Quant aux desinences verbales, on constate d’autres oscillations au debut du XIXe siecle. Parfois, on ajoute aux neologismes frangais, les terminaisons des verbes d’origine grecque : accompagner passe ă acompaniarisi (1839) et en 1862 â (a) acompania (246), forme qui est maintenue aujourd’hui : fr. en les publiant est traduit par publicarisindu-le au lieu de publicîndu-le ; fr. pretend est traduit par pretenderisește, aujourd’hui pretinde. D’autres fois, et surtout aux infinitifs en a., on ajoute la -eaz£ qui alourdit inutilement la conjugaison : desinence ez, fr. assiste est rendu par asistez au lieu de asist qui circule aujourd’hui n commande tt cornândez n comand ii tt compromet tt compromiteaza (247)” compromite ii n expose tt expozeaza tt expune ii 11 importe tt importeazM ti importa it H incline ti înclinez ii înclin tt observe tt observez ii observ ft prefere tt preferez ti prefer tt respectez tt respecteaza H respectati Ces formes en -ez trahissent l’hesitation de leur integration dans le systeme grammatical roumain. On trouve parfois des formes comme : aborda au lieu de abor- dează en copiant le modele franqais aborde. 2^. On remarque un detail assez interessant concernant la desin- nence -ez ; les formes simples des verbes adoptent -ez dans leur conjugai- son, tandis que les formes prefixees se conjuguent sans -ez : fumez (fume) par rapport ă afum (enfumer) marchez (mar que) »• remarc (remarque) maschez (masque) ti demasc (demasque) testez (teste) ii atest (atteste), contest (conteste) ... (246) Mario Roques, Le vocabulaire roumain de J .A.Vaillant, artiele publie dans ”Corvorbiri literare”, juin 1931, p. 484-491. (247) Rappelons qu’ă l’epoque le verbe a circule sous la forme (a) compro- mită. - 142 - Cette double construction semble etre employee afin d’eviter l’homonymie avec son equivalent nominal : verbe : fumez (fume) - subst.: fum (fumee) ” marcheaza (marque) - subst.: marca (marque) " mascheaza (masque) - " masca (masque} ” raportez (rapporte) ” raport (rapport) etc... Parfois on cree des doublets ă sens differents : acordez (accorde - un instrument musical) et acord (accorde une faveur). (248). 3.0. En analysant la categorie verbale, nous estimons necessaire de rappeler un autre aspect lie, d’une part, de l’influence du franqais, d’autre part, du verbe : il s’agit de l’usage excessif des adjectifs formes d’un participe present. On considere que c’est I. Heliade Rădulescu qui les a employes pour la premiere fois ; par lâ ensuite, ces formes connaissent une grande diffusion chez les autres ecrivains de l’epoque comme D. Bolintineanu, V. Alecsandri, M. Kogalniceanu, pour terminer avec le grand poete roumain Mihail Eminescu, dont les poesies de jeunesse foisonnent d’epithetes de ce type-lâ. Limitons-nous ă quelques exemples : ”Pe cîmp se vad doua ființe ușoare Saltînde pe cal ...” (D. Bolintineanu, 0 călărire în zori -(une cheuvochee â l’aube). (On aperqoit deux etres legers, Dansant dans le rythme du cheval). "Contra inimii sale murinde, sufletul vor sa-i sugrume" (M.Eminescu (249) - înger si Demon - Ange et Demon) (Contre son coeur mourant, ils veulent etrangler son âme) "Stele galben tremurînde misca-n negurele sure" (M. Eminescu, Calin Nebunul - cSlin le Fou) (De jaunes etoiles tremblotant se meuvent dans les brumes grises) " Lumina murinda ... (C. Negruzii, Păcatele tinerețelor - Les peches de la jeunesse - p. 16 (Lumiere mourante ...) "0 mina tremurîndă ... (idem, p. 26) (une main tremblante) "... expresie ridenta" (CAS, p. 30) (une expression riante) (248) Alex. Graur, Tendințe ..." (Tendance ...) p. 244 (249) Le plus grand poete național dont l’oeuvre synthetise et exprime le genie createur du peuple roumain.Par le contenu et la st^ucture de sa lyrique, il se situe au rang dejplus representatifs poetes roman- tiques de la litterature universelle. Dans ses poesies ou il evoque L'amour, le paysan roumain, le passe historique, il exprime une vi- goureuse attitude patriotique et sociale. - 143 - ”nascfnda noastră scena ...” (notre scene naissante) (M. Kogalniceanu, Prefață’ la 0 repetiție moldoveneasca.- preface â une repetition moldave). Ce sont des participes presents traites comme des adjectifs et donc accordes en genre, nombre, cas. Si dans les oeuvres originales, ces adjectifs apparaissent chez I.H.Rădulescu, dans les traductions du frangais nous les avons enre- gistres avant cette date. De plus, la grande frequence de ces adjectifs dans les textes traduits, demontre que leur penetration dans la langue rou- maine a ete favorisee par l’influence du frangais qui s’exerce puissam- ment, au debut du XIXe siecle. XI. II y a des chercheurs qui soutiennent aussi l’influence de l’i- talien. Etant donne que ces formes se rencontrent tout d’abord dans les traductions du frangais, nous croyons que c’est le frangais qui a favorise leur apparition. Ces constructions ont laisse encore des traces dans la langue. On peut lire encore aujourd’hui : crescînd et crescînda (crois- sant), nivel crescînd (niveau croissant), ordine crescînda, suferind et suferinda (souffrant), femeie suferinda (femme souffrânte) etc... 3,2. Dans les traductions, l’adaptation de ces mots cree des diffi- cultes aux traducteurs. Pourtant, toutes ces equivalences expriment leurs efforts pour adapter les neologismes frangais. Meme si ces formes n’ont circule que dans la premiere moitie du XIXe siecle, nous estimons neces- saire de donner plusieurs exemples qui marquent leur grande diffusion â l’epoque. En voila quelques-uns tires soit des traductions du debut du XIXe siecle, soit des textes originaux de la meme epoque : dechiaratii ardente (declarations ardentes) bătaie arzînda a soarelui (la chaleur brulante du soleil) ac f i a ocsidanta (l’action oxidante) influente hydrogenante sau oxigenante (des influences hydrogenantes et oxigenantes) se vedea pe fața sa murinte (peintes sur son visage mourant) poetul murind (le poete mourant) femei murinde (des femmes mourantes) omu murind (homme mourant) toata ființa gemînda (toute chair gemissante) urechile atîrnînde (les orei1les pendantes) gușa atîrnînda (le fanon pendant) apa clocotinda (l’eau bouillante) virtutea suferințe întinerește (la vertu souffrânte attendrit) - 144 - cetate nascinte (viile naissante) stare nascînda (etat naissant) virtute renascînda (vertu renaissante) cetate plutinte (viile flottante) frunza tremurînda (feuille tremblante) scrisori patiminte (lettres passionnantes) rămaseră tremurînti (ils demeurent tremblants) norii rătacinzi (les nuages errants) undele muginde (les vagues ecumantes) sa o aduca într-un stat de felicitate totdeauna florinte (pour la rendre â jamais florissante).etc... II y a dans tous ces exemples des tentatives d’adaptation phonetique de la pârtie finale du mot ; la plupart de ces formes n’ont pas ete acceptees par la langue. Cette affluence de participes adjectivaux dans les traduc- tions explique la grande richesse des epithetes de ce genre dans les oeu- vres originales. Ainsi chez I.Heliade Radulescu (250) : undele-i munginde (ses ondes mugissant) apele lui dorminde (ses eaux dormantes) toata ființa lui gemînda (tout son etre gemissânt) jelinda mea cîntare (ma plaintive chanson) simtinde lire de strună (les sensibles cordes de la lyre) etc... Chez Bolitineanu : vise surînde (reves souriants), viată fuginda (vie fuyante), arzîndu-i sîn (son sein brulant), cea mai rîzînda (la plus riante) .... Chez M.Eminescu : turbarea lui fuginda (sa rage fuyante), rîzîndu-tău delir (ton delire riant), vibrînda jale (douleur vibrante), cînturi răsundînde (chansons resonnantes), fata mea palinda (mon visage pale), pe lumea cee dorminda (monde dormant), le aduna sîngerînde (les ramassa saignantes) etc... Ces participes ont, en general, une frequence assez grande. Ce sont des verbes qui evoquent des etats d’âme, d’action, de mouvement. (250) Ces formes ont ete recommandees par Heliade Radulescu (cf. Opere (Oeuvres) ed. D.Popovici, Fundația pt. literatură si arta, București 1965, voi. II, p. 211. - 145 - 3.3. On peut conclure que l’apparition des gerondifs ă valeur adjec- tivale en roumain, a son origine dans les traductions du franqais. A men- tionner egalement que ce type d’epithete a connu un grand epanouissement dans la poesie roumaine du XIXe siecle. Au debut du XIXe siecle, ce procede est frequent ; souvent un participe passe ou un adjectif qualificatif du franqais sont traduits par un gerondif. II y a parfois des "innovations” qui nous font rire au- jourd’hui. "subt influențe hydrogenante sau oxigenante" (PFHM,II,3) (sous des influences hydrogenantes ou oxygenantes) "doua inimi flacărînde cu aceasta inscripție caracterisindă într-o închisoare" (HZCS, 28) (deux coeurs enflammes avec cette inscription caracteristique dans une prison) "sub influența simultanata"(PFHM, II, 30) (sous l’influence simultanee) "hîrtie oleiata" (papier huile (EIIA, 125 etc... Ou des participes passes, adoptes au hasard : corpi mărunțați (PFHM, 11,29) - des corps divises Dans ce cas, jusqu’â la penetration du neologisme divizatffr. divise), on a utilise le terme mărunți derive de mărunt (petit, minuscule). Une autre formation curieuse est celle de 1’adjectif florinți : "încununate cu florinți tei" (FTPM,8) - bordes de tilleuls fleuris, â la place de înflorit qui s’emploie aujourd’hui. Ces formes qui ont circule sporadiquement dans tres peu de tra- ductions ont dispăru des le sicele dernier. En ce qui concerne la categorie verbale on constate : - la penetration dlun grand nombre de verbes dans le vocabulaire roumain ; - le passage d’une conjugaison â une autre, comme par exemple : a coincidă au lieu de a coincide ; a compromită au lieu de a compromite ; a corespondui au lieu de a corespunde ; a posede au lieu de a poseda ; a preferi au lieu de a prefera, etc... - 1’enrichissement de la categorie des verbes de la premiere conju- gaison au detriment de celle de la quatrieme ; - la frequence excessive des adjectifs formes d’un participe verbal. - 146 - Le pronom 4. Dans la categorie du pronom, tres peu d’aspects attirent notre attention. La plupart des constructions qui ont imite plus ou moins fidele- ment leurs equivalents frangais sont cantonnees ă l’epoque des premieres traductions. Parmi ces aspects, on signale : a) le pronom indefini on Dans les differentes traductions du a ete rendu soit par ; altii, neștine (252), unii, nimeni et cineva, surtout au debut du XIXe siecle, voix reflexive. Par exemple : siecle dernier on (251) fiecare, oricine, toți, soit par le verbe ă la "Poate ca alții te vor fi închipuind si mai frumoasa" (JRNE, p. 4) “Je consens qu’on vous puisse ima- giner plus belle encore". "iubește neștine pe copii ascultători" (DFRC; p. 3^). "fiecare cercetează cu o mirare tris- tă soarta orașului" (MMDC, p. 195) "poate ca unii vor fi supărati fără nici un folos” (MLHN, 30) "toți aplaudă" (CANH, 30) "On aime les enfants dociles" "On cherche avec une curiosite triste la destinee de la viile". "On sera peut-etre indigne sans fruit". "On applaudit". "chiar de eram mai lepadați oameni "quand nous aurions ete les dernieres din lume totuși nime nu ne- ar fi tră personnes du monde on ne pourrait dat mai rău decît dînsele" (MPIG, p. 2). nous faire pis qu’elles ont fait". "cînd aude cineva aceasta limbă' (HZCS, p. 16). "ce se designă tic" (PNAM, p. sub nume de abur elas- 8). 'quand on entend parIer cette langue". "l’on designe sous le nom de vapeur elastique. Dans les traductions, l’equivalent le plus usite du frangais est le reflexif roumain. Cette situation connaît, de nos jours, la meme frequence. ^51) Pour exprimer un sujet indetermine, il existe un mot tout â fait spe- cial et toujours employe comme sujet, c’est on (ancien cas - sujet de "homme"). On est tres ancien en ce sens (cf. F. Brunot, La pensee et la langue, Iile ed. Paris, 1953, p. 275. (252)Le correspondant neștine apparaît souvent, non seulement au XVIIIe s. (affirmation faite par Claudia Tanase, Subiectul nedeterminat în limba română în perioada 1830-1850 (Le sujet indetermiră dans la langue roumaine dans la periode 1830-1850), S.C.L., nr. 1, anul XII, 1961, p. 73-90) mais au XIXe si egalement. Voici une traduction c|e 1859 : "cînd vede neștine doua popoare mari..." "lorsqu’on voit deux grands (MMDC, 94) peuples” - 147 - Elle a determine la presence, dans la langue roumaine actuelle (253), des constructions reflexives impersonnelles du type : se locuiește (on demeure, se asigura (on assure), ou meme des cas ou on substitue le nominatif par l’accusatif : se poate cita pe un om (on peut citer un homme). b) Le gallicisme c'est (forme du pronom demonstratif sujet ce + le present du verbe etre) est traduit mot â mot par : aceasta (asta) + este (au lieu de este) : "asta e un lucru interesant" "c’est une chose interessante" (MSR, 33) "aceasta este o scrisoare de "c’est une lettre de femme" femeie" (DDMB, II, 252) "dar aceasta este a deveni ne- "C’est une foile" buna (SMRD, 262) "aceasta este că sîngele n-are "C ’est que le sang n’a pas de circula- circulație" (DFRC, 117) tion" De nos jours on dit : este (e) un lucru interesant, etc... c) Par calque, on emploie la preposition de (de) ă la place de pentru (pour) : "el e nebun de ea" (TOGB, 102) "il est fou d’elle" En conclusion, on peut mentionner les faits suivants : Z> A. Les differents equivalents du pronom ori (jusqu’â la fixation des formes correctes : se, cineva ou meme un seul pronom personnel eu (je) , noi (nous) etc...(254). ^•i.On peut ajouter certains calques qui ont circule seulement au debut du XIXe siecle et qui, au fur et â mesure, ont ete elimines par le systeme grammatical de la langue roumaine. (253) lorgu Iordan, Limba română actuala (La langue roumaine actuelle), p. 308. (254) Meme au XIXe siecle, nous avons rencontre des traductions correctes. Par exemple : "Nu putem îndestul recomanda părinților" (PAFR. p. 54) "Suspinul tău îl ascultă" (TOAB, p. 75). "On ne saurait trop recommander aux parents ..." "On entend tes soupirs" - 148 - fr. canape est traduit par un pat de repaus ensuite (un lit de repos) par canapea ” celebrite ii lauda de pomenire (louanges memorables) ii celebritate ” circonstances ii stări împrejur (etat environnant) M circumstanțe j— ” conclure ii a trage urmare II a conchide (conclure les suites) ” condoleances i« păreri de rău (regrets) 11 condoleanțe )— ” conjures ti împreună jurati (qui ont prete ensemble un serment) II conjurați ” conspiration ii împreună jurare (serment collectif) II conspirație “ credule ii lesne crezator (facile ă croire) II credul ” decider ii a face hotarîre (prendre une decision) II a decide ” determiner ii a aduce la hotărîre II a determina (conduire ă la decision) ” diagonale ii linie de la un unghi la diagonală altul (ligne d’un angle ă 1’autre) ” disgrâcies ii căzupi în greșeala (tombes en erreur) II disgrațiati ” erbivor ii mîncator de iarbă II erbivor (mangeur d’herbe) ” equilateral ii asemenea lăturat II echilate- (qui a les cotes sem- blables) ral ” expedition ii mergere în război II expediție (marche ă la guerre) ” historiens n unii scriitori de istorii II istorici (ecrivains qui ecrivent des histoires) ” hospitalite ii iubire de străini II ospitalitate (amour pour les etrangers) ” impoliment ii cu atîta grosime II în mod nepo- si grossierement) liticos ” isocele ii asemenea piciorat (qui a les jambes sem - blables) II isocel ” laboureurs it lucratori de pamînt II plugari (ouvriers de la terre) - 150 - fr. misanthrope est traduit par urător de oameni ensuite par mizantrop (haisseur d'hommes) 1! naufrage ii spargere de corabie ” naufragiu (casse de navire) II navigateurs tt umblători pe mare " (voyageurs sur mer) navigatori 11 observateur tt băgător de seamă ” (celui qui surveille) observator II orphelin ii sărac de părinți ” orfan (demuni de parbnts) II palier ii spațiul ce slujește de ( palier odihna, re șcara ' (espace qui sert au repos les escaliers) i ■ dans II pantonime ti un fel de vorbire muteasca numai prin semme fără a vorbi "pantonima ceva cu gura (sorte de parIer muet, par de: signes sans parler avec la bouche) s II parachute ii feritoare de cădere ou fer i-” parașuta cad (protegeant contre la chute) II paratonnerre ii abătator de fulger tt paratraznet (celui qui ecarte les eclairs) II perfection ii pășire înainte (aller en avant) ti perfecțiune II piedestal it picior de stîlp (pied de colonne) it piedestal II plus-que-parfait »» vremea mai mult ca tre- tt mai mult ca per- cuta (le temps plus que passe) fectul II pressentiment tt o cunoștința mai înainte tt pressentiment (connaissance qui precede) II progres ti mergere înainte tt progres (aller de 1’avant) II promettre it a da vorbă (donner sa parole) ti a promite II sa presence tt ființa lui de fața ti prezenta lui (sa) (sa presence presente) II se prosterner ii a sta în genunchi a se prosterna (se mettre ă genoux) II recolte ti rodurile pamîntului (fruits de la terre) tt recolta - 151 - fr. reflexion est traduit par băgări de seam^ ensuite par reflecții (faire attention o repeter ii a adaogi a zice (ajouter â dire) ii a repeta ii ridicule ii vrednic de rîs (qui se prete â rire) ii ridicol ii somnambule — * — ii Umblător în somn (promeneur pendant le sommeil) ii somnambul ii sourire ii a se zîmbi de rîs (sourire en riant) I! surîs ti je soussigne n în jos iscălitul (celui qui signe en bas) II subsemnatul ii surprendre ii a ramîne în mirare (rester etonne) 11 a surprinde ti surprenant ii vrednic de mirare (digne d’etonnement) II surprinzător ii torrent ii apele cele mai repede (les eaux les plus rapides) II torent ii transfusion ii luatură de sînge (prise de sang) II transfuzie ii vertus ii fapte bune (bonnes actions) II virtuți etc.. De tous ces exemples, il ressort que les traducteurs desi- raient, avant toute chose, rendre les neologismes frangais par des mots autochtones. C’est pourquoi ils ont recouru â des periphrases. Ces equi- valents, qui sont des traductions approximatives du terme frangais, marquent 1’insuffisance du vocabulaire de la langue roumaine pour traduire tel ou tel mot. 1.3. Au debut du XIXe siecle, un autre procede utilise consiste ă donner â cote, ou en bas de la page, du neologisme nouvellement introduit 1’explication, soit pas un equivalent roumain, soit par une periphrase. Dans la plupart des caSjOn peut supposer que ces neologismes representent les premieres attestations du mot emprunte. Les glossaires ajoutes montrent que le terme respectif n’avait pas encore penetre dans la langue roumaine et, comme les traductions s’adressaient ă un large public, 1’explication du neologisme etait necessaire. Ainsi on rencontre : fr. affirmation - afirmație --------------- ---------*— ” attention - atentie (ou întărire ”affermissement") ” luare de seama "portant souci") 152 - fr. commi s-voyageur - comi-voiaj or (ou calator "voyageur) n dictee - dictat " (auj. dictare) după spusele "apres les dires”) n eclipses - eclipse ” întunecimi "obscurcissement”) exception - ec șepcii ” (auj.'excepții) scoateri afara "hors du commun") experience - esperiența ” (auj. experiența) cercare ”essai”) 11 fantaisie - fandasie " (auj. fantezie) năluciri "fantasmes”) graveur - gravor " scobitor ”celui qui creuse") it heroine - eroina ’’ viteaza "courageuse”) ignorant - ignorant ” fara nici o știința "sans aucune connaissances”) ti instruments - instrumenturi " (auj. instrumente) unealta ”outil”) ii phenomenes - fenomene ” aratari "visions") ti proprietes - proprietățile ” covîrșirile ”fortunes”J 1! president - prezident ” (auj. președinte) întîiul șezător ”le premier sie- ; geant”) 11 radicaux - radicali ” ziceri radicale de rădăcină "expres- sions radicales de racine") II vice - viciu ” vitie, cusur "defaut") etc... 1.4. Parfois, les equivalents roumains transposent le neologisme en respectant fidelement sa prononciation et â cotlon donne d’autres variantes ou le terme correct. Voici quelques echantillons : fr. canon ’’ creme ” dattes ’’ generatrice - canon - crema - datele - generatrita (ou ii tun) smîntînaj curmale ) linie nascatoare "ligne donnant " j aloux " olives (auj. generatoare) naissance") - j aluz ’’ temător "craintif) - olivile " măsline) etc... Toutes ces tentatives d’adaptation des neologismes sont expli- cables au commencement du XIXe siecle, compte tenu du fait que jusqu’â 1840, les traducteurs ne pouvaient pas utiliser les dictionnaires, qui n’existaient pas encore. Ils devaient donc faire appel â des periphrases. Plus tard, ces periphrases seront remplacees par des neologismes frangais qui, une fois adop- tes, sont restees dans la langue roumaine et y representent une pârtie - 153 - composante indispensable au vocabulaire roumain moderne. 1.5. II y a des cas ou le mot autochtone acquiert un autre sens sous l’influence du terme franqais correspondant. Par exemple : r. absolut r. comisie et comisjune fr. constitution > r. constituție et constitutiune 2 .j. . . fr. deduction r. deducție ” deductiuue 3 2 — fr. nation > r. nație —3 ” națiune —i fr. passion r. pasie ” pasiune fr. raison > r. rație —> ” rațiune etc.. 5 Parfois les deux termes ont des significations differentes (frăție et rațiune) ont des nuances differentes (nație et națiune) . La differentiation des sens a impose la conservation des formes ; 1’equivalence de sens, au contraire, dans la plupart des cas, a provoque la disparition d’un terme (pasie a dispăru en faveur de pasiune). 2.1. Jusqu’â la fixation des neologismes, on enregistre egalement des doublets lexicaux qui ont circule au debut du XIXe siecle : fr. paratonnerre est traduit tantot par paratonerul, tantot par ferituri, aujourd’hui paratrăsnet : fr. otage connaît deux traductions : amanet et depozit, aujourd’hui ostatic ; fr. en general fut traduit par : de obște et peste tot, aujourd’hui in general. fr. orageux connaît deux traductions : oragioasa et tempestoasa, aujourd’hui furtunos ; fr. carnaval fut traduit par cîșlege et lasat de carne, ensuite par carnaval ; fr. bonnet fut traduit par bonetul ou scufie, ensuite par boneta (feminin) fr. code fut traduit par pravila e.t condica, ensuite par cod ; fr. graduel fut traduit par treptalnic ensuite par gradual - 156 - fr. humain traduit par omenit ’ ’ machinations ' ’ macine " ordonnance " ordonanță ---------------- --------------------- ' ’ quitte ’ ’ desfacuti ’' successeurs 1 ’ urmăritori ensuite par uman " mașinații " rețeta —*---- " chit " succesori etc... 2.2. On constate entre les doublets, une concurrence d’un autre genre ; â la place d’un ancien mot roumain forme ă l’aide d’un suffixe hon- grois : a plumbui - nous assistons â la penetration d’un neologisme fran- qais : a plomba ocazione, recomandatione, comisia, formalita alors que pour parler roumain il faut dire : calitate, ocazie, recomandație, comisie, formalitate” (257). 3.0. Parfois dans certaines traductions le meme terme roumain est l’equivalent de plusieurs mots franqais. Le roumain cap a plusieurs sens : chapitre : "daca nu voi citi vre-un cap de la vreo carte" si je n’avais pas lu quelque chapitre d’un livre". tete a pus o decoctie de capete de mac" chef : lui lor" (MBSM,20) il a mis une decoction de tetes de pavot" ils vinrent dire â leur chef". De nos jours, on emploie : capitol pour fr. chapitre, șef pour chef (capitolul 2 - le chapitre deux : capitolul următor - le chapitre sui- vant ; ^ef de birou - chef de bureau ; șef de gara - chef de gare). En revanche, on emploie l’expression cap de familie - fr. chef de familie ; cap de acuzare - chef d’accusation ; capul răscoalei - chef de l’emeute. Un cas interessant est celui du fr. carnage. Au debut du XIXe siecle, on l’a traduit par măcelărie ; vers 1840, par carnasătoare et car- nosire - derives du mot carne (viande) + des suffixes - aujourd’hui masacru. (257) Culegere din scrierile lui I. Eliade Rădulescu (Textes choisis des oeuvres de I.E.R., București, 1836, p. 44. - 157 - fr. couverture fut traduit par coperitoare (du roumain a acoperi), ensuite par cuvertura ; fr. chapitre fut traduit par sapitru et capete, ensuite capitol. 4 .0. Au debut du XIXe siecle, on assiste â des cas ou plusieurs ter- mes franqais sont traduits, plus ou moins approximativement par le meme correspondant roumain. Ainsi : assassinat, meurtre, patricide, succombant sont rendus par : zătrire. Par la suite chaque mot franqais a trouve son equi- valent : asasinat, omor, patricid, sucombînd. Ajoutons que auberge, château, hotel, hotellerie, pension, restaurant sont traduits par ospel ou birt. Par la suite, on rencontre des correspondants plus proches : han, castel, hotel pensiune, restaurant. 5 .0. Au terme de ce chapitre, nous estimons necessaire d’analyser en detail quelques exemples. II est interessant de noter que la penetration des neologismes determine parfois le changement de sens des mots roumains du fond tradition- nel ; une concurrence s’etablit entre les termes anciens et les nouveaux. Tous ces problemes sont assez complexes et avec des implications de seman- tique diachronique. 6 .0. Le terme cuvînt <^lat. conventum, atteste des le XVIIe siecle, dans les textes roumains, etait polysemique (258). II signifiait motiv (motif), rațiune (raison), rost (sens), baza (fondement), justificare (jus- tification), dreptate (justice), pricină (raison), cauza (cause. Cette poly- semie explique, dans les premieres traductions, la grande frequence du terme "cuvînt11 qui traduisait : fr. raison "tot pentru același cuvînt natura- liștii călători cata a avea grijă" (RCIB, p. 412) fr. pretexte " pe care le-a părăsit sub cuvînt de slaba sănătate" (DAAH, p. 75) fr. cause "Fără cuvînt nu să zbârcește fruntea mea" (AAB, 92) ' "c’est par la meme raison que les naturalistes voyageurs doivent avoir soin" "qu’elle a quitte sous pretexte de mauvaise sânte.” "ce n’est pas sans raison que mon front se ride". 258 Cf. Ana Goldiș-Poalelungi, Aspecte istorice ale unei sinonimii : cuvînt - rezon - motiv - rațiune (Aspects historiques d’une synonymie : cuvînt rezon, motiv, rațiune) dans "Limba si literatura, voi. XV, Buc. 1967 - 158 - fr. motif "aceasta este o simpla conventiune, "c’est une simple convention il nu este mai mult cuvînt spre a asigura n’y a pas plus de motifs pour curantului această direcție (PNAM, p.29O) assigner au courant cette direc- tion.“ 6.1. A part ces equivalences, il y a lieu de citer d’autres termes franqais rendus par cuvînt dans les textes traduits : mot, parole, terme, discours (259), titre, sujet, phrase, sermon et meme l’expression avoir tort. Ces dernieres equivalences montrent l’incapacite des traducteurs de trouver des termes correspdndants plus proches. Ce grand nombre de sens acquis par le mot cuvînt- provoque de la confusion et c’est ainsi que penetre le neologisme rezon dama a eu le sens du fran- gais, synonyme de doamna, cucoana dans les textes traduits : "o dama frumoasa" (VSSC, p. 2) "une belle dame" "o juna dama este tot în negru" "une jeune dame tout en noir" (DDMB, p. 48). (264) N.lorga, Studii și documente ou privire la istoria românilor,(Etudes et‘documents concernant l’histoire des Roumains), voi. XX, București, 1901-1916 ; en 1820, le terme apparaît chez B.P. Murmuleanu, cf. Gr.^ Brîncuș, Limba poeziilor lui Barbu Paris Mumuleanu (la langue des poe- sies de B.P.M.), dans "Contribuții la istoria limbii române literare în secolul al XlX-lea, vol.I, Ed. Acad. RSR, București, 1956, p. 21 en 1824-1826 chez Dinicu Golescu, "Contribuții la istoria limbii române literare în secolul al XlX-lea" voi. II,1958,p. 42 ; en 1834 chez A. Pann, ibidem, p. 40. (265) Cf. Enachița Vacârescu, Istorie a preputernicilor împărați otomani (Histoire des hauts et puissants empereurs otomans) 270/45, apud Dicționarul Academiei, ms. s.v. ; en 1810, chez Furnica, 276, ibidem, etc... - 162 - et dans des oeuvres originales : "Galeria era ticsita de dame frumoase, frumușele si mai slutisoare" (Negruzzi, Opere alese, p. 128) (La galerie etait bondee de dames, belles, jolies ou quelque peu laides). Dans la langue litteraire, ont circule des syntagmes comme : dama de onoare ffr. dame d’honneur ; dama de companie ^fr. dame de compagnie (266) Peu â peu, le terme s’est degrade et il acquiert le sens de "femme legere". C’est avec cette acceptation qu’il s’est cantonne dans le langage peripherique et dans l’argot. Caragiale l’emploie avec cette accep- tion pejorative dans ses comedies : "In sănătatea cocoanei Joichifii, ca e dama" buna ! (0 scrisoare pierduta) (A la sânte de Madame Joichita, parce qu'elle est une brave dame !) - une lettre perdue. lordache : "Ei, de, frate, cînd îți spui odata e amantul damii de colo" (D’ale Carnavalului) (267) (Eh, oui, mon cher , puisque je te le dis, il est l’amant de la dame de lă-bas). Du mot dama s’est forme un synonyrne avec la meme nuance depre- ciative : dameza, ă l’aide du suffixe -eza (C. Negruzzi, Opere alese- Oeuvres choisies, p. 243) 7.5. Quant aux mots de politesse masculins, on cite : musiu avec les variantes monsiu, monsio < fr. monsieur et monsignore4fr. monsei- gneur et it. monsignore : "Nu cumva e^ti monsiu Kilian N’etes-vous pas monsieur Kilian Spif ?" (VGO, p. 18) Spitz ?’’ Chez Caragiale : Veta - Uite ce e : musiu Rica si cu Zoica compătimesc împreuna. (0 noapte furtunoasă) - (Voilâ de quoi il s’agit : M.R. et Z. compatissent tous les deux) - Une nuit orageuse). Les heros de Caragiale emploient le mot musiu avec une nuance de mepris. (271) colombelle : tourterelle - 165 - 7.6. L’evolution semantique de ces termes fut conditionnee par leur fonction sociale. Des termes respectueux au debut, ils sont arrives â avoir un sens depreciatif, pejoratif meme, et de nos jours, ils sont devenus des termes de jargon, argotiques, avec une legere nuance de vulgarite. Des termes comme "moșerul meu” sont devenus ridicules. Employes par les personnages de Caragiale, il est evident que toutes ces variantes ont ete employees â l’epoque comme elements de jargon caricaturals. L’evolution sociale a determine progressivement leur eloi- gnement du vocabulaire de la langue roumaine au moment ou ils ont acquis un sens pejoratif, vulgaire meme. Au point de vue stylistique, ces termes de politesse ont connu, tour â tour, differentes valeurs : solennelle, respectueuse meme reverencieuse, ensuite ironique, depreciative. 8 .0. Pour clore cette serie d’exemples, citons l’histoire du mot sentiment r. contraataca), substantifs (contre-espionnage r. contraspionaj) ou adjectifs (contre-indique > r. contraindicat). r. contrazice < fr. contre + dire - contra + zice r. contraatac < fr. contre + attaque - contra + atac r. contrazicere c fr. contre + diction - contra + zicere (321) r. contramaistru < fr. contre + maître - contra + maistru de-, des- r. (a) desbarca ^fr. debarquer, aujourd’hui (a) debarca r. (a) desgusta < fr. degouter, ” (a) dezgusta r. (a) desplace <. fr. deplaire, ” (a) displace r. demers < fr. demarche r. deznodamînt <. fr. denouement r. (a) destinde gouvernail." "Mais apres qu’on leur nit. donne des recompensei ecla- tanl es, on les humilia pese ja~ mais, sous pretexte qu!i.ls a- vaient demande qu’on fît la paix avec Persee." sub pretext ca : "Abia ajunserăm acasa și, sub pretext ca o doare capul, .se retrase cerînd s'ă ramîie singura." (CAS, p. 147) - A peine arrivâmes nous â la mai- son et, sous pretexte qu’elle avait mal â la tete, elle s’etait retiree en deman- dant de rester seule. A souligner que nous avons rencontre cette derniere locution pour la premiere fois, en 1847, dans un texte original (voir l’exemple don- ne ci-dessus). Plus tard, en 1853, nous 1'avons attestee dans une traduction : (402) Quand le substantif est articule (sub pretextul ca) la locution intro- duit une relative. Par exemple : "Sub pretextul ca... s-a format sub auspiciile guvernului un fel de francmasonerie..." (Ghica, 0, II, p. 173). Sous le pretexte que... s’est forme sous les auspices gouverne- mentaux une sorte de francmassonerie". - 321 - "... dar sub pretext ca era "... Mais sous pretex- om, nu îndrăznea să plîngă". (DRGL, te qu’il etait homme, il n’o- p. 53). sait pleurer." Depuis cette date, la locution s’utilise frequemment (403) dans tous les styles de la langue et surtout dans le style juridique et administra- ții. (404) Un exemple d’un texte original de la meme epoque : "Care miniștru în Anglia și-ar putea permite sa ia banii celor ce muncesc din zi pîna în noapte și să-i împarta la cei care îi oprima"și-i constrînge sub pretext ca voiește sa realizeze niște idei care nu au deve- nit înc^ ale na^iunei !" (Ghica, 0, II, p. 331). Quel est le ministre en Angleterre qui pourrait se permettre (qui se permettrait) de prendre l’ar- gent de ceux qui travaillent du matin au soir pour le distribuer ă ceux qui les oppriment et les contraignent, sous le pretexte qu’il veut realiser des idees qui ne sont pas encore devenues celles de la nation. Les autres constructions : cu pricina ca, sub cuvînt ca, cu pricinuire ca ne s’emploient presque pas ; elles ont dispăru en faveur de la locution empruntee du franqais sub pretext că. Din moment ce Z_fr. du moment que. 8. Avant d’analyser la situation de cette locution, nous esti- mons necessaire de rappeler que DLR atteste le terme moment ( lat. momen- tum, fr. moment, it. memento, all. Moment) en 1787. En revanche, il est sur- (403) La locution sub pretext ca est si bien ancree dans la langue roumaine que parfois elle traduit d’autres constructions. Nous nous limitons ă un seul exemple ou le neologisme pretext traduit le fr. raison : "Eu ma întreptai sub pretext ca- "Je satisfis â cette mi era rușine și ca nu vream a întris- objection par quelques ta pe tatăl meu cu o asemenea nuvela." raisons de la douleur que (PIMB, p. 99). j’avais apprehendee de cau- ser â mon pere et de la honte que j’en aurais res- senti moi-meme." (404) Une annee plus tard, en 1854, on rencontre "Ducele singur ma mai nervoia a-mi ascunde legătura cu Margherita, si aceasta încă de multe ori se espe- diase pe cînd eram la dînsa, sub pre- text ca Margherita dormea și ca ordona- se a n-o deștepta" (DDCC, p. 8). la meme locution : "Le Duc seul me for- qait encore de cacher ma liaison avec Marguerite, et encore avait-il ete congedie souvent pendant que j’etais la sous pretexte que Madame dormait et avait defendu qu’on la reveillat." - 322 - prenant que le meme dictionnaire constate que la locution conjonctive din moment ce n*apparaît que dans un texte original^chez L. Rebreanu^dans "Răs- coala" (La Revolte) I, p. 250, qui date de 1932, tandis que les textes tra- duits attestent son apparition au XIX-e siecle. 9 . Les grammaires franqaises attribuent â cette locution une dou- ble fonction : causale et temporelle. F. Brunot affirme que : "La locution de contemporaneite du moment que est devenue une locution causale." (405) 10 .0 En roumain, elle introduit une proposition subordonnee de cause. 10.1 Avânt la penetration du neologisme moment Z_fr. moment et de la locution din moment ce 41_fr. du moment que on atteste d'autres equivalents qui ont â peu preș le meme sens. Ainsi, au XVI-e siecle, on rencontre les lo- cutions : în vreme ce (du moment que) et în vreme cînd (du moment ou) enre- gistrees dans la "Psaltirea Scheiana" (La psautiere de Schei) et în ceasul £e (du moment que) . En voilâ les exemples : "Derept acea roag'a-te. . . în vreme ce e opu." (PS, 55/5, ap. M. Avram, op. cit., p. 57) - Prie donc... du moment qu'il faut. "In zi de vrajbie... în vreme cînd gîmbosi-se-va piciorul lor." (PS, 317/60, ap. M. Avram, op. cit., p. 57). - Un jour de discorde... du mo- ment que leurs pieds sont fatigues. "Cela ce-si va ucide fata, în ceasul cînd o va afla curvind cu ci- neva..." (Prav., ap. le Dictionnaire de l’Academie). - Celui qui tuera sa fille au moment ou il la trouvera en train de se debaucher avec quelqu’un... Au debut du XVIII-e siecle, on atteste le terme minut chez D. Cantemir (ap. le Dictionnaire de la langue roumaine, fasc. 8, < lat. minutus, it. minuto, fr. minute, all. Minute) ce qui explique, au debut du XIX-e siecle, la traduction du fr. moment par minut. "Sa se sparga în minutul inflației." (PFHM, p. 34). "II se brise au moment de 11inflation." 10.2 Peu â peu, dans les traductions de la premiere moitie du XIX-e siecle, on voit paraître â cote du neologisme moment (moment), la lo- cution conjonctive din moment ce ^-fr. du moment que qui a remplace les anciennes locutions. De nos jours, on utilise rarement : de vreme ce quant aux autres, elles ont completement dispăru. 10.3 II est interessant de remarquer (tout comme pour les locutions (4O5)La pensee et la langue, 3-e edition, Paris, 1953, p. 814. - 323 - analysees anterieurement) que le constituant nominal moment de la locution din moment ce peut s’employer parfois articule. Ainsi la locution peut ap- paraître sous la forme : din momentul ce, tout comme dans la locution în minutul ce (atteste de DLR en 1823). lorgu Iordan considere que la locution avec le substantif articule a ete probablement influencee par la construc- tion synonymique din momentul în care fr. du moment ou (406) : " I n c a din momentul ce in- trau în disputa, fiecare se agaja de împotrivirea celuilalt.” (SIPT, p. 144 en 1847). "Mais du moment ou ils furent aux prises, chacun saisis- sant le contre-pied de ce qu’avan- qait l’autre.” 10.4 A mentionner que la locution din moment ce (du moment que) -avec le substantif non articule- introduit une proposition de cause avec une nuance de condition. L’autre locution din momentul ce -avec le subs- tantif articule- introduit d’habitude une subordonnee relative. Quant â la construction fr. du moment ou elle a ete traduite au debut du XIX-e sie- cle, par din momentul ce (voir exemple anterieur) et par la suite avec la forme correcte qui circule encore : din momentul în care. De frica ca (ca... sa) ^-fr. de peur que ou de crainte que 11 .0 La construction roumaine de fricaT ca (ca... sa) traduit, jus- qu’â 1860, les deux locutions fr. de peur que et de crainte que. Plus tard, le fr. de crainte que fut traduit aussi par de teama că (ca... sa) (407). 11.1 Si en franqais de peur que et de crainte que sont suivies du subjonctif et introduisent une circonstancielle de but (408), en roumain, leur equivalent de frica ca (ca... sa) introduit une subordonnee de cause et rarement une completive indirecte. En revanche, tout comme en franqais, elle est suivie d’un subjonctif. Qu’on en juge par ces exemples : de frica sa" : "Demosten e^ii de sine, zi- când : "Neptune ei Σi profana tem- plul, ^i eu ies, de frica ca nu-ți spurce altarele cu singele meu." (EIU, p. 255). "Demosthene en sortit de lui-meme, en disant : "Nep- tune, ils profanent ton temple et moi je sors, de peur qu’ils ne souillent tes autels de mon sang." (406) Limba româna contemporană (La langue roumaine contemporaine) p. 293. (407) Etant donne que les constituants de ces constructions sont plus ou moins solidaires entre eux, la denomination de locution, en roumain, peut apparaître comme impropre. (408) M. Grevisse, op. cit. p. 1023. - 324 - de frica ca... sa : y "Mîinile lui se temeau parca sa se lase în jos de frica ca vine- le sa nu se umfle, ^i din timp în timp își mișca vîrful urechilor.” (DMAP, p. 50). ”Ses mains semblaient craindre de s’abaisser de peur que leurs veines ne se gonflas- sent et de temps en temps il se pinqait le bout des oreilles.” La traduction de la locution de crainte que enregistre les memes equivalents roumains : de frica că" : ”... de frica ca nu merge..." ”... de crainte qu’il (BYCM, p. 35). n’aille pas..." de frica ca sa : "de frica ca s^ nu vie" "de crainte qu’il ne (BYCM, p. 66). vienne." 1 1.2 Parallelement, on enregistre les locutions prepositionnelles correspondantes : de frică de, de teamaT de, (de peur de, de crainte de). 12 . En conclusion, au milieu du XIX~e siecle, nous constatons, un enrichissement du nombre des locutions conjonctives de cause. On voit pa- raitre des locutions nouvelles qui, au fur et â mesure, remplacent-dans la plupart des cas- les anciennes. (409) Parallelement aux locutions conjonc- l'ives, on voit paraître les locutions prepositives correspondantes. Ainsi c cote de : din cauza ca (â cause que) circule din cauza de (â cause de), glțj- pretext ca- ca... sa- (sous pretexte que) circule sub pretext de (sous Pretexte de), etc. Toutes ces constructions contribuent â 1’enrichissement dc. 11 inventaire. des elements de relation qui introduisent une subordonnee de cause. LA SUBORDONNEE CONDITIONNELLE 1.0 En analysant cette proposition -qui augmente elle aussi son (409) M. Avram, (op. cit. , p. 82) affirme que de vreme ca apparaît pour la derniere fois dans un document de 1809. Nous 1’avons enregistre dans une traduction (Paul et Virginie) en 1831 : "Dar ce sa mai umblam cautîndu-le "Mais pourquoi nous fati- pe la nații străine de vreme ca ele guer, allez chercher chez des din nenorocine lăcuiesc chiar între nations etrangeres puisque par noi ?" (PPVB, p. 143). malheur ils se trouvent chez nous-memes ?." II est possible qu’elle ait circule meme apres cette date. - 325 - inventaire- nous presenterons des le debut le tableau des elements intro- ductifs tels qu’on les trouvait au commencement du XIX-e siecle. Ainsi les conjonctions les plus usitees dans la langue roumaine et dans les traduc- tions du frangais etaient : daca (si), de (si), sa et 1'adverbe â valeur de conjonction cînd (quand). 1.1 II n’y a rien d’etonnant ă ce que dans les premieres traduc- tions des le debut du XIX-e siecle le fr. si fut traduit en roumain par : daca, de daca : "Nu e nici-o partida în lume sa nu-i găsesc eu mijloc de a o im- perechea, încît socotesc caT daca mi-ar fi venit în cap, puteam saT însor pe hanul tătarilor cu repu- blica Veneției" (MSR, p. 61). "Teseu reveni la Atena în vase- le sale ; el promisese tatalui sau ca de se va înturna vingator, va pune sa deschidă de departe vele albe." (EIU, p. 145). "II n’est point de parti au monde que je ne trouve en peu de temps le moyen d’ac- coupler, et je crois, si je me l’etais mis en tete que je marierais le Grand Turc avec la Republique de Venise." "Thesee revint ă Athenes sur ses vaisseaux ; il avait promis ă son pere que s’il re- venait vainqueur, il ferait deployer de loin des voiles blanches." Les deux conjonctions sont employees couramment dans les tex- tes originaux. (410) 1.2 A la meme epoque, on remarque l’emploi frequent -dans les tra- ductions du frangais- de cînd (lorsque) conditionnel. Cela vient confirmer les affirmations de la Grammaire de l’Academie (II, p. 322) : "cînd (lorsque) conditionnel frequemment employe par les ecrivains plus anciens, ne s’uti- lise presque pas dans la langue contemporaine" et de M. Avram (op. cit., p. 194) : "dans la premiere moitie du XIX-e siecle, cînd (lorsque) condi- tionnel est souvent employe, mais ulterieurement sa frequence baisse consi- derablement". Cela vient confirmer encore la constatation qui se detache des textes traduits, jusqu’â la premiere moitie du XIX-e siecle. (410) Nous nous limitons â un seul exemple : "La aceste poște, în ceasuri hotarîte de trei ori pe zi se dau scriso- ri și de trei ori se iau răspunsuri, pentru care scrisoare de este sli dea în oraș se plătește." (DIG, Cal., p. 51) - A ces bureaux de poște ă des heures precises^trois fois par jour on donne des lettres et trois fois on prend des reponses, lettre pour laquelle on paie și on la poș- te en viile. L’explication de l’emploi frequent de de est donne par lorgu Iordan : "de a une legere nuance archaique et populaire". (Limba româna con- temporană - Langue roumaine contemporaine- 2-e edition, p. 713). - 326 - En voici un exemple, parmi les dizaines que nous avons rencontrees, ou cînd (lorsque) traduit le fr. si : '‘Asupra politicii strămoși- lor noștri romani, care aplecîndu-se si la noi sau cînd pricina cetitori- lor de a se gîndi vor scrie ^i vor vorbi ^i dumnealor acelea ce-ar fi vorbit un Montesquieu, sau un Ruso, cînd ar fi trăit acum în patria no- astră.” (MMDC, p. 8). ”11 parle de la poli- tique de nos ancetres, les Ro- mains, qui donnaient 1'occasion aux lecteurs de penser, de par- ler et d’ecrire eux aussi ce que Montesquieu ou Rousseau avaient dit, jș/ils avaient main- tenant vecu dans notre patrie.” Cînd traduit aussi le fr. quand (411) dont il etait polyseman- tique â l’epoque. 2 . Dans la langue fran$aise?le nombre des elements de subordina- tion qui introduisent une conditionnelle est plus grand qu’en roumain. Ain- si le rapport hypotactique est rendu par des differantes constructions : si (reste le plus important), que, quand, et de nombreuses locutions conjoncti- ves : au cas ou, dans le cas ou, pour le cas ou, au cas que, en cas que, dans le cas que, ă (La) condition que, sous (la) condition que, ă moins que, en admettant que, dans (pour) l'hypothese ou, ă supposer que, dans la sup- position que, en supposant que, pour peu que, pourvu que, selon que... ou (que), suivant que... ou (que), si tant est que, que si, soit que... soit que, soit que... ou que.(412) 3 .0 Cette abondance des constructions franqaises explique l'enri- chissement des constructions conditionnelles roumaines calquees sur le franqais. 3.1 Jusqu’en 1860, la subordonnee conditionnelle roumaine emprunte la locution conjonctive cu condiția ca" (ă condition que) et les locutions prepositives : în caz (au cas), în ipoteza (dans l'hypothese), qui vont don- ner naissance aux locutions conjonctives respectives : în caz căT'ou în cazul în care (dans le cas ou), în ipoteza ca ou în ipoteza în care (dans l’hypo- these ou) qui penetrent apres cette date. (411) "Cînd n-ar fi alte dovezi de ecsis- tenta lui Dumnezeu, decît minunile naturii, aceste dovezi sînt atît de tari, încît ar putea sa^ convingă pe tot omul care cauta cu inima curata adevărul.” (CGAD, p. 28). “Quand il n'y aurait d'au- tres preuves de l'existen- ce de Dieu que les merveil- les, ou, pour ainsi dire- que la poesie de la nature, ces preuves sont si fortes, qu'elles suffisent pour convaincre tout homme qui ne cherche que la verite.” (412) M. Grevisse, op. cit., p. 1037-1038. - 327 - 3 .2 A la fin du XIX-e siecle et au debut du siecle suivant, on atteste d’autres constructions : admițînd ca (en admettant que), în even- tualitate ca (dans 1’eventualite que), presupunînd ca (en supposant que), etc., si bien ancrees dans le roumain qu’elles circulent couramment de nos jours. 4 . Certains linguistes nient la valeur de locution de ces cons- tructions. Ils considerent qu’on a affaire â des complements circonstan- ciels suivis d’attributs au genitif ou de subordonnees relatives. Nous es- timons que les unes -sinon la plupart- sont des locutions conjonctives et que les autres sont en cours de grammaticalisation. Elles introduisent soit des subordonnees conditionnelles proprement dites, soit des subordonnees â sens hypothetique. 5 .0 En analysant ces constructions, nous nous arretons davantage sur la locution : cu condiția ca (ca sa) ZL fr. ă condition que L’etude de cette locution et de sa diffusion dans la langue roumaine impose quelques remarques. Le fr. ă condition que a ete traduit, au debut du XIX-e siecle, par d’autres correspondants roumains attestes des le XVI-e s., chez Coresi (cf. numai sa (seulement)... ou de (si), daca (si), dans des propositions optatives avec les sens ”doar dacă (seulement si), cu condiția ca (â condition que)”, cf. DLR, s.v.) ; ainsi : numai sa : "Așa, așa, numai sa-i faci tot- "Oui, oui ă condition deauna pe voie, nu-i așa ?” (SLDB, p. que je ferai toujours sa 41 ). volonte, n’est-ce pas ?” 5.1 Une remarque tres interessante, en ce qui concerne cette lo- cution, ă l’encontre des autres constructions analysees jusqu’â present, c’est le fait que, des son apparition dans la langue roumaine, elle con- naît une large et rapide diffusion tant dans les nombreuses traductions, que dans les textes originaux de la premiere moitie du siecle dernier. De plus, elle connaîtra plusieurs variantes. Ainsi le fr. ă condition que (413) fut traduit tour ă tour par : cu condiția sa : 7—Z------------5----- "îmi lașa toate aceste lu- cruri cu vreo mia de scude romane ce le avea în numărătoare, cu condiția sa îngrijesc de a i se face parasta- se pe tot anul." (DCAB, II, p. 17). "II me legua tout cela, avec un millier d’ecus romains qu’il possedait en argent comp- tant ă la condition que je ferais dire des messes anniversaires.’’ (413) Dans la langue frangaise, la locution conjonctive ă condition que con- naît d’autres variantes elle aussi : ă la condition que, sous condition que (C. de Boer. op. cit., p. 166). - 328 - cu condițiunea ca s’a : (414) "Pretinse cX păcătui sau nu era așa de mare, fiind ca erau numai niște vorbe pe care le-a zis, și ca primea sa ceara ertaciune cu condiția ca sa"sărute pe fata apoi sa^ se duca la cea mai d'aproape circiuma sa bea o oca de vin și sa se despartă" ca buni amici." (SLDB, p. 111). cu condiția ca : "In sfîrșit domnule eu fui în acea seara cel mai fericit dintre oa- meni, și cerui cu ardoare favoarea de a o vedea a doua zi ; ea-mi promisese cu condiția ca nu voi încerca a ști numele-i nici locuința-i." (GSSA, p. 35). "II pretendit que son pe- che n’etait pas si grave, puis- qu’il ne consistait qu'en paro- les, et qu’il voulait bien de- mander pardon ă condition qu’il embrasserait la fille, que l’on irait boire une pinte de vin au plus prochain cabaret, et qu’on se quitterait bons amis." "Enfin monsieur, j’ai ete ce soir le plus heureux des hom- mes, et j’ai demande ardemment la faveur de la voir le lende- main ; elle m’avait promis ă con- dition que je n’essayerai pas de savoir son nom et sa maison." 5.2 Dans les textes originaux, on enregistre la forme : cu condiția suivi de ca ou săT + le subjonctif : "N. Golescu, Ion lonescu și artistul Rozental ceruseră voie sa plece la Constantinopol, și voia li se dase cu condiția să-i duca o escorta pînaT la hotar." (Bolintineanu, 0,. , p. 246, ap. DLRC^ - "N.N., I.I. et l’artiste Rozental avaient demande la permission de partir pour Constantinople, et on la leur avaient accordee ă condition qu’une escorte les conduisait jusqu’ă la frontiere. "Ni se propune a libera pe Jiarani de fiare ; insa cu condiția ca, o data cu fiarele sa le luam și cizmele." (Kogalniceanu, SA, p. 182) - On nous propose de liberer les paysans de leurs chaînes ; mais ă condition qu’en meme temps que les chaînes, on prenne aussi leurs bottes. 6. Apres avoir analyse les differents equivalents du fr. ă con- dition que (cu condiția ou condițiunea : ck, ca sa, ca sa, ca) on peut af- firmer que la locution la moins repandue est cu condiția caT. Toutes les au- tres connaissent une grande vitalite depuis un siecle, dans tous les styles de la langue ; d’autre part, elles offrent des nuances supplementaires et plus subtiles aux moyens d’expression. (414) Parfois le neologisme condiție apparaît sous la forme condițiune. Pour cette oscillation nous renvoyons le lecteur ă la premiere pârtie de notre etude et precisement au chapitre "Aspect phonetique". - 329 - LA SUBORDONNEE TEMPORELLE 1. Si l’on considere la nature du rapport temporel entre la re- gente et la subordonnee, ă savoir d’anteriorite, de posteriorite, et de si- multaneite, on remarque la plus grande richesse des elements de relation dans le cas du rapport de simultaneite. 2. Jusqu’â 1860, on enregistre deux constructions calquees sur le frangais : acum ca Z- fr. maintenant que et pe măsură ce Z—fr. ă mesure que. acum ca Z f r. maintenant que 3. 0 Parmi les constructions qui sont restees dans la langue rou- maine, mais avec un emploi sporadique (d’ailleurs, meme au XIX-e siecle elle s’employait rarement) mentionnons la construction acum ca. (415) Sa structure est calquee sur le fr. maintenant que. 3.1 En frangais, la locution conjonctive maintenant que introduit une subordonnee temporelle, dans un rapport soit de simultaneite (416), soit de posteriorite (417) ; parfois elle marque le point de depart (418) et, dans ce sens elle a une nuance causale (419). 3.2 En roumain, le segment ca (que) a une nuance causale et sur- tout dans les textes ou le premier constituant, 1’adverbe temporel acum, est isole par une virgule de ca : acum, ca ă l’encontre de la locution fr. maintenant que qui n’admet pas d’etre isolee par une virgule. Dans relle et causale ă cet exemple la construction acum ca a une nuance tempo- la fois : (415) La Grammaire de l’Academie (voi. I, 2~e ed. p. 401) considere la lo- cution acum ca comme un type mixte : avec une valeur causale et tem- porelle ă la fois. Etant donne l’ordre des elements nous estimons que l’ordre temporel et ensuite causal est plus logique. (416) M. Grevisse, Le bon usage, 7-e ed. , Gembloux, 1959, p. 1011. (417) Wagner, J. Pinchon, Grammaire frangaise classique et moderne, ed. Hachette, 1962, p. 574. (418) Grammaire Larousse du frangais contemporain, 1964, p. 132. (419) ”Dans divers cas, on peut se demander si on doit considerer comme temporelle ou comme causale la valeur de maintenant que" (F. Brunot, op. cit. p. 815). - 330 - "Acum ca am aceastX scrisoare. .. îmi mai trebuie ^si alta" (DCAB, p. 142) "Maintenant que j ' ai cette lettre... il m'en faut une autre." 3.3 Dans les textes originaux, cette construction apparaît dans la plupart des cas ou bien, separee par une virgule : "Acum , ca ne-am deșteptat, caT ne simțim puternici, vrem sa intram în pamînturile noastre..." (Balcescu, jO, p. 228) - Maintenant que nous nous sommes reveilles, et que nous nous sentons puissants, nous voulons entrer dans nos droits et dans nos terres, ou alors, un autre element - d'habitude une conjonction est introduite en- tre acum et ca : "Acum însă ca bătrînul împărat dispăruse, succesorul sau putea face partea focului". (Ghica, 0, p. 328, ap. Grammaire de 1'Academie, 1-e ed. voi. I, p. 384) - Maintenant que le vieil empereur avait dispăru, son successeur pouvait faire la part du feu. En revanche, dans les traductions les elements (acum, ca ou acum însă că) ne sont pas disloquesj ils respectent fidelement le modele frangais : acum c^ (maintenant ca). 3.4 Dans les constructions de ce type, 1'action de la preposition principale est dans un rapport de posteriorite par rapport â la subordonnee temporelle. La nuance temporelle de ca (que) est plus forte que la nuance causale, la conjonction ca s'emploie ă la place de cînd (lorsque) donc acum ca apparaît semantiquement comme l'equivalent parfait de maintenant que. pe măsură ce 41_fr. ă mesure que 4 .0 Cette locution conjonctive marque, dans la syntaxe de la langue frangaise, une evolution parallele des deux actions et exprime un rapport temporel de simultaneite qui indique en meme temps la duree et le temps. 4.1 En roumain, la meme locution, calquee sur le modele frangais peut introduire soit une subordonnee temporelle soit une subordonnee modale Progressive. Cependant, dans les deux langues, le sens temporel est plus puissant. A mentionner que DLR, s.v., considere ă tort que la locution con- jonctive pe măsură^ ce apparaît seulement en 1926, dans le style de la lit- terature artistique chez I. Teodoreanu, La Medeleni, II. A noter egalement que pe măsură ce s'utilise frequemment dans le style scientifique. C'est le sens lexical precis du substantif măsură (mesure) qui a impose cet emploi. - 331 - 5 .0 Jusqu’ă l’adaptation et 1’introduction en roumain de la locu- tion en discussion, â mesure que a ete traduit, tour â tour, par : în vreme cînd : "In vreme cînd vorbiam, fără a mă "A mesure que je parlais uita la Eleonora, simțeam ca-mi slabeau sans regarder Eleonore, je puterile ^i mi se pierdeau ideile. sentais mes idees devenir (CAED, p. 68). plus vagues et ma resolution faiblir.” cu cît : "Cu cît se apropie de selva vecină, tovărășii săi cad unul cîte unul pe lînga dînsul ; cînd intra cu Rene în selva, ră- măsese singur." (CNIS, p. 235). "A mesure qu’il s’avance vers la foret voisine, ses compagnons tombent un â un â ses cotes ; quand il penetra avec Rene dans la foret, il restait seul." En ce qui concerne le deuxieme exemple, (le fr. ă mesure qu.e traduit par cu cît) , il est interessant de constater que?de nos jours, cette construction apparaît d’habitude avec un correlatif dans la preposition principale (Grammaire de l’Academie, voi. II, p. 314). En revanche, dans la premiere moitie du XIX-e siecle, ce syntagme -en copiant le modele fran- gais- apparaît sans correlatif, tout comme dans 1’exemple anterieur. Aujourd’hui la construction correcte est : cu cît... cu atît. On conserve cependant des traces de l’ancienne forme dans : "cu cît întîr- zie, boala se agrava" (A mesure qu’il tardait la maladie s’aggravait). 5.1 A la fin du siecle dernier, on voit paraître simultanement cu cît avec son correlatif cu atît et d’autre part, la locution pe măsura ce : A mesure que a connu encore un autre equivalent dans les tra- ductions ă savoir : după măsură cu care : "Fiindcă activitatea intelectuala se supune tot acelor legi ca si activi- tatea fizica si fiindcă energia ei creș- te după măsura cu care se exerciteaza a- ceasta lucrare." (DMTEL, p. 211). După măsură cu care (420) ne moderne. Elle a circule au debut du siecle "Comme l’activite intel- lectuelle obeit aux memes lois physiques, et que son energie s’accroit ă mesure qu’elle s’exerce." s’emploie plus dans la langue dernier. En revanche, ă cote de pe măsura ce on emploie la construc- tion în măsura în care (dans la mesure ou, dans 1£ mesure dans laquelle). (420) La construction după măsură cu care introduit une relative. Nous l’a- vons analysee dans le cadre de la subordonnee temporelle etant don- ne qu’elle represente une tentative de traduire en roumain le fr. _a mesure que. - 332 - Les deux syntagmes connaissent une large diffusion dans le roumain. Les deux apportent des nuances semantiques supplementaires donnant, en meme temps, la possibilite d’une variete plus nuancee des idees. LA SUBORDONNEE D’OPPOSITION 1. Ces propositions indiquent une opposition de contenu entre une subordonnee et une principale. (421) Du nombre des elements de relation qui introduisent la su- bordonnee d’opposition se detache la locution conjonctive în loc sa (ca sa) -au lieu que. 2. Historiquement parlant, cette subordonnee connaît une exis- tence precaire au XVI-e siecle. C’est au XIX-e siecle qu’elle augmente ses moyens d’expression ce qui nous autorise ă soutenir que cet enrichissement ne doit pas etre separe de l’influence frangaise. (422) Le fait s’explique par son caractere en quelque sorte special -pour ne pas dire livresque-. 3. 0 La seule locution qui apparaît au debut du siecle dernier est : în loc ca Z- fr. au lieu que» 3.1 On voit paraître, â cote de la locution în loc sa^qui a ci: cule dejă au XVIII-e siecle, une autre locution în loc ca qui reproduit fi- delement la locution fr. au lieu que (423) : ”Tu ești văduvă numai pîna deseara și numai de r£s, în loc că' eu sînt văduvă de atîta vreme |i în adevar.” ("Doua femei împotriva unui bărbat -deux femmes contre un homme-, ap. M. Avram, op. cit., p. 215) - Tu es veuve seulement jusqu’â ce soir et seulement pour rire, tandis que moi, je suis veuve depuis si longtemps et pour de vrai. (421) La Grammaire de l’Academie (voi. II, p. 332) mentionne que le type le plus riche de propositions d’opposition est constitue par les ”fausses” conditionnelles, temporelles, subordonnees de lieu, de but. (422) Voir M. Avram, op. cit., p. 213, ”In secolul al XlX-lea aceste propo- ziții reapar prin influența franceza.. (Au XIX-e siecle ces propositions reapparaissent sous l’influence du franqais...). (423) Cette locution n’a pas un sens temporel mais elle a une valeur proche de la temporelle (M. Avram, op. cit. , p. 215). - 333 - CONCLUSION 1. Apres avoir analyse le probleme de la repartition des locu- tions en fonction du type de la subordonnee introduite, quelques conclusions s’imposent : 2. A l’epoque des traductions du franqais, au debut du XIX-e siecle, quand les elements d’origine franqaise penetrent massivement dans la langue roumaine;les locutions nouvellement introduites s’utilisent paralle- lement avec les constructions roumaines anciennes. Par la suite, on consta- te que les constructions calquees sur le frangais connaissent une diffusion plus large et commencent â les remplacer. Ce phenomene de substitution se fait progressivement. D’autre part, on observe que certaines constructions rou- maines anciennes disparaissent en cedant la place aux locutions franqaises qui demontrent depuis, leur grande vitalite. tes : La plupart de ces constructions circulent sous deux varian- ticule et a) avec le substantif - 1’element pivot de la locution - ar- b) avec le substantif non articule, exemple : (din moment ce ou din momentul ce Z- fr. du moment que, sub pretext ca ou sub pretextul ca fr. sous (le) pretexte que. etc.). 4. Toutes ces constructions connaissent, avant la fixation de leur forme definitive, des differentes variantes plus ou moins proches. 5. Quand le substantif de la locution est articule, la subor- donnee sui suit est une relative (1’article du substantif implique une de- termination) donc la determination du substantif change le caractere de la subordonnee. 6. La langue roumaine actuelle prefere la locution non articu- lee qui s’emploie plus frequemment. - 334 - B) L’analyse des segments constitutifs 1.0 L’analyse des elements des locutions calquees sur le fran- gais met en relief le procede de leur formation. Dans la plupart des cas, ces constructions sont des series homogenes comme structure, formees autour d’un element pivot de nature nominale. Elles ne sont pas des tournures oc- casionnelles, mais des constructions figees qui presentent des schemas structuraux fixes du type : P (preposition) + S (substantif) + C (conjonction) 1.1 . II ne faut pas comprendre mecaniquement 1’agglutination de ces trois elements. Ainsi, le premier element de nature prepositionnelle est variable et par consequent dans le cadre de la categorie prepositive, il peut etre substitue. En voilâ les structures en ordre irreversible et dont le premier element est une preposition : sub - sub pretext ca din - din cauza ca în - în loc ca cu -cu condiția ca de - de teama cF (sous (â (au (1 (de sous pretexte que) â cause que) au lieu que) â condition que) de peur que) On constate que dans la plupart des cas la preposition rou- mâine est l’equivalent parfait de la preposition frangaise : fr. sous en r. sub (sous pretexte que sous reserve que - sub pretext - sub rezerva ca) ca) fr. dans en r. în (dans l’hypothese que - în ipoteza ca ; dans 1’eventualite que - în eventualita- tea câ) fr. de en r. de (de peur que - de frica ca) etc. 1.2 De meme, le troisieme element, la conjonction, peut varier. En frangais, dans tous les cas, on utilise la conjonction que (424) tandis qu’en roumain on enregistre une possibilite plus grande ; ainsi les conjonc- tions : ca (425) -suivie toujours de subjonctif- ca -suivie des verbes â tous les modes personnels â l’exception du subjonctif et de 1’imperatif- et ce -pronom interrogatif-relatif- qui a le meme regime que la conjonction que. (424) ”Des l’ancien frangais, la conjonction que est la conjonction de subordi- nation par excellence. Elle exprime des relations tres diverses” (F. Bru- no t et Ch. Bruneau, Precis de grammaire historique de la langue frangaise, 5-e ed., Paris, 1949, p. 455). (425) Ca est considere comme conjonction (voir lorgu Iordan, Structura morfolo- gica a limbii române contemporane (La structure morphologique de la lan- gue roumaine contemporaine), Ed. Științifica, București, 1967, p. 299. - 335 - La langue roumaine a adapte ces locutions conformement â son systeme grammatical. Nous avons deja mentionne que â part la conjonc- tion simple ca, on rencontre la conjonction composee ca sa, le pronom ce et ca - qui parfois a la valeur d’une preposition, d’une conjonction ou d’un adverbe. 1.3 On peut grouper les locutions examinees selon le troisieme element. Ainsi se detache plusieurs types structuraux : P + S + conjonction ca : din cauza că, în caz ea, etc... P + S + conjonction composee ca sa : în loc ca sa, cu condiția ca sa. P + S + conjonction ca : în loc ca, de frică ca, etc... P + S + pronom ce : din moment ce, etc... 2.0 Apres ces considerations, nous debouchons sur la conclusion suivante : En ce qui concerne la structure de ces locutions, en fran- gais c’est seulement le premier element -la preposition- qui peut varier ; le troisieme element, la conjonction, reste toujours le meme (que et ra- rement ou). En roumain, la possibilite de changer le premier element -la preposition- aussi bien que le troisieme -la conjonction- est plus grande. II y a des locutions qui connaissent toutes ces variantes : cu condiția ca - cu condiția ca - cu condiția ca sa de frica ca - de frica ca - de frica ca sa etc... Le plus repandu est le type forme â l’aide de la conjonc- tion ca, facile ă comprendre si l’on considere qu’elle est un element he- rite du latin (426), commun aux deux langues ; d’autre part, elle traduit le fr. que, et toutes les autres constructions similaires roumaines etaient formees avec la meme conjonction. Nous citons quelques exemples pour en (426) Quand le vieux monde latin s’ecroula et que le roman sortit penible- ment de ses decombres pour prendre dans la suite des temps l’essor glorieux que l’on connaît, presque toutes les conjonctions de subor- dination, si nombreuses en latin, disparurent. Des quatre qui surve- curent, trois furent des le debut affectees ă des usages nettement definis et restreints. ”Quand” et ”comme” se bornerent, presque ex- clusivement, aux rapports de temps, ”si” aux rapports de condition. Pour exprimer tout autre rapport de subordination, restait la con- jonction ”que’’ pour rendre tout autre manifestation de la pensee, ces idees complexes, ces nuances jadis inaperques, que la marche de la civilisation devait bientot multiplier â l’infini, le roman ne disposait que de cette unique conjonction. On devine quelle deviendra son importance. Si dans toute langue les conjonctions sont en quelque sorte les pivots de la phrase, puisque c’est autour d’elles que tournent les divers elements de la phrase, .../... - 336 - illustrer l’usage : dat fiind ca, acum ca, din cauza ca^, în eventualitatea ca, etc... 2.1 Quant au deuxieme element, 1’element pivot de nature nomi- nale, il est d’habitude un neologisme d’origine frangaise comme : pretext /_fr. pretexte, condiție Zfr. condition, ipoteza Z fr» hypothese, moment Z—fr. moment, etc. ; plus rarement on rencontre un terme roumain ancien comme : frica, loc (peur, lieu) etc... Les plus nombreuses sont les constructions formees â l’ai- de d’un neologisme d’origine frangaise, etant donne qu’elles ont ete cal- quees sur leur correspondant frangais. Le fait qu’on enregistre dans d’autres locutions un terme roumain ancien qui traduit son equivalent frangais, demontre la vitalite de ce type de constructions, et en meme temps, leur acception et leur integration dans la langue roumaine. 2.2 La classification d’apres leur forme met en evidence la grande possibilite combinatoire des elements subordonnants d’origine frangaise qui ont penetre dans la langue roumaine. On remarque, d’une part, une diversite extreme des locutions conjonctives et, d’autre part, une nouvelle tendance d’enrichissement de ce type structural, dont l’e- lement de base, 1’element pivot, est de nature nominale. Je citerai un seul exemple. II s’agit de la locution con- jonctive roumaine : sub motiv ca (sous motif que). DLR enregistre les lo- cutions conjonctives : pentru motivul ca "fiindcă, deoarece" et pe motiv ca -attestee en 1910- mais d’une maniere inexplicable manque la locution sub motiv ca quoique le meme dictionnaire enregistre le substantif motiv en 1851 ( Z it. motivo, all. Motiv, fr. motif) La locution sub motiv ca est formee d’apres le meme mode- le : P + S + C (427) et ellen’a pas d’equivalent frangais (sous motif que n’existe pas en frangais) . On enregistre dans Littre la locution pre- (426) suite, partant de la pensee, jamais conjonction ne fut melee â des combinaisons plus variees. Alors que d’autres idiomes, mieux outilles, possedent une foule de ces particules si necessaires, le frangais, se contente d’une seule, et, selon les besoins du moment, lui assigne des emplois nouveaux, ou bien, en la prenant toujours pour matiere premiere, en forge sans cesse de nouvelles locutions conjonctives". (R.L. Graene, M.A. Ritchie, Recherches sur la syntaxe de la conionc- Jțion "que" dans l’ancien frangais depuis les origines de la langue frangaise jusqu’au commencement du XlII-e siecle. Paris, 1907, p. VII-VIII.). (427) La meme constatation est valable pour d’autres constructions plus re- centes, d’un meme type qui circulent de nos jours : prin (pentru) faptul ca d’apres le fr. par le fait que, în proporția în care d’apres le fr. dans la proportion ou, pentru motivul ca du tr. pour la raison que. Alexandre Lorion appelle ces constructions "conjonctions compo- sees mineures... de veritables locutions conjonctives." (L’ordre des propositions dans la phrase frangaise contemporaine. La cause, Paris, Klincksieck, 1966, p. 103-104.). - 337 - positive motif ă + infinitif (428). 2.3 En guise de conclusion, on peut affirmer que ce procede de formation reste productif. Quoique ce schema existat dans la langue rou- maine (de vreme ce, de vreme ca, sub cuvînt ca, cu pricinuire ca etc.) en copiant le modele frangais, ces constructions augmentent considerable- ment leur nombre. C) Les types de calque 1.0 En ce qui concerne la classification, fondee sur les dif- ferents types du calque, on distingue deux categories : a) calque syntaxique pârtiei b) calque syntaxique total 1.1 De la premiere categorie (a), on peut citer la locution dat fiind ca Z_fr. etant donne que. C’est un calque pârtiei puisque les ele- ments constitutifs des deux constructions -roumain et franqais- existaient dans les deux langues. On remarque seulement 1'ordre inverse des elements constituants. 1.2 Quant â la deuxieme categorie (b), elle est amplement re- presentee par toutes les autres locutions analysees jusqu'â present. Ce type structural existait en roumain, ă 1'epoque ou l'on pouvait parler de l’influence franqaise, mais il s’enrichit substantiellement en imitant d’autres modeles frangais. D) L’evo1ution et les variantes des locutions Nous avons estime interessant et necessaire en meme temps d’envisager comme dernier probleme 1’apparition, â la meme epoque que les locutions conjonctives, des neologismes qui constituent 1’element pivot de ces constructions et egalement l’apparition des locutions prepositives correspondantes. II est hors de doute que ces nouvelles locutions ont apparu (428) E. Littre, Dictionnaire de la langue frangaise, II, Paris, 1869. - 338 - tout d’abord comme des faits sporadiques, individuels, plus ou moins iso- les. L’histoire de ces locutions est etroitement liee ă celle des neologismes et des locutions prepositives correspondantes. On voit paraître, dans la plupart des cas, tout d’abord les neologismes qui constituent 1’element de base de la locution : con- diție (condition), ipoteză (hypothese), eventualitate (eventualite) etc. qui ont circule independamment, isolement, dans la langue roumaine ; â la meme epoque, ă peu preș, on enregistre des locutions prepositives correspondantes : cu condiția (â condition). în ipoteza (â l’hypothese), în eventualitatea (â 1’eventualite) etc... Ce n’est que petit â petit, suivant les besoins et les possibilites du langage parle en usage â l’e- poque dans les couches cultivees et les exigences specifiques de la lan- gue ecrite, que les locutions conjonctives se sont generalisees et elles deviennent des elements stables du systeme de la subordination : cu con- diția că (ă condition que), în ipoteza ca (dans l’hypothese que) în eventualitatea ca ( ă 1’eventualite que) etc... 2.0 Les textes depouilles mettent en valeur les differentes etapes parcourues par les constructions signalees et nous estimons qu’une breve analyse de leur ”histoire” serait d’une grande utilite dans ce do- maine. Parallelement â la locution conjonctive sub pretext ca (sous pretexte que) nous voyons paraître : - le neologisme pretext (429) fr. pretexte - dans une traduc- tion : "Estela, ce părintele sau o "Pendant ce temps, Estelle, ^ținea acasa sub feluri de pretecsuri que son pere, sous divers pre- (pricini) cugeta necontenit la a- textes retenait ă la maison, mântui sau”. (FECS, p. 18). songeait ă son berger." Dans un texte original : "Aide, aide, strigai eu iute luînd cel dintîi pretext care putea a ne distrage". (CAS, p. 162) - Allons, allons, criai”je vivement en pre- nant le premier pretexte qui pouvait nous distraire. (429) A la meme epoque, on enregistre d’autres constructions calquees sur le franqais. Ainsi : sub o mie de preteste L. fr. sous miile pretextes : "... prelungeam pe cît puteam conversarea si o rețineam sub o mie de preteste." (LGMI, p. 82). "... je prolongeais la conversation tant que je pouvais et je la retenais sous miile pre- textes." a lua ca pretext, a lua drept pretex.0 a lua de pretext (de nos jours : 4— fr. prendre pour pretexte. "sclavie noua care luă^ de pretext inferioritatea soiului african" - un nouvel esclavage qui prend pour pretexte 1’inferiorite de la race africaine - (Kogalniceanu, op. cit., p. 225). - 339 - Dans le premier exemple, le terme neologique apparaît avec son explication entre parentheses ce qui prouve l’hesitation du traduc- teur ă employer seulement le neologisme. Dans un autre exemple pretexte est suivi par la conjonc- tion ca : ”Pe la 1790 domnind Alexandru Moruz, boierii găsiră pretext ca locuitorii se afla în stare buna.” (Balcescu, 0, voi. I, p. 143) - Vers 1790, sous le regne d’A. M., les boyards avaient trouve le pretexte que les habitants se trouvaient dans une bonne situation.” Dans 1’exemple que nous venons de citer le substantif pre- text est non articule ; de nos jours on dit : găsiră pretextul ca - en respectant fidelement la construction frangaise. 2.1 La locution prepositive sub pretext de Z—fr. sous pretexte de : "Sub pretext de așezarea unor "Sous pretexte d’arrange- trebi duca pleca cu hotarîrea ca sa ment d’affaire le duc partit saza acolo." (MGPC, p. 42). decide â y rester trois ou quatre mois." Dans un texte original : "... atacat fara ragaz de Ieși și de unguri sub pretext de oare- cari drepturi fictive..." (Russo, £, p. 235) - ... attaque sans cesse par les Polonais et par les Hongrois sous pretexte de quelques droits fictifs... 2.2 Les oscillations que nous avons rencontrees quand nous avons etudie la locution conjonctive sub pretext ca Z_fr. sous pretexte que - dans le cadre de la subordonnee de cause - nous les enregistrons pour la locution prepositive sub pretext de Z_ fr. sous pretexte de. Ainsi on cons- tate plusieurs fluctuations : sub (t) pricinuire de : "... și unde subt pricinuire de ajutor uneia din partide, trebuia sa mearga spre a lua stapînirea." (EIU, p. 209). cu pricina de : "... un război cu pricina de religie." (MRSG, p. 126). "... et ou sous le pretex- te de secours â l’un des par- tis, on devait se rendre pour s’emparer du pouvoir." "... les guerres avaient sous pretexte de religion..." De nos jours, c’est sub pretext de qui s’est impose : Veni la mine sub pretext de a ma întreba... - il vint chez moi sous pretexte de me demander... - 340 - 3.0 Une situation similaire presente la locution din moment ce Z_ fr. du moment que. En meme temps que la locution conjonctive, ont cir- cule le neologisme moment L. fr. moment moment, în momentul ( Z_ fr. du moment, des cas, l’infinitif. Par exemple : ”Dupa Alexandru Grecia se cre- zu în momentul de a reveni libera." (EIU, p. 255). "Din momentul acela Filip domina asupra Greciei întregi." (EIU, p. 237). et la locution prepositive : din au moment) plus, dans la plupart "Apres Alexandre, la Grece se cruț arrivee au mo- ment de redevenir libre." "A partir de ce moment, Philippe domina sur toute la Grece." 3.1 Quant au neologisme moment, il commence ă s’employer couram- ment ă partir de 1840. Ainsi dans "Le Courrier des deux sexes" de 1847, nous avons rencontre dans les premieres 51 pages, une seule fois le fr. moment traduit par minut et dans tous les autres cas il est rendu par moment : în acel moment, în momentul, pentru un moment etc... 4 .0 Un cas identique se rencontre dans l’adaptation de la locu- tion cu condiția caL_ fr. ă condition que. En voici un exemple ou nous avons enregistre le neologisme condiție Z^fr. condition : "... pi într-aceasta eu găsesc "... je trouve la condi- condiția unui nobil nenorocit de a nu tion d’un gentilhomme malheu- putea sa se asigureze pe toata înțe- reux, de ne pouvoir point s’as- lepciunea." (MDJC, p. 58). surer sur toute la prudence.” Dans un texte original : "... la-conditia lui" (CAS, p. 16) - dans sa condition. 4.1 A la meme epoque on rencontre la locution prepositive : sub condiția de (au lieu de : cu condiția de) fr. ă condition que : "... primind de la acest tiran o suma însemnatoare sub condiția de a veni pi a locui în palatul sau." (CAS, p. 354) - recevant de ce tyran une somme importante ă condition de venir et d’habiter dans son palais." 5 .0 Jusqu’â la diffusion de la locution conjonctive în ipoteza căZ_fr. dans 1’hypothese que on voit paraître tout d’abord le neologisme : "Mai iau o a patrulea ^si ultima hypothese." (CAS, p. 12) - je prend une quatrieme et derniere hypothese. On remarque dans cet exemple que le neologisme roumain re- produit fidelement la graphie franqaise. - 341 - 5.1 A mentionner, dans la meme periode, la locution prepositi- ve în ipoteza : "In ipoteza rezonamentului domniilor-sale, ar trebui ca lumea întreaga sa aibă numai o limbă.” (Russo, 0_, p. 56) - Dans l'hypothese de leur raisonnement, il faudrait que le monde entier ne possede qu'une seu- le langue. 6. Quant â la locution conjonctive din cauza ca Z—ă cause que on constate la meme situation. Tout d'abord nous avons enregistre la locu- tion prepositive din cauza Z_fr. ă cause de : "Si aceasta împărțire se pune aici din cauza (430) consecraciunii" "Cette division est encore indiquee ă cause de la consecra- tion." (DMFTL, p. 16). A noter que le substantif cauza est articule comme dans les autres locutions que nous avons analysees : sub pretextul ca (sous le pre- texte que) cu excep/ia (ă l'exception de), sub raportul (sous le rapport de) etc. Mais quand la meme construction est suivie d'une preposition, le substantif apparaît non articule : din cauza de. 7. Le dernier exemple que nous voulons analyser est celui de la construction în așa manieră încît Z_ fr. de (telle) maniere que.(431) On remarque l'apparition du neologisme maniera Zfr. maniere : "Deosebit de asta îți voi spune ca maniera cu care vii din întîmplare a-mi cere ospitalitate m-a atins cu deosebire." (CNIS, p. 132). "Je vous avouerai d'ail- leurs que la maniere dont vous venez par hasard de me faire demander 1’hospitalite, m'a singulierement touche." ou le syntagme după maniera (â la maniere) : "Rene si conducătorii sai salutîndu-le după maniera europeană. (CNIS, p. 5). "Rene et ses guides l’ayant salue ă la maniere de 1'Eu- rope. " Dans une autre traduction nous avons rencontre : cu ce maniera : "Ne înțelesesem cu ce maniera ne puteam apara de..." (PIMB, p. 81). "Nous nous concertâmes de quelle maniere nous pouvions prevenir..." (430) Le terme cauza, en roumain tout comme en franqais, tine (^ lat. lit. causa, fr. cause) , est d'origine la- (431) A propos de cette locution J. Herman affirme que "le nom (maniere) a garde son caractere nominal - ces constructions sont moins unies, moins stables" (La formation du systeme roman des conjonctions de subordination, Berlin, 1963, p. 239). - 342 - 8. En conclusion ce dernier aspect met en evidence la neces- site du commentaire lexical ă cote de celui syntaxique. Une fois de plus, l’emprunt lexical ne peut pas etre separe de celui syntaxique. Les exemples peuvent se multiplier parce que ă peu preș toutes les locutions conjonctives frangaises ont leur correspondant prepositif. Ainsi : ă condition que en cas que - ă cause que ă mesure que - sous pretexte que - au lieu que - II est de meme cu condiția ca - în caz ca din cauza ca în loc ca pe măsură ce ă condition de en cas de ă cause de en mesure de sous pretexte de au lieu de etc. en roumain : cu condiția de în caz de din cauza de etc în loc de în măsură de etc Ce type structural est tres frequent dans les deux langues. Leur grande circulation demontre leur vitalite. A la fin du XlX-e et au debut du XX-e siecle, la langue roumaine s’est enrichie avec d’autres constructions de ce type : în materie de Z_fr. en matiere de. în eventua- litatea Z- fr. dans 1’eventualite, etc. Apres avoir analyse le probleme des locutions conjonctives, quelques conclusions s’imposent : 1. En copiant le modele frangais, le nombre des locutions con- jonctives a considerablement augmente. Toutes ces constructions enrichis- sent l’inventaire existant dans le roumain. Elles sont le resultat de la dynamique interne de la langue ; elles mettent en valeur "la circulation des idees et renforcent la cohesion de la mentalite commune." (432) 2. Si aux siecles anterieurs^on utilisait plutot des conjonc- (432) Ch. Bally, op. cit. , p. 51. - 343 - tions simples et composees (433) qui donnaient ă la phrase un air "ste- reotype" ces constructions nouvellement introduites ont permis â la phra- se d’acquerir differentes valeurs stylistiques, differentes nuances se- mantiques. Leur emploi tendant vers une expression des plus harmonieuses. 3. Au debut, ces constructions ont eu un caractere sporadique ; elles apparaissent timidement dans un seul texte isole. Peu â peu, elles se sont si bien ancrees dans la langue roumaine que de nos jours on peut affirmer, ă juste raison, qu’elles sont preferees aux autres constructions anciennes. 4. Chronologiquement parlant, dans la plupart des cas, le neo- logisme qui forme 1’element pivot de ses constructions apparaît apres 1830. Par la suite, on voit se diffuser les locutions prepositives et ensuite celles conjonctives. 5. On remarque egalement qu’au point de vue semantique, les constructions mentionnees ne sont pas synonymes de celles qui existaient dans la langue roumaine. Elles viennent de completer des lacunes grâce ă leur expressivite et leur capacite d’ajouter des nuances nouvelles. Le besoin de donner ă la langue un caractere plus expressif justifie un per- manent renouvellement des moyens de construction. Dans la tendance gene- rale de renoncer aux constructions lourdes -tendance qui caracterise tout le XIX-e siecle roumain- ces constructions connaîtront une large diffu- sion dans tous les styles de la langue. 6. 0 Une autre observation qui se degage de notre enquete portee sur 1*etude des locutions d’origine frangaise est la tendance vers la spe- cialisation du sens. A part un nombre extremement reduit, par exemple la locution pe masuri ce fr. ă mesure que qui peut introduire une subor- donnee temporelle et une subordonnee comparative â la fois, le domaine de toutes les autres locutions s’est trouve specialise. C’est le cas de : cu condiția ca (ă condition que), sub pretext că (sous pretext que) etc. Cela s’explique par le fait que le sens lexical precis de 1’element pivot condiție, pretext, etc. les a aides ă limiter et ă specialiser leur sphe- re semantique et donc ă influencer cette specialisation. En general, les locutions dont 1’element de base est un sub- stantif introduisent ”une subordonnee qui sert ă developper, ă concretiser la signification du nom.” (434) Dans notre cas, la plupart de ces construc- tions ont comme noyau de formation un substantif (condiție, eventualitate, ipoteza, etc.) (433) "Les locutions conjonctives des premiers textes roumains se composent tres differemment de celles qui constituent les locutions conjonctives anciennes des langues occidentales... Le roumain dispose de quelques subordonnants composes qui sont deja tout faits et etroitement soudes dans les premiers textes mais dont la structure est differente de cel- le des locutions occidentales." (J. Herman, op. cit., p. 256-257). (434) J. Herman, op. cit., p. 243. “ 344 “ 6.1 Dans le cadre de la meme tendance vers une specialisation on peut signaler le processus de remplacement des termes autochtones -de cer- taines constructions qui existaient deja en roumain- par des neologismes d’origine frangaise. C’est le cas de la locution din moment ce. Rappelons que parmi les constructions roumaines anciennes qui circulaient avant la pe- netration des constructions frangaises dans les textes roumains s’utili- saient : în ceasul ce, în ceasul cînd, în vreme ce, în vreme cînd, la vre- me ce, în minutul ce, în minutul cînd, în timpul cînd, în timp ce (qui peuvent avoir comme equivalent : du moment que, au moment ou, pendant que. Cependant quand ă la moitie du XIX-e siecle paraîtra la locution din moment ce (Z- fr. du moment que) -qui va creer une synonymie avec les autres elements roumains- c’est la locution d’origine frangaise, plus expressive, qui remplacera peu ă peu les constructions roumaines. Un autre cas de remplacement d’un terme autochtone par un neologisme est presente par la locution sub pretext ca^fr. sous pretexte que - qui a evince tour ă tour les anciennes constructions roumaines : sub cuvînt ca, din pricină" că, cu pricinuire ca. 6.2 Ce processus fut lent et les substitutions successives (nous avons analyse en detail cet aspect) demontre l’effort commun collectif en vue du perfectionnement et de la modernisation de la langue litteraire. D’aiileurs ”un changement linguistique ne pourrait se produire dans un par- ler local s’il n’y avait pas une tendance collective identique determinee par le systeme de la langue” (435). Tous les flottements, qu’il s’agisse du passage du neologis- me â la locution prepositive et ensuite ă la locution conjonctive, ou de l’effort permanent et soutenu de les adapter au systeme grammatical rou- main, demontrent le deșir des traducteurs, aussi bien que des ecrivains, d’introduire des constructions nouvelles pour enrichir la langue, pour lui donner plus de souplesse. 7. Dans tout ce processus on observe une tendance de modernisa- tion de la langue roumaine. Pourtant,cette modernisation n’affecte pas le systeme syntaxique proprement dit mais elle essaie de modeler certaines constructions, en imitant le modele frangais, en substituant dans notre cas ă un element ancien un neologisme. La structur^de ces locutions existait; ce qui est nouveau, c’est 1’element pivot qui remplace le mot autochtone roumain. 8. A souligner egalement que la succession des elements consti- tutifs est la meme dans les deux langues. (435) Manessy-Guitton Jacqueline, La linguistique comparative, Revue de l’en- seignement superieur, Paris, 1-2, 1967, p. 13). - 345 - 9. Nous avons observe que les locutions mentionnees n’enrichis- sent pas dans la meme mesure les differentes subordonnees. 10. Certaines constructions posent des problemes delicats. Ainsi : chit ca (436) peut venir du fr. quitte ă ou, en partant du neologisme chit (d’origine frangaise quitte), la locution conjonctive pourrait se former sur le terrain roumain. 11. 0 Un dernier probleme que nous voulons envisager est relatif â la maniere dont certains linguistes interpretent la structure de ces cons- tructions . 11.1 La Grammaire de l’Academie de meme que lorgu Iordan (437) mentionnent tous ces elements d’origine frangaise dans la categorie des lo- cutions conjonctives. 11.2 Aux yeux de M. Avram (op. cit. , p. 195), qui d’ailleurs s’oc- cupe en passant et d’une maniere succinte de ces locutions, ces construc- tions sont des combinaisons de mots qui introduisent les diverses subordon- nees. Elle mentionne que si le substantif, pivot de la construction, est non articule ces constructions peuvent avoir une structure locutionnelle. 11.3 Les grammaires frangaises considerent toutes ces constructions des locutions conjonctives. (438) 11.4 Nous estimons que la plupart sont des locutions conjonctives et les autres en train de se "grammaticaliser". Les constructions du type : P + S + C deviennent, peu ă peu, des locutions conjonctives avec un sens (436) En voici un exemple ou nous avons rencontre le neologisme chit : "el a lucrat pentru a cotiga acești bani în vreme ce era sa "il a travaille pour gagner petreacă în închisoare fara ca să faca nimic ; astfel încît este chit cu noi si cu creditorul său." (FBMB, p. 15) cet argent-lă, pendant le temps qu’il aurait du passer en prison â ne rien faire, de sorte qu’il est quitte envers nous et son creancier." (437) Limba româna contemporana (La langue roumaine contemporaine) p. 485. (438) Marcel Cohen propose ă la place de "locution conjonctive", "locution subjonctive" (Grammaire frangaise en quelques pages, Paris, 1964, p. 20. - 346 - syntaxique bien determine. Au point de vue structural, les elements consti- tutifs sont soudes dans un syntagme fixe, de telle maniere que 1*element nominal devient indeclinable. Si l’element prepositif qui precede le nom peut etre substitue de meme que le troisieme (nous 1’avons largement dis- cute), en revanche, le nom reste toujours invariable. Dans l’axe paradig- matique, il est impossible d’enregistrer des variantes du type : cu con- diție ca saT, cu condiții ca sa, cu condițiile ca sâ etc... Les oppositions de nombre, cas, disparaissent ce qui vient â l’appui du processus de”gram- maticalisation.” La combinaison de ces elements a cree une sorte d’automa- tisme grammatical. 11.5 Locutions ou combinaisons de mots, c’est un probleme d’in- terpretation qui n’affecte pas l’importance de toutes ces constructions empruntes au frangais. Forme autour d’un substantif, ces constructions peuvent servir de point de depart dans la formation d’autres locutions d’apres le meme modele. Bien ancrees dans la langue roumaine, ces cons- tructions ont fait fortune, parce qu’elles apparaissent couramment depuis ; elles marquent une nouvelle etape dans le developpement du systeme de la subordination. II est hors de doute que l’inventaire de ces constructions qui rattachent les subordonnees ă la principale, s’est enrichi grâce au contact avec la langue frangaise, selon le modele des locutions conjonc- tives frangaises. Leur grande diffusion et leur emploi frequent sont favori- ses par le besoin qui s’est fait sentir dans la langue roumaine litterai- re du XIX-e siecle, de trouver des constructions les plus precises possi- bles en vue d’une expression de plus en plus harmonieuse et riche en nu- ances. - 347 - Constructions correlatives dans le cadre du rapport de la subordination 1 .0. D’un emploi sporadique, les constructions correlatives exis- taient dans la langue roumaine ancienne. Le developpement du rapport de la subordination impose egalement le developpement de ces constructions. 1.1. Dans ce sous-chapitre, nous analyserons quelques constructions du type : element conjonctionnel + un correlatif adverbial. En imitant le texte frangais, ces constructions - dont tous les elements se trouvaient en roumain - augmentent leurs possibilites de combinai- son. C’est dans cette possibilite de distribution des elements deja existants que reside l’apport du frangais. 2. Le rapport entre la subordonnee et la proposition principale peut s’exprimer, tout comme la coordination, soit par la juxtaposition, soit par des elements introductifs. L’histoire des elements introductifs indique une croissance sensible de l’inventaire des conjonctions de subordination, et implicitement - au moins pour certaines propositions - du systeme de cor- relation. Une frequence plus grande est enregistree par les subordonnees qui expriment une etroite correlation entre son action et celle de la principale - etant donne que leurs actions se deroulent parallelement. 3. Dans le cadre de la subordonnee modale, nous avons enregistre quelques constructions dont les elements constitutifs copient fidelement le modele frangais. Des textes depouilles resultent que la langue roumaine n’em- prunte pas de constructions ou d’elements nouveaux ; le contact avec le fran- gais favorise une diffusion plus large de certaines constructions correlati- ves qui, jusque lâ, s’employaient rarement. 3.1. La construction qui presente les variantes les plus interessan- - 348 - tes est d’autant plus et surtout d’autant plus - que - (439) rendue en roumain par : cu atît mai et cu atît mai - că. A mentionner que la construction correlative cu atît mai - ca apparaît dans la langue roumaine dans la premiere moitie du XIXe siecle - elle n’est attestee ni dans les textes anterieurs, ni dans la litterature populaire Cette constatation nous permet d’affirmer que le contact avec le franqais a beaucoup influence sa diffusion dans la langue roumaine. Cette construction calquee sur le franqais, quoiqu’elle eut ete frequemment em- ployee tout au long du XIXe siecle, n’est pas restee dans le systeme des constructions correlatives roumaines. Nous nous limitons â un exemple d’une traduction : ”Ei sînt cu atîta mai de jalit ca ”Ils sont d’autant plus ă plaindre nu știu nici un meșteșug". qu’ils ne savent aucun metier". (DPAF, p. 98) et un autre d’un texte original : "Poziția noastră era cu atît mai ciudata, ca trebuia sa călcăm prin întune- ric..." (Alecsandri, Proza, ap. M. Avram, op. cit., p. 116) - Notre posi- tion etait d’autant plus bizarre, que nous devions marcher dans l’obscurite. Dans les deux exemples ca apparaît comme un calque evident du fr. que. De nos jours, la forme correcte est cu atît (mai) - cu cît. 3.2. Dans d’autres cas, le fr. d’autant plus - que est calque en rou- main sous la forme cu atît mai mult - cu cît : "Intriga este cu atît mai mult "L’intrigue a d’autant plus d’avantage folosita, cu cît omul cel de is- que l’honnete homme qu’elle attaque prava asupra caruia ea să por- est sans defiance et sans precaution". nește petrecînd în bună credință și fără paza ... (MBSM, p. 147) construction qui s’emploie jusqu’â nos jours. (439) En voici un exemple ou le fr. "Eram înamorat pe cît o crea- tură umană poate fi, însă de Margherita Gotie, adica de la Paris, la fiecare pas, puteam atinge un om care fu- sese amantul acestei femei sau care-i putea fi mîine". (DDCC, p. 11). La traduction correcte est : "Eram înamorat atît cît ... autant que est traduit par pe cît : "J’etais amoureux autant qu’une crea- ture ordinaire peut l’etre, mais de Marguerite Gautier, c’est-â-dire qu’â Paris, â chaque pas, je pouvais cou- doyer un homme qui avait ete 1’amant de cette femme ou qui le serait le lendemain". - 349 - Parfois le calque est plus force (440) : "Aceasta priveghere va fi cu "Cette surveillance sera d’autant plus atît mai ușor de împlinit, cu facile ă exercer, qu’on n’aura point cît încă se va ocupa cineva și encore â s’occuper de la forme de (DPAF, p. 93). l’ecriture". 3.3. Parfois la subordonnee modale est introduite par des construc- tions soit non attestees soit rarement attestees jusqu’au debut du XIXe sie- cle. C’est le cas de : (440) Dans la premiere moitie du siecle dernier, nous avons enregistre de nom- breux calques qui ne correspondent pas au systeme grammatical roumain. Nous mentionnons quelques uns â titre de curiosite : - d’autant plus - que traduit par cu atît mai - pe cît : "Se va face cu atît mai iute "On fera d’autant plus vite que la pe cît temperatura va fi mai temperature sera plus elevee". ridicata". (BMIB, p. 116). - que - d’autant mieux traduit par pre cît - cu atît mai mult : "Arata ca pre cît doream a "II ajouta que j’etais d * autant reuși cu atît mai mult aveam mieux dispose ă reussir que j’a- și necesitatea a ma favora vais besoin des plus grandes fa- cît de mult fortuna". veurs de la fortune". (PIMB, p. 169). - d’autant plus - que traduit par cu cît-cu atîta : "Eleonora cu cît o urma aduce- "Eleonore etait d’autant plus en rea aminte de greșelile sale, garde contre sa faiblesse, qu’elle cu atîta mai mult se stapînea etait poursuivie du souvenir de la slăbiciunea sa". ses fautes". (CAED, p. 34). Cette derniere construction cu cît-cu atît est restee dans la langue roumaine. Elle traduit aussi le fr. plus-plus : "...dar cu cît făcea silința "...et plus il fait d’effort plus cu atîta mai mult tulburarea son trouble augmente". se adaoga". (FNPS, p. 55). Dans un texte original : "Pe scara naturii, cu cît o ființa este mai imperfecta, cu atît păr- țile din care se compune se aseamana mai mult unele cu altele". (Ghica, 0, II, p. 313) - Sur l’echelle de la nature, plus un etre est imparfait plus les parties dont il se compose se ressemblent. Cette construction existait en roumain. Le contact avec le franqais aidera â augmenter sa frequence ulterieure. - 350 - si - pre cit qui traduit le fr. aussi "Voi sa vaz, daca ești și viteaz pre cît ești de galant și amoros". (SGBM, p. 10-11). așa de - precum qui traduit le fr. si "Din aceste vorbe, care-1 făcură să înțeleagă că nu eram așa de rău precum ma arătasem din Ince- put...” (SGBM, p. 12). cu atît de - precît qui traduit le fr "...a arăta tuturor populilor în- țelepciunea ta și a face pe toata Grecia să vaza în tine un rege atît de demn de a domni, pre cît a fost o dată Ulisse însuși". (ETEC, p. 10). - que : "Je veux savoir si vous etes aussi brave que galant". - que : "A ce discours qui le fit assez con- naître que je n’etais pas si mechant que j’avais păru d’abord". aussi - que : "...montrer votre sagesse â tous les les peuples, et faire voir en vous â toute la Grece un roi aussi digne de regner que le fut Ulysse lui- meme". 4 .0. Un cas interessant ă mentionner est la maniere dont a traduit, au debut du siecle dernier, la construction c’est ... qui (que) : "Focul este ce încălzește pamîn- tul". (TSAFR, p. 35). "C’est le feu qui echauffe la terre". "Condensatorul lui Volta este care slujește la cercetări". (PNAM, p. 284). "C’est le condensateur de Volta qui sert ă ces recherches". Les syntagmes este ce et este care, qui s’employaient couram- ment au XIXe siecle, furent remplaces par este acela care - avec la reprise du sujet (acela). Ainsi, de nos jours, la traduction correcte des exemples anterieurs est la suivante : "Focul este acela care încălzește pămîntul". et "Condensatorul lui Volta este acela care slujește la cercetări". Apres este acela care en roumain, suit une proposition attri- butive, tandis que este ce et este care introduisent une subordonnee predi- cative. 4.1. La construction franqaise c’est ... que fut traduit egalement par este că, qui en roumain, introduit une subordonnee predicative. En voici deux exemples : "Dar tot ce ar putea cineva zice este ca și de n-ai găsi de loc toata averea ce ai dori, poate însă sa se silească a o cîștiga "Mais ce qu’il y a â dire c’est que si l’on n’y trouve pas tout le bien qu’on souhaite, on peut tâcher de regagner cela sur autre chose". - 351 - printr-alte chipuri”. (MSR, p. 30). Et avec la forme abregee du verbe este - e (ca|: "Cauza o cunosc ; e ca ai suferit mult în restrictele ce ai pă- țit ..." (ETEC, p. 194). "J’en conqois clairement la cause c’est que vous avez beaucoup souf1 fert dans vos malheurs ..." 4.2. Cette construction a connu une grande vogue dans certaines expressions comme : este faptul ca (c’est le fait que) : "Curios este faptul ca fiecare își are obiceiurile lui ..." (exemple tire de nos quotidiennes) - Ce qui est curieux c’est le fait que chacun a ses habitudes ..." 4.3. Le dernier exemple que nous voulons mentionner est celui de la construction c’est moi qui traduite dans le roumain de deux manieres diffe- rentes : soit par eu sînt care, avec l’ellipse du sujet, soit par eu sînt acela care. Les deux variantes circulent de nos jours. Ainsi : "Da, da, urma Faria c-un rîs amar ; "Oui, oui, continua Faria, avec un da, eu sînt care trece de nebun ; rire amer ; oui, c’est moi qui passe eu sînt care desfatez pe oaspeții pour fou ; c’est moi qui divertis din aceasta închisoare". les hotes de cette prison". (DCAB, p. 26). La plus usuelle reste la deuxieme variante : "In aceste condiții eu sînt cel care va interveni în proces", (exemple tire de nos quotidiennes) - Dans ces conditions c'est moi qui interviendra dans le proces. 5 .0. Pour clore cette serie d’exemples, nous estimons necessaire de faire quelques observations : 5.1. Les constructions correlatives dans le rapport de subordina- tion demontrent qu’il y a une etroite liaison entre leur analyse structurale et celle semantique, de contenu. Nous trouvons ici la preuve que les cons- tructions correlatives sont caracteristiques de certaines subordonnees. L’a- nalyse distributionnelle de ces constructions et, dans une certaine mesure, des constituants immediats, des unites constitutives, est faite en fonction de la proposition dont elles dependent. Une analyse linguistique sommaire fondee sur les methodes etu- diees nous arnene au schema suivant : le fr. d’autant (plus) - que a ete traduit en roumain par : - 352 - cu atît (mai mult) - că cu cît cu cît încă pre cît ou par : cu cît - cu atît(a) le fr. plus - plus fut traduit par : cu cît - cu atît mai mult ( C NIS , p. 186) ca (cu) cît - cu atît (a) (CCIM, p. 147) le fr. que - d’autant mieux fut traduit par : pre cît - cu atît mai mult (PIMB, p. 169) le fr. d’autant que fut traduit par : pe cît (DDCC, p. 11) le fr. aussi - que fut traduit par : atît de - precît (ETEC, p. 10) și - precît (SGBM, p. 10-11) le fr-. si - que fut traduit par : aga de - precum (SGBM, p. 12) Les structures les plus frequentes sont celles formees ă l’aide de cît de sorte que l’influence du franqais a etaye l’evolution de ce type correlatif - donc du type conjonctionnel au type adverbial. 5.2. A cote des elements nouvellement introduits, la modernisation du type de correlation prouve la tendance vers le renouvellement de l’expres- sivite. Ces constatations convergent vers 1’affirmation de Meillet : "L’his- toire des conjonctions se ramene presque entierement â un effort toujours re- pete et, par nature, perpetuellement inutile pour obtenir des tours de phrase expressifs” (441). (441) Linguistique historique et linguistique generale, I, Paris, 1948,p.171. - 353 - AUTRES FAITS SYNTAXIQUES Dans ce chapitre nous essaieront d’analyser deux aspects : A - Les constructions impersonnelles comme element regissant une subordonnee subjective. B - La subordonnee relative. A - 1 . En ce qui concerne le premier aspect, nous renvoyons le lec- teur â la premiere pârtie de notre etude et precisement au chapitre "expres- sions impersonnelles". Pourtant, nous estimons necessaire de presenter en quelques mots la situation des constructions impersonnelles qui introduisent une subordonnee subjective, etant donne que la diffusion de beaucoup d’ele- ments neologiques augmente considerablement le nombre des expressions ver- bales impersonnelles. 2 .0. Le probleme des structures impersonnelles est beaucoup plus complexe que celui que nous presentons dans ce qui suit. Nous nous limitons seulement aux constructions du type : 11 est - ou il represente le morphene impersonnel + un autre element (tel : il est probable). 2.1. Avant de les analyser, nous estimons necessaire de presenter la situation de ces structures dans les deux langues. En roumain, l’adjectif adverbialise peut apparaître dans les situations suivantes : + Prep. (442) + Prep. + Infinitif : este necesar de a veni + Prep. + Infinitif : este necesar a veni + Șupin : este necesar de venit + P-sujet (443) : este necesar (ca) sa vina tt este tt este_________ -j~f- este tt este---------- En franqais, on observe deux possibilites de presenter les structures impersonnelles : tt il est + Prep. + Infinitif : il est necessaire de termi- ner tt - + + : il est necessaire qu’il sache qui ont des equivalences avec les constructions correspondantes roumaines. (442) Prep. = Preposition (443) P-sujet = Preposition sujet. - 354 - Apres ces considerations generales, dans 1’analyse des struc- tures impersonnelles roumaines influencees par le frangais on remarque deux situations qui s’imposent : a) l’emprunt de certains Instruments lexico-grammaticaux b) la structure de 1’element qui demande une subjective. a) En analysant le premier aspect et en nous plagant dans la pers- pective historique et chronologique des faits, on peut faire les constata- tions suivantes : Tout d’abord, les constructions impersonnelles existaient bien avant l’influence du frangais dans la langue roumaine. Dans les textes du XVIIe et XVIIIe s., on rencontre bon nombre de ce type de constructions. A partir du debut du XIXe siecle, grâce â l’influence du frangais, ces ex- pressions connaîtront un emploi plus frequent et leur nombre augmentera sen- siblement.(C’est le cas de : este posibil - il est possible ; este probabil - il est probable ; este incontestabil - il est incontestable, etc.) Donc, d’une part,du point de vue lexical, on constate un enri- chissement de la langue avec toute une serie de neologismes, d’autre part, au point de vue syntaxique, le nombre des expressions impersonnelles formees avec des neologismes empruntes au frangais demandant une subordonnee subjective, s’accroit considerablement. b) L’influence du frangais ne s’est pas uniquement limitee â l’en- richissement du point de vue lexical. Les traductions indiquent aussi une influence en ce qui concerne la structure de 1’element regissant impersonnel qui exige une proposition-sujet. Ainsi, l’emploi de l’auxiliaire releve en roumain et en frangais du meme procede. Dans la langue roumaine ancienne, la construction impersonnelle, comme type structural, pouvait exister avec ou sans preposition. Ainsi : iaste bine (il est bien), era cu cale, este de trebuința (il est necessaire), este cu dreptul (il est juste), este de nevoie (il est indispensable ou il est possible), etc. Quel est l’avenir de ces constructions anciennes impersonnelles formees â l’aide des prepositions apres l’influence du frangais ? Tout au de- but du XIXe s. , elles sont rendues par les constructions autochtones. C’est. le cas de : ”... și este cu dreptul ca el sa ”... il est juste qu’il paye ..." plâteasca ..." (PIMB, p. 84) "este de nevoie de a - i face sa "il est indispensable de les leur le congiuge ..." (GEGE, p. 82) faire conjuguer..." "estede trebuință ca să vorbeas- "il est necessaire qu’il lui pariat", că". (MGPC, p. 62) etc. Au moment ou penetrent dans la langue roumaine les neologismes d’origine frangaise, l’ancien type roumain forme ă l’aide des prepositions va disparaître petit ă petit, en cedant la place aux constructions sans prepo- - 355 - sitions du type : este just - il est juste, este probabil - il est probable, este necesar - il est necessaire, etc. A noter que les constructions copiees sur le frangais respec- tent fidelement 1’ordre des mots des expressions empruntees. 3. 0. Au terme de ces considerations, nous estimons necessaire de rappeler quelques adverbes predicatifs du frangais, qui sont des equivalents d’une construction impersonnelle : probablement - probabil ; evidemment - evident ; naturellement - natural, etc. En roumain, les constructions avec les adverbes predicatifs ap- paraissent avec ou sans le verbe copulatif : (e) probabil, (e) natural, etc. - Le manque du copulatif est du ă 1’original frangais. Les adverbes predicatifs de la langue roumaine qui exigent une pro- position sujet, ont comme fondement - dans les traductions - soit un adverbe predicatif frangais, soit une construction impersonnelle sans verbe copulatif : probabil ca - probablement que. 3.1. Quant au mode employe dans une proposition subjective, apres une expression impersonnelle, en roumain, le subjonctif est le mode le plus usuel : "E necesariu sa începem ”11 est necessaire de commencer studiul filozofiei cu psihologia”. l’etude de la philosophie par la (DMFTL, p. 10-11). psychologie...” En frangais, â part le subjonctif : "... și este cu dreptul ca sa "... il est juste qu’il paye". plătească". (PIMB, p. 84). on utilise egalement l’infinitif quand les expressions impersonnelles sont suivies d’une preposition : il est impossible de+1’infinitif. Quoique dans la langue roumaine on emploie toujours le subjonc- tif, au debut du XIXe siecle, dans les traductions on rencontre souvent l’in- finitif : "Daca este cu ne putință a "S’il est impossible de nier que tăgădui ca omul nădăjduiește 1'homme espere jusqu’au tombeau.." pîna la mormînt..." (CGAD, p. 32). aujourd’hui on dit : este imposibil sa negi (tagâduiești)... ou : "Este de trebuința a sa "H est necessaire de s’exercer..." practici..." (EILA, p. 91). ou : "Este de nevoie a scrie". ”11 est necessaire d’ecrire". (DRGL, p. 218). - 356 - au lieu de : este necesar sa scrii. La construction avec 1’infinitif etait pour le roumain ancien un fait courant herite du latin (444). A partir du XIXe siecle, en meme temps que les traductions massives du frangais, on observe dans certains cas, le phenomene de la reintroduction de 1’infinitif. Dans le probleme qui nous preoccupe, on peut affirmer qu’en roumain, la frequence du sujet exprime par un verbe â 1’infinitif est due aussi aux traductions du frangais, â savoir, au processus de transposition d’une proposition sujet avec un infinitif en frangais, dans un sujet forme d’un infinitif et non pas d’un subjonctif con- formement au systeme grammatical de la langue roumaine. Ce processus ne doit pas etre congu mecaniquement, dans le sens qu’il n’existait pas en roumain avant l’influence du frangais, des constructions avec 1’infinitif. Si une telle construction est calquee sur un modele frangais, dans la poesie de Grigore Alexandrescu par exemple, cela ne nous donne pas le droit d’oublier que dans la langue ancienne, jusqu’â Budai Deleanu, 1’emploi de 1’infinitif est frequent. De l’etude des textes traduits du frangais - dans la premiere moitie du XIXe siecle - il ressort que le renouve11ement de 1’infinitif avec une fonction sujet apres une construction impersonnelle est influencee egale- ment par le frangais. 4. A noter en conclusion que mis â part 1’enrichissement du nombre de constructions impersonnelles, on remarque le changement de leur structure : on quitte le type avec la preposition et on prefere la forme sans preposition ; d’autre part, on constate 1’emploi de la forme courte de 1’auxiliaire. Tou- jours est-il que la forme courte peut etre aussi une influence populaire, mais sa grande frequence dans la langue ecrite ne peut pas etre etrangere â l’in- fluence frangaise (il est [il^]). 5. Une derniere remarque se refere au temps employe dans ce type de constructions. Apres les expressions impersonnelles suivies d’une preposi- tion, on emploie 1’infinitif (445). Ce mode, on le rencontre aussi dans d’au- tres situations. On sait que dans la langue frangaise il y a quelques prepo- sitions qui exigent 1’infinitif. C’est le cas de : pour, sans, de, â et de certaines locutions : (au) loin de, avant de, au lieu de, etc. Le roumain, en copiant le modele frangais emploie, au debut du siecle dernier, â la place du subjonctif, l’infinitif. Les exemples sont nom- breux : (444) Certains linguistes soutiennent que 1’utilisation de l’infinitif â la place du subjonctif s’explique par l’influence des langues balkaniques (le slave ancien). (Al. Rosetti, Istoria limbii române,(Histoire de la langue roumaine), București, 1968, p. 256-258). (445) Mentionnons qu’en roumain les infinitifs sont precedes par la preposi- tion _a_ : a cîntă (chanter), a lega (lier), a studia (etudier), etc. - 357 - nitif : - un complement circonstanciel de maniere exprime par l’infi- ”... se întrebuința spre a ataca ”... elle est employee pour atta- prin cale uscata”. quer par voie seche”. ' (PFHM, p. 14, II) - un complement circonstanciel d’opposition exprime par un infinitif : ”Eu insa în loc de a răspunde la aceste căutături amoroase ma prefa- cui mai întîi ca nu-i înțelegeam cugetul”. (SGBM, III, p. 7). ”Mais au lieu de repondre ă ce regard amoureux, je fis d’abord semblant de ne pas m’apercevoir de son dessein”. - un complement circonstanciel de temps exprime par un infini- tif : ”Inainte de a vorbi despre dînșii, ”Avânt d’en parIer nous dirons un vom spune un cuvînt despre ceilal- mot de quelques autres”. ți”. (EIU, p. 99). Dans les textes originaux on rencontre les memes situations : "Salonul departe de a se deșerta, se umplea încă mai mult (Alecsandri, Q. p. 110) - Le salon, loin de se vider, se remplissait davantage. 6.0. En imitant le modele frangais on observe : a) soit l’emploi d’un infinitif roumain â la place d’un subjonc tif precede d’une preposition ; b) soit les infinitifs roumains ajoutent tres frequemment une preposition en copiant le modele frangais. Les exemples sont assez nombreux. De la premiere categorie (a) : "un copil se cuvine a fi supus" (GVGP, p. 11).(au lieu de : sa fie supus) "Mi-e drag mai bine a muri pentru patrie" (WCDA, p. 55). (au lieu de : sa mor) "a pătrunde în camera asta este o crima de moarte". (HADN, p. 52). (au lieu de : sa pătrunzi) "a face bine bucură. . .’’ (KAEL, p. 33). (au lieu de : sa faci) "un enfant doit etre bien obeis- sant". "J’aime mieux mourir pour ma patrie". "Penetrer dans cette chambre c’est un crime de mort". "Faire du bien amuse..." - 358 - Ou avec un sens reflexif â valeur passive : "Acesta regula ceremoniile reli- gioase în Atena, făcu a se iubi si a se respecta de to£i". (EIU, p. 172). (au lieu de : se făcu iubit și respectat). "II regla les ceremonies reli- gieuses ă Athenes, se fit aț.mer et respecter de tous". II y a des cas dans lesquels l’infinitif roumain rend l’infi- nitif franqais precede par la preposition ă : "cunosc toate simtimentele de care este cuprinsa și îmi place a le auzi". (SFC, p. 8). (au lieu de : să le auzi) "am găsit o suta de tovarăși gata a muri" (FGTN, p. 48). (au lieu de : gata sa moara) "să-l vaz espuindu-se a muri" (MBSM, p. 4). (au lieu de : sa moara) "ea își petrece zilele sau a ra- ționa. .. sau a urma plăcerile" (OGAD, p. 47). (au lieu de : sau să raționeze ... să urmeze) ”j’en connais tous les sentiments et j’aime ă les entendre" "j’ai trouve cent compagnons prets ă mourir" "qu’il s'expose ă mourir". "elle passe ses jours ou ă raison- ner ... ou ă suivre ses plaisirs". De la deuxieme categorie (b) : - la preposition de : "asta fu o ocazie naturala de a urma drumul în pas" (DTGL, p. 41) (au lieu de : ca sa urmeze) "și de a fi rânduit ca subordinat..” (DRGL, p. 142). (au lieu de : să fii) "de a controla înțelepțește rețe- tele" (RMIB, p. 11). (au lieu de : ca să controleze) "este mai anevoie de a păstra ci- neva averea" (KAEL, p. 33). (au lieu de : sa conservi să păstrezi). "o adunare de cuvinte a cărora întrebuință este de a uni..." (CMF, p. 123). (au lieu de : să unească) "ce fut une occasion toute naturelle de continuer sa route au pas". "et d ’ etre place dans une position subordonnee". "de controler avec sagesse les ordon- nances". "il est plus difficile de conserver sa fortune". "un assemblage de mots dont la fonc- tion est d’unir... - 359 - "fu fericit de a afla..." (MFPC, p. 62). (au lieu de : sa afle) "și da-mi vreme de a-ți putea arăta" (MSR, p. 5). (au lieu de : ca să va pot) "și el se va grăbi de a-i face dreptate". (EIIA, p. 31). (au lieu de : ca să-i facă) "în loc de a numi pe adevărații vinovați" (EIU, p. 177). (au lieu de : ca să numească) "nu fu cu putința de a ieși" (BDVU, p. 66). (au lieu de : sa iasa) "II fut heureux de trouver" "Et donnez-moi le temps de vous convaincre". "et il se hâtera de lui faire justice". "au lieu de nommer les vrais coupables". "il ne fut pas possible de sortir". L’infinitif precede par la preposition de et qui joue le role de sujet dans une phrase, est du ă l’influence franqaise. "eram atunci în punctul de a ma da jos" (PIMB, p. 163). "je fus alors sur le point de descendre". "în momentul de a bate la ușa". (DDMB, p. 263). "au moment de heurter la porte" - la preposition pour : ’'pentru a construi triunghiul.." (OATG, p. 87). (au lieu de : ca să construiești) "la nimic pentru a erta" (HADN, p. 86). (au lieu de : ca sa ierte) "se pune în locul substantivului pentru a rechiema ideea și pentru a feri receptuirea..." (CMFG, p. 37). (au lieu de : ca sa aruin- tești ... ^i ca să eviți) "vedeai pe fiește care răzamîndu-se pentru de a urma pe o industrie". (DAAH, p. 32). (au lieu de : ca sa traiescă) "pour construire le triangle..." "rien pour pardonner” "qu’on met â la place du substantif pour en rappeler l’idee et pour en epargner la repetition". "vous voyez chacun trouve â s’ap- puyer pour vivre sur une indus- trie quelconque". Dans ce dernier exemple, l’infinitif est precede de trois prepositions C’est une construction lourde et qui n’est pas restee dans la langue. - 360 - - la preposition par : "începe prin a desparți țeava" (RMIB, p. 108) ’ "on commence par separer le tuyau". Ces types de constructions ou on emploie 1’infinitif avec ou sans preposition, imitent fidelement le modele frangais ; ils ne sont pas restes dans la langue roumaine. 6.1. On peut signaler d’autres situations ou 1’infinitif s’emploie dans des conditions anormales (446). "nu doresc a citi" "je ne deșire pas lire"(447) (au lieu de : sa citesc) "prea mult iubesc a ma preum- ”j’aime fort ă me promener" bla" (DFTC, p. 28). (au lieu de : să mă plimb) "mergeți oameni buni cu carii "allez bonnes gens avec qui j’ai- atîta iubeam a trai. . ." mais tant â vivre..." (HRNE, II, 74). La tendance de generaliser l’usage de 1’infinitif apres un autre verbe n’a pas reussi. Quoique ce type de construction ait circule fre- quemment, non seulement dans les traductions mais dans les oeuvres originales egalement, les normes grammaticales de la langue roumaine litteraire a fina- lement refuse les constructions de ce type. Les textes depouilles, tout au long du XIXe siecle, nous offrent des centaines d’exemples, tant dans les traductions que dans les textes ori- ginaux, sur l’emploi excessif de 1’infinitif ă la place su subjonctif. Ces constructions copient fidelement le modele frangais, d’une part, et d’autre part, elles expriment un phenomene equivalent, un parai1elisme (446) Au debut du XIXe siecle, parfois, dans certaines traductions on ne res- pecte pas les voix. Ainsi : tonul trebuie sa se varieze (DRGL, 217) - "le ton doit varier du moins" ; on a traduit par la voix pronominale au lieu de la voix active : tonul trebuie sa varieze. Dans un autre exemple : "cele ce am fost însemnat"(MIIM, p. 111) "ce que nous avons dit", on tra- duit par la voix passive au lieu de la voix active (traduction correcte : ceea ce am spus). Nous n’insisterons pas sur des erreurs de ce type, elles sont dues â 1’incompetance des traducteurs. De meme, des constructions reflexives hibrides avec și (et) superflu : a-și premedita "premediter", au lieu de : a premedita, etc. (447) En ce qui concerne cet aspect nous renvoyons le lecteur au chapitre : "Les abus" - 361 - entre deux faits deja existants dans les deux langues soeurs (448). 7. II est interessant aussi de noter et surtout dans les premie- res traductions, l’usage du participe passe â la place d’une proposition su- bordonnee. Ainsi on dit : "lucrul sfârșit" (le travail fini) au lieu de lucrul care se sfîrșește. "vacanța sfirșită”(les vacances finies) au lieu de : vacanța care se sfîr- șeste (pourtant on peut dire vacanța odată sfîrșită). "prima carte citita"(le premier livre lu) au lieu de : prima carte pe care am citit-o. "filmul vizionat" (le film visionne) au lieu de : filmul pe care l-a vizio- nat. "greșeala mărturisită" (la faute avouee) au lieu de : greșeala pe care a marturisit-o. "cursul bătut la mașina" (le cours tape â la machine) au lieu de : cursul pe care l-a bătut la mașina. "femininele începînde cu vocala" (les feminins commenqant par une voyelle) au lieu de : femininele care încep cu o vocala. 8. Mentionnons,la maniere dans laquelle le futur proche et le passe immediat ont ete traduits au debut du XIXe siecle : "patru ceasuri este sa bata" (DFRC, p. 44). (au lieu de : vor bate) "merge îndata spre mîngîierea Sabinilor" (FNPB, p. 18). (au lieu de : va consola) "trebuie sa mă supun" (DRGL, p. 192). (au lieu de : voi asculta) "mai isprăvise această scrisoare" (MGPC, p. 38). (au lieu de : tocmai isprăvise) "vine de se eflorește.. ." (PFHM, p. 24). (au lieu de : tocmai a atins-o) "quatre heures vont sonner" "il va consoler les Sabins" "je vais obeir" "il venait de terminer cette lettre". "il vient d’effleurer" Tous ces exemples demontrent les efforts et les hesitations des traducteurs pour rendre les constructions franqaises. (448) "Les langues romanes, malgre leur diversite, manifestent toutes des tendances communes". (Marcel Cohen, Histoire d’une langue : le fran- qais, 3-e ed., Paris, 1967, p. 52). - 362 - B - La subordonnee relative 1 . La proposition relative (en roumain elle porte le nom d’attri- butive) est introduite soit par un pronom relatif simple ou compose, soit par un adverbe, soit par une conjonction : qui, que, ce qui, ce que, a, ă qui. ou dont, d ’ou, par ou, ce dont, etc. Au point de vue de 1'origine et de la fonction, la plupart de ces elements sont identiques en roumain et en fran- gais. Quelques uns sont propres seulement ă la langue frangaise ; d’autres presentent un interet certain dans le probleme qui nous occupe - le contact franco-roumain. 2 .0. Par une serie de constructions, la relative frangaise se dis- tingue de celle roumaine qui, due aux conditions specifiques de formation et d’evolution garde ses particularites. Ainsi, la preposition pe qui marque l’accusatif. L’absence de cette preposition dans les traductions du frangais, dans la premiere moitie du XIXe siecle, represente un calque sur le modele traduit. 2.1. Dans la meme periode, on remarque egalement l’absence du pronom qui reprend le complement direct. Au lieu de : omul pe care-1 văd (l'homme que je vois) on disait omul ce vad. Quand en roumain, la proposition relative a comme determinant un complement direct dans la principale, la reprise de ce complement par un pronom dans la relative est obligatoire. Par ces elements syntaxiques le roumain se distingue du frangais ou le complement d’objet di- rect est repris parfois avec une valeur affective (449). 2.2. L’emploi frequent de ce pour care, dans les textes traduits, peut avoir deux explications : soit une influence frangaise - on traduit qui et que par ce, soit qu’on revienne ă l’emploi de ce type de construction avec ce qui a domine au XVIe siecle ; ”dans nos premiers documents litteraires qui datent du XVIe siecle, le pronom relatif care a ete remplace ă peu preș partout par le relatif ce (450)» Care etait utilise dans le siecle mentionne tout â fait excep- tionnellement avec la valeur d’un pronom interrogatif et surtout au pluriel cari ou sous la forme articulee carele. Plus tard, la forme carele a remplace peu â peu ce qui "n’avait pas la force expressive necessaire” (451). Au XIXe et au XXe siecle, suivant 1’affirmation de la Grammaire de l’Academie ce est considere propre au style "recherche ou archaisant dans la langue ecrite et dans la poesie” (452)» Care est predominant dans le langage parle. (449) Voir lorgu Iordan, Quelques paralleles syntaxiques romanes, dans "Recueil d’etudes romanes”, Bucarest, 1959, p. 123. (450) Radu I. Paul, Flexiunea nominala internă în limba română (La flexion no- minale interne dans la langue roumaine), București, 1932, p. 120. (451) Ibid. p. 123. (452) La Grammaire de l’Academie, 2-e ed., București, 1963, I, p. 166-11, p. 276. - 363 - 2.3. La langue roumaine contemporaine dans sa variante ecrite - et parfois dans le langage des hommes cultives - '‘manifeste une tendance tres nette ă remplacer care par ce dans n’importe quelle condition syntaxi- que" (453). Nous considerons que 1’emploi frequent du ce marque une tendan- ce vers la preciosite (pour eviter d’une maniere consciente ce qui est po- pulaire) ou, il calque le modele frangais. 2.4. Les textes depouilles nous offrent des milliers d’exemples ou les frangais qui et que sont traduits par ce et tres peu d’exemples dans lesquels apparaît une relative introduite par care. Voici quelques echan- tillons : “Incit despre Aramis, lacuea în- tr-o mica locuința compusă dintr-o cămăruță, dintr-o sala de mîncat și o odae de culcare, care odae, fiind așezata în catul de jos răspundea într-o mică grădiniță". (DMAP, p. 163). "Verbul este un cuvînt ce arata afirmația". (NCGC, p. 43). "Corpul ce este a se cristaliza". (PFHM, p. XXXVII). "Mi se pare ca toate părțile ini- mii mele ce sînt moarte de răcea- la, ar via încă". (HADN, p. 21). "Quant â Aramis, il habitait un petit logement compose d’un boudoir, d’une salle â manger et d’une chambre â coucher, laquelle chambre situee comme le reste de 1’appartement au rez-de-chaussee, donnait sur un pe- tit jardin". "Le verbe est un mot qui exprime 1’affirmation". "Le corps que l’on veut faire cris- talliser". "II me semble que toutes les parties de mon coeur qui sont mortes de froid vivraient encore". 2.5. Nous debouchons donc sur la conclusion suivante : la grande frequence de ce au detriment de care a ete determinee par les traductions du frangais mais il s’agit aussi d’une evolution interne du roumain (454) renforcee par l’influence des textes traduits du frangais. Ce n'a pas pene- tre par les textes traduits mais son emploi frequent prouve que le roumain est preț â quitter les constructions anciennes pour celles qui viennent d’une autre langue romane. Dans les textes originaux on constate le meme phenomene : "... ajutorința ce ai arătat la tipărea acestei cărți... (DIGG, p. 1, prefa- ce) - l’aide que vous avez apportee pour 1’impression de ce livre. Ce, du dernier exemple cite, introduit une relative equivalent en roumain d’un "attribut en accusatif". Dans de tels cas, les normes de la (453) lorgu Iordan, ... Structura morfologica... (La structure morphologi- que...), Editura Științifică, București, 1967, p. 146. (454) Du fait qu’on rencontre des constructions pareilles dans d’autres lan- gues romanes - en italien chi - on peut croire egalement que c’est un developpement parallele en roumain tout comme en frangais et tout comme en italien. - 364 - langue roumaine litteraire exigent plutot l’emploi de care precede de la preposition pe qui indique l’accusatif : "ajutorința pe care ai arătat..." La frequence de ce entraîne 1’affaiblissement de la position de pe - la marque de l’accusatif en roumain -. Cet aspect, d’une part, et l’absence de la reprise de l’objet direct, d’autre part, dus aussi ă l’in- fluence du frangais, vont approcher le roumain des autres langues romanes. A mentionner quelques exemples ou ce apparaît â la place de : ce = pe care (î)1 ; "Aceasta despodobește junia ta și micșorează interesul ce insufla, mai întîi fericirea fisionomiei". (WCKA, p. 15). ce = pe care ... o "Cela depare votre jeunesse et di- minue 1’interet qu’inspire d’a- bord votre heureuse physionomie". "Ea era singura persoana pe lume ce am iubit". (CRBH, p. 131). ce = pe care ... le "Puternicele mișcări ce am simțit m-au aruncat în niște distracții neprecurmate". (DRNE, p. 75). ce = pe care îi "N-am nici un vrăjmaș, am priete- ni ce iubesc". (KAEL, p. 45). "C’etait la seule personne au mon- de que j ’eusse aimee". "Les puissantes emotions que je viens d’eprouver m’ont jete dans des distractions continuelles". "Je n’ai point d’ennemis, j’ai des amis que j’aime". Les faits analyses jusqu’ici representent une situation generale au XIXe siecle. De plus, dans les traductions de la meme epoque, le regime de ce (sans la preposition pe et sans la reprise du complement d’objet direct) in- fluence egalement les constructions avec care. Par exemple : "Răsplătirea cea mai buna care ar "La recompense la plus agreable qu* putea cineva primi pentru lucruri- on puisse recevoir des choses que le ce a făcut este de a le vedea l’on fait, c’est de les voir con- cunoscute și lăudate". nues". (MBNN, p. 4). De nos jours, toutes ces constructions ont dispăru. La forme correcte est celle du type : pe care o, pe care le, etc. Cependant l’omission de la preposition pe (455) comme morpheme (455) L’absence de la preposition pe- au XVIe siecle - peut s’expliquer par- fois par l’influence du slave ou surtout par le fait que le roumain e- tait dans la phase de sa constitution. (Voir FI. Dimitrescu, Despre '’pre" la acuzativ în limba textelor traduse din slavă în sec.al XVI-lea (de "pre" â l’accusatif dans la langue des textes traduits du slave au XVIe s.), dans "Studii și cercetări lingvistice", Xl-an., n° 2, 1960, p. 219-224). - 365 - de 1 accusatif est consideree comme une tendance de la langue roumaine ac- tuelle - mais qui ne se realise pas integralement. En ce qui concerne la pro position relative, nous estimons que l’influence du frangais n’y est pas etrangere â partir du debut du XIXe siecle. L’absence de pe dans les cons- tructions avec care represente egalement une caracteristique du langage fa- milier et populaire, ou bien sur il ne s’agit pas d’une influence etrangere. Dans ce cas, l’omission de la preposition s’explique par des causes de natu- re stylistique et psychologique : commodite, analogie, dans certaines condi- tions determinees (456). Quant â la langue cultivee, il s’agit plutot d’une tendance vers 1’individualisation, vers la determination, vers la concreti- sation, en fonction des relations syntaxiques ou apparaît pe (457)» Dans les textes traduits ce a la valeur de care precede d’au- tres prepositions que pe : ce = de care ”N-a fugit el departe de locul ce locuisem ?"(MGPC, p. 44). ce = în care ... o ”Din minutul ce am vazut-o...” (MSR, p. 12). ce = la care "Iți fac o cerere ce meditez de atîta vreme”. (MBNN, p. 63). ”N’a-t-il pas fui loin des lieux que j’habitais ?” "Des le moment que je la vis..." "Pour vous faire une demande que je medite depuis si longtemps". 2.6. En conclusion, on peut retenir que les traductions du frangais parfois, ont eu comme consequence, pour la langue roumaine, l’omission, dans certains cas, de la preposition pe ă l’accusatif devant care et l’omission du pronom avec la fonction de complement d’objet direct et dans d’autres, la pre- ference de ce â la place de care. L’absence de la preposition pe attire l’o- mission d’autres prepositions avant ce ou care. La langue peu soignee - attes- tee couramment dans les comedies de Caragiale, â la fin du XIXe siecle - con- tinue d’utiliser de telles constructions et par imitation, elles s’emploient - mais assez rarement - encore de nos jours. (456) Voir lorgu Iordan, Limba româna actuala (La langue roumaine actuelle) p. 287-288. (457) Pour la discussion et la bibliographie du probleme voir Al. Niculescu, Individualitatea limbii române între limbile romanice (L’i nd iv i dua1i t e de la langue roumaine parmi les langues romanes), Editura Științifica, București, 1965, p. 77 sq. - 366 - 1 .0. Au terme de ces considerations quelques conclusions s’imposent. 1.1. Dans les deux premiers chapitres de notre etude, nous nous sommes occupee de 1’enrichissement de la langue roumaine par differentes constructions grammaticales, par des structures destinees ă une expression plus claire, plus precise. On peut deceler deux tendances dans le processus de l’influence du frangais : a) L’introduction de certaines constructions qui enrichissent les moyens d’expression existant en roumain. b) Deuxiemement on constate que certaines constructions, dont l’emploi sporadique dans la langue roumaine subissait des eclipses, jusqu’au debut du XIXe siecle, acquierent une grande diffusion â partir de cette date. Nous nous permettons, â titre d’hypothese d’avancer que leur emploi est du â 1’imitation du texte frangais. Les traductions du frangais abondent, par exemple, dans 1’utilisation des constructions correlatives. Etant donne l’abondance des traductions, on peut se demander si les textes frangais n’influencent pas la mise en circulation de ces constructions qui apportent plus de variete dans le style. Nous croyons que oui. 1.2. Les chapitres suivants analyseront les differentes valeurs es- thetiques, qui permettront une redaction plus pittoresque, plus attrayante, plus elegante. C’est dans cette tendance que l’on decouvre souvent d’autres aspects de l’influence frangaise. 2 .0. Le souci de la modernisation de la langue presuppose en meme temps la preoccupation d’une redaction exacte des idees. Dans ce sens, nous avons affaire â un fait de style. "En affirmant que le style c’est l’homme on decouvre que la langue c’est la nation ... le langage, expression de l’homme evolue avec l’homme, avec les moeurs et les ideaux de la collectivite qu’il exprime" (458). 2.1. Le depouillement des traductions reflete la contribution du frangais tant sur le plan de la syntaxe que sur le plan de la stylistique. Pour mieux comprendre cet apport, il faut tenir compte du moment linguistique et psychologique de l’epoque. Le dernier aspect, â savoir celui psychologique ne doit pas etre neglige car dans la creation de sa variante litteraire, la langue manifeste la tendance vers un style eleve, comme dans notre cas. "Or le contenu de cette âme collective n’est rien d’autre que ce qu’en termes d ’ objectivite nous appelons la culture d’une societe" (459). (458) P. Guiraud, La stylistique, ed. Que sais-je ?, Paris, 1957, p. 34. (459) E. Callot, Langue et culture, dans "Le Frangais moderne", n° 2, avril, 1949, p. 112. - 367 - Parler et surtout ecrire suppose un choix plus judicieux des mots et des syntagmes utilises. Les traductions du frangais, tout au long du XIXe et meme au XXe siecle, mettent en relief les nouveaux procedes employes, des tournures qui copient fidelement l’original et qui par la suite ont acquis une grande diffusion dans la langue roumaine litteraire. A souligner que ces construc- tions n’existaient pas avant dans la structure syntaxico-stylistique de la phrase roumaine. Dans d’autres cas, on constate un enrichissement des syn- tagmes et, peu ă peu, les nouveaux elements ecartent ceux anciens. 3 . II y a des traductions moins reussies, approximatives, qui n’offrent pas un materiei riche d’analyse ; en revanche, il y en a d’autres, scrupuleuses, qui s’efforcent de rendre fidelement et le plus correctement possible toutes les structures de la langue frangaise. Une traduction correc- te ne peut pas negliger l’harmonie authentique de l’original et l’ordre des mots du texte traduit ; ce sont des elements qui peuvent influencer la synta- xe et la stylistique de la langue dans laquelle on traduit. Ces phenomenes ont toujours lieu quand on se trouve devant une traduction directe, c’est-â- dire quand l’emprunt, le calque et la traduction litterale (mot â mot) sont en concurrence (460). 4 .0. Si entre la syntaxe de la langue roumaine litteraire, du debut du XIXe et celle de la moitie du meme siecle, les differences sont evidentes, entre la syntaxe des annees 1850-1860, d’une part, et la syntaxe de nos jours, d’autre part, elles sont â peine perceptibles. Comment s’explique-t-on cette evolution rapide et durable ? L’etude approfondie des traductions du frangais nous autorise â affirmer que l’apport de cette langue soeur a eu un role decisif et positif. Cela s’explique egalement par le fait que cette influence apparaît dans un mo- ment important et determinant dans l’evolution de la culture et de la langue litteraire roumaines. 4.1. Les traductions, mieux que les textes originaux, mettent en lu- miere toute l’evolution de la phrase roumaine. Cependant, il faut reconnaître que l’analyse des constructions syntaxiques est plus difficile encore - par rapport â celles lexicales - etant donne et, il faut souligner de nouveau - que nous avons affaire â deux langues apparentees genealogiquement. Chacun d’entre nous a l’intuition, linguistiquement parlant, que dans la syntaxe rou- maine, il y a ”quelque chose” qui ressemble au frangais ou que c’est du fran- gais meme. En meme temps, on a 1’impression que c’est du roumain. D’ici la souplesse d’interpretation et le subjectivisme de chaque chercheur. C’est par le prisme de ces considerations de principe et avec la prudence adequate qu’il faut considerer les faits que nous analyserons par la suite. (460) A. Malblanc, op. cit., p. 27. - 368 - L’ordre des mots (461) 1 .0. Une des caracteristiques notables du frangais est la rigueur de l’ordre des mots dans un enonce (462). Seule la succession des mots per- met de distinguer sujet et objet. En frangais, on reconnaît generalement la fonction des mots â la place qu’ils occupent dans la phrase. Le predicat vient apres le sujet et les complements suivent les mots qu’ils completent (463). Cet ordre est specifique en general â la langue non affecti- ve (464). Le changement de cet ordre dans le cadre des constructions synta- xiques est du â des causes d’ordre logique, syntaxique, stylistique ou mor- phologique. A ce point de vue, il y a beaucoup de parallelismes entre le roumain et les autres langues romanes, etant donne le critere genetique et les tendances communes heritees du latin. 1.1. Toujours est-il que entre le roumain et le frangais il y a des distinctions, parfois essentielles, specifiques â chaque langue. Ainsi le roumain connaît une liberte plus grande dans la construction. En frangais l’ordre inverse - predicat - sujet - est specifique aux propositions interro- gatives ou dans d’autres circonstances ; dans 1'exemple suivant, on observe 1’anticipation du verbe en frangais et la traduction roumaine respecte le meme ordre : (461) ”L’arrangement des mots est un des plus grands secrets du style ; qui n’a cela ne peut pas dire qu’il sache escrire". (Vaugelas, Remarques sur la langue frangaise, Paris, 1647, p. 215). (462) ”Dans le frangais actuel, comme dans la plupart des langues analogues, l’ordre des mots est reiativement fixe. Le sujet marche devant, le verbe vient apres, le regime est derriere. C’est la l’ordre dit synta- xique qui contribue avec les particules â marquer les rapports syntaxi- ques que les mots ont entre eux, â distinguer le sujet et le regime par la place qu’ils occupent”. (F. Brunot, Precis de grammaire histo- rique de la langue frangaise, Ma s s o n, 1899, p. 639). (463) "L’ordre des mots en latin est libre, il n’est pas indifferent, libre, en ce sens que, sauf exception, il n’y a pas pour chaque terme de la phrase une place attitree, obligatoire. Mais non pas indifferent, parce qu.’en general deux ordres possibles ne sont pas synonymes". (J. Marouzeau, L’ordre des mots dans la phrase latine, Paris, Champion, 1922, p. o; "En frangais il a fallu assez longtemps pour que l’ordre des mots fut definitivement fixe au point de vue syntaxique - nous ne parlons pas du point de vue stylistique ... Si l’on compare l’ancien frangais avec la langue moderne on sera en effet frappe de la liberte avec laquelle il enchaînait les mots". (Felix Boillot, Psychologie de la construc- tion dans la phrase frangaise moderne, Paris, 1930, p. 10). (464) C’est en quelque sorte "l’ordre progressif" : le sujet precede le pre- dicat, le determine precede le determinant ; Mais l’article et l’adjec- tif determinant sont places toujours devant le nom ou le greupe : ad- jectif + nom : l’ordre de l’adjectif epithete est tres complexe. Voir en ce sens, Wartburg-Zumthor, Precis de syntaxe du frangais contempo- rain, Berne, 1958, p. 148 et sq. - 369 - "auras-tu moyen de revenir ?” - "afla-vei chip sa mai vii ?’’ (HADN, p. 57). En roumain, en general, on rencontre l’inversion d’une part, dans les propositions exclamatives (465) (ex. : vine el profesorul ! - vient- il le professeur !) et d’autre part, l’inversion absolue est specifique aux styles administratif et scientifique et oii l’influence du frangais est evi- dente . 2.0. L’ordre de l’adjectif, dans une phrase constitue un cas â part. En roumain, la situation differe plus ou moins de celle du frangais, dans le sens que l’adjectif dans la langue roumaine, est d’habitude un ele- ment constituant en position postposee (substantif + adjectif). L’autre po- sition adjectif + substantif est determinee par des causes de nature affec- tive, par le sens lexical ou par certains elements de relation. En frangais, la formule adjectif + substantif (466) est employee le plus frequemment. Cette situation explique la raison pour laquelle dans les traductions, en imitant le modele frangais, on rencontre beaucoup de cas ou l’adjectif precede le substantif. Certaines constructions de ce type sont restees dans la langue roumaine. 2.1. En ce qui concerne le syntagme adjectif + substantif, M. Popes- cu affirme dans une etude que "le changement du sens de certains adjectifs en fonction de leur position est anterieur â l’influence du frangais" (467) (contrairement aux opinions de Al. Grau^ (468), et que "le developpement du procede est du â une tendance interne de la langue" (469). Nous estimons que le modele frangais a beaucoup favorise ce changement qui est tres frequent â l’epoque des traductions massives du fran- gais. C’est ainsi que le procede d’anteposition de l’adjectif qualificatif est (465) Voir la Grammaire de l’Academie, voi. II, p. 430 et sq. (466) ”... 1’anteposition des qualificatifs expressifs s’observe rigoureuse- ment dans le latin vulgaire de basse epoque, elle continue en fran- gais... cette predetermination (comme resultat d’une evolution), en ce qui concerne la place de l’adjectif, ne vient guere des forets germani- ques, moins plutot de l’Alta Roma". (Karl Michaelson, L’anteposition de l’adjectif epithete en frangais est-elle due ă une influence germanique ? dans Melanges de linguistique offerts â Albert Dauzat, Ed. d’Artray, Paris, 1951, p. 223). (467) Observații asupra topicii atributului adjectival în limba româna, (Ob- servations sur l’ordre des mots du complement du nom d’origine adjecti- vale dans la langue roumaine), dans "Studii de gramatica", voi. III, București, 1961, p. 161 et sq. (468) Voir Al. Graur, Place de l’adjectif en roumain, BL. VIII, 1940, p. 238-239. (469) Article cite, p. 171. - 370 - employe d’une maniere courante (470)• D’ailleurs, on observe dans les exem- ples qui suivent, que dans certains cas, meme lâ ou en franqais les adjectifs sont postposes, en roumain, ils apparaissent preposes. Les exemples sont nom- breux. Dans les traductions : ". . . acesta e un netrebnic copil, ”... c’est un mechant garqon, un un rau subjet”. (GVGP, p. 43). mauvais sujet”. De nos jours on dit : un copil netrebnic, etc. "... pe niște asemenea seri, am "... par des soirees pareilles nous petrecut, el și eu, foarte avons passe, lui et moi, de bien dulci ceasuri". (HADN, p. 53) douces heures". (au lieu de : ceasuri foarte dulci). Dans les textes originaux : "La vorbele acestea doua groese lacrame înmuiara ochii vînatoru- lui." (CAS, p. 35). - "A ces paroles deux grandes larmes mouillerent les yeux du chasseur". "Sa dau omagiurile mele secsului frumos, asta-i datoria fiește- carui galant om." (Alecsandri, lorgu... p. 21-22). ~ "Presenter des hom- mages au beau sexe, c’est le devoir de n’importe quel galant homme.*' (471) 2.2. Au point de vue stylistique, de nos jours encore, on rencontre 1’anteposition de l’adjectif. Par exemple : este un pitoresc și minunat peisaj s’emploie tout aussi bien que : este un peisaj pitoresc și minunat (c’est un pittoresque et merveilleux paysage). (470) Toujours est-il que ce phenomene a lieu â des epoques differentes au mo- ment ou on assiste â des traductions plus nombreuses. C’est ainsi qu’au XVIe siecle on constate que "la frequence des adjectifs anteposes est assez grande ; ce phenomene est du, tout d’abord, â l’influence de la version de la langue slave." (M. Rădulescu, Topica atributului adjectival în Evanghelia cu învățătura a diaconului Coresi, (L’ordre des mots du complement du nom adjectival dans l’Evangile du diacre Coressi) , dans "Studii și cercetări lingvistice", an. XIV (1963), n° 2, p. 236. (471) C’est un calque evident sur le fr. galant homme - quoique dans cette phrase on n’insiste pas sur l’adjectif galant et l’ordre inverse serait plus indique. Certains adjectifs, parmi lesquels galant, changent leur sens en fonction de leur position. Ainsi homme galant = desireux de suc- ces feminins et galant homme = loyal, poli. (Wartburg, Zumthor, op. cit. p. 153) En partant de ce syntagme, par agglutination, on est arrive en roumain â galantom avec une variante populaire galanton. - 371 - 2.3. Dans la plupart des exemples, l’ordre des mots de l’original frangais correspond, au point de vue stylistique, aux desirs de 1'ecrivain de mettre en lumiere certaines qualites de l’objet determine ou d’accentuer certaines idees. En voici deux exemples : ”... și spre stingă antica și împo- porata Imperie de Hina” (EIIA, p. 77). ”... nevinovăția care făgăduiește așa de fericite urmări”. (DRGL, p. 77). ”... et sur la gauche 1’antique et populeux empire de Chine". "... l’ingenuite qui promet de si heureuses suites". Dans les textes originaux : "Născut din cea mai strălucită și domnitoare familie a acestii de Dumnezeu păzite... (Heliade, Ser., p. 16) - Ne de la familie regnante la plus bril- iante de cette familie protegee par Dieu... Dans la plupart des cas, ces adjectifs peuvent etre anteposes ou postposes. Cependant, en roumain la position anteposee connaît une circula- tion plus grande. 2.4. Quant ă la situation de l’adjectif adevărat (vrai) qui est sou- vent place devant le substantif, elle est fort instructive. Cela s’explique par des raisons d’ordre semantique et stylistique et aussi bien par l’influence du texte d’ou l’on traduit : "... adevărata natura a alcalilor.." "... la veritable nature des (PFHM, p. 5, voi. II). alcalis..." "... ducem planul tangent în adeva- "... on ramene le plan des tangentes rata-i primitivă poziție..." ă sa veritable position primitive". (FTAO, p. 161). De nos jours des constructions comme :"adevărata cauza a acestor divergențe..." (la veritable cause de ces divergences...) sont couramment emplo- yees. 3 . A mentionner que dans le roumain ancien s’employaient souvent des syntagmes du type : însuși el, înșine noi (meme lui, meme nous). Peu â peu sous l’influence des textes traduits, ces syntagmes n’etaient plus utilises sous cette forme, mais avec l’ordre des mots inverse : el însuși, noi înșine (le fr. lui-meme, nous-meme) : "... după cum el însuși lui și "... telles qu’il les croyait lui- 1-au închipuit". meme". (MIIM, p. 116). - 372 - Dans les textes originaux : "Uneltitorii ei sînt optsprezece veacuri de trude, suferințe și lucrare a poporului român asupra lui-însuși". (Balcescu, 0, p. 307) - Ses createurs sont 18 siecles de peine, de souffrance et de travail du peuple roumain soi- meme. 4 .0. En general, le complement du nom de nature adjectivale est si- tue apres le substantif : ”... se făcu o tăcere tristă și solanela”. (ADIX, p. 40) "... il se fit un silence triste et solennel". 4.1. II y a des cas ou l’adjectif change de sens en fonction de sa position par rapport au substantif (472). Dans les syntagmes qui suivent, on constate facilement qu’on a affaire â des calques (473) : "mare duh" "grand esprit" (DFRC, p • 19) "mare om" "grand homme" (DFRC, p • 19) parce que om mare a encore un autre sens - homme de grande i taille "lungă iarnă" "long hiver" (DFRC, p . 20) "mic copil" "petit enfant" (NCGR, p • 13) "mare domn" "grand seigneur" (KAEL, p • 13) La plupart de ces constructions ont une valeur stylistique. 4.2. L’adjectif pronominal possessif et le pronom personnel de la troi- sieme personne du genitif connaissent les deux positions : anteposee et post- posee (474). Leur emploi devant le substantif est determine soit par des fac- teurs stylistiques,soit par l’influence d’une langue etrangere. Dans cette si- tuation l’expression acquiert un caractere livresque, surtout quand le syntagme est precede d’une preposition. Au debut du XIXe siecle, 1’anteposition de l’ad- jectif possessif etait frequente : (472) On sait qu’en franqais l’adjectif brave a deux sens en fonction de sa po- sition â l’egard du substantif : un homme brave un om curajos); un brave homme un om cumsecade). C’est une opposition entre le sens figure et le sens propre. (Wartburg, Zumthor, op. cit., p. 153). Cette distinction n’ap- paraît pas dans les traductions du debut du siecle dernier : "ce-i pasa a- cestui om brav" - "que lui importe â ce brave homme". (473) Comme de juste il y a des expressions idiomatiques qui constituent de vraies constructions figees : de prima mîna - de premiere main ; un caz de forța majora - un cas de force majeure ; punct culminant - point culmi- nant ; etc. (474) La meme situation existait dans les traductions d’apres le texte slavon du XVIe siecle. (M. Radulescu, art. cit., p. 243). - 373 - "... vei auzi cele de pe urma a "... tu entendras mes dernieres mele graiuri". (HADN, p. 119) paroles". Dans la langue roumaine actuelle, ces constructions s’emploient rarement ; cependant dans les textes originaux du siecle dernier, on rencon- tre souvent le meme ordre des mots qui imite les constructions frangaises : "A aceștii grădini frumusețea, peste putința este de a putea cinevași sa-i faca descriere". (DGI-Cal, p. 80) - Quant ă la beaute de ce jardin, il est impossible que quelqu’un puisse faire sa description. 5. La traduction du fr. tout - tot dans les textes du siecle der- nier impose quelques remarques. En position anteposee tout est synonyme de : chacun, chaque, quelqu’un. Le roumain populaire du XIXe siecle continue la situation de la langue du XVIe en ce qui concerne la position de tot (tout). Ainsi tot prepose est plus frequent que postpose. Dans la langue litteraire du XIXe siecle et surtout dans les traductions du frangais, ce fait s’explique par l’imitation du modele frangais. A cause de cette meconnaissance, on tra- duit incorrectement la construction frangaise par un equivalent ancien rou- main. En voici un exemple : "Tot verbul se cuvine a fi d-același "Tout verbe doit etre du meme număr". (FLFP, p. 104). nombre". (au lieu de : orice verb). 6. Ce chapitre relatif aux constructions du complement du nom de nature adjectivale a mis en relief certains problemes lies ă la position et â l’ordre des mots. Par rapport ă la position de l’adjectif ă l’egard du subs- tantif nous avons signale quelques situations presentees par les traductions du frangais au XIXe siecle et leur evolution ulterieure. L’ordre de l’adjectif epithete est tres complexe. Si certains adjectifs, par leur nature semantique, ont une valeur distincte etJen principe, apparaissent dans une position determinee (c’est le cas de ceux qui expriment : la nationalite, la couleur, la forme, etc., et sont toujours postposees) - d’autres presentent des situations plus compliquees. Nous estimons que dans les cas envisages l’influence du frangais a joue son role. T. Vianu (475) analysant le portrait litteraire de nos premiers ecrivains du siecle dernier, donne comme exemple l’oeuvre de Costache Negruzzi (1840) ou il signale d’une part, l’influence des "Caracteres" de La Bruyere, qui est evidente, et d’autre part, le couple des adjectifs ă sens adverbial parfois : gros (gros) et gras (gras) tres repandus en frangais et empruntes par le roumain. II cite egalement la locution substantivale un nu știu ce d’apres le fr. "un je ne sais quoi". (475) Etape de dezvoltare artistica a limbii române (etapes de developpement artistique de la langue roumaine), dans Limbă și literatură, n° 5, 1961, p. 17. - 374 - 7.0. A propos des adjectifs, il est interessant de mentionner d’au- tres constructions calquees sur le frangais. Dans la langue roumaine, on employait mult mai + adjectif (plus + adjectif) - construction qui se situe entre le comparatif et le su- perlatif : ”Ies în cristaluri mult mai curate (Văcărești, 243) - (Ils se transforment dans des cristaux beaucoup plus purs). En imitant le frangais, on rencontre dans les traductions mai mult decît + 1’adjectif fr. plus que + 1’adjectif : "Și încă nici nu se îndoia că "Il ne se doutait pas non plus într-aceasta femeie atît de fra- que dans cette femme si frele... geda ... rezida un curaj mai mult residât un courage plys que decît bărbătesc". (SIPT, p. 138). masculin". Cette forme est restee dans le roumain, elle s’entend sou- vent de nos jours : e mai mult decît inteligent (il est plus qu’intelligent). 7.1. L’adjectif ayant en frangais la fonction d’une epithete appa- raît sous la forme d’une locution adjectivale en imitant le modele frangais : bine născute - bien nees ; bine hrănit - bien nourri ; bine între- ținut - bien entretenu. 7.2. Les traductions offrent beaucoup d’exemples dans lesquels on constate la frequence de ca au lieu de decît d’apres le frangais que. Ce type de construction existait dans la langue roumaine, mais ne s’employait que sporadiquement. A partir du XIXe siecle, ces constructions connaissent une grande extension. - 375 - AUTRES CONSTRUCTIONS 1 . Dans ce sous chapitre on analyse certaines constructions qui, d’apres la Grammaire de l’Academie (2-e ed. , voi. II, p. 425) "apparaissent dans le langage parle soit â cause de l’absence momentanee des termes appro- pries, soit par habitude.” Apres 1’etude des traductions du franqais nous sommes en mesure de demontrer que certaines de ces constructions ont apparu tout d’abord dans les ecrits -et non pas par habitude- et surtout par dif- ferents procedes de calques. 2 .0 Notons tout d’abord le cas de la locution adverbiale în fine ou nous avons affaire ă un calque pârtiei d’apres le fr. enfin (476). Cette locution est restee jusqu’â nos jours dans tous les styles de la langue rou- maine (477) II est interessant de noter en passant les principales cons- tructions qui suscitent un commentaire lexico-grammatical : le fr. enfin fut traduit tour â tour par la cea de pe urma cu un cuvînt în sfîrșit în fine le fr. en un mot fut traduit par într-un cuvînt ii en effet ii în efect ensuite par într-adevar ii eh bien ii ei bine ii en general ii de obște ’’ par în general ii par exemple ii spre pilda " par de exemplu ii en realite ii în realitate (476) La locution în fine (enfin) peut avoir egalement la valeur d’une locu- tion adverbiale dans un contexte comme : "Fiul lui Ulise ! striga el, al lui ”Le fils d’Ulysse ! s’ecria- Ulise, al acelui amic car ! al ace- t-il, d’Ulysse, de ce cher ami ! lui înțelept erou prin care am rastur- de ce sage heros par qui nous nat în fine cetatea Troia." (ETEC, p. avons enfin renverse la viile 191). de Troie.” (477) Les traductions offrent des exemples de la langue litteraire, de tous les styles et non seulement "du langage de differents personnages" comme 1’af- firme la Grammaire de l’Academie (II, p. 427). - 376 - Toutes ces constructions se repandent avant 1860. Apres cet- te date, leur nombre augmente sensiblement. II y a lieu de citer : în conse- cința - en consequence ; în definitiv - en definitif ; în fond - au fond ; în principiu - en principe ; în aparenta - en apparence ; în concluzie - en con- clusion ; etc. 2.1 Apres avoir enumere les quelques constructions dues â l’in- fluence du frangais, nous estimons necessaire en meme temps de presenter les differentes variantes sous lesquelles ont circule les syntagmes fran- gais avant d’imposer leur forme definitive. Ainsi la locution adverbiale fr. enfin a ete traduite par : la cea de pe urma : "La cea de pe urma craiul acesta cumplit se școala... (FNPB, p. 8). cu un cuvînt : "Cu un cuvînt omul de stat se su- punea omului de rînd... (MMDC, p. 138). în sfîrșit : (478) "Kasimir în sfîrșit se apropie de sora sa... (AGF, p. 30). "Enfin le terrible roi se leve... "Enfin 1’homme d’Etat cedait continuellement â 1’homme du peuple "Casimir enfin se rap- procha de sa soeur... în fine : (apparaît dans les traductions apres 1850). "în fine era acum vremea ca să intram într-o cariera de a incepe o viata activa... (CAED, p. 68). "II etait temps enfin d’entrer dans une carriere, de commencer une vie active... On observe les memes oscillations pour les autres construc- tions. En general apparaît tout d’abord sous la forme : de obște : "De obște, prietenilor mei, cel "En general, mes amis, la mai sigur mijloc de a înfrîna relele na- plus sure fagon de reprimer les ravuri este de a margini trebuințele" vices, c’est de restreindre les (MBSM, p. 206). besoins. în general : (apparaît en 1852) "Azotul se trage în general "On extrait en general din..." (PFHM, p. 113). l’azote du... (478) In sfîrșit traduit egalement le fr. au reste : "In sfîrșit, eu nu te voi lașa sa "Au reste je ne vous per- citesti asemenea carjsi. . ."(BJCM, p. 268). mettrai pas de lire de pareils livres..." - 377 - Le fr. par exemple fut traduit par : spre pi Id^ : "Spre pilda, la vîrsta noastra ca sa" "Par exemple, dans no- fie toti mulțumiri..." (MBSM, p. 11). tre etat, pour que tout le monde fut content...." De nos jours de obște, spre pilda, etc. ne s’emploient que ra- rement ; elles ont cede la place aux constructions neologiques qui ont enri- chi les moyens d’expression de la langue roumaine. En realite fut des le commencement traduit par în realitate : "Se urca la lumina, dîndu-și pre- "11 remonte vers le testul de a vedea dacă îl spiona cineva, rar, jour, se donnant â lui-me- în realitate pentru ca avea trebuință de me le pretexte de voir si aer." (DCAB, II, p. 112). personne ne l’epiait, mais en realite parce qu’il avait besoin d’air." Toutes ces constructions apparaissent dans les oeuvres origi- nales. "In fine, dialogii servesc de convorbire..." (ECDR, preface, p. 1) - Enfin les dialogues servent ă la conversation... "Trei luni trecuseră de cînd venia de peste Prut în capitala Mol- dovei ^i se zicea, în general, că el intrase în la^i..." (Kogalniceanu, _Q, p. 115) - II y avait trois mois depuis qu’il etait venu dans la capitale de la Moldavie et en disant -en general- qu’il etait entre dans lassy. "Sa vedem acum cum boierii... de exemplu onorabilii domni..." (Kogalniceanu, p. 272) - On voyait maintenant comment les boyards... par exemple les honorables messieurs... L’analyse de ces constructions met en relief egalement les nou- velles fonctions qu’elles peuvent acquerir en copiant le modele frangais. Les plus interessantes sont les mots et les constructions incidentes. De cette maniere la locution într-un cuvînt calquee sur le fr. en un mot ou dans un mot qui apparaît dans la premiere moitie du XIX-e sie- cle et qui s’emploie de nos jours encore : "Intr-un cuvînt, nu sînt oameni, "En un mot, ce ne sont nu sînt femei." (GSSA, p. 121). pas des hommes, ce ne sont pas des femmes." Un calque evident est locution interjectionnelle el bine fr. eh bien : "Ei bine, cînd aceasta femeie apa- "Eh bien, quand cette ru pe acel prag straniu... (DDCC, p. 18). femme părut sur ce seuil e- trange..." En imitant les synonymes correspondants frangais on voit paraî- tre la locution în adevar - avec ses variantes cu adevărat et într-adevar : - 378 - "In adevar ajunsem acolo.” (ETEC, p. 13). "Nous y arrivâmes en effet." (479) La locution adverbiale într-adevar a un equivalent, parfait synonyme dans l’expression este adevărat - qui apparaît isolement dans les constructions incidentes ; c’est un calque sur le fr. il est vrai. Dans d’autres situations nous avons affaire ă une expression verbale imperson- nelle qui exige une proposition subjective et que nous avons analysee au chapitre respectif. En voici un exemple ou la locution într-adevar est equiva- lente â une proposition incidente : (480) "într-adevar, vecinul meu, "En verite, mon voisin, dit răspunse Belisarie, ar putea cineva Belisaire, on dirait que vous sa zică căi Jii-ai pierdut viața cu avez passe votre vie ă la cour.' curtezanii." (MBSM, p. 80). Tous ces syntagmes se rencontrent dans les textes originaux depuis le XIX-e siecle : "In adevar, închipuiește-ti spinarea lata"ca un pes a unui deal gol." (Kogălniceanu, _0, p. 106) - En verite, imagine-toi la crete large comme une plaine d’une colline nue. "Intr-un cuvînt, oricare din aceste frumusții în parte, ar fi fost de ajuns ca sa deștepte un simtamînt de mirare." (Negruzzi, JD, p. 134). En un mot n’importe laquelle de ces beautes mises ă part, aurait ete suffisan- tes pour eveiller un sentiment d’etonnement. 3 . Apres avoir analyse le probleme de quelques locutions adver- biales ainsi que les etapes de leur adaptation dans la langue roumaine, il ressort que tous ces syntagmes s’expliquent en roumain par le modele fran- gais. Une fois penetres dans la langue roumaine, ils s’emploient frequem- ment et donnent â la phrase des nuances plus expressives. 4 .0 Un autre aspect qui merite d’etre discute est celui des syn- tagmes prepositionnels. L’analyse diachronique du systeme de la flexion no- minale met en evidence des aspects lies au developpement des procedes ana- lytiques. Le processus de simplification mene ă un processus analytique. (479) La locution în adevar traduit le fr. effectivement et ă la verite : "In adevar la întîia întrevedere "Effectivement, des la pre- ce avurăm... (SGBM, p. 19). miere fois que nous nous revîmes... "Ei vor avea pîine în adevar și cu "Ils auront du pain ă la verite îndestulare." (FECT, p. 272) et assez largement." (480) Une tendance non reussie est la traduction du fr. en effet par în efect Toujours est-i; que cette traduction a circule seulement au debut du siecle dernier : "Spre a demonstra cazaci este în "Pour demontrer que c’est la efect cauza fenomenului (PNAM, p. 62). en effet la cause du phenomene." “ 379 - Les prepositions restent une innovation de la langue latine (dans le systeme indo-europeen les prepositions n’existaient pas). La sim- plif ication des cas a commence pendant l’epoque du latin classique, perio- de dans laquelle 1’instrumental a fusionne avec l’ablatif et le locatif, soit avec l’ablatif, soit avec le genitif. Cette tendance s’accentue et, petit â petit, les cas disparaissent. A leur place dans les langues roma- nes occidentales c’est le systeme prepositionnel casuel qui s’impose -â savoir d’un systeme de cas sans prepositions ă un systeme de prepositions sans cas. (481) L’affirmation se justifie pour les langues romanes occiden- tales ou la declinaison synthetique a dispăru etant remplacee par les constructions prepositionnelles. 4.1 Ainsi en frangais le genitif et le datif se construisent avec les prepositions de et respectivement _a, qui precisent la valeur du cas. 4.2 Quant aux substantifs roumains, ce sont des morphemes spe- ciaux qui indiquent les cas (a, al, ai, ale) et qui differencient le geni- tif du datif. Cependant la langue roumaine a conserve elle aussi les cons- tructions du genitif prepositionnel (482), exprime â l’aide de la preposi- tion de et plus rare encore la preposition a : vale de plîngere (CPps 83,7) (La vallee des larmesjj trestie a. cartulariu (CP/ps, 49,8) (le roșeau (la plume) de 1’ecrivain) au lieu de valea plîngerii et trestia cartulariului. Les constructions de ce type s’expliquent par l’influence du modele slave. Elles ont circule dans les textes avant le XVI-e siecle (483) et se maintiennent sporadiquement meme pendant le XVIII-e siecle : ”la jumătate de scări a cerdacului” (Neculce) (ă la moitie des escaliers du balcon) et au XIX-e siecle : "la vreme de război" (C. Negruzzi) (en temps de guerre). 4.3 Si au XVI-e siecle, le genitif exprime par la preposition de s’explique par l’influence slave, au XIX-e siecle ces constructions, qui ont un emploi excessivement grand dans les traductions, imitent le modele frangais. (481) ch. Bruneau, Du latin au frangais, II, Paris, 1964, p. 14. (482) Cf - P. Diaconescu, Construcții prepoziționale echivalente cu un caz oblic în traducerile din secolul al XVI-lea (Constructions preposi- tionnelles equivalentes avec un cas oblique dans les traductions du XVI-e siecle) "Limba româna", an. XIII, nr. 3, 1964, p. 224, et suib (483) Al. Rosetti - B. Cazacu, Istoria limbii române literare (Histoire de la langue roumaine litteraire), voi. I, Ed. Științifica, București, 1961. - 380 - pliquent : Nous estimons que les constructions prepositionnelles s’ex- a) par l’influence populaire : "la cea mai mică viituri de ape comunicațiile încetau" (Ghica, Opere, II, p. 110) - (ă la moindre inondation les Com- munications etaient interrompues). b) et ă partir du XIX-e siecle, par l’influence franqaise : "îndatora pe tot proprietarul de un domeniu (il rendait redeva- ble tout proprietaire d’un domaine) (Balcescu, Opere, I, p. 200). La preposition de (484) traduite abusivement par de (cons- tructions qui ont dispăru de la langue roumaine) : "aceastX sala are 60 sau 59 pi- cioare de lungime" (DFRC, p. 77) "xnfafoșat trupelor regulate in Guvernia de Vilma (Albina rom. nr. 10, p. 38) "Anibal vorbea prea pufin de bine în favorul lui Fabius" (MMDC, p. 42) "el nimic de viclean n-are" (VMGA, 24) "Cette salle a 60 ou 59 pieds de longueur" "l’apparition des troupes regulieres dans le gouver- nement de Wilme. "Annibal disait tres peu de bons mots en faveur de Fabius" "il n’a rien d’un barbare" Dans les textes originaux du XIX-e siecle, on constate la me- me tendance abusive. Parfois la preposition fr. de est traduite par de la au lieu de din : "cunoscutele piramide de la "les fameuses pyramides Egipt" (EIIA, p. 191). d’Egypte" ou par pentru au lieu du genitif : "este călător pentru casa no- "c’est un commis voyageur de astra" (SFC, 18) (al casei noastre) notre maison" (484) Par rapport au lat. urbs Romae, l’anc. fr. etait revenu ici â l’appo- sition la viile Rome, Rome la cite, mais la preposition s’est intro- duite de bonne heure, et la viile de Rome l’a emporte. Le fait est general pour le nom commun de lieu, suivi d’un nom propre (la provin- ce de Flandre) mais non pour les noms de personnes (le roi Louiș). Cf A. Dauzat, Phonetique et grammaire historique de la langud francaise. Paris, 1950, p. 243-244. - 381 - Constructions dans lesquelles de - traduit par de imite le genitif frangais : ”Capul de bună speranța "le Cap de Bonne Esperance" (BCGP, p. 70) (Bunei Speranțe). "Soseste £n nemărginitul "on arrive dans l’immense desert de Sahara (al Saharei)" desert de Sahara" (EIIA, 79). de precede d’un substantif non articule : "triumf d-un amor ce se cinstește singure" (JRNE, p. 22). "le triomphe d_’un amour qui 1’honore" etc. Toutes ces constructions qui ont circule au debut du XIX-e siecle ont dispăru. La frequence de la preposition de etait tres grande au siecle dernier. On la rencontre dans des constructions qui ont la valeur d’un genitif et ou conformement aux normes de la langue roumaine on utili- se la preposition a : "face la întîia persona de numărul înmulțit" (FLFP, p. 79). "cea mai mare parte de să- ruri precum carbonatul de soda" (PFHM, XXXVIII). de ă la place de din : "Frumoasele sale cosise cad de toate părțile" (CRNH, 143). de ă la place de cu : "plăcere amestecată de spaima" (CANH, 101). de ă la place de dintr-un (o) î "care se compune de dintr-un tub" (RMIB, p. 9). de ă la place de despre : "fără a lua vreo știința de Camilia"(FNPB, p. 58). de ă la place de ca : "asezamîntul acesta serva adeseori de azil” (SGBM, p. 512). "fait ă la premiere personne du pluriel. ’la plupart des sels tels que le carbonate de soude" "sa superbe chevelure tombe de toutes parts." "plaisir mele de terreur" "qui se compbse .d’un tube" "sans recevoir de nouvelles de Camille" "cette maison sert souvent de retrăite". - 382 - de ă la place de a : "proiecțiile orizontale a intersecțiilor de trei plane" (FTAO, p.^71). "les projections horizontales des intersections des trois plâns." 4.4 Au debut du XIX-e siecle, la tendance â copier le modele frangais est parfois abusive : ainsi les constructions introduites par les prepositions offrent des calques des plus interessants. Des milliers d’ex- emples que nous avons enregistres, nous nous limiterons â quelques cas : La preposition ă traduite par la au lieu du substantif au datif : "aci delicatețele prezida la sarbatoarele lui (MFPC, p. 2). (au lieu de î sărbătorilor) "forța proporțională^ la pute- rea magnetului" (PNAM, p. 234). (au lieu de : puterii) "duceți acest arc la al vos- tru rege" (EIU, p. 179). (au lieu de : regelui) "o sa ma plîng la învățător" (UVDF, p. 54). (au lieu de : învățătorului) "daca te lași prada la des- frîul limbii tale" (KAEL, p. 35). (au lieu de : desprîului) "voi plati la Domnul..." (SFC, 76). (au lieu de : Domnului) "supuindu-1 la acția hy- dratului) de calce (PFHM, îl, p. 23). (au lieu de : acțiunii) "lulia la Clara (JRNE, p. 23). (au lieu de : Clarei) Dans les textes originaux "la delicatesse preside ă ses fetes". "la force proportionnee ă la puissance du magnet." "portez cet arc ă votre roi" "je me plaindrai au maître" "si vous vous livrez ă l’in- temperance de votre langue" "je paierai ă Monsieur..." "le soumettant a. l’action de l’hydrate de chaux" "De Julie ă Claire" du XIX-e siecle : "duhul calamburgului care a făcut nenorocire la o mulțime de tine- ri" (Heliade, Gr. p, p. 12). "La Doamna X..." (Ros. C.R., 222) A Madame X... "Veneția ne așteapta zîmbind la vinul meu" (Alecsandri, Doine pi Lăcrămioare, 132). L’etude des traductions du frangais et des oeuvres origi- nales du XIX-e siecle nous a permis de constater le grand nombre des cons- - 383 - tructions au datif avec la preposition la calquees sur le frangais. Toutes ces constructions, incompatibles avec la structure de la langue roumaine, sont tombees en desuetude. Les exemples avec le datif construit avec la preposition la et le genitif construit avec de - qui indiquent une nette influence fran- gaise - sont tres nombreux chez tous les ecrivains du debut et de la moi- tie du XIX-e siecle. La preposition pour traduite par pentru : "pi am plecat pentru (au lieu de la) Dresda” (DDMB, II, p. 91). ”voi sa fiu bun pentru (au lieu de cu) Dumneata” (HADN, 90). "cît ai fost de bun pentru (au lieu de cu) mine (DRGL, p. 309). "o tuse pismareața făcu a se teme pentru (au lieu de de) pep- tul lui" (MGPC, p. 58). "ar întrebuinte 375 zile... pentru (au lieu de ca sa) de a-1 circumgiura" (EIIA, p. 57). "et je suis parti pour (485) Dresde" "je veux etre bon pour vous, Madame" "combien il a ete bon pour moi" "une toux opiniâtre fit crain- dre pour sa poitrine" "emploieront 375 jours... pour en faire le tour" La preposition par traduite par printre : "Inima mea mișcată' print- aceste conversații cuvioase" (CRNH, p. 115). "le coeur emu par ces conver- sations pieuses" La preposition sur traduite par pe : "prințesa arunca un ochi fu- rios pe apartamentul fratelui sau" (Pe = asupra) (MCPC, p. 68). "la princesse jeta un coup d’oeil timide sur l’apparte ment de son frere" 5.0 En conclusion, la grande frequence des constructions pre- positionnelles demontre une fois de plus, l’influence du frangais sur le roumain, meme si la plupart de ces constructions ont dispăru, leur vie ephemere reste comme temoin du contact etroit entre les deux langues. II faut retenir egalement l’emploi d’une preposition ă la place d’une autre (de = â la place de despre, de ă la place de ca, etc.) consequence de l’i- mitation servile du modele frangais. (485) En frangais le verbe partir se il indique l’endroit precis ou construit avec la preposition pour quand l’on va. - 384 - 5.1 La substitution des prepositions est favorisee par leur pro- priete d’avoir des valeurs multiples. Dans cette situation, l’influence frangaise a engendre une synonymie syntaxique qui n’a pas ete encore si- gnalee dans les oeuvres de specialite. Les textes traduits nous montrent les multiples possibili- tes de distribution dans de differents contextes (des prepositions .ie, din, la etc.) La preposition de est une des plus employees, soit â cause de son identite formelle (486), soit ă cause de son equivalence semanti- que sur le plan syntaxique. Tout comme en roumain, en frangais la plupart des comple- ments du nom s’expriment ă l’aide de la preposition de. Par exemple : l’habitude de se lever, la viile de Paris, le mois de juin, etc. La grande frequence de cette preposition en frangais expli- que l’abondance, au debut du XIX-e siecle, des constructions avec de en roumain. Quelque paradoxaux que soient les faits cites, ils gardent des significations interessantes pour l’histoire de la langue roumaine litteraire, pour le role important que joue le frangais au moment du de- veloppement du roumain. (486) Remarque faite par lorgu Iordan, Limba" românăT actuală, o grammati- că" a "greșelilor" (La langue roumaine actuelle, une grammaire des "fautes"), Ed. Socec, București, 1947, p. 384. - 385 - FAITS DE STYLE 1. Le probleme qui nous occupe dans ce chapitre est lie â quelques types de constructions dont la structure se limite â des mots ou ă des syntagmes et qui sont specifiques aux constructions inserees. A souligner de nouveau que l’influence de la langue frangaise sur la langue roumaine s’est exercee non seulement au plan du lexique, de la phraseologie et de la syntaxe, mais aussi au plan stylistique, et sur- tout sur la structure de la phrase roumaine. Notre etude porte egalement sur des constructions inse- rees, des repetitions qui touchent de preș le developpement artistique de la phrase. A cette epoque, dans la langue ecrite, dominant etait le style rhetorique et non pas le style narratif - rencontre plus tard, (dans la deuxieme moitie du XIX-e siecle), apparu sous l’influence des procedes narratifs romantiques frangais ou meme au commencement du re- alisme. (487) Quant aux constructions inserees nous distinguons deux types : 1’incidente et l’inserante, qui presentent deux categories syntaxiques ă part. Les insertions incidentes 1.0 La plupart des insertions incidentes ”se presentent d’ailleurs sous la forme d’actes de communication complets, c’est- â-dire sous la forme de propositions independantes (les propositions incidentes, les interjections, les adverbes de modalite) ; gramma- (487) Voir Tudor Vianu, art. cit., p. 9. - 386 - ticalement, elles apparaissent comme de reels corps etrangers." (488) En vertu de ce critere, on peut degager le contenu meme de 1’incidente : celui-ci se situe sur un autre plan que celui de l’inseran- te, en l’occurrence sur un plan subjectif ou modal. L’insertion incidente s’effectue ă la suite d’une disjonction. Au plan de la pensee, elle est utile ă la clarte et ă 1’intelligence de l’enonce. Le nouvel element in- troduit ne concerne pas directement le contenu de la communication, se rapportant plutot ă celui qui fait cette communication. Ce sont des ele- ments nouveaux, etrangers qu’on introduit ”incideminent dans une proposi- tion ou dans une phrase ou ils n’etaient pas prevus au depart de l’acte de communication.” (489) Donc la construction incidente ne se lie ni gram- maticalement ni logiquement au contexte auquel elle appartient. Elle peut apparaître en tete, au milieu, ou ă la fin de la phrase. L’incidente est marquee par une ponctuation speciale : virgules, parentheses, tirets. 1.1 On peut mettre en incidente les termes memes prononces par un personnage qui vise ă solliciter l’attention du lecteur. II s’agit d’un mot ou d’un groupe de mots au sein d’une proposition ou d’une phra- se dont il disjoint les termes. II convient de remarquer ici que les ver- bes declaratifs forment des constructions incidentes ; ainsi : dire, re- pondre etc. (a zice, a răspunde etc.) D’habitude, avec ces verbes, appa- raît l’inversion du sujet : dit-il, declare-t-il etc. (zice el, declara el). A ce point de vue, il y a une identite entre le roumain et le fran- gais. Cependant une analyse diachronique de cet aspect met en lumiere - et surtout quand il s’agit de deux langues soeurs - des traits distincts mais en meme temps ce que doit l’une ă l’autre, quels sont les faits d’in- terference ce qui permet de mieux analyser l’influence de l’une sur l’au- tre. 1.2 A noter que dans la langue roumaine ancienne, les inser- tions incidentes existaient. Elles s*employaient sous la forme populaire qui utilisaient surtout des vocatifs, accompagnes parfois d’interjections propres au style oral. Dans les exemples ; ”lar leul zise : ”0, jupîneasa' vulpe, cine te învajtă sa împărți așa bine ?” (Esopia, edition soignee par I.C. Chifimia, p. 127) - Et le lion dit : ”0h, dame Renarde qui t’apprend ă si bien partager ?” (488) Maurice Dessaintes, La construction par insertion incidente (etude grammaticale et stylistique), Edition d’Artrey, Paris, 1960, p. 52. (489) M. Dessaintes, op. cit., p. 13. - 387 - ou chez Neculce : "Jine-te, saraca Moldova, de acum înainte de joc ^i mîncari.” (Let., p. 178) - Desormais, pauvre Moldavie, adonne-toi au plaisir et a la mangeaille.” on observe le meme type populaire. Dans d’autres cas, la phrase devient lourde et prolixe â cause de l’insertion des incidentes dans une serie de subordonnees : "Aceasta dara voevozii lor atuncea, adecate sultanii, era acești vase, cum au zis, a căror nume era - cum zice și Avraam Bocșani in Hrnolo- ghia crailor ungurești, ce face : Bela, Cadiha, frați, feciorii lui Hicli, de neamul și de casa lui Zomoiarum." (Constantin Cantacuzino, Istoria Țarii Romanești, (Histoire de Valachie), p. 102) - Ceux-ci offrirent alors ă leurs princes -c’est-ă-dire aux Sultans- ces vases, comme ils dirent, dont le nom etait -ainsi que le dit aussi A.B. dans la Chronologie des prin- ces hongrois ce qui fait : Bela, Cadiha, freres, fils de Hicli qui etaient de la familie et de la maison de Z." 1.3 Les vocatifs qualificatifs, employes comme elements inci- dents non lies, sont specifiquement populaires, (490). On les trouve dans les parties introductives des ecrits, quel qu’en soit le contenu. Ainsi, dans Gramatica românească (La grammaire roumaine) de Radu Tempea- Sibiu, 1797— dans "Cuvîntarea înainte" (la preface) on rencontre : "De unde vezi, iubite cetitorule, precum maestria gramaticeasca.. (P. III-IV) - d’ou l’on peut constater, cher lecteur, que la maîtrise de la grammaire... Chez Paul lorgovici, dans Observații de limbai româneasca, (Buda, 1799) - Observations sur la langue roumaine - on enregistre des cons- tructions similaires : "Iar tu, cititoriule binevoitor, dache vei deschide ochii minții tale... (p. XII) - Et toi, bienveillant lecteur, si tu ouvres les yeux de ton intelligence (esprit)... 1.4 Dans d’autres cas, les constructions incidentes mettent en relief les intentions de 1’ecrivain d’exprimer son attitude â l’egard des evenements exposes. En voici un exemple chez Dimitrie Cantemir - un ecri- vain qui emploie rarement le style narratif : "Cu cît au fost despre partea mea, macar ca, precum se dzice dzi~ catoarea, nici o piatra neclatita n-am lasat..." (Ist, ier., p. 70) - Quant â moi bien que - ainsi que dit le dicton - je n’ai laisse nulle pier- re en place... (490) Ces formules apparaissent chez les chroniqueurs des XVII-e et XVIII-e siecle : "Fost-au gîndul mieu, iubite cititorule, sa tac letopisețul. (Letopisețul țarii Moldovei... ed. soignee par P.P. Panaitescu, EPLA, 1958, p. 42) Ce fut mon intention, cher lecteur, de composer la chro- nique... (Chronique de la Moldavie). - 388 - Tous ces types d’incidentes ont un caractere populaire, ils sont caracteristiques de la langue parlee. 2.0 Les memes constructions qui apparaissent au XIX-e siecle et qui sont modelees sur le frangais appartiennent ă la langue litteraire, au style eleve. Nous nous limitons â quelques exemples rencontres dans les traductions du siecle dernier et qui sont restes dans la langue roumaine : 2.1 La presence des prepositions incidentes qui expriment une invocation et dont le verbe ă l’imperatif est precede d’un pronom : ”Dar pîna va veni vremea mesei spune-mi, ma rog, în ce război ai slu- ”En attendant, dites-moi, je vous prie, dans quelle guerre avez-vous servi.” jit." (MBSM, p. 17). de politesse, du type : mă\^te, vaj rog est un calque sur les constructions equivalentes du frangais : je vous prie, s’il vous plaît etc. 2.2 La presence d’une interjection qui s’emploie pour s’adresser â quelqu’un imite le modele frangais : "Adio. fii încredințată pe parola mea.” ^FECS, p. 34). "Adieu, comptez sur ma parole." Adio (adieu) avec la valeur d’une interjection et employe isole- ment appartint ă la langue familiere. (491) 2.3 Substantifs en vocatif -avec leurs determinants- â l’inte- rieur d’une proposition constituent des unites â part. Semantiquement par- lant, par de telles incidentes on s’adresse ă ceux â qui on parle,pour attirer leur attention : "Acum, Domnul meu, de vei arunca o privire pe traductia mea, o sa vezi prin multe locuri ca am mers cam repede cu neologismul." (SIPT, p. 2) - A present, Monsieur, si vous jetez un regard sur ma traduction vous verrez dans bien des endroits que je suis alle un peu fort dans le domaine du neo- logisme. En roumain existaient ces types d’incidentes ; par exemple : ”^tii, Vasile, ce ți-am adus ? SaT știți, ma"fraților, caT.. Apoi, domnilor, zise el..." (492) ou avec un determinant de nature pronominale : (491) Voir lorgu Iordan, Stilistica limbii romane, București, 1944, p. 295. (La stylistique de la langue roumaine). (492) Voir Al. Indrea, Construcții și cuvinte incidente (Constructions et mots incidents), dans Cercetări de lingvistică, Cluj, an. VI, n° 2 (1961) p. 352. - 389 - "Mergi, fătul meu, sănătos..." (Radu Popescu, Istoriile... p. 144) - Sais- tu Basile, ce que je t’ai apporte ? Sachez mes freres que... Puis Messieurs di-il... Va mon fils, et porte-toi bien... Le meme procede se rencontre dans les contes. A partir du XIX-e siecle, ces constructions connaîtront un emploi plus frequent encore. 2 .4 Le dernier aspect se rapporte ă l’existence d’une proposition independente, dans le cadre d’une phrase, ou l’on exprime en meme temps l’opinion, la conviction et l’on donne une explication supplementaire ; donc des constructions â valeur triple, copiees sur le frangais et qui sont res- tees dans le roumain : "Dar, ca sa-ți mărturisesc ade- vărul , purtarea lui ma baga în ispita de a-i fura ceva, ^i voi gîndi furîndu-i, ca fac o jertfa plăcută lui Dumnezeu." (MSR, p. 51) ’’Mais, â vous dire vrai, i1 me donnera, par ses procedes, des tentations de le voler, et je croirais en le voyant faire une action meritoire." 1’incidente exprime l’interven- "Je veux croire, ajouta-t-il d’un air ma!in, que cela peut fort bien etre innocent, mais vous conviendrez qu’un garqon qui se glisse mysterieusement dans la chambre d’une fille dispose ă mal juger d’elle." "Cependant, continua Armând apres une pause. tout en com- prenant que j’etais encore amoureux, je me sentais plus fort qu’autrefois, et dans mon deșir de me retrouver avec Marguerite, il y avait aussi la volonte de lui faire voir que je lui etais devenu supe- rieur." En voici d’autres exemples ou tion de l’auteur dans l’expose d’un personnage "Eu cred, repeta el cu un aer plin de fineță, ca venirea lui poate fi pli- na de inocenta, dar însă, chiar ^i dumnea- ta poți judeca ca intrarea unui tînar în camera unei darnicele pe furi^, poate face pe fiecine de a o explica spre rău." (SGBM, p. 9). .. J "Cu toate astea, urma Armând după o pauză^, ^e^i înțeleg șam ca eram înc^ îna- morat, ma simțeam însă mai tare decît altă data, ^i în dorința ce aveam de a mă afla cu Margherita, era încă si voința de a o face să^vada ca acum îi devenisem superior." (DDCC, p. 68). 3 . On peut conclure que "si sur le plan objectif, elles (les inci- dentes) n’ajoutent rien d’essentiel, leur presence, on le sent, n’est pourtant pas inutile ; ce qu’on sent, c’est la presence du locuteur, c’est la presence au sein de l’acte de communication, de deux poles de cet acte, le locuteur et 1’interlocuteur. L’incidente harmonise en quelque sorte l’acte de communica- tion." (493) (493) M. Dessaintes, op. cit., p. 57. - 390 - Les constructions incises 1 .0v Si les insertions incidentes sont devenues de vraies formu- les stereotypees, des auxiliaires du discours, l’insertion repond ă une attitude mentale du locuteur : soit un oubli ă reparer (souci d'affectivi- te et de precision) soit elle est une proposition reduite, elliptique, due ă la concision et ă la rapidite du discours. Ce type de construction existait lui aussi dans la langue roumaine ancienne -mais son emploi donnait ă la phrase un aspect plus lourd. Ainsi : ”Și mergînd sluga acea la Poarta, a lui Petru-Vodă, au scris...” (Neculce, Let., p. 110) - Et se rendant ce valet ă la Sublime Porte, il ecrivit au Prince Pierre.^ ”... este un pașe sărac, si el dzice sa-1 pui măria ta vizir, ca a potoli toate gîlcevile acestea, pe carele îl cheama Chiupruliolul.” (idem, p. 119) - II existe un pauvre pacha nomme Chiupruliolul qui dit que si Vo- tre Majeste le nomme vizir, il pourra apaiser toutes ces querelles. Les constructions incises perdent de leur valeur stylistique quand elles sont placăes ă des intervalles trop grands, et quand l’inter- vention de plusieurs subordonnees rompt la clarte de la phrase. Nous nous limitons ă un seul exemple : ”Atunce moldovenii, cum au văzut moscalii, precum sînt învapafi la jocuri, cînd văd cîte un lucru burzuluit, au ^i purces...” (ididem, p. 271) ”Alors les Moldaves, des qu’ils virent les mascovites, habitues qu’ils e- taient ă blaguer lorsqu*ils voient une chose contrariante... se mirent en marche. Dans ces constructions on voit l’influence dea modeles etran- ger s : slave, turc etc. On remarque egalement -des exemples cites- que ces procedes n’ont pas toujours une valeur esthetique. 1.1 Plus tard, â partir du debut du XIX-e siecle, vers le passa- ge de l’epoque de la consolidation de la langue litteraire roumaine -et quand son developpement est marque par 1’intervention du calque roman -en imitant la structure de la phrase frangaise, nous rencontrons souvent (dans les traductions tout comme dans les textes originaux) le procede de l’in- sertion. Parfois, lorsqu’on veut montrer qu’une idee n’est pas sur le meme plan logique que le reste du contexte, on introduit une proposition incise, qui ajoutera une explication supplementaire. Dans 1’exemple qui suit ă part une relative -qui ajoute une idee supplementaire- apparaît une pro- position incise, un commentaire en plus : și acolo erau doamne mari (et il y avait la des grandes dames). Ce procede sera utilise sur une grande echel- le jusqu’ă nos jours : - 391 - ”^i, daca este vreun lucru pe care doamnele cele mari doresc sa vada, ți acolo erau destul doamne taari. este interiorul acestor femei, ale cajor echipaje stropesc în fiecare zi cu tina pe al lor, care au, ca ți ele ți alături de ele, lojea lor la Opera, ți care-mi arata, la Paris insolen- ta opulenta a frumuseții, a sculelor fi a scandalelorlor." (DDCC, p. 4). "Or, s’il y a une chose que les femmes du monde desirent voir, et il y avait la des femmes du monde, c’est 1’inte- rieur de ces femmes, dont les equipages eclaboussent chaque jour le leur, qui ont, comme elles leur loge ă 1’Opera et aux Italiens et qui etaient, ă Paris, 1’insolente opulence de leur beaute, de leurs bi- joux et de leurs scandales." Parmi les types les plus rencontres, on cite : - 1’intercalation d’une proposition circonstancielle conditionnelle : "Pe cînd dar ma bucuram de feri- cirea condițioanei mele, amorul, ca cum mi-ar fi pismuit favoarea soartei, vru să fac ceva ți pentru dînsul." (SGBM, p. 7). "Pendant que je m’applaudis- sais du bonheur de ma condi- tion, 1’Amour, comme s’il eut ete jaloux de ce que la fortu- ne faisait pour moi, vou1ut aussi que j’eusse quelques grâces â lui rendre." - l’insertion de plusieurs subordonnees : "Si, după ce-mi spuse curat ceea ce vrea sa-mi spună, îți ascunse fața, vroind sa-mi arate ca adica s-ar fi ru- . . u J ținat unde ți-a aratat feblețea către mine." (SGBM, p. 8). "Et, apres m*avoir dit ă bon compte tout ce qu’elle vou- lait me dire, elle se cacha le visage, pour me faire croi- re qu’elle avait honte de me laisser voir sa faiblesse." - l’insertion d’une subordonnee entre le sujet et le verbe : "Acei barbari, care spera sa sur- prinza cetatea, fura ei surprinți si ame- țiți." (ETFC, p. 17). "Tînărul Tiberie, care mai în urma a fost un împărat virtuos, se afla ți el între vînatori." (MBSM, p. 8). "Ces barbares, qui esperaient de surprendre la viile, furent eux-memes surpris et deconcer- tes." "Le jeune Tibere, qui depuis fut un empereur vertueux, e- tait du nombre des chasseurs." Ces insertions apportent des precisions dans la description de 1’antecedent. Ainsi, les relatives explicatives, descriptives ou en apposi- tion -qui donnent des explications supplementaires- ne sont pas indispensables pour le sens de la phrase. Sur le plan stylistique elles donnent cependant de l’ampleur ă la phrase par une richesse plus grande des details. En voici quel- ques exemples : "Speram însă ca în casa domniei voastre, unde toate îmi promiteau feri- cire si repaus, ea va înceta de a ma mai persecuta. ’’ (SGBM, p. 15). "J’avais compte qu’elle ces- serait de me persecuter chez vous, ou tout me promettait des jours heureux et tranqui1- les. - 392 - "Dar înțeleptul Mentore, ce e "Mais le sage Mentor, que vous aci de fața, se opuse la acest plan cute- voyez ici present, s’opposait zante..." (ETFC, p. 10). ă ce temeraire dessein..." Dans des constructions plus amples on calque litteralement sur le texte frangais en donnant ă la phrase roumaine la symetrie par la segmen- tation de la proposition principale. Dans 1*exemple qui suit entre le sujet et le predicat on insere plusieurs subordonnees : une relative, deux causales et de nouveau une relative : "Un lucru demn de bagare de sea- ma, pi cu totul spre lauda ei, este ca aceasta juna femeie, care în orele june- ții sale a cheltuit aurul și argintul cu miinile pline, căci ea unea caprițul cu binefacerea gi stima foarte puțin acest argint ce o costa așa de scump, n-a fost eroina nici uneia dintr-acele istorii de ruina pi de scandal, de joc, de datorii ^i de duele, ce atîtea alte femei în locu-i ar fi ridicat în urmă-le." (DDCC, p. X). Dans 1'exemple : "Cu gîndul acesta apucai dru- mul Almansei de unde, urmîndu-mi călăto- ria , mergeam din orag, în oraș pîna ce am ajuns la Grenada fara ca sa mi se întîm- ple vre un neajuns pe drum." (ETFC, p. 17). "Une chose digne de remarquer et tout â sa louange, c’est que cette jeune femme qui a depense dans les heures de sa jeunesse l’or et l’argent ă pleines mains, car elle unis- sait le caprice ă la bienfai- sance, et elle estimait peu ce triste argent qui lui coutait si cher, n’a ete l’heroine d’aucune de ces histoires de ruine et de scandale, de jeu, de dettes et de duels, que tant d’autres femmes ă sa pla- ce, eussent soulevees sur leur passage." "Dans ce dessein, je pris le chemin d’Almansa, d’ou, pour- suivant ma route, j’allais de viile en viile jusqu’â celle de Grenade sans qu’il arrivât aucune mauvaise aventure." La proposition incise marque la continuite de l’action de la principale ; elle est rendue par une construction participiale dont le sujet est le meme que celui de la principale. Ce type d’insertion est tres fre- quent de nos jours dans le style litteraire. Dans d’autres cas, l’unite de la principale est brisee par une relative qui â son tour est disloquee par une autre subordonnee. Ce cas cree en roumain des moules similaires de double insertion dont le resul- tat est une phrase de type arborescent special : insertion + insertion : "pi prinsul, care precum ți-am mai spus pi alta data, primește orice-i va propune ea,i-a dat cuvînt ca sa o ceara de la regele, tat^-sau, liberarea dumi- tale." (SGBM, p. 299). "Et le prince, qui, comme je vous l’ai dit souvent, ne peut rien lui refuser, a promis de demander au roi, son pere,vo- tre elargissement.’* D’autres insertions mettent en evidence le parailelisme entre les deux langues ; en voici un exemple de 1’insertion d’une subordonnee tem- porelle : - 393 - "înaintea finitului zilei a treia pe cînd toți erau ocupați de aceste cugeta- ri, se văzu pe coasta munților vecini un vîrtej de pulbere." (ETFC, p. 16). "Avânt la fin du troisieme jour, pendant qu’ils etaient pleins de ces pensees. on vit sur le penchant des montagnes voisines un tourbillon de poussiere. On rencontre l’insertion de un rapport de coordination : "Această^ cetațuie era palatul de petrecere al unui curtezan vechi anume Besas care, după ce a fost guvernator în Roma pe vremea împresurarii și după cp a făcut cele mai grozave răpiri, sa trăsese din slujba cu zece mii talanți." (MBSM, p. 28). } deux subordonnees temporelles dans "Ce château etait la maison de plaisance d’un vieux courtisan appele Bessas, qui apres avoir commande dans Rome assiegee, et y avoir exerce les plus horri- bles concussions s’etait reti- re avec dix miile talents." Ou l’insertion d’un complement circonstanciel concessif intro- duit par la conjonction conjonctive quoique (deși), une construction tres frequente dans la langue roumaine moderne : "Neptun, deși favorabil "Neptune, quoique favorable aux Fenicienilor, nu se mai putea stîmpara Pheniciens, ne pouvait supporter de mînie asupra^lui Telemac, aducîndu- plus longtemps que Telemaque eut mi aminte ca scapase de tempestatea echappe ă la tempete qui 1’avait care-1 aruncase de stîncele insulei jete contre les rochers de l’île Kalipso." (ETFC, p. 182). calypso." Autre fois on insere une subordonnee modale : "Dara, fara a ma spaimînta de taria cea extraordinarie nici de aerul sau cel sălbatec și brutal, împinsei lancea în pieptul sau, și-1 făcui s^ ver- se, pe cînd își da sufletul, torente de sîn- ge negru." (ETFC, p. 18). ’’Mais, sans m’etonner de sa force prodigieuse, ni de son air sauvage et brutal, j e pous- sais ma lance contre sa poitri- ne et je lui fis vomir en ex- pirant, des torrents d’un sang noir." Les traductions nous offrent des centaines d’exemples de diffe- rents types d’insertion qui copient fidelement le modele franqais. Parfois, on en remarque qui frisent la preciosite et qui, par la suite, ont ete eli- mines du roumain. Nous nous limitons ă deux exemples : "Dintr-acest minut începui, fiind ca nu puteam schimba viața aman- tei mele, a schimba pe a mea."(DDCC, p. 3). "pe cînd Margherita, și ea pacatoasa ca Manon, caita poate ca și dîinsa, murise în sînul unui lux stră- lucit, dac-ar cata sa cred ceea ce am văzut, în patul trecutului sau, dar și iarasi într-acest deșert al inimii, mult mai sterp, mult mai întins, mult mai crud decît acel în care se mormîn- "A partir de ce moment, comme je ne pouvais changer la vie de ma maîtresse, je changeai la mienne." "Tandis que Marguerite, pecheres- se comme Manon et peut-etre con- vertie comme elle, etait morte au sein d’un luxe somptueux, s’il fal- lait en croire ce que j’avais vu, dans le lit de son passe, mais aus- si au milieu de ce desert de coeur, bien plus aride, bien plus vaste, - 394 - tase Manon.” (DDCC, p. 22). bien plus impitoyable que celui dans lequel avait ete enterree Manon.” 2 .0 Au terme de ces considerations, il convient de noter que ces constructions existaient en roumain mais sous une autre forme et elles s’employaient rarement. Leur grande frequence, dans la langue roumaine moderne, s’explique d’une part, par l’evolution de la phrase en general, et d’autre part, par la structure de la phrase frangaise. En frangais,la frequence de ce type de constructions est tres grande. Depuis le debut du XIX-e siecle, elles connaissent la meme frequence dans le roumain. Elles permettent une amplification de la phrase dont elles rompent la mo- notonie ”procede, ecrit Marouzeau, â la fois savant, car il suppose que, la construction suspendue, on domine assez l’ensemble enonce pour re- trouver le fii au moment voulu, et familier, car il comporte le laisser-, aller de 1’improvisation et 1 *insouciance de la construction logique." (494) 2.1 Ces constructions reproduisent directement ou indirecte- ment les paroles d’autrui. Elles rendent les interventions de l’auteur ou ajoutent une description plus ou moins detaillee. Elles ont le carac- tere de concretiser les faits. Cependant la construction par insertion est plus subjective : elle implique que le locuteur est engage dans ce qu’il affirme, qu’il veut faire participer 1’interlocuteur ă cet enga- gement, car c’est pour lui qu’il interrompt sa phrase. (495) 2.2 On peut assimiler aux adverbes modaux toute une serie de locutions restrictives : selon moi, (dup^ mine), ă mon avis (după păre- rea mea), d’apres lui (dupâ el), qui inserees en cours d’enonce, indiquent un jugement personnel ; on peut inserer des conjonctions de coordination ; en effet, (într-adevar), donc (deci), cependant (totuși) qui ont une valeur logique et se rapportent ă 1’enchaînement des idees. II existe certains adverbes et adjectifs que nous intercalons de la meme maniere, comme des reflexions ou des appreciations du narrateur. Ajoutons les expressions qui marquent la certitude comme î sans doute (fara indoială), probablement (probabil), surement (de sigur) etc., les vocatifs et les expressions exclamatives intercales dans le discours pour attirer 1’at- tention ou rendre la communication plus chaleureuse. 2.3 Quant aux verbes, au point de vue de la frequence, le ver- be a zice (dire) vient en tete de liste ; ensuite on enregistre : a răs- punde (repondre), a (se) întreba (se demander), a repeta (repeter), a relua (reprendre), a murmura (murmurer), a striga (crier) etc. (494) Precis de stylistique frangaise, Paris, 1970, p. 164. (495) Cf. M. Dessaintes, op. cit., p. 205. - 395 - 2.4 L’evolution de la phrase a impose ces structures qui lui conferent un equilibre, ou une anticipation et dont on retrouve un cer- tain nombre dans toutes les langues. 2.5 De nos jours, certaines expressions lexicalisees sont em- ployees comme insertions incidentes : e cazul s-o spunem (c’est le cas de le dire) daca îndrăznesc sa spun (si j’ose dire), cu această^ singura con- diție (ă cette seule condition), este evident (c’est evident), propriu zis (proprement dit), altfel spus (autrement dit), la rigoare (ă la rigueur), e timpul s-o spunem (il est temps de le dire), fie zis în treacat (soit dit en passant), fie zis în paranteza (soit dit entre parantheses) etc. qui sont devenues de vraies formules stereotypees. 2.6 Pour conclure, rappelons certaines constructions -qui s’em- ploient de plus en plus couramment dans la langue moderne et dont le ju- gement est exprime par anticipation : fericit acest om care... - heureux cet homme qui... minunat acest tablou... - merveilleux ce tableau... etc. Au point de vue psychologique, l’adjectif place en tete de la phrase frappe davantage 1’interlocuteur. - 396 - C - Le role du frangais dans la modernisation de la phrase roumaine. I . Le present chapitre se rapporte aux problemes lies â la cons- truction de la phrase, aux valeurs esthetiques de la langue qui commencent ă se cristalliser dans la premiere moitie du XIXe siecle, periode qui coincide avec la diffusion massive de l’element frangais. Les traductions du frangais ont constitue un exemple, une im- pulsion et, en meme temps, une sorte d’exercice en vue de la modernisation de la langue roumaine litteraire. L’etude des procedes stylistiques est assez complexe - surtout quand il s’agit des langues soeurs. 2 .0. Nous nous occupons, dans ce qui suit, d’un certain type de re- petition, â savoir les repetitions anaphoriques qui, en copiant le modele frangais, donnent de l’ampleur, de la symetrie et ont contribue au perfection- nement de la phrase roumaine. De cette maniere, nous analyserons tout d’abord la situation de ce procede dans les textes originaux anterieurs au XIXe sie- cle. 2.1. Ceci dit, chez Dosoftei par exemple, il existait le procede de la repetition anaphorique mais il se rapporte d’habitude ă un syntagme verbal d’une proposition principale â sens imperatif ou exclamatif : Cînta^i în lăute, Jouez des violons In dzicaturi multe. Et avec force mots Cîntați pre-mparatul Louangez l’empereur Ca nu-i ca dîns altul (Ps.,46) Qui n’a pas son pareil. 2.2. Chez Antim Ivireanu la repetition connaît deux aspects : a) la repetition de l’element de relation qui apparaît dans des constructions lourdes, asymetriques. En voici un exemple : ”... care feliu de cinste și de întîmpihare nu aflăm nicăieri ca sa fie fă- cut ... dar acest feliu de cinste, de pe urmă sufletește o dau lui Hristos, care pre omul cel vechi lepădîndu-1 ... care lucru măcar că și într-alta vreme, mai vîrtos cînd este vremea pocainții trebuiește a-1 face ..." (Predici, p. 182). ’’. . . un tel hommage et une telle action je n’en ai trouve encore nulle part l’existence. Mais cette sorte d’honneur sorti du coeur je l’offre ă Jesus qui se depouillait du vieil homme ... laquelle chose deja en d’autres temps - 397 - doit etre faite ... et bien plus encore en temps de repentir. b) Le deuxieme procede, largement utilise, se refere â la repe- tition des elements de la phrase - soit un predicat, soit un sujet : ”... duce plocon la biserica cele ce sînt toate ale lui ; duce plocon la biserica doua paseri, celui ce a făcut cu un cuvînt toate paserile în văzduh; duce plocon doua turturele ... ; duce o pereche de turturele curate ... ; duce plocon lucru curat ...” (ibid. , p. 25) ”••• il porte comme offrande â l’eglise tout ce qui lui appartient ; il porte comme offrande â l’eglise deux oiseaux, ă celui qui d’une seule parole a cree tous les oiseaux du ciel ; il porte comme offrande deux tourterelles ... ; il porte un couple de tourterelles innocentes ... ; il porte comme offrande une chose pure". 2.3. A cote de ces constructions lourdes, des anacoluthes, il y a des phrases amples, complexes mais qui n’utilisent pas la repetition anaphorique. Chez Constantin Cantacuzino par exemple, la phrase est chargee de subordonnees et de constructions incidentes. En ce qui concerne l’ordre des mots sa phrase reste tributaire de celle latine : ”... și fi aflat vreun istoric, carele și de țara aceasta, de începătura ei și de lăcuitorii ei și domnitorii ei, carii cît și cum s-a purtat și de obiceiu- rile lor și de legile ei și de altele multe ce întrînse sa vor fi aflat, care- le să scrie pre amănuntul toate ...” (Istoria Țarii Românești, p. 3). (Histoi- re de Valachie). ”... j’aurais trouve quelque historien lequel aurait ecrit en detail tout ... sur ce pays, sur ses origines, ses habitants et ses princes et sur leur manie- re de se comporter, sur leurs usages et sur ses lois et sur d’autres choses encore qui auraient pu s’y trouver”. 2.4. Chez Miron Costin ou chez Dimitrie Cantemir, la phrase reflete des modeles etrangers - en particulier latins et turcs - ce qui lui donne un aspect lourd. Chez Neculce - ou predominent les elements populaires - on releve la grande frequence de la coordination â l’egard de la subordination et surtout l’emploi des conjonctions și, iar, ce (et, mais, qui) specifiques â la syntaxe populaire. Chez un ecrivain comme Budai Deleanu - le representant de l’Ecole Transylvaine - on rencontre de nombreuses constructions propres â la langue an- cienne et sa syntaxe reflete surtout des procedes populaires. De cette maniere, la repetition est rendue par des termes identiques du type : acuși-acuși (â l’instant, â l’instant), mare-mare avec comme elements connectifs, des conjonc- tions ou des prepositions du type : iara și iară (encore et encore), avuții peste avuții (richesse sur richesse), etc. Parfois on rencontre une repetition â de plus grands intervalles, mais asymetriques - procede employe aussi dans la langue parlee : bate-l-ar, lovi-l-ar^etc.(battu soit-il par ..., frappe soit-il par...). 2.5. Chez les poetes Văcărești, ou l’on s’attend ă un saut qualitatif - 398 - dans l’evolution de la langue, ă l'egard de l’epoque anterieure, on remarque souvent un ordre des mots depourvu de logique, des constructions syntaxiques forcees, resultat de l’influence de la langue roumaine ancienne ou tout aussi bien d’une autre langue non romane (496). 3. Apres ces quelques considerations sur les ouvrages originaux des siecles anterieurs, nous nous proposons d’analyser ces types de construc- tions du debut du siecle dernier, dans les textes traduits du frangais. Notre attention portera sur les trois phases successives : a) les premiers textes traduits - jusqu’en 1830. b) la langue des traductions entre 1830 - 1860. c) 1’assimilation des procedes syntaxico-stylistiques frangais (497). L’expressivite de la phrase s’acquiert non seulement par l’imi- tation de la structure frangaise, mais egalement par la creation des moyens de correlation specifiques â chaque rapport et qui doivent etre capables d’expri- mer avec precision les nuances les plus fines et les plus variees (498). 4.0. En analysant le premier aspect (a), nous allons suivre â travers quelques exemples - tires des premieres traductions et textes originaux de la meme epoque - l’evolution de la phrase roumaine â la fin du XVIIIe et au debut du siecle suivant. Ainsi, dans les premieres traductions, on constate beaucoup de constructions impropres, artificielles, rendues par des periphrases ; un ordre des mots force qui a donne naissance â des constructions compliquees, ă des in- terpretations erronees du texte frangais. Le plus souvent possible, on recourt â l’imitation servile du modele. Nous illustrerons nos affirmations par quel- ques exemples tires des premieres traductions. (496) Cependant chez lancu Vacarescu on rencontre parfois des enonces ă valeur stylistique : ”Cînd cu mreji amăgitoare "Lorsque par des pieges trompeurs Vii prindeam păsări din zbor J’attrapais des oiseaux au voi Cînd prin țevi fulgerătoare Lorsque par des canons foudroyants Cu plumb le-azvîrleam omor..." Avec des plombs je leur jetais la mort... ” (Poezii alese, 1830, p. 9 - Poesies choisies). Ce sont des echantillons isoles. (497) Nous n’insistons pas sur les constructions qui ont eu une circulation sporadique â l’epoque. Elles n’interessent pas notre etude qui se limite aux constructions qui ont eu une influence durable dans le systeme de la langue roumaine. (498) L’analyse des elements de relation calques sur le frangais a ete minutieu- sement exposee dans les chapitres anterieurs. - 399 - Cugetările lui Oxenstiern (1779) : (Pensees sur divers sujets avec des re- flexions morales) "Pentru om Mintea omului este vînatul grijelor ce-1 rodea și trupul lui mîncare de vierme și de putrejune. Nașterea îi este o începere de boala și viața lui un chip viu al morții. lata ce iaste omul, a căruia începutul ias- te așa de cu rușine, viața așa plină de amărăciune, și sfîrșitul atît de groaznic. Pruncia lui nu este alta făr numai putoare, copilă- ria lui jucărie, tinerețea lui de- șertăciune, barbația lui nebunie, bătrînețele lui slăbiciuni”, (p. 6). "De 1’homme L’esprit humain est la proie des soins devorants, le corps la pâture des vers et de la pourriture. La naissance est un commencement de maladie et la vie une image de la mort. Voilâ ce que c’est que l’hom- me dont l’origine est si honteuse, la vie si pleine d’amertume, et la fin si effrayante. Son berceau n’ est qu’ordure, son enfance que sin- geries, sa jeunesse qu’extravagan- ces, sa vitalite que folie, sa vieillesse qu’infirmite”. Istoria lui Alțidalis și a Zelidiei (1783) "Alțidalis fiul craiului era năs- cut cu atîta fericire și sporiu că cea mai mica credință ce era asupra lui îl arăta fiu de craiu. El era de o frumusețe nemărginită cu care cîștiga inimile tuturora celor ce-1 videa, o înțelepciune care în cea dintîi vîrstă a lui nu sa afla la altul asemeni, o mărire a inimii și o bărbăție ce era la dînsul face tot norodul a cinsti și a temi dînsul. Copilăria lui Alexandru cel Mare n-au fost mai vestită ^i mai nenumata decît a lui”, (p. 2). : (L’histoire d’Aterliade et de Zelide) ”Alcidalis c’etait le nom du Prince, etait ne si heureusement et avec tant d’avantages de la na- ture, qu’une des moindre qualite qui fut en lui etait d’etre fils de roi. II avait une beaute qui gagnait le coeur de tous ceux qui la voyaient un esprit qui dans les premieres an- nees de son âge ne trouvait deja plus de son pareil et une grandeur d’âme et de courage, qui donnait du respect et de la crainte â tout le monde. L’enfance d’Alexandre ne fut ni plus grande ni plus merveilleuse que la sienne”. Telemah (1772) : (Les aventures de Telemach) "Calipso nu putea să se mîngîie pentru purcederea lui Uliseusu. Nemurirea ei o făcea să socotească pe sine nenorocită la durerea ei. Peștera nu mai rasunea de cîntarea cea dulce a glasului ei și zînele ce-i slujeau nu-i îndrăznea ca să vorbească”, (p. 3). ”Calypso ne pouvait se consoler du depart d’Ulysse. Dans sa douleur, elle se trouvait malheureuse d’etre immor- telle. Sa grotte ne resonnait plus de son chanc : les Nymphes qui la ser- vaient n’osaient lui parler". Istoria Craiului Sfeției (1799) : (L’histoire de Charles XII) "Craiul leșesc știa foarte bine ca vrăjmașul său, după ce s-au văzut "Le roi de Pologne s’attendait bien que son ennemi, vainqueur des Danois - 400 - biruitor denmarchezilor și moscalilor au venit să caza asupra lui. Deci el s-au legat mai strîns decît altădată cu țari acești doi prințipi s-au sfă- tuit să facă o întîlnire pentru ca să-și ia toate masurile cu deopotri- vă harmonie. Ei s-au întîlnit la Birsen care este o cetățuie a Lituaniei (Litva) insa făr de nice una de acele țăramonii și pompe care nu slujesc de alt decît spre întîrzie- rea trebilor deosebit că nu sa cuvine a le face nice după stare, nice după cheful în care se afla”, (p. 607). Galatea (1813) : (Galate) "Nevăzînd încă lumina întunericul gonind și a stelelor strălucire cîte puțin apunînd și încă de a nu răsări soarele strălucitoriu răsun pe echo cu jale ca pe al meu glas patrunza- toriu. Incît olorasc cîmpiile, codri și izvoare făcînduma cu lacrămi de soarta ce momoară care în loc să-m ajute sau să-mi dea vreo mîngîiere sînt de tot nesimțatoriu ațîțînd a mea durere. Ce la suspinul meu nu mai am tovarăș credincios turturea ce-mi răspunde cu glasul cel mai de jos, fiind toate celelalte însă dar spre mîngîiere și eu tot nesimțitoare ațîțînd a mea durere”. et des Moscovites, viendrait bien- tot fondre sur lui. II se lie plus etroitement que jamais avec le Tzar ; ces deux Princes convinrent d’une entrevue pour prendre leurs mesures de concert. Ils se virent ă Birsen, petite viile de Lithuanie sans aucune de ces formalites qui ne convenaient ni â leur situation ni â leur humeur. "Avant que le soleil ait eclaire nos plaines. II fait retentir les echos, II fatigue les bois, les preș et les fontaines Du triste recit de mes maux Mais les echos, les bois, les preș et les ruisseaux, Ne peuvent soulager mes peines. Sur les gazons fleuris, ă l’ombrage de ces chenes Je ne trouve plus le repos : Je gemis, le rarnier joint ses plain- tes aux miennes, Mes larmes troublent les ruisseaux ; Mais les ruisseaux, les preș, les bois et les echos..." II decoule de ces exemples que toutes les traductions posterieures â 1830 sont tres libres, on ne respecte ni la ponctuation, ni le texte franqais. franqais. 4.1. Si l’on compare toutes ces traductions ă un texte original de la meme epoque, ou meme â un texte du XVIIIe siecle, on n’observe que la difference n’est pas trop grande ; les memes constructions syntaxiques forcees, le meme ordre des mots depourvu de clarte, la meme maladresse tant au plan de la syntaxe qu’au plan de la stylistique. Voici quelques exemples des textes originaux de la fin du XVIIIe siecle qui illustrent parfaitement nos affirmations : "Staico paharnicul multă vreme la închisoare împreună cu ai lui soții fiind, de multe ori la divan i-au scos, ca măcar ca domnul spre moartea lor nu sa bucu- ra, iar nici vina și faptele lor sa scape era, ci cu tot sfatul înaintea țării judecata făcîndu-i-se, și cele viclene ale lor scrisori aratîndu-să, și toata de față cetindu-li-sa, nimini den cîți auzia a să milostivi spre dînșii era, fapte- le lor cele spurcate și păgîne aievea văzîndu-sa, cîte spre domnu vicleșuguri și - 401 - țarii vînzari făcuse, ca ei pre nemți în țara-i adusese, și pentru nemți tatarii venise, și la primejdie și de istov prăpadire țara ajunsese, cît nimini den creștini poate zice ca n-au rămas de prada și de sărăcie scapați, care de tătari, care de nemți, lăsîndu multă sarăcime, care arși de tătari și căzuiți au murit, far de robi ce au luat”. (Cronica lui Radu Greceanu, Cronicari Munteni, II, - Chronique de R.G., Les chroniqueurs de Valachie - edition soignee par Mihai Gregorian, ed. pour la litterature, București, 1961, p. 59-60). ”L’Echanson Stoika, depuis longtemps en prison avec ses compagnons fut souvant amene devant l’assemblee, car bien que le Prince ne se rejouissait pas de leur mort, et bien qu’il ne leur fut pas possible d’echapper ă leur peine et â leurs fautes (actions fautives) ils furent juges devant tout le pays on leur montra leurs ecrits perfides qui furent lus en presence de tous, personne parmi ceux qui les entendirent ne fut enclin ă la pitie envers eux, leurs actions ignobles et paiennes ressortant clairement ainsi que toutes leurs perfidies envers le prince, ainsi que la trahison envers le pays, parce qu’ils avaient fait venir les Allemands dans le pays et par les Allemands, les tartares vinrent aussi et le pays en etait arrive â l’epuisement et au danger de perdition, car nul parmi les chretiens ne put dire avoir echapper au pillage ni â la pauvrete soit du fait des tartares, soit du fait des Alle- mands, qui laisserent derriere eux grande pauvrete, certains furent brules et tortures sans parler de ceux qui furent emmenes comme esclaves"(499). ou : ”Pentru împărțeala de țigani ce s-au făcut pîna acum la hotarîrea aceasta, după obiceiul ce s-a urmat din vechi, cum și pentru partea moldoveneasca ce s-au însoțit pînă acum prin cununii cu partea țigăneasca, fiind și hotarîri prin hrisoave, ca un moldovean de va primi să ia țiganca sau moldovanca ca țigan, sa ramîie robi ca niște țigani, la care de vreme că pînă acum așa s-au urmat, întru aceeași hotarîre și orînduială s-au găsit cu cale ca să rămîie atît împărțirile ce au apucat a sa face pînă acum, cît și însoțirea părții moldovenești cu partea țigănească, ce s-au făcut pîna la aceasta hotărîre”. (Hrisov demnesc de întaritură, 1785 - Document princier de loi). ”Pour ce qui est du partage des tziganes qui eut lieu jusqu’ă cette deci- sion suivant les coutumes des anciens qui furent toujours observees et aussi pour ce qui est des sujets moldaves allies jusqu’ă nos jours par mariage avec des sujets tziganes, etant decide par des documents qu’un moldave qui acceptera de prendre une tzigane ou une moldave en tant que tzigane, celles-ci doivent rester esclaves, comme des tziganes parce qu’il a toujours ete ainsi et parce que la meme decision et ordonnance estime que les partages doivent rester ce qu’ils furent jusqu’ă ce jour, de meme pour les unions des sujets moldaves avec des sujets tziganes qui eurent lieu jusqu’ă la presente loi’’(500). Voilă un dernier exemple tire de Istorie a Preaputernicilor îrpărați othomani (Histoire des tout puissants empereurs othomans) par lenăchița Văcarescu qui date de 1788-1791, publiee en 1863 : (499) Dans la traduction du franqais, j’ai essaye de garder le rythme et la ponctuation de cette longue, tres longue phrase, pour mieux illustrer mon exemple. (500) Meme observation que pour le precedent texte - garder dans la mesure du possible la structure du texte original. - 402 - ”Dar în cea după urma, vazînd ca împăratul s-au arătat purtător de bi- ruință și au întemeiat și Giurgiu cu un garnizon nu da puțin număr, înțelep- țeste s-ar socoti ca, dă vor închina țara la stapînirea othomanicească fără război, vor dobîndi priveleghiile ce nădăjduia și dă care sa-nveselescu și astăzi”, (p. 22). "Mais en fin de compte, voyant que l’empereur sortit victorieux et jeta les fondements de Giurgin avec une importante garnison il fut estime sage de soumettre ă l’autorite ottomane sans guerre, ce qui leur gagnerait peut- etre des privileges qu’ils esperaient et dont ils pourraient beneficier en- core aujourd’hui". 4.2. Apres avoir analyse quelques exemples des premieres traductions ainsi que d’autres tires de differentes oeuvres originales anterieurs ou de la meme epoque, on peut degag^r les memes conclusions : dans tous ces textes on constate la predominance d£s structures roumaines anciennes. L’ordre des mots garde des traces archarques et populaires comportant de nombreuses in- versions dans lesquelles, dans la plupart des cas, le predicat se trouve en tete de l’enonce - constructions du type : fost-am ... gînditu-m-am ... etc. (fusse-je, pense-je). Toujours est-il que ces constructions qui gardent une saveur ar- chaique s’emploient rarement de nos jours et seulement dans la langue parlee. Dans 'les textes etudies on constate egalement des constructions asymetriques, des intercalations de mots ou de prepositions tout entieres qui rendent parfois le contenu de la phrase incomprehensible. D’autres fois, sous l’influence de certains modeles etrangers - latins, tures, grecs - le verbe apparaît ă la fin de la phrase. De cette fagon, la phrase devient plus lourde parce qu’elle n’a pas le syntagme predicatif au centre de la proposition ce qui lui permettrait de polariser et disposer logiquement ses elements constitutifs. Peu ă peu, grăce aux traducteurs plus inities et connaissant mieux la langue frangaise, la phrase acquiert de la symetrie, de la souplesse ; tous ces effets positifs sont dus ă l’influence directe du texte frangais (501). 5.0. Dans ce qui suit, nous analyserons quelques exemples qui appar- tiennent aux traductions du XIXe siecle. Nous donnons parailelement le texte frangais et la traduction roumaine, pour pouvoir mieux illustrer et pour suivre d’une maniere rigoureuse la comparaison entre ce qui a ete et ce qui est la phrase roumaine ă partir de l’influence du frangais. (501) Une tentative similaire, mais sans une analyse linguistique du texte a essaye de faire Nestor Urechia, La chaumiere indienne de B. de Saint- Pierre (des traductions roumaines dans "Propylees litteraires", an IV, n° 1, avril 1929, p. 9-10) ou l’auteur donne deux fragments de la Chaumiere indienne avec le texte frangais et les traductions successives de Leon Asachi de 1821, celle de Pelimon de 1850 et celle de 1929 qui appartient ă Nestor Urechia. - 403 - "Plăceri ale amorului, cine ar putea a va descrie. Aceasta încredin- țare ca am aflat ființa care natura a fost destinat pentru noi, acea zi neașteptata ce ne umple viața și care samănă a ne esplica misterul, acea necunoscuta valora, atașata la oare- care împrejurare, aceste ceasuri re- pezi ‘in care toate zicerile pier din suvenire chiar, prin a lor dulceață, și care lașa în sufletul nostru o urma de fericire ; aceasta nebunateca veselie ce se amestecă cîteodata fără pricina în obișnuitele plecări, atîta plăcere în prezența și atîta speranța în absența, aceasta desfacere de toate îngrijirile comune, .ceasta su- perioritate peste tot ce ne înconju- ra, aceasta încredere ca nime nu va ajunge vreodinioară acolo unde trăim, aceasta inteligență reciproca găsește toată gîndirea și răspunderea la fieștecare mișcare”. (CAED, p. 38-39, 1839). ”Charmes de l’amour, qui pour- rait vous peindre. Cette persua- sion que nous avons trouve l’etre que la nature avait destine pour nous, ce jour subit repandu sur la vie et qui vous semble expliquer le mystere, cette valeur inconnue attachee aux moindres circonstances ces heures rapides, dont tous les details echappent au souvenir par leur douceur meme, qui ne laisse dans notre âme qu’une longue trace de bonheur, cette gaiete folâtre qui se mele quelque fois sans cause â un attendrissement habituel, tant de plaisir dans la presence et dans l’absence tant d’espoir, ce detache- ment de tous les soins vulgaires, cette superiorite sur tout ce qui nous entoure, cette certitude que desormais le monde ne peut nous at- teindre ou nous vivons, cette intel- ligence mutuelle qui devine chaque pensee et qui repond â chaque emo- tion”. Voilâ un exemple d’une traduction qui date de 1843 : ”Strașnicia în năravuri, neintere- sarea, dreptatea îndrăzneala întru a găsi adevărul, rîvna a ocroti pe cel slab și pe cel nevinovat, statornicia în preteșug cercată cu nenorociri, o aplecare nestrămutată a face binele cu orice jertfa, o supunere desavîr- șită la legile întreunite : iata cu ce va putea sa osibeasca pe bărbații cei de isprava și să-si aleagă prie- teni adevărați”. (MBSM, p. 196). ”La severite dans les moeurs, le desinteressement, la droiture, le courage de la verite, le zele â pro- teger le faible et l’innocent, la constance dans l’amitie mise â l’e- preuve des disgrâces, une tendance vers le bien que nul obstacle ne de- range, un attachement fixe aux lois de l’equite : voilâ des traits aux- quels un prince peut distinguer les gens de bien et se choisir de vrais amis”. L’accumulation des parties de discours, les relations d’egalite - chacune determinee par un certain syntagme qui souligne l’idee : strășnicia (în năravuri) neinteresarea, dreptatea, îndrăzneala (întru a găsi adevărul) etc. et finalement une serie de subordonnees. Iată (voilâ) propre au style oratoire, utilise â l’epoque par N. Balcescu, donne une symetrie, une harmonie â la phrase qui copie le modele de la phrase franqaise. La symetrie fait pârtie de 1’argumentation logique ; elle cree une amplification entre les subordonnees. Ce procede souvent en usage â partir du XIXe siecle s’emploie surtout pour obtenir un effet oratoire : ”Ii făcu o descriere pe scurt des- ”Je lui fit un recit abrege de pre marea și învinsa mea pasiune pen- la longue et insupportable passion - 404 - tru Manona, despre pozițiunea cea 'înflorită a averii noastre care o avuram pîna a nu se despuia chiar servitorii noștri, despre darurile ce G.M. i le făcuse amantei despre rezultatul lor și despre maniera cu care scăpasem de dînsul”. (PIMB, p. 97-98). que j’avais pour Manon, de la si- tuation florissante de notre for- tune avant que nous eussions ete depouilles par nos propres domes- tiques, des ordres que G.M. avait fait â ma maîtresse, de la conclu- sion de leur marche et de la ma- niere dont il avait ete rompu”. La symetrie dans l’exemple anterieur est rendue par la repeti- tion de la preposition despre (de). L’influence du modele frangais est evi- dente. Dans les textes originaux du XIXe siecle, on retrouve la meme construction de la phrase : "Așa și mie, fie-mi iertat între descrierea cofetăriei lui Felix și o declarație de amor, a vă zice doua cuvinte în contra manieri ce aveam de a ni întipări numai modelele rele și aluzurile străine, și de a mijloci toto- dată și pentru o nenorocita stare, cea mai neapărata pentru puterea și înflo- rirea unei țari, starea caria într-un mare moment i s-a fost făcut o solenelă făgăduința : îmbunătățirea soartei etc. și căreia ar trebui să ne aducem aminte ca mărinimia a doi auguști monarhi i-a închinat fericirea”. (Kogalniceanu, Tainele inimii, p. 126). "Ainsi de moi, qu’il me soit permis - entre la description de la pâtis- serie de Felix et une declaration d’amour - de vous dire deux mots entre cette faqon que nous avons de ne garder que les mauvais modeles et les influences etrangeres et d’intervenir en meme temps en faveur d’une situation malheureuse la plus indispensable â la puissance et ă 1’epanouissement d’un pays, en un grand moment il fut fait ă cet etat une promesse solennelle : celle de l’ame- lioration de son sort et qui devrait nous faire souvenir que la generosite de deux grands monarques fut generatrice de son bonheur". Dans un autre exemple tire de Heliade Rădulescu on observe une serie de huit subordonnees introduites par sa + le subjonctif qui donnent un caractere rhetorique au style : "Cînd însă cineva abia apuca pana în mîna, și abia a început sa înșire cîteva vorbe învățate pe din afara, fără scop și fără unire, și se crede ca acum e leit ticluit autor și că, fiind autor, acesta este un titlu în republica literelor, un drept de aristocrat al literaturii și că, ca aristocrat, are dreptul sa trăiască oricum, sa vorbească orice va voi și sa scrie orice îi va veni, sa înfrunte pe cine întîlnește, să batjocorească pe cel cu care vorbește, sa semene vrajba, să se fălească între nerușinarea sa și sa întinză corupția și desfrrul, un asemenea omuleț, un asemenea crezut autor nu este vătămător numai pentru sine, care e și om pierdut, dar scrierile lui propovăduiesc demo- ralizația de milioane de români nu ca un monument, după cum zic, ci ca o spaima de ocară a veacului în care au trăit”. (0^, II, p. 105-106, an 1831). "Mais lorsque quelqu’un commence ă peine â prendre la plume en main et ă aligner quelques mots appris par coeur sans but et sans unite, et se croit â present devenu un veritable auteur et - qu’etant auteur - cela est un titre dans la republique des lettres, un privilege d’aristocrate de la litterature - et que, en tant qu’aristocrate il a le droit de voir n’importe comment de dire - 405 - tout ce qu’il voudra et d’ecrire tout ce qui lui passera par la tete d’af- fronter celui qu’il rencontra, d’insulter celui avec lequel il parlera, de semer la discorde - de se vanter de son impudeur et de propager la corrup- tion et lă debauche un tel honune de peu, un tel soi disant auteur n’est pas seulement dangereux pour lui-meme - qui est deja un homme perdu - mais encore ses ecrits pronent la demoralisation de millions de Roumains - non comme un monument, comme je le dis, mais comme la terreur de la honte du siecle ou il a vecu. 5.1. Par la repetition de l’element inițial anaphorique la phrase acquiert une ampleur particuliere. Nous analyserons ce procede interessant et delicat â la fois et ou, l’imitation du modele franqais, saute aux yeux Ainsi : "Șaptesprezece ani, șaptesprezece secuii mai ales pentru un om care, ca mine, era aproape de fericire ; pentru un om care, ca mine, era sa se înso- țească cu o femeie iubită ; pentru un om care vedea deschizîndu-se înainte-i o carieră onorabilă, și căruia îi lipseau toate în minutul aceasta ; care in mijlocul zilei celei mai fru- moase, cade în noaptea cea mai afunda ; care își vede cariera stricată, care nu știe dacă aceea care-1 iubea îl mai iubește încă, care nu știe dacă batrî- nul sau tată a murit sau mai trăiește”. (DCAB, p. 211). ”Dix-sept annees, dix-sept sie- cles ; surtout pour un homme qui, comme moi, touchant au bonheur, pour un homme qui, comme moi, al- lait epouser une femme aimee, pour un homme qui voyait s’ouvrir devant lui une carriere honorable et ă qui du milieu du jour le plus beau tombe dans la nuit la plus profonde, qui voit sa carriere detruite, qui ne sait pas si celle qui l’aimait l’aime toujours, qui ignore si son vieux pere est mort ou vivant". Par le meme procede anaphorique, dans 1’exemple suivant, on trou- ve cinq subordonnees de cause introduites par pentru ca d’apres le fr. c’est que : "Pentru că eram fericit atunci ; pentru că întorcîndu-ma la viață, ma întorceam la fericire ; pentru că as- ta moarte nu o chemasem, nu o alese- sem ; pentru că somnul în fine mi se parea aspru pe acel pat de erbe de mare și de pietricele pentru că mă supăram, eu care ma credeam o ființă făcută după asemănarea lui Dumnezeu". (DCAB, p. 233 - 1857). "C’est que j’etais heureux alorsț c’est que revenir â la vie, c’etait revenir au bonheur ; c’est que cette mort, je ne l’avais pas choisie ; c’est que le sommeil enfin me pa- raissait dur sur ce lit d’algues et de cailloux ; c’est que je m’in- dignais moi, qui me croyais une creature faite â 1’image de Dieu". 5.2. Les exemples de symetrie ou l’influence de l’original franqais est tres nette, ou les constructions roumaines imitent fidelement le modele franqais, sont tres nombreux. Nous nous limitons â quelques uns seulement : "Târgoveții se înarmau totdeauna în contra hoților, vagabonzilor, a "Les bourgeois s’arment toujours contre les voleurs, contre les - 406 - lacheilor și adesea în contra seniorilor și hugenoților cîte odata și în contra regilor dar niciodată în contra cardinalului”. (DMAP, p. 6). ”In locul unui batrin trist, un om june și dispus ; în locul unor cai deșelați și căzuți, în cuadri- gă îndoita de boi țepeni și ardin- ți ; în locul morții, un copil fru- mos ; în locul unei imagini de disperare și al unei idei de des- trucțiune, un spectacul de energie și o cugetare de fericire”. (SLDB, p. 15). loups, contre les laquais et les huguenots, quelquefois contre le roi, mais jamais contre le cardi- nal”. ”Au lieu d’un triste vieillard un homme jeune et dispos ; au lieu d’un attelage de chevaux efflan- ques et harasses, un double qua- drige de boeufs robustes et ardents; au lieu de la mort un bel enfant ; au lieu d’une image de desespoir et d’une idee de destruction, un spec- tacle d’energie et une pensee de bonheur”. 5.3. Dans 1’exemple qui suit, les subordonnees temporelles sont dans un rapport de coordination realise par le couple anaphorique : de cîte ori - de cîte ori d’apres le fr. que de fois - que de fois : "Și de cîte ori amantul a trecut pe lînga amanta sa fără a o recunoaște, și de cîte ori nefe- ricita a chemat însă în van, în ajutoru-i ... De cîte ori acea mîna destinata florilor s-a întins în deșert unei pîini uscate”. (DDCC, p. XV). "Et que de fois 1’amant a passe preș de sa maîtresse sans la recon- naître et que de fois la malheureu- se a appele, mais en vain, ă son secours ! Que de fois cette main vouee aux fleurs s’est vainement tendue ă l’aumone et au pain dur ! Ou cînd ... cînd d’apres le fr. quand ... quand : "Ce poate sa se facă, zice împă- ratul ? Cînd oamenii sînt cazuți din a lor vrednicie și cu totul stricați, și cînd nu mai este cu putință a găsi bărbați vrednici și virtuoși, ori macăr cît de multă silință să va pune, se scîrbește cineva și se ostenește de a mai alege". (MBSM, p. 192). "Que voulez-vous, dit 1’empereur? Quand les hommes sont degrades, quand l’espece en est corrompue et qu’avec tant de soin possible on n’y fait que de mauvais choix, il faut bien que l’on se lasse de choisir". Ce procede de la repetition anaphorique des elements de relation en tete des prepositions successives se rencontre dans les textes originaux - 1’effet de ce procede consiste ă donner une puissance d’argumentation : "Insa, domnilor, pe lînga patriotism, avem oare și toate studiile pre- gătitoare, toate luminile trebuitoare, toată înțelepciunea ceruta și mai ales acea ochire dreapta, acea liniște in suflet, acel sînge rece, acel simț nepăr- tinitor, condițiuni neapărate ale legislatorilor, condițiuni fără de care legile ieșite din mîinile noastre, niciodată nu vor putea fi expresiunea echi- - 407 - tații și a nepărtinirii, niciodată nu vor putea aduce în mijlocul nostru liniștea, pacea și fericirea generală”. (Kogalniceanu, 0, p. 267, an 1850). "Mais, messieurs, ă cote du patriotisme, avons-nous aussi toutes les etudes preliminaires, toutes les lumieres necessaires, toute la sagesse de- mandee surtout cette vue juste, cette paix de l’âme, ce sang froid, ce sens de 1’imparțiali te, conditions indispensables aux legislateurs, conditions sans lesquelles les lois sorties de nos mains, ne pourront jamais etre l’ex- pression de l’equite et de 1’imparțiali te, et ne pourront jamais apporter parmi nous la quietude, la paix et le bonheur general". Ou : "In adevăr, domnilor, nici o chestiune în hotarîrea ei nu reclama mai mult patriotism, înțelepciune, dreptate și abnegație totodată decît marea reforma ce sîntem chemați a face ; reforma care a fost grea și în țările cele mai puternice și cele mai luminate ale Europei, reforma care astazi preface condițiunile naționale și sociale din marele imperiu al Rusiei, reforma care și în Principate se urmărește fără succes de mai mult de un secol, reforma grea și spinoasă a carii soluțiune părinții ne-au lasat-o ca o fatala moște- nire". (Kogalniceanu, 0, p. 266). "En verite, messieurs, nulle question dans sa decision, ne reclame plus de patriotisme, de sagesse, de justice et d’abnegation en meme temps que la grande reforme que nous sommes appeles ă accomplir, reforme qui fut diffi- cile meme dans les pays les plus puissants et les plus eclaires de l’Europe, reforme qui aujourd’hui transforme les conditions nationales et sociales du grand Empire Russe, reforme qui meme dans les Principautes se poursuit sans succes depuis plus d’un siecle, reforme difficile et epineuse dont la solution nous fut laissee par nos parents comme un fatal heritage". En voici un autre exemple toujours de Kogalniceanu, une phrase creee par de nombreuses repetitions : "Spre a putea izgoni ignoranța și corupția care îi este urmarea, spre a împuțina crimele și spre a așeza moralitatea, am cercetat, da, cu de-amanun- tul, pe de o parte așezamintele menite de a răspîndi învățătură, de a stîrpi vițurile și a înălță inima, daca școlile, casele penitențiare, institutele pentru tinerii osîndiți, pentru cerșitori, pentru orbi, surzi și muți, casele ,de nebuni, adăposturile pentru orfani, și batrîni, spitalurile pentru deose- bitele patimi și, pe de alta, așezamintele menite de a răspîndi bunăstarea, precum drumurile de fier și canaturile ce favorizează comunicația lucrurilor și a ideilor, companiile de siguranție și de împrumut, bancele care înlesnesc comerțul, casele de cruțare care apăra batrînețele și chinurile sărăciei și, în sfîrșit, spiritul și tainele asociației, singura dumnezeire care astăzi face minuni, pentru că poate tot, pentru ca adunînd părticelele pierdute în gloatele indivizilor, formează din ele o putere concentrata, la care nimene nu este în stare de a se împotrivi". (0, p. 125). "Afin de pouvoir chasser l’ignorance et la corruption qui en est la suite, afin de diminuer le nombre des crimes et afin de fonder la moralite, j’ai etudie - oui - en detail, d’une part les institutions destinees ă dispen- ser le savoir, ă detruire les vices et ă elever les âmes, les ecoles, les e- tablissements penitenciaires, les institutions pour les jeunes condamnes pour les mendiants, pour les aveugles, sourds et muets, les maisons d’alienes, les asiles pour les orphelins et pour les vieillards, les hopitaux pour les - 408 - differentes maladies et, d’autre part, les etablissements destines ă dispen- sar le bien etre, tels les chemins de fer et les canaux qui favorisent la communication des objets et des idees, les compagnies d’assurances et de preț, les banques qui facilitent le commerce, les caisses d’epargne qui pro- tegent la vieillesse et (eloignent) les offres de la pauvrete et, enfin, l’esprit et les mysteres de 1’association, seule divinite qui fasse des mi- racles aujourd’hui, parce qu’elle peut tout, parce qu’en rassemblant les fragments perdus dans la foule des individus, en forme un pouvoir concentre auquel personne ne peut s’opposer. En voici un autre exemple qui date de 1840 : "Astfel face logica cînd ia în cercetare orice lucru, astfel face arta cînd ia în mîna materia, astfel au făcut autorii cînd au luat a cultiva o limba". (Heliade, 0, II, p. 248). "C’est ainsi que procede la logique lorsqu’elle se met â examiner toute chose, c’est ainsi qu’agit l’art lorsqu’il prend en main la matiere, c’est ainsi qu’agirent les auteurs lorsqu’ils se mirent â cultiver une langue". Dans les exemples qui suivent quoique les elements : astfel, pentru ca, ce, cît, etc. soient des elements roumains anciens leur systeme de succession symetrique et anaphorique â la fois presuppose l’imitation du mo- dele frangais : "Pentru ca ești un nelegiuit, striga fata cu un glas precurmat de suspinuri, pentru ca ma vinzi, pentru ca disprețuiești amorul meu, și pentru ca ai gîndit că vei putea, după ce m-ai învățat dragostea, după ce mi-ai arătat dulceața vieții, sa mă lepezi ca pe o jucărie ce nu-ți mai place". (Negruzzi, _0^ p.119-120). "Parce que vous etes un miserable, s’ecria la jeune fille d’une voix entrecoupee de soupirs, parce que vous me trahissez, parce que vous meprisez mon amour et parce que vous avez pense qu’apres m’avoir appris l’amour, apres m’avoir montre la douceur de la vie, vous allez m’abandonner comme un jouet qui ne vous plaît plus". "Stăpînitorul ce varsă în războaie parae de sînge pentru ambiție, mi- nistrul ce desface pe văduvă și pe orfan, adunîndu-și o pomenire din blasta- muri, ucigașul ce ține drumurile, merg cu parada de se pun cu obrăznicie l'înga însuși localul Dumnezeului dreptății și al îndurării, și pe biata fata pămîn- tul m/o primește". (Negruzzi, 0, p. 126). "Le prince qui verse des ruisseaux de sang par ambition, le ministre qui depouille la veuve et l’orphelin forgeant un souvenir fait de maledictions, le meurtrier de grand chemin, vont avec insolence s’installer preș de la mai- son de Dieu de justice et de misericorde tandis que la terre ne veut pas rece- voir cette pauvre jeune fille". "Fără îndoiala în relație cu ticăloșia acestuia, cea dintîi se află ^ntr-o îmbelșugare aparentă, se socotește bogata și norocită, dar cît e de mare greșeala sa și cît de mult seamană pilda sa cu aceea a chiorului între orbi ; cit ar fi de bogata, de norocita, cît de mari avuturi ar fi veniturile sale, daca celelalte clase, în loc de a trai în lipsă, ar putea sa se bucure și ele - 409 - de oarecare trai bun, sa se împărtășească de oarecare bogăție”. (Balcescu, 0, p. 243-244). ”Sans doute, en relation avec la turpitude de celui-ci, la premiere se trouve dans une prosperite apparente, s‘estime riche et heureuse ; mais combien grande est son erreur et combien son exemple ressemble â celui du borgne parmi les aveugles ; comme elle serait riche et heureuse, comme ses revenus seraient grands, si les autres classes au lieu de vivre dans le be- soin, pourraient profiter elles aussi d’une vie quelque peu meilleure et pourraient gouter aussi â une certaine richesse”. Dans un autre exemple, on rencontre une invocation rhetorique mise en valeur par une serie de vocatifs des pronoms repetes : tu care ... (toi qui) et les propositions relatives sont presentees symetriquement par rapport au determinant. De telles constructions sont employees dans le style oratoire : "Mama a faptelor sublime tu care de cînd Grecia nu exista ți-ai așezat locuința pe mormintele indiane în so- litudinile Lumei Nouă ! Tu care între aceste deșerturi, ești plina de mărire, fiind ca ești plină de inocență". (CNIS, p. 236). "Mere des actions sublimes ; toi qui depuis que la Grece n’est plus, as etabli ta demeure sur les tom- beaux indiens, dans les solitudes du nouveau monde ! Toi qui parmi ces deserts, es pleine de grandeur parce que tu es pleine d’innocence". Dans d’autres exemples ou il y a toute une serie de propositions relatives enchaînees : "Cîte plăceri diferite aduna cine- va prin acest plăcut chip de călăto- rie fără a socoti sanatatea care se întărește, umorul care se veselește". (BEIP, p. 40). "Combien de plaisirs differents on rassemble par cette agreable ma- niere de voyager, sans compter la sânte qui s’affermit, l’humour qui s’egaie". "Rabdarea cu care suferea soarta, aerul de mulțumire cu care îl privesc pe sub ascuns, ochii ei care pentru dînsul aveau un elocvent și mut lim- bagiu, sublimul ei surîs cînd în convorbire o aluzie fără veste le apropia inimile ; acestea deveniră niște plăceri fixe și dorite pe care Raymond, mulțumită delicateții spiritului și culturii educației sale, le înțelese". (SIPT, p. 153). "Sa resignation ă supporter la surveillance, l’air de bonheur avec lequel elle le contemplait â la de- robee, ses yeux qui avaient pour lui un eloquent et muet langage, son su- blime sourire lorsque, dans la con- versation, une illusion soudaine rap- prochait leurs coeurs ; ce furent bientot lă des plaisirs fins et re- cherches que Raymond comprit, grâce ă la delicatesse de son esprit et â la culture de 1’education". "Ideile noastre au doua fîntîni : sensaciunea pentru tot ce e destinct de subiectul cugetător și reflexiu- nea pentru tot ce e dinăuntru su- biectului ... și in general de tot ce se ferește spre diversele state ale minții". (DMFTL, p. 202). "Nos idees ont deux sources : sen- sation pour tout ce qui est distinct du sujet pensant, et la reflexion pour tout ce qui est inferieur au sujet ... en general de tout ce qui a rapport aux divers etats". - 410 - La meme construction dans un texte original : "Romanurile care au de princip morala, care ne arata scene din viața noastră publica sau privata, care ne desfășoară mizeriile inimei umane într-acest timp de ruina morala, romanțurile, zic, care ne arata pe unde avem sa trecem cu pasiunile noastre în societate, sînt folositoare”. (SIPT, p. 1). "Les Romans qui ont pour principe la morale, qui nous montrent des scenes de notre vie publique ou privee, qui nous devoilent les miseres de l’âme humaine dans ces temps de ruine morale, les romans, je dis, qui nous montrent par ou nous devrons passer, avec nos passions dans la societe, sont utiles". 5.4. La symetrie entre la protase et 1 apodose - par 1 imitation fidele du texte frangais - est un procede qui est reste dans la langue rou- maine. II est caracteristique des styles juridico-administratifs, scientifi- ques et oratoires (502) c’est-â-dire lâ ou la necessite d’une argumentation convaincante et logique impose une telle structure de la phrase. La symetrie a des valeurs differentes (503). Elle se realise dans la plupart des cas par le procede de la repetition. Voici un autre exem- ple oii la symetrie est introduite par la repetition de la construction ad- verbiale : acum cînd ... d’apres le fr. "Dar acum cînd am iertat lumii pentru iubirea ta, acum cînd te văz june și plin de viitor, acum cînd cuget la cîtă fericire poate rezul- ta în privinți din aceasta desco- perire, să înfiorează întârzierea". (DCAB, p. 6, II). mais ă present que et maintenant que : "Mais ă present que j’ai pardonne au monde pour 1’amour de vous, main- tenant que je vous vois jeune et plein d’avenir, maintenant que je songe â tout ce qui peut resulter pour vous de bonheur ă la suite d’une pareille revelation, je fre- mis du retard". Ou par: însă fara fără .. fără ca d’apres le fr. mais sans... sans ... sans que : "... a te vedea mai rar, însă fără martori supărători, fără ina- mici ai fericirii mele puși totdeauna între tine și mine, a putea sa mă las trasporturilor mele, recunoștinței mele fără ca vreo dată sa fiu prepus de nici un uri- cios de interes". (GSSA, p. 254). "... te voir plus rarement, mais sans des temoins fâcheux, sans des ennemis qui s’interposent entre toi et moi et qui sont contre mon bonheur pour pouvoir me laisser â mes trans- ports, â ma reconnaissance sans qu’ une seule fois n’etre soupgonne par 1’interet". (502) Toujours est-il que parfois on rencontre de telles constructions chez Odobescu dans ses oeuvres litteraires - mais ce phenomene n’est pas ca- racteristique du style litteraire. (503) La symetrie a double sens, en tant qu’ordre elle exprime quelque chose de rationnel et en tant que repetition elle exprime non seulement la repetition, mais encore 1’insistance, la succession et le mouvement. (E.L. Martin, Les symetries du frangais litteraire, Paris, Presses Universitaires, 1924, p. 18). - 411 - Tous ces exemples soulignent 1’enchaînement logique des idees exprimees et les elements repetes donnent une amplification et un caractere rhetorique au style. 6. 0. Apres avoir examine tant d’exemples on peut constater que tou- tes ces constructions posent des problemes interessants mais delicats â la fois. En analysant les faits d’influence frangaise, il n’est pas facile de mettre une barriere entre ce qui appartient au roumain et ce qui appartient au frangais, tant les faits syntaxiques et stylistiques sont bien assimiles par la langue roumaine. D’autre part, â peu preș toutes ces constructions existaient sous une autre forme en roumain. 6.1. On peut se poser la question : comment le traducteur pouvait-il rendre les constructions anaphoriques du type : qui, c’est que, contre, au lieu, etc. sinon par : care, pentru ca, în locul, etc. ? Pour le chercheur qui a suivi â travers des siecles la syntaxe de la langue roumaine, â partir des premiers documents ecrits, la reponse est evidente. Cependant, il pourrait se poser certaines questions : Pourquoi toutes ces constructions analysees dans notre etude n’existaient pas avant ou pourquoi quelques unes s’employaient tout â fait sporadiquement et apres les traductions des textes frangais (ou elles apparais- sent dans la plupart des cas pour la premiere fois) , on les rencontre frequem- ment dans tous les ouvrages originaux ? Pourquoi dans les premieres traductions ces constructions sont- elles rendues par des periphrases ou sont-elles evitees purement et simplement et pourquoi plus tard, imite-t-on fidelement le texte frangais ? Et pourquoi seulement â partir de cette date se repandent-elles dans les textes originaux et depuis s’utilisent-elles dans la langue ecrite et celle parlee ? Nous estimons que d’une part, cela est du au nombre massif de traductions du frangais et surtout â partir de 1830, date qui marque egalement l’evolution et le perfectionnement de la phrase roumaine et son passage de l’e- tape ancienne â l’etape moderne. Tous ces procedes se generalisent depuis dans les textes traduits jusqu’aux textes originaux, d’autant plus qu’il ne faut pas oublier qu’ă peu preș tous nos ecrivains de cette epoque-lă connaissent bien la langue frangaise. D’autre part, le systeme grammatical de ces deux langues - fran- gais et roumain - etait tres proche, comme celui de deux langues soeurs, et les procedes analyses ont donne naissance ă un style et ă une structure roma- nes et ou l’influence du frangais est reconnue comme un fait de culture en ge- neral, de renouve 11 ement des procedes logiques d’expression^n particulier. Toutes les publications du XIXe siecle mentionnent ces idees ; dans les ecrits de Heliade Radulescu - pour nous limiter â un seul ecrivain - cette impulsion apparaît â chaque pas. - 412 - 6.2. La plupart des constructions qui sont restees dans le roumain (bon nombre ont circule seulement au XIXe siecle et parce qu’elles ne cor- respondaient 'pas ă la structure de la langue roumaine ont ete eliminees â leur tour) se sont adaptees â son systeme grammatical. Elles ont comme traits caracteristiques : la tendance vers la simplification de certaines structures lourdes et artificielles, toutes poursuivant le meme but : une expression claire et logique de la pensee, une stimulation permanente de la capacite expressive de la langue litteraire. Et en effet, ces procedes syntaxico-stylistiques augmentent la valeur ex- pressive de la langue en lui conferant plus d’harmonie, de symetrie, de sou- plesse. ”Soumettre le langage â un rythme heureux et expressif, c’est le pre- mier effort de l’artiste qui travaille sur les mots” (504). 7. Toutes ces constatations nous conduisent â la conclusion que la structure moderne de la phrase roumaine s’est formee des la premiere pe- riode de l’influence franqaise, en particulier par l’entremise des traduc- tions. Nous insistons sur le mot "en particulier" parce qu’on ne peut ex- cliire ni l’influence des personnes formees dans un milieu intellectuel fran- qais et qui en connaissant bien la langue copiaient ou calquaient, sans le vouloir, sur le franqais quand ils parlaient et quand ils ecrivaient dans leur langue maternelle. C’est ainsi qu’ils influenqaient, â leur tour, d’au- tres personnes. 8. Apres avoir analyse, tant dans les traductions que dans les tex- tes originaux, le procede d’un certain type de repetition - qui imite incon- testablement le modele franqais - nous nous proposons de signaler un dernier aspect du probleme de l’influence du franqais lie ă 1’organisation et â la structure complexe de la phrase. Quiconque fait des recherches sur le develop- pement linguistique et esthetique de la syntaxe roumaine du XIXe siecle, peut facilement se rendre compte de la raison pour laquelle on n’a pas garde une phrase longue, prolixe, lourde comme celle des siecles anterieurs. En voici un exemple : "După aceia dar avut-au domniia pace și liniște de iarna, iar cînd au fost despre primăvara, încă de la luna lui februarie 10, leat 7204, începînd turcii a face iarăși gatire de oaste în multe părți, multe grele orînduiala pre această ticăloasa țară au rînduit, nu numai suma de bani din rînduit a da, ci și cei mulți și boi și oi, și care multe cu boi osebi, unele sa se trimită la Belgrad, altele la Timișoara, altele la cetățile de la Vozua, fiind porunca ca sa dreagă acele cetăți, și asupra acestora venia fermanuri după fermanuri, cu grabă mare tot cu agi de la împărăție cît și domnul și boierii își pierdea mintea și sfatul, mirîndu-sa care porunca mai înainte să facă, tot grele și grabnice, care nu s-au pomenit mai înainte cu aceste greutăți spre aceasta să- raca țară". (Cronicari Munteni, I, p. 81 - Les chroniqueurs de Valachie). "Apres quoi les princes eurent la paix et la tranquillite de l’hiver mais lorsqu’on alia vers le printemps, des le 10 du mois de fevrier annee 7204 - les Turcs recommenceront ă se preparer â la guerre dans plusieurs en- droits - ils imposent bien des lois dures ă ce pauvre pays, non seulement pour (504) Henri Delacroix, Psychologie de l’art, Paris, 1927, p. 380. - 413 - ce qui est de la somnie d’argent qu’ils exigeaient mais aussi beaucoup de boeufs et de moutons et surtout de nombreux chariots tires par des boeufs, certains â expedier ă Belgrade, d’autres â Timișoara, d’autres devaient etre envoyes vers les citadelles de Vozua - ordre etant donne de preparer ces dites citadelles ; et ă ces villes arrivaient les ordres les uns apres les autres, en grande hâte, toujours portes par les emissaires de l’Empire (otto- man) au point que Prince et boyards en perdaient l’esprit et la raison, se demandant par quel ordre il fallait d’abord commencer, car tous etaient durs et urgents, ce qui ne s’etait pas encore vu, avant ces calamites abattues sur ce pauvre pays". On peut observer que la phrase ample existait en roumain mais avec une tout autre organisation. 8.1. Miron Costin et D. Cantemir ont signale les aspects de l’imper- fection de la structure de la phrase roumaine. Ils ont essaye de l’ameliorer en s’inspirant de la langue latine. La syntaxe de ces deux ecrivains a ete largement influencee par le latin, cependant cette tentative n’a pas laisse de traces dans le systeme syntaxique roumain, elle n’a eu aucun effet sur l’e- volution ulterieure du roumain. 8.2. Un siecle plus tard, â la fin du XVIIIe et au debut du XIXe siecle, on constate en Transylvanie un autre deșir de renouveler la langue. II fut anime par les representants de l’Ecole Transylvaine. Ces ecrivains apportent une contribution reelle au developpement de la culture roumaine et surtout au developpement des etudes historiques et philologiques. L’un de ses representants, Gheorghe Șincai, dans la deuxieme edition de son oeuvre Elemen- ta linguae daco-romanaesive valachicae (1805) ecrit : "Par les regles que j’ai etablies dans ma grammaire (il s’agit de la premiere edition de 1780) â savoir, ecrire en roumain avec des lettres latines, en ce qui concerne l’e- criture et la lecture, il y a des ressemblances avec le franqais"(505). La meme idee de developpement de la langue dans le rythme du progres scientifique est exprimee par Petru Maior dans Istoria bisericei româ- nilor (histoire de l’Eglise Roumaine) - Buda, 1813 ; de ce livre on retient l’idee de 1’enrichissement de la langue roumaine avec des elements appartenant aux autres langues romanes et surtout celle "de la necessite de la mettre d’accord avec le degre de developpement le plus moderne ... et la necessite de transformer la langue dans un important facteur culturel". (506). D’ailleurs la langue des representants de l’Ecole Transylvaine marque un progres evident. Dans leurs phrases on voit une tendance de rappro- chement de la langue populaire et ensuite des langues romanes. C’est la phase (505) învățătură fireasca despre surparea superstiției norodului (L’enseigne- ment naturel sur la destruction de la superstition populaire), Ed. Știin- țifica, București, 1964, p. 57. (506) Voir Al. Rosetti, B. Cazacu, L. Onu, Istoria limbii române literare, Ile Ed. Minerva, voi. I, București, 1971, p. 450 - (Histoire de la langue roumaine litteraire). - 414 - de passage de la langue roumaine ancienne â la langue roumaine litteraire moderne - qui prendra son contour definitif apres 1830. 9 .0. Nous avons trace ce tableau succint de l’histoire de la langue roumaine pour pouvoir mieux apprecier l’apport du frangais. II est hors de doute que l’influence qui s’est manifestee de la fagon la plus saisissante et qui a contribue effectivement â un enrichissement des elements syntaxiques, au developpement et â la modernisation de la phrase roumaine a ete l’influen- ce frangaise. Si l’influence du latin a eu un caractere isole, en quelque sorte "savant” - chez quelques ecrivains - l’influence frangaise a eu un ca- ractere beaucoup plus large et nos constatations nous amenent â conclure qu’elle a ete ressentie et diffusee assez vite et sans aucune reticence dans tous les styles de la langue. Toujours est-il que les conditions historiques, politiques, sociales et culturelles ont contribue ă la propagation de 1'ele- ment frangais (probleme trăite dans le chapitre introductif de notre etude). 9.1. On constate un parallelisme entre le traitement des neologismes d’une part, et des mots autochtones d’autre part, et le traitement des cons- tructions syntaxiques recemment venues et les constructions archaiques. Tout comme les neologismes, les constructions syntaxiques nouvelles, copiees sur le frangais, se sont imposees au detriment des anciennes qui seront evincees peu ă peu. Les oeuvres des ecrivains, et surtout celles de la deuxieme moitie du XIXe siecle, demontrent l’evolution de toutes ces constructions syntaxiques et leur capacite d’expression. On peut affirmer qu’apres 1830, la phrase rou- maine acquiert beaucoup de ces caracteristiques modernes qui continueront â se perfectionner et ă s’enrichir graduellement jusqu’â nos jours. Quand Eliade Radulescu disait : ‘'Scrieți băieți numai scrieți” - ecrivez jeunes gens, ecrivez surtout - comprenait egalement par "ecrire" les traductions des oeu- vres etrangeres - et â cette epoque la, c’etaient les traductions du frangais qui etaient â l’ordre du jour. C’est grâce aux traductions que le roumain a acquis son caractere de langue romane moderne. II s’ensuit que l’attraction de la langue roumaine dans la sphere culturelle frangaise a eu des consequences des plus positives. 10 . En conclusion, l’analyse des exemples tires des oeuvres origi- nales des le XVIe siecle, d’une part, et des traductions de la fin du XVIIIe siecle d’autre part, mettent en lumiere l’evolution lente de la syntaxe roumai- ne jusqu’au debut du XIXe siecle et ses progres rapides et evidents â partir de cette date quand la phrase change visiblement son aspect, quand elle ac- quiert une structure nouvelle. II decoule nettement, de ce qui a ete ecrit, que l’action du frangais sur le roumain s’est exercee surtout au niveau du style. La repetition et la symetrie - propres â la phrase frangaise classi- que - deviennent des procedes frequents dans la phrase roumaine du XIXe siecle. La contribution de la langue frangaise au developpement de la langue roumaine litteraire moderne doit etre comprise sous l’aspect de la clar- te, de la precision, de 1’enrichissement des nuances. Le frangais a servi de modele ; mais ce modele a favorise la liberation et la valorisation des pos- sibilites virtuelles du roumain. - 415 - CONCLUSION 1. Voilâ comment, au terme de nos recherches, nous avons essaye d’envisager le probleme de l’influence du frangais sur la langue roumaine, probleme qui a ete laisse longtemps dans l’ombre. En utilisant d’une fagon systematique les traductions (en com- mengant par la premiere qui date de 1750) et les ouvrages originaux, nous nous sommes efforcee dans notre etude d’analyser les faits d’influence qui sont lies â des motivations linguistiques et psychologiques, - en derniere analyse - et de montrer, en meme temps, la grande diversite des aspects : lexicaux, syntaxiques et stylistiques que la langue roumaine, tout au long des XIXe et XXe siecle, a emprunte au frangais. Notre enquete s’appuie sur une methode rigoureuse d’analyse des textes d’ou la possibilite de degager des conclusions nettes. 2. Le materiei est fourni par des livres, des journaux, des revues et nos conclusions sont fondees sur la comparaison des textes, en les rappro- chant mot â mot, structure â structure. Nous nous sommes interessee surtout aux traductions - nous en avons depouille plus de deux cents du frangais en roumain - car ce sont ces etudes qui nous offrent la possibilite de comparer les deux langues en contact. La comparaison parallele de deux textes, origi- nal et traduction, est un des Instruments les plus efficaces pour mieux connaî- tre les syntagmes empruntes ou bien calques d’apres le modele frangais. 3. 0. Dans la premiere pârtie de notre travail, nous nous sommes pro- posee d’analyser les conditions dans lesquelles a commence et s’est manifestee l’influence frangaise. Ainsi, au debut du siecle dernier, elle se ressent ti- midement et indirectement, â l’ombre de l’influence grecque. Si l’epoque des Phanariotes a favorise ”la mode grecque” elle a favorise en meme temps la pe- netration de l’esprit d’imitation de certaines formes frangaises. C’est dans cette periode qu’apparaissent nombre de termes frangais dans le lexique rou- main. 3.1. A partir de 1820 - 1830, ce processus s’intensifie et s’approfon- dit. II s’agit maintenant de tout autre chose que d’une mode, ou de manifesta- tions de surface. Les Pays Roumains se trouvaient dans une periode de transfor- mation d’importance historique ou le sens de l’evolution acquiert des significa- tions plus profondes et plus concluantes. On constate que des simples faits de lexique - qui souvent avaient un caractere imitatif - on passe â une influence plus complexe qui s’etend meme dans le systeme grammatical du roumain. - 416 - 3.2. A souligner que meme si jusqu’ă 1859 les Roumains ont vecu dans trois Etats differents (la Valachie, la Moldavie, la Transylvanie) ; cepen- dant les frontieres de ces Etats n’ont pas constitue de frontieres linguisti- ques etant donne les relations etroites qui y ont existe. Leurs contacts eco- nomiques, politiques, culturels et surtout leurs aspirations communes ont fa- vorise 1'unite de la langue et du peuple roumain. 3.3. C’est au XIXe siecle que la bourgeoisie, encore â l’etat em- bryonnaire, commence ă se developper. Les Pays Roumains participent de plus en plus effectivement â la vie sociale et culturelle de l’Europe - participa- tion qui leur avait ete refusee jusqu’alors, â cause des conditions histori- ques et sociales existantes et qui ont empeche le developpement normal des Pays Roumains. On voit s’etablir de nouvelles relations de production sur une echelle d’activite considerablement plus grande et plus complexe. Toutes ces conditions nouvellement creees imposeront une autre maniere d’expression plus nuancee, tant dans le domaine de la terminologie proprement dite, que sous le rapport des constructions grammaticales capables d’exprimer les aspects de la realite et les pensees plus hardies de cette societe en plein essor. Pour com- bler toutes ces lacunes, la langue roumaine a fait appel surtout â la langue frangaise. 4. Dans notre etude, nous abordons egalement un probleme de methode. En poursuivant la recherche diachronique de la syntaxe dans la langue roumaine et la recherche historique des elements de relation d’origine romane, on part des traductions pour passer ensuite aux textes originaux. Nous estimons que c’est une des meilleures methodes pour determiner d’une maniere plus concrete et plus precise une influence d’une langue sur une autre. 5. 0. Nous pouvons nous poser la question : Comment au XIXe siecle la grande masse a-t-elle pu se familiari- ser avec un mot ou une structure qui appartiennent â une langue qu’elle ignore ? La rapide diffusion s’explique d’une part, par les relations privees qui se sont etablies de familie â familie ; d’autre part, par les personnes qui ont visite la France et qui employaient dans la conversation des neologismes adap- tes au systeme phonetique roumain ; par les refugies, professeurs, precepteurs, secretaires, diplomates. Ajoutons â tous ceux-ci l’ecole, les traductions, la litterature, les publications de tous genres. Ajoutons le grand nombre d’ecri- vains qui connaissaient le frangais : Conaki, Bolintineanu, Boliac, Balcescu, Alecsandri, Kogalniceanu, Negruzzi, Russo, Ghica, etc. et qui ont favorise la penetration de 1’element et des constructions frangaises. 5.1. Le frangais a ete egalement la langue diplomatique et c’est la qu’il faut chercher le berceau de nos mots mondains usuels. 5.2. Depuis la fin du XVIIIe siecle, la litterature frangaise a trouve - 417 - chez les Roumains un accueil empresse. Au debut,nous avons traduit des ro- mans frangais d’aventures, ensuite on a traduit de tout : romans, theâtre, poesie. 5.3. Les Roumains ont ete egalement influences par les Frangais dans leur vie privee. Au XIXe siecle, â en juger d’apres le nombre des traductions et d’apres toutes les manifestations dans tous les domaines, toute la nation aurait ete exposee â devenir frangais de langue et de moeurs. 5.4. II decoule de tout ce que nous avons ecrit que 1’introduction de nouveaux elements de relation, de nouvelles constructions et d’autres mo- deles calques sur le frangais ne sont pas restes â un stade mecanique, mais au contraire, ils ont enrichi la phrase - aidant â sa variete et ils ont evo- lue dans le sens d’un processus ă multiples implications d’ordre social et psychologique. Car une phrase et un organisme vivant et pour elle, comme pour tout organisme, l’evolution est un facteur de vie. On y trouve egalement la concurrence des interpenetrations, des distinctions de sens, ce qui prouve que ces implantations frangaises stimu- laient, elargissaient et enrichissaient ce processus de renaissance. 6. 0. Nous esperons etre parvenue ă decrire un fait linguistique qui n’avait pas encore sollicite l’analyse minutieuse des chercheurs. Nous avons releve les differentes formes lexicales, syntaxiques et stylistiques qu’emprunte le roumain. Sans doute, et nous 1’avons reconnu, il n’est pas toujours aise de deceler - dans certains cas limites - la presen- ce d’un element ou d’une construction frangaise. Nous avons ecarte, tout en y faisant allusion, les syntagmes qui pouvaient preter ă confusion. 6.1. Les elements anciens roumains et ceux empruntes au frangais - qu’ils fussent lexicaux ou syntaxiques - ont ete en concurrence. Dans la plu- part des cas, ce sont les elements neologiques qui ont triomphe. Ce fait, loin de signifier un acte de "mode”, de convention ou d’abdication devant des for- mes provenant d’une langue de grand prestige, marque au contraire l’impulsion vers un stade superieur de civilisation, avec des regards diriges plutot vers des spheres de preoccupations spirituelles, vers des actions qui exigent â leur tour des formes d’expression correspondantes appropriees. Les nouvelles tendances politiques ont eu pour corollaire - il ne pouvait pas en etre autrement - des nouvelles tenaances linguistiques. Toutes ces considerations refletent les realites d’une epoque de remous politiques, sociaux et ideologiques. Dans toutes ses aspirations, le peu- ple roumain a trouve des assises et des correspondances dans la culture fran- gaise et dans la capacite de cette langue d’exprimer les notions de progres, de la lutte pour la liberte et des nuances plus subtiles de pensee. - 418 - 6.2. L’influence que la culture et la civilisation frangaises ont exerce sur le roumain s’explique d’une part, par les affinites qui existaient entre ces deux peuples et d’autre part, par la solidarite qui les liait de- puis presque trois siecles. 6.3. II resulte de notre expose que le probleme des traductions est plus difficile qu’il ne paraîtrait ă premiere vue. La recherche des traductions met en valeur 1’integration et d’adaptation de nouveaux elements qui ont donne naissance ă des formes va- riees, ă des calques et â des constructions qui offrent un materiei ample pour 1’etude de l’evolution de la langue roumaine litteraire du XIXe siecle. 6.4. Les oeuvres litteraires, qu’il s’agisse de traductions ou de creations, en sont le reflet et donnent une idee precise du developpement de cette influence qui atteint son apogee au XIXe siecle. C’est ă ce siecle que 1’enrichissement du vocabulaire s’impo- sait pour differentes raisons et repondait aux besoins les plus divers. La chute de l’ancien regime feodal exigeait une langue nouvelle, des mots nou- veaux. C’est ainsi qu’on voit penetrer un grand nombre de neologismes d’origi- ne frangaise. 7. 0. Le probleme des neologismes est, en general clair. Cependant, la vie d’un neologisme a ses debuts souvent fort obscurs. On remarque des he- sitations pendant longtemps jusqu’â son adaptation. Fixer exactement la date â laquelle un mot entre dans une langue est assez difficile. Parfois la premiere apparition d’un neologisme dans les livres peut, ou bien suivre de loin son premier emploi dans la langue parlee ou bien inversement, sa presence dans un texte s’explique comme une originalite de l’auteur. 7.1. Les neologismes frangais se sont imposes facilement et ils ont ete diffuses rapidement dans tous les styles de la langue avec les sens precis qu’ils avaient dans la langue d’origine. Cela ne signifie par pour autant que jusqu’â la decouverte de ces sens ou de leurs formes definitives il n’y ait eu ni oscillations ni tatonnements. Ainsi, l’adaptation des neologismes au sys- teme phonetique et morphologique roumain - solution pour laquelle les linguis- tes de l’epoque ont milite resolument - a connu des fluctuations d’un ecrivain â 1’autre et quelque fois dans les oeuvres du meme ecrivain. Bien souvent, le meme auteur emploie le neologisme sous des formes multiples. 8. L’etude des traductions nous a permis de voir que l’adaptation des elements nouveaux dans la langue a engendre des formes variees et signifi- catives (la richesse des faits que nous avons analyses au cours de notre etude est concluante â ce point de vue). D’ailleurs l’influence frangaise reste un sujet ouvert aux recherches, le nombre de calques qui paraissent chaque jour - 419 - dans la presse, les critiques, etc. est inepuisable. 9. Si dans le domaine du lexique et dans celui de la phonetique, les faits sont plus evidents et, en tout cas, moins discutables, dans la structure grammaticale les Solutions comportent des contradictions, des in- terpretations. Voilâ la raison pour laquelle les traductions ont fait l’ob- jet de nombreuses controverses (507). 10. L’etude des traductions en parallele avec l’evolution de la langue roumaine a demontre que par leur entremise une langue peut parfois, sous certaines conditions, exercer une influence plus ou moins grande, sur le systeme grammatical de la langue dans laquelle on traduit et peut affec- ter sa structure au cours du temps. Cette affirmation est valable pour les langues apparentees - c’est le cas pour le roumain et le franqais. Nous ne pouvons pas avancer la meme affirmation pour les langues heterogenes. En re- vanche, dans le cas etudie, nous estimons que le grand nombre d’exemples et des faits examines a ete edifiant. Le fait est explicable etant donne que dans la meme langue, la meme situation reelle peut etre exprimee au point de vue linguistique par une serie plus ou moins grande de structures syntaxi- ques tout en gardant la signification (508). 11. Le releve chronologique montrera que la periode de 1830 - 1860 marque une etape dans l’histoire des relations franco-roumaines, etape aux repercussions ulterieures dont on ne saurait sous-estimer l’etendue. C’est le moment ou la langue roumaine subit une profonde influence de l’esprit fran- qais. Nous le considerons d’une importance primordiale et nous lui avons ac- corde toute notre attention. Les traductions de cette epoque ont fait l’objet de la meme attention de notre part et pour la meme raison. Nous estimons que cette periode est la plus importante dans la consolidation de la langue roumaine litteraire moderne, tant pour l’etude de l’origine et de l’adaptation des neologismes et des calques que pour celle de la syntaxe et de la stylistique. Voilă la raison pour laquelle nous nous som- mes occupee de la syntaxe et du vocabulaire, deux compartiments de la langue les plus influences par le franqais. (507) Beaucoup de linguistes ont soutenu 1’affirmation de Meillet, ă savoir que : ”... les systemes grammaticaux de deux langues sont ... impenetra- bles l’un â l’autre” (Linguistique historique et linguistique generale, Paris, 1948, I, p. 82). Voir en ce sens les articles de : Humboldt, Worf. Charles Serrus, Harris- Benveniste, Hjelmslev, Tesniere, Chomsky, Fries, Martinet, dans Les problemes de la traduction, Gallimard, Paris, 1963, p. 231 et sq. (508) G. Mounin, op. cit., p. 264, releve le cas de 1’interrogation : "Quel temps fait-il aujourd’hui ?", qui peut supposer six ou sept reponses, differentes au point de vue syntaxique, mais qui, en revanche, rendent le meme contenu : il fait du vent - le vent souffle - qa souffle - il vente- qa vente - le temps est plutot venteux - la journee est plutot ventee. - 420 - 12 .0. Nous considerons les traductions comme un contact entre les langues, un aspect du bilinguisme (509) - un pleonasme linguistique (510) - oppose au bilinguisme "professionnel" - ou sont inclus les traducteurs(511). L'analyse des traductions doit tenir compte de la typologie des langues - dans laquelle et d’ou l’on traduit - de la comparaison des structures linguistiques respectives, sous l’angle descriptif. Quand il s’agit des langues soeurs, dans une certaine mesure et dans certaines li- mites, l’influence est pertinente (512). 12.1. Les traductions successives du meme texte offrent la possibi- lite de recherches comparatives ; elles peuvent mettre en evidence, de plus en plus, les appropriations des deux langues, le degre de l’influence, etc. En tout cas, ce sont les traductions qui nous ont fait decouvrir les ele- ments empruntes ou calques sur le frangais. 13 .0. Nous sommes en presence d’un materiei linguistique qui nous permet de nous rendre compte que les progres considerables du roumain ont ete realises ă la suite d’une meilleure organisation de la morphologie, de la syntaxe, de l’ordre des mots et du style. Ce materiei nous a permis ega- lement de constater que l’influence du frangais a donne un caractere plus roman â la langue roumaine. 13.1. Etant donne le grand nombre d’exemples et la fagon dont les problemes avaient ete poses, on pouvait difficilement tomber dans un subjec- tivisme ou dans des conclusions qui denatureraient la realite linguistique. C’est pourquoi il m’a semble indispensable d’avoir recours parfois â une methode statique dont le materiei est fourni par les textes et dans le cas des neologismes egalement par les dictionnaires. (509) U. Weinreich, op. cit., p. 1. (510) A. Martinet, Diffusion of language and structural linguistics, Român- ce Philology, 1952, p. 5-13. (511) ”11 apparaît que l’integrite des deux structures a plus de chances d’etre preservee quand les deux langues en contact sont egales ou com- parables en fait de prestige, situation qui n’est pas rare dans des cas que nous pouvons appeler bilinguisme ou plurilinguisme individuel”. (A. Martinet, art. cit., p. 7). (512) Nous avons montre au cours de notre etude que la violation de certaines limites a donne naissance ă des affets risibles. II s’agit de mots ou d’expressions employes soit par negligence, soit pour repondre â une "mode" ou â une "maniere" de parler. Toutes ces "curiosites" linguisti- ques n’ont pas altere le systeme grammatical roumain. Cependant, ils restent interessants pour l’histoire de la langue roumaine. - 421 - 14. De 1’analyse des conditions historiques historiques qui ont fa- vorise le processus de modernisation de la structure de la langue roumaine, il ressort deux tendances : a) l’emploi de certains procedes populaires, specifiques â la langue parlee - ou predominent les phrases construites par coordination (et en particulier la coordination copulative). La presence de ces procedes dans la syntaxe des ecrivains du debut du siecle dernier, represente une continua- tion des faits de langue anciens. b) la deuxieme tendance se caracterise par l’emploi des particu- larites syntaxiques livresques ”savantes”. Certaines ont ete adoptees par le roumain, d’autres ont ete evincees parce qu’elles ne correspondaient pas au systeme de la langue. Dans la syntaxe de nos ecrivains, ces deux tendances se sont combinees d’une maniere harmonieuse. En revanche, dans les traductions du frangais, la situation se presente differemment, dans ce sens que dans ces textes on trouve beaucoup d’imitations d’apres l’original. De tous ces faits, nous avons choisi dans notre expose seulement ceux qui ont ete adoptes et diffuses par la suite dans la langue roumaine. 15. A la fin de chaque chapitre nous avons presente les conclusions auxquelles nous sommes arrivee. Nous nous limitons â en rappeler quelques unes. 16. Rivarol a lance la formule : "ce qui n’est pas clair n’est pas frangais". En partant de cette affirmation, le roumain de XIXe siecle a elimi- ne, tour ă tour, ce qui ne correspondait pas ă son caractere roman : mots, syntagmes, constructions qui appartenaient au turc, grec, slave, etc. Ainsi, on voit paraître des modifications importantes dans l’ordre des mots, dans la maniere de les rapporter les uns aux autres ; on voit se produire des change- ments notoires qui donneront â la phrase des possibilites de maîtriser d’une maniere plus convaincante ses qualites artistiques et logiques. C’est ainsi que dans la structure de la langue roumaine des progres importants ont ete realises grâce â une meilleure organisation de la syntaxe, de l’ordre des mots et du style. C’est ainsi que surgissent de nombreuses locutions conjonctives qui ont augmente considerablement l’inventaire de celles existantes. Leur ana- lyse nous a permis de relever le role du modele frangais. Nous avons egalement mentionne que ce type structural est assez productif aujourd’hui encore. II est hors de doute que toutes ces constructions ont ete formees grâce au con- tact avec les textes frangais, selon le modele des locutions conjonctives cor- respondantes. Les differentes variantes sous lesquelles apparaissent toutes ces locutions jusqu’â leur diffusion sous la forme actuelle, montrent les ef- forts faits pour les integrer dans le systeme du roumain. Tous ces phenomenes sont des phases diverses d’un meme effort vers la precision et dans tous ces exemples on peut reconnaître les etapes que traverse le roumain dans sa marche vers la clarte. 17. Nous avons aussi enregistre d’autres elements et constructions - 422 - qui enrichissent la maniere de s*exprimer, qui introduisent de nombreuses nuances qui donnent une expressivite plus riche et plus subtile ă la langue. Toutes ces constructions relevent d’une nouvelle tendance ; celle qui con- siste ă donner au roumain un vetement le plus roman possible et, d’autre part, de moderniser tous les moyens d’expression. 18. Un autre aspect sur lequel nous avons insiste est celui des constructions impersonnelles qui introduisent une subordonnee subjective. Au point de vue lexical, on a constate un grand enrichissement grâce â la diffusion des neologismes - 1’element pivot de 1’expression verbale imperson- nelle - et au point de vue syntaxique,leur grand nombre favorisera une plus grande variete de nuances, une precision plus grande des sens. 19. Tous ces elements analyses ont contribue â la modernisation de la phrase roumaine. A cette epoque d’hesitations et d’instabilite linguisti- que, l’influence du frangais marque un processus vif, actif et positif. 20. Un nouveau tour syntaxique ne naît pas d’un jour â l’autre ; il fait des progres lents jusqu’â sa fixation definitive. En vertu de ce critere, nous avons analyse d’une maniere plus detaillee les problemes lies â la cons- truction de la phrase en general, les valeurs esthetiques de la langue qui commencent â se cristalliser tout en essayant de depasser le langage courant de l’epoque. Dans cette periode de fixation de la langue litteraire moderne et des contacts massifs avec d’autres langues, les problemes de syntaxe et de stylistique doivent etre presents â l’attention du chercheur pour pouvoir mieux souligner dans quelle mesure une autre langue a contribue â la modifica- tion et au progres de la langue qu’on analyse. 21. La richesse, la clarte, la precision, l’elegance sont des attri- buts connus de la phrase frangaise et dont la phrase roumaine a beneficie. Grâce â l’influence frangaise, la phrase roumaine devient plus mobile, plus claire, plus harmonieuse, les constructions lourdes disparaissent. On observe un autre rythme, on introduit les repetitions, les constructions infinitivales, on reprend le sujet par un pronom, de nouveaux mots ou des expressions qui completent le sens de la phrase apparaissent. La phrase longue avec beaucoup de subordonnees est aussi la consequence de l’influence exercee par les textes traduits. II s’agit de la phrase hypotactique, avec un enchaînement logique des idees, avec une organisation symetrique des propositions et des elements de relation, avec une reorganisation organique des constructions inserees qui ont permis 1’eloignement des constructions lourdes. II est evident que le modele frangais reussit â favoriser la dif- fusion plus large de certaines constructions deja existantes, parce qu’il est plus facile de copier le modele d’organisation d’une phrase, les elements cor- relatifs etant transposes par le materiei linguistique existant dans la langue. - 423 - 22. II convient de remarquer ici que tous les faits de langue si- gnales dans notre etude peuvent etre rencontres frequemment dans la langue roumaine actuelle. Les nombreux exemples donnes montrent â quel point le roumain est tributaire du frangais. 23. Tous ces elements nouveaux se repandent.peu ă peu,dans la syn- taxe du roumain. Maintes fois nous avons observe que les traducteurs ne sont pas si sensibles aux incompatibilites structurales de la langue roumaine, raison pour laquelle beaucoup de constructions portent l’empreinte des moules frangais. Cependant, tout au long du XIXe siecle, la tendance ă trouver les equivalents les plus propres est evidente. 24. L’etude des traductions et des textes originaux, â partir de la fin de XVIIIe siecle jusqu’ă nos jours, se refere ă un chapitre riche, reve- lateur, en ce qui concerne les etapes et les processus lies au developpement de la langue moderne litteraire roumaine. C’est le processus de consolidation et d’eclaircissement de la langue, de la "reromanisation" pour reprendre 1’i— dee de Octavian Nandris. Les recherches dans le domaine de l’influence du frangais sur le roumain peuvent etre continuees - la culture frangaise a ouvert de grandes perspectives aux Pays Roumains. 25. Nous nous sommes efforcee de demontrer par notre etude, bien qu’elle ne se refere qu’ă une seule langue, que la syntaxe peut, en general, prendre des aspects differents en fonction des contacts qui s’etablissent enti des systemes linguistiques divers. L’une des consequences de cette interaction de cette interpenetration des deux systemes, est l’emprunt et surtout le cal- que. Le phenomene est general. Chaque fois qu’on realise un contact entre les langues, cela favorise des emprunts de toutes sortes - non seulement lexicaux mais egalement grammaticaux et? en particulier>dans la syntaxe (etant donne que les constructions et les procedes syntaxiques peuvent etre empruntes plus fa cilement que ceux morphologiques). Toujours est-il que dans la syntaxe la li berte d’expression est plus grande, la rigidite des regles se ressent moins. C’est la raison pour laquelle une influence etrangere s’exerce avec vigueur surtout quand il s’agit des langues apparentees etymologiquement. 26. On peut affirmer que, du point de vue des rapports syntaxiques l’influence du frangais s’est manifestee tout d’abord dans la structure et 1’organisation de la phrase. En ce qui concerne l’apparition des elements coi jonctifs neologiques, dans les formes que nous connaissons de nos jours, elles se sont diffusees peu ă peu. Parfois le traducteur est conservateur, dans le sens qu’il manifeste des reticences dans l’adoption de certains elements de vocabulaire (ou bien il n’est pas d’accord avec les neologismes etant donne qu’il a des equivalents roumains correspondants). Mais en traduisant, il est plus tente de respecter la structure et 1’organisation de la langue d’oii il traduit. - 424 - 27. En conclusion, si l’on nous passe l’expression "frangaisement parlant” nous nous sommes efforcee de toucher les mecanismes les plus inti- mes de 1’interference de deux langues - qui soulevent des problemes deli- cats - pour indiquer quelques tendances dignes d’interet. Nous n’hesitons pas â affirmer que dans le developpement de la culture roumaine, l’influence frangaise - au debut du XIXe siecle - repre- sente un phenomene ele. Nous ne dirons jamais assez l’importance de ce pro- cessus de ses effets bienfaisants - nous le devons aux circonstances histo- riques qui les ont determinees - completees par d’indeniables affinites la- tines et humanistes. - 425 - BIBLIOGRAPHIE Note explicative Cette bibliographie comprend les livres et les articles rela- tifs â notre ouvrage que nous avons consulte en vue de sa redaction. Pour la rendre plus utilisable, nous avons presente les oeuvres en trois parties. A savoir : A. Bibliographie des etudes B. Bibliographie des periodiques C. Liste des textes depouilles a. Abreviations des traductions b. Abreviations des oeuvres originales Les deux premieres parties comprennent les etudes et les pe- riodiques frequemment cites, qui nous aident â suivre les donnees theoriques de 1’ouvrage. Dans la troisieme pârtie, nous mentionnons les traductions du frangais en roumain et les oeuvres originales sur lesquelles est fondee no- tre etude. Au cours de notre etude, les citations des traductions utili- sees figurent par des abreviations dont les sigles representent des referen- ces du nom de l’auteur, du livre traduit, du traducteur, et de la date et du lieu d’apparition. Les sigles et les indications sont donnes par ordre alphabeti- que et non pas chronologique, pour faciliter la consultation et 11 Information. Nous nfavons pas mentionne la presse contemporaine (Scînteia, România libera, Contemporanul, România literara. Luceafărul, Informația Bu- cure^tiului, etc.) d’ou nous avons extrait les exemples des cliches, des ex- pressions calquees sur le frangais et que nous avons cites dans les chapi- tres : les "abus”, les calques etc. Etant donne qu’au XVIII-e et au commencement du XIX-e siecle, dans les Pays Roumains etait utilise l’alphabet cyrillique, nous avons procede ă une transposition des titres et des citations en alphabet latin. Neanmoins nous avons garde les termes tels quels, pour offrir une image plus difele de la pro- nonciation des mots roumains â cette epoque. - 426 - BIBLIOGRAPHIE A. B. C. Adamescu, Gh. Ahn, D.F., Alistar D., Antoine, G. , Apostolescu, N.J Arcaini, Enrico, Atanasiu, J.V., Aubert, A.M., Avram, M. Bahner, w. , Bally, Ch., Bibliographie des etudes Bibliographie des periodiques Listes des textes depouilles a. Abreviations des traductions b. Abreviations des oeuvres originales A - Bibliographie des etudes Adaptarea la mediu a neologismelor. Acad, româna, Memo- riile Secțiunii literare, seria 3, tomul 8, mem. 5, Bu- curești, 1938. Metoda pratica pentru invadarea lesnitoare a limbii fran- ceze, prelucrata de translatoriul municipal, J. Sthal, București, 1855. Calcule linguistice din limba franceziâ la scriitorii de la 1848, dans Studii cercetări științifice, Institutul Pedagogic din Bacâu, 1972. 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Șezătoare a Revista" pentru literatura și tradițiuni populare, Director : A. Gorovei, Fălticeni , Anul I (1892) ș-u. - 448 - C. Liste des textes depouilles a. Abreviations des traductions. Les textes sont classes dans l’ordre alphabetique des abreviations que nous leur avons attribuees. Chaque texte est presente â l’aide d’une re- ference bibliographique aussi precise que possible. AAB Gessner, S., Moartea lui Avei, de cel cu învapaiata dragoste spre pro- copsirea neamului Românesc, prea învatatul si marele pos- telnic Alecsandru Beldiman, întîi tălmăcită din limba fran- fozeasca în cea rumânească, Buda, 1818. ADIX Dumas, Alex., Istoria unui mort povestită" de el însumi, traducere de H.V. X.B., București, 1848. AGEG Asachi, Gh., Aga, Elementurile gheometricei teoriticești, copie dup^ cur- sul său de matematica tradus din limba francezi si predat între anii 1814-1818. ? APPP D’Arleicourt, V., Pustnicul, traducere de Pavel Pruncu, Iași, 1837. ----------------------------------- y BAGA Bezout, E., Aritmetica, copie manuscris^ după" cursul ținut de Gh. Asa- chi, perioada 1815-1818, Biblioteca Seminarului matematic, Iași. 2 BDSC Biblioteca desfătătoare si plină de învățătură, tradusa din franțuzește de Stanciu Capațineanu, Sibiu, 1830. BCCP Blanchard, Cele dintîi cunoștințe pentru trebuința copiilor care încep a citi, traduse din frantozește și adaogate de Grigorie G. Pleșoianu, prima ediție, Sibin, 1828. BCGP ” Cele dintîi cunosțințe pentru învățătura tinerilor școla- ri care încep a citi, traduse din franțuzește ți adăo- gata de G. Pleșoianu, a doua ediție mai îndreptată si mai adaogată de însuși traducătorul, București, 1833. BPNN Blanchard, P., Plutarh nou sau pe scurt scrierea vieților celor mai ves- titi barbari și muieri a toate neamurilor din cele mai vechi vremi pînă în vremile noastre, traduction de Nicola Nicolau, Buda, deux editions 1817 et 1819. BCVI Buchetul coprinzător a cinci anecdote istorice, traduse din franțuzește si o mai mică dramă originală^ traduce- re de Voinescu Ion, București, 1842. BDVU Bozzi, Dialoguri frantezo-române, culese din cele mai nuoi ți mai usitate frase dupe ale lui Bozzi si altele si întoc- mite cu un metod simplu dupe regulele^gramaticale de V.U. București, 1850. BEIP Burelot, H., Exerciții pentru învățătură limbii franceze, traduse în românește, de I. Pop, București, 1857. - 449 - BESP Bezu, M. , Elemente de aritmetica, compusa^ în franjiozesțe spre în- trebuințarea corpului rigal de altelerie^și traduse în rumânește spre întrebuințarea elevilor din școala Osta- seasca de Stugerul Gheorghe Pop, București, 1840. BIDB Beleze, G., Istoria naturala, Potrivita^pe înțelegerea copiilor, tra- ducere de Dr. lulius Barasch, București, 1856. BPVB Bernardin de S.P., Paul si Virginia, acum întîia oara tălmăcită si tipărită" în românește de lancu Buznea, Iași, 1831. BIIB Beleze, G. , Istoria naturala", PotrivităT pe înțelegerea copiilor cu întrebări si cu figuri, traducere de Dr. lulius Barasch, București/ 1858. BIFI Buznea, lancu, Filozoful indian sau Chipul de a trai cineva fericit în societate, traducere de Buznea F., editor Cap. K. Brâescu, Iași, 1834. BSSR Belumont, M., Stapînul și sluga sau Purtarea lor între dînsii. tradu- cere de N. Rudeanu, 1836. BYCM Bozzi, Fr., Carte metodica pentru a învăță limba franceza, prelucrata si îmbunătățită" de Roberto ți Julvecourt, tradusa în ro- mânește și înavutita la^ început cu table pentru forma de- clinărilor și a conjugărilor, iar la sfîrsit cu mai multe teme pentru traducere din românește în franțuzește așezate după Gramatica de Grigore Mihâescu, Craiova, 1844. CAED Constant, B. , Adolf, roman istoric găsit în hîrtiile unui necunoscut, traducere de Elena Drăghici, Iași, 1828. CAIS Chateaubriand, Eventurele celui din urma Abenseragiu, tradus de I.N. GAGG n Soimescu, București, 1852. Aventurile celui din urma Abenseragiu, traducere de Gri- gorie B. Găhescu, București, 1850. CAGR ii Atala, traducere de Gheorghie Romanescu, Iași, 1852. CANE ii Atala, traducere de Nestor Herulian, București, 1839. CCIM Calauza conversației franceza-româna", tradusă de I. Mar- covici, București, 1856. CCTL Tragodia Lentor, traducere din limba franceza de C. Conachi manuscris din 1805. CCSM Viața Contelui de Comminj, sau Triumful virtuții asupra patimii amorului, Romanț moral, tălmăcit din franțozesțe de Marcovici Simion, 1830. CEIR Corneille, P., Enaclie, împarat al Răsăritului, tragedie în cinci acturi, traducere de D.I. Roșet, 1831. CEVI Curs elementar de istoria artei militare, Ecstras din fran- țozesțe ^i predat în școala', traducere de Voinescu loan, București, 1857. - 450 - CGAD Chateaubriand, Geniul cristianismului, traducere de Arhimandritul Dio- nisie, tomul I, n° 1, București, 1850. CGD ” Geniul cristianismului, traducere de Arhimandritul Dio- nisie, tomul II, n° 1, București, 1851. CMS Credinți, Speranța^ și Claritate, Drama în cinci acte si șase tablouri, tradusa din franbuzesțe de Mihalescu S.A. București, 1852. CNIS Chateaubriand, Natchezii, traducere de I.N. Soimescu, București, 1854. CPMN Corneille, P., Poliecț, tragedie creștina în cinci acte, traducere de Corneliu Moldovanu, si D. Naum. CRNH Chateaubriand, Rene, traducere de Nestor Herulian, București, 1839. CMCC Cottin, Mme de, Malilda, roman istoric de traducere de C. Conachi, I-III, Iași, 1844. DAAH Dumas, Alex., Antoni. drama în cinci acte, traducere în românește de A. Hrisoverghi, București, 1837. DAEF n Antoni. traducere de E. Philipesco, Tipografia Eliade, București, 1837. DAGB ii Cinci patru-zeci și cinci, traducere de George A. Baronzi, București, 1856-^867. DARL ii Aventurile lui Liderik, traducere de E.G. Rafael, București, 1857. DAMC ii Amory sau amorul de care moare cineva și amorul de care nu moare, traducere de M. Costiescu, București, 1857. DATL Delaporte, A toata" lumea călătorie sau înștiințare de lume nouă" și ve- che, traducere a operei abatelui../prin intermediul rusesc, la anul 1785. Trei volume în Biblioteca Universitara din Iași. Al patrulea volum al acestei traduceri datat din 1788 se pastreaza în Biblioteca Acad. R.S.R., manuscris 3771 DSGB Dumas, Alex, Din crimele celebre, Maria Stuart, traducere de G. Baronzi, București, 1858. DCAB ii Contele de Monte Cristo, traducere de G.A. Baronzi, voi. I, București, 1857. 1 DCHH ii Cavalerulu D'Harmental, traducere de loan Geanoglu si loan Hanutza, București, 1857. DC IE ii Din Corricolo, traducere de I. Eliade, București, 1846. - 451 - DDCC Dumas (le fils) , Dama cu camelii, traducere de Miltiade Costinescu, DDMB 11 București, 1854. Dama cu margăritari, traducere de G. Baronzi, București, DGVL ii 1856. 2 Din crimele celebre, Marchiza de Canj și Vanica, tradu- DILB n cere de Cadetul Grigorie Lipoianu, București, 1847. Issak Lakedem, traducere de G.A. Baronzi, București, DIGB Dumas Alex., 1855-1856. Iacobinii și girondinii, (Le Chevalier de Maison-Rouge), DJIV Duval, Alex., traducere de G.A. Baronzi, București, 1855. Junețea lui Carol I, Comedie în cinci acte, traducere de Căpitanul I. Voinescu, București, 1836. Trei Mușhetari, traducere de A. 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Andronic, DTAP ii București, 1853. Tereza, drama în cinci acte, traducere de A. Pelimon, Bu- DTEV ii curesti, 1848. Tereza, drama în cinci acte, traducere de Elena Vorea, Bu- ciumul,1853. - 452 - DZGR Dumas, Alex., Don Bernardo de Zuninga, traducere de G.I.R., București, 1857. DDAB Ducray Duminil Alexii sau căsuța din codru, acum întâi tălmăcită din limba franțuzească'... de Aleco Beldeman, Manuscris din 1806. ' DDSM Dealul Dracului, Melodrama în cinci acte si sase tablouri, tradusa din franȘozește de S. Mihalescu, București, 1853. EIIA Enciclopedie începătoare pentru tinerimea româneasca care învață limba franceză, Esii, Institutul Albinei, 1839. EIRG Regulile sau gramatica poezii, adaos literar la Curierul românesc, partea II, traducere din limba franceza de I. Eliade, 1831. EIU Elemente de Istorie universală spre întrebuințarea și aju- torul junimei que urmează clasele quelle de jos de umanioare culeasă și tradusă în românește. București, 1843. 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FGKS ii Galatea, tradusa de limba franceza în cea moldoveneasca" de Kostachi Stamati la anul 1813. FGPF ii Gemenii din Bergam, Comedi înt-un act, traducere de Pra- porșcicul I. Florescul, București, 1836. FGTN ii Guiliom Tel sau Elveția sloboda, traducere de Grigorie Negrea, Buzău, 1839. - 453 - FGTO Florian, FLFP Fournier, M. , FMIE Voltaire, FMLP Fournier M. , Gonzalvu de Cordova, traducere de N.T.Orasanu, București, 1858. Limba franțuzeasca și ortografia ei arktata prin princi- puri în 24 de legi cu gramatica franțuzeasca prin ajuto- rul căreia poate sa învețe cinevași singur și fara das- cal, a vorbi ș-a scrie regulat, acum întîi si în romă- neste, spre folosul tinerimii, P. de G. Plesoianu, București, 1830. ? 7 Fanatismul sau Mahomet proorocul, tragedie în cinci acte, traducere de I. Eliad, București, 1831. Limba franțuzeasca și ortografia ei, traducere de G. Ple- ^oianu, Sibiu, 1830. FMNC Fodere, F.E., Manual pentru îngrijitorii și îngrijitoarele de bolnavi. pentru îngrijitoarele de femei lehuse, pentru moașe și pentru mume de familie în deobște, traducere în românește de N.A. Kretzulescu, București, 1842. FNMB Florian, Trei novele, traducere de I.M. Bujoreanu, București, 1853. FNPB ” Istoria lui Numa Pompilie, al doilea crai al Romei, (to- mul al doilea), Tălmăcită din limba franțozeasca de dumnea- lui Postelnicul Alex. Beldiman, Buda 1818, Iași 1820. FTAO Fourcy, L. de, Tratație asupra geometriei descriptive, precedată de o introcluctie ce cuprinde teoria Planului și a linii drepte privite în spațiu, traducere din franțuzește de Arhitec- tul Oresco, București, 1851. / FTPM Fenelon, Intîmplările lui Telemah, fiului lui Ulise, (Odisseys), traducere de Petru Maior, Buda, 1818. FTTP ti Intîmplările lui Telemah, fiul lui Ulise, Acum întîi tra- duse din franțuzește de G. Plesoianu, Ediție în patru to- muri, Sibiu, 1831^ / FTSC 1! 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Negruțți, Bucu- rești, 1837. Ballade, traducere de C. Negruzzi, Iași, 1845. .Maria Tudor, (drama în trei zile), traducere de Negruțți, București, 1837. Zioa dup^ urma a unui osîndit, traducere de D. Căpitanul St. Stoica, București, 1839. Manual complet de învățătură mutuala sau Instrucții pentru fondatorii și directorii școalelor după metoda mutuală, traducere din franceza de Brezoianu I., București, 1850. Pastorul sarac, Drama în trei acte, traducere de Iconomu Dm., București, 1849. învățătorul primar sau povețe și sfaturi pentru a pregăti pe învățătorii primari la cariera lor și a-i călăuzi în lucrarea foncțiilor, tradus din frantozește de Ion Brezo- ianu, București, 1848. Biblioteca tinerilor începători sau culegerea de întîiele cunoștințe trebuincioase pentru învățătura copiilor ce încep a ceti, traducere de Romano, I^.D., Buzău, 1837. Istoria sfînta sau prescurtarea istorica a Vechiului și Noului Testament, tradus din franțozeșțe de loan Voinescu, Buzău, 1854. IVIV Istoria sfînta sau prescurtarea istorica7 a Testamentului vechi și nou, tradusa din frantozeste de Voinescu loan București, î846. ITIV Istoria sfînta sau prescurtarea istorica a Testamentului vechi și nou?tradusă din franțozeste de loan Voinescu, București, 1851. 7 JDDI Jaclot, J., Doppia scriptura sau ținerea catastișelor, în partida sim- pla~și în partida îndoita, traducere de D. lancu, partea I, A, București, 1844-1845. JRNE Rousseau, J.J., Julia sau Nuoa Eloise, ori scrisori a doi amanți, lă- cuitori într-o mică cetate în poalele Alpilor, adunate și publicate, traducere din franțuzește de l.Eliad, București 1837. KBPB Kock, Ch. P., Bărbierul de Paris, traducere de T. Vartic, Iași, 1832. - 455 - KLMB Kock, Ch. P., Laptarița din Montfermeil, traducere de J.M. Bujoreanu București, 1855. KMMB n Madelena, traducere de J.M. Bujoreanu, București, 1857. KSAO ti Sora Ana, traducere de N. T. Orașanu, 2 voi., București, 1856. 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MAIT Marmontel, Adelaida sau Păstorița alpiceasca, Istorie morala din po- veștile lui..., traducere de loan Theodorovici, Buda, 1836. 2 ii Adelaida sau Păstoriță alpiceasca, Calendarul de la Buda, 1818. ' MASA ii Adelaida sau Păstoriță"Alpiceasca, traduse din limba franțiozeasca în cea româneasca' de un miljtariu de în- culțirea cariilor în neamul sau și data în tipariu după cum se vede la anul 1836, a.v.g. 15 - S.A. MBAM ii Velisarie, Scriere morala compusa"în limba franțezeasca si tradusa slobod în cea rumâneasca de D. Simion Marcovici, București, 1843. MBDC Moliere, Badaranul boierit, comedie în cinci acte, repertoriul tea- trului național, traducere de D. Căpitanul Voinescu, Bucu- rești, 1836. - 456 - Marmontel, Moliere, Marmontel Mabli, P., Moliere Martin, Aime, MB IE MBNN MBSM MDSM MDYC MEDN MFIE MGPC MI IM MLHN MMDC MMGS MPDG MPES MPIG MRSG MSIB Bărbatul bun, din povestirile morale ale lui..., traduce- re de I. Eliade, București, 1832. Bourgeois gentilhomme, traducere de N.N., București, 1835. Velisarie. secretar perpetuei al Academiei Franceze, ti- părit în românește prin generozitatea M. Salle prea înal- tului domn al Tarii Romanești Giorgie D. Bibescu, tradus de Alexandrina Maghieru, București, 1844. Dialogurile lui Focion, asupra înclinării moralului cu politica, traduse din elinește de Părintele Mabli în limba franțozeasca si dintr-aceasta în cea rumăneascâT slobod de Paharnicul Simeon Marcovici, București, 1844. Don Juan sau Ospățul de piatra, comedie în cinci acte, traducere de M. Costescu, București, 1846. Educația mumelor de familie sau civilizația neamului omenesc prin femei, tradusa slobod după a patra ediție de I. D. Negulici, București, voi. I 1844 - voi. II 1846. Marmontel, Femea buna, din povestirile morale ale lui..., traduce- re de I. Eliade, 1832. Genlis, M., Prințesa de Clermont sau Nuvela istorica, traducere de I. Brezoianu, București, 1842. Millot, C.F.X. 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Montesquieu, Marimea Romanilor sau Bagare de sama asupra pricinilor înălțării și căderii lor, traducere de Staneiu Capatineanul Sibiu, 1830. 7 Moliere, Sicilianul sau amorul zugrav, comedie într-un act, tradu- cere de D.I. Burchi, București, 1836. - 457 - MSKR Moliere Vicleniile lui Scapin, tradusa^ si tipărită"cu cheltuia- la D.K. Răsti, si dăruită teatrului național, București, 1836. ' MSR " Zgîrcitul, comedie în cinci acte, traducere de I. Ruset, București, 1836. MSTZ " Școala femeilor, comedie în cinci acte, traducere de I.H. Zot, București, 1847. MTEM Marmontel, Istorisirea moralnica intitulata' Tripodul Elenei, tal- macită de pe franțuzește de Mihail Mavrodi, Iași, 1838. MTIP ” Trei cuvinte din cele moralicești tălmăcite adeca des- pre limba franțozească"de dumnealui Marele Paharnic la- nache Papazoglu, 1846. NCGC Noel, Chapsal, Mica gramatica franceza pentru învățătură tine- rimei Moldo-române, publicată în orînduirea epitropiei ^coaielor traducere de Codrescu T., Eții, 1847. 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Istoria călătoriilor lui Scarmentado (sic) , scrisa de el însuși, tălmăcită de un Roman neaoș din franțu- zește, 1831. Istoria Craiului Sfeziei Carol al 12-lea, acum întîi tălmăcită după al nostru dialect prin silința și ostenea- la smeritului Gherasim, Arhimandritul Mitropoliei, la- șului, 1799. Jeannot et Colin, traducere de J.I. Many, Foaia pentru minte, n° 25-26, 1845. Jeannot et Colin, traducere de Scarlat Tampeanul, tradu- cere intercalată în tratatul de Geografia țării Româ- nești, București, 1840. Memnon, istorioara alcătuită de ..., iar acum talmaci- tâT de pe limba greceasca și alcatuita în stihuri de Cos tache Negruți Iași, September, anul 1823. Meropa, tragedie în cinci acte, traducere de Gr. Alek- sandrescu, București, 1847. Memnon ou la sagesse humaine, traducere de Gr. Pleșoia- nu, 1831. Țragodia lui Orest, traducere de Alex. Beldiman, Buda, 1820. Sadic sau Ursitoarea, traducere de S. Capatineanu, Craiova, 1831. 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Caragiale, I.L., Opere, 2 voi., Editura de Stat pentru literatura și artă. București, 1960. CC^ Diaconul Coresi, Carte cu învățătură (1581), publicata de Sextil Puș- cariu pi Alexie Procopovici, București, 1914. CPps ’’ Psaltire Slavo-româna, 1577. CMGF Codrescu, T., Mica gramatica franceza, 1841. Conachi, C., Poezii, Alcătuiri si tălmăciri, Iași, 1856. Candrea I. Aurel, Adamescu Gh., Dicționarul enciclopedic ilustrat, Partea I : Dicționarul limbii române din trecut și de astazi de I. Aurel Candrea. Partea II : Dicționarul istoric și geografic universal de Gh. Adamescu, București, Editura "Cartea româneasca", 1926-1931. Caragiali, Costachi, 0 repetiție moldoveneasca sau noi și iar noi, Cantora Foiei sătești. Iași, 1845. Costinescu Ion Vocabular româno-francesu, București, 1870. Cipariu, T., Compendiu de gramatica limbii române, Blasiu, 1855. C. Negr. Negruzzi, C., Păcatele tinerețelor, Iași, 1857. Crețulescu, N.A., Manual de anatomie descriptiva, București, 1843. 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R.P.R., Institutul de lingvistica. Bucu- rești, 1957. DIGD Gherasim, D.I., Dascăl pentru limba franțozeasca, București, 1832. DLR Dicționarul limbii române. București, 1907-1944, 1965. DLRM Dicționarul limbii române, moderne, București, 1958. ---j------------------------------ / Dionisie Marțian Studii sistematice în economia politica. București, 1858. DLDFR Leonidos, D.I.D., Cîntaretul, Dialoguri franțezo-românești. Craiova, 1839. ECDR Ciocanilli, G.E., Dialoguri româno-frâncezi, sau Modul de a studia cu însesnire limba franceza, București, 1856. Gramatica limbii române, I-II, Ediția a II-a, Bucureș- ti, Editura Academiei Republicii Populare Române, 1963. ER Gram. Eliad, I., Gramatica româneasca, Sibiu, 1828. Frînculescu, 0., Primele noțiuni de gramatica franceza pentru uzul școa- lelor secundare de toate categoriile cu un tablou de verbe neregulate conjugate ți traduse în întregime, Buzău. 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SFC Modeluri de scrisori familiare și comerciale în cin- ci limbi, rumânește, frantozește, nemțește, italie- nește, și englezește, București, 1841. - 468 - Sih. Arm. Sihleanu, Al., Armonii intime. București, 1857. S ion, S., Din poeziile lui G. Sion, Bucur ești, 1857. Ș. Hron. Sineai Gheorghe, Hronica românilor și a mai multor neamuri..., Iași, 1853-1854. Stamati, T. , Disionaras, romanesc de cuvinte tehnice și alte- le greu de înțeles, Intîia ediciune, laș i, 1851. Tempea Radu, Gramatica româneasca, Sibiu, 1797. TSAFR Stamati, T., Abețedar franțezo-românesc, Iași, 1833. Ț. Filos. țpichindeal, Dimitrie, Filosoficești și politicești prin fa- bule moralnice învățaturi, Tipografia Universității Buda, 1814. UVDF Ursescu, Vasile, Dialoguri francezo-române, 1850. VAAF Abecedariu francezo-românu foarte metodic, coprin- zatoriu de toate regulile de cetire cu exemplele lor, cele mai necesarie ziceri pi frazele cele mai uzitate în vorbire, de V.A. , București, 1856. 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Les traductions du frangais et le role des traducteurs .................................................... 45 Premiere pârtie ELEMENTS LEXICAUX D’ORIGINE FRANCAISE I. Introduction ................................................... 60 II. Neologisme - Emprunt - Calque .................................. 62 III. L’importance des neologismes frangais ......................... 68 IV. L’adaptation des neologismes ................................... 86 1. L*aspect phonetique ......................................... 87 2. L’aspect morpho-syntaxique ................................. 102 Le substantif et l’adjectif ............................. 102 - le genre et le nombre - derives et composes - suffixes substantivaux - suffixes adjectivaux - prefixes et elements de composition Le verbe ................................................ 136 Le pronom ............................................... 147 3. L’aspect semantique ........................................ 149 V. Les abus ...................................................... 169 Conclusions sur les neologismes .................................... 186 - 470 - VI. Calques linguistiques ......................................... 215 Calques lexicaux a) calques de structure ....................................... 218 b) calques semantiques ..................................... 225 Calques phraseologiques structures nominales .......................................... 241 structures adjectivales ................................. 250 structures verbales ..................................... 251 autres structures ....................................... 267 les expressions impersonnelles .......................... 274 Parallelismes ...................................................... 285 CONCLUS ION ........................................................ 292 Deuxieme pârtie SYNTAXE ET STYLISTIQUE INTRODUCTION ....................................................... 299 Coordination ....................................................... 305 Subordination ...................................................... 314 La subordonnee causale ............................................. 317 La subordonnee conditionnelle ...................................... 325 La subordonnee temporelle ..............................;. 330 La subordonnee d’opposition ........................................ 333 L’analyse des segments constitutifs ................................ 335 Les types de calque ................................................ 338 L’evolution et les variantes des locutions ......................... 338 Constructions correlatives dans le cadre du rapport de la subordination ........................................... 348 Autres faits syntaxiques ........................................... 354 a) Les constructions impersonnelles comme ele- ments introductifs d’une subordonnee subjective ................................................. 354 - 471 - b) La subordonnee relative 363 L’ordre des mots ................................................... 369 Autres constructions ............................................... 376 Faits de style ..................................................... 386 Les insertions incidentes ........................................... 386 Les constructions incises ........................................... 391 Le role du frangais dans la modernisation de la phrase roumaine ............................................... 397 CONCLUS ION ........................................................ 416 BIBLIOGRAPHIE ...................................................... 426 - 472 - ACHEVE D'IMPRIME EN JUIN 1973 SUR LES PRESSES DE L’IMPRIMERIE UNIVERSITAIRE FACULTE des SCIENCES MIRANDE 21000 DIJON Depot Legal, Ier semestre 1973 n® 11 PUBLICATIONS DE L’UNI VERS ITE DE DIJON I OUVRAGES PARUS DANS LA COLLECTION DE LA REVUE BOUR GUI GNONNE PUBLICE PAR L’UNIVERSITE DE DIJON DE 1891 A 1914 GrammonT, La dissimilation consonantique dans les langues indo-europcennes et dans les langues romanes, 1895, in-8°, 215 p. (epuise). M. Langeron, Muscinees de la C6te-d’Or, etudes geographiques. Catalogue des muscinees de la Cote-d'Or, par M. Langeron et H. Sullerot, 1898, in-8°, 192 p. (epuise). L. STOUFF, Cartulaire de la viile d’Arbois au comte de Bourgogne (XIIP et XIVe s.), 1898, in-8°, 220 p. P. GaffarEE, Prieur de la Cote-d’Or, 1899, in-8°, 354 p. L. STOUFF, Les origines de l’annexion de la Hazite-Alsace â la Bourgogne en 1469, 1900, in-8°. Emile Roy, Etudes sur le theâtre frangais du XIV* et du XVe s. La Comedie sans titre publice pour la premiere fois d’ap. le ms. latin 8163, et les Miracles de Notre-Dame par personnages, 1901, in-8°, ccxvin-366 p. (epuise). Arthur KEEINCEAUSZ, L’Empire carolingien, ses origines et ses transformations, 1902, in-8°, 614 p. (epuise). Ch. LAMBERT, Etude sur le dialecte eolien, 1903, in-8°, 275 p. Emile Roy, Le my stere de la Passion en France du XI Ve au XVIe s., 1903- 1904, in-8°, 510 p. (epuise). L. STOUFF, Essai sur le lieutenant-general baron Delort, 1905, in-8°, 282 p. Ch. CESTRE, La Revolution frangaise et les poHes anglais (1789-1809), 1906, in-8°, 592 p. (epuise). P. Girod, Les subsistances en Bourgogne et particuli^rement â Difon â la fin du XVIIP s., 1906, in-8°, 154 p. Emest Champeaux, Les ordonnances des ducs de Bourgogne sur l’ administra- tion de la justice du Duche, 1907, in-8°, CCCXXXil-352 p. (epuise). Henri Hauser, Les compagnonnages d’arts et metiers â Lijon aztx XVIP et XVIIP s., 1907, in-8°, 220 p. Ch. LamberT, La grammaire latine selon les grammairiens latins du IVe et dzt, Ve s., 1908, in-8°, 236 p. (epuise). P. DESSERTEAUX, Etudes sur la formation historique de la Capitis diminutio, 1909, in-8°, 387 p. Germain-Martin et P. Martenot, Contribution â l’histoire des classes rurales en France au XIXe s. La Câte-d’Or, etude d’economie rurale, 1908, XIII- 572 P- Henri DrouoT, Un episode de la Ligue âDijon. L’affaire La Verne (1394), 1910, in-8°, xvi-265 p. Louis Gros, Le Parlement et la Ligue en Bourgogne, 1910, in-8°, 216 p. Edmond Beeee, La Reforme â Dijon (1330-1370), 1911, in-8°, EV-245 p. Emest Champeaux, Ordonnances franc-comtoises sur l*administration de la justice (1343-1477), 1912, in-8°, EXVii-271 p. Henri Hauser, Le trăite de Madrid et la cession de la Bourgogne â Charles- Quint, 1912, in-8°, 182 p. L- STOUFF, Catherine de Bourgogne et la feodalite de l’Alsace autrichienne ou un essai des ducs de Bourgogne pour constituer une seigneurie bourgui- gnonne en Alsace, 1913, in-8°, 523 p., carte depliante. H. Drouot et L. Gros, Recherches sur la Ligue en Bourgogne, 1914, in-8°, 240 p. II NOUVELLE SICRIE (Collection de volumes in-8° fondee en 1928) I. A. Boutaric, G. Connes, P. Petot et L. Stouff, Melanges, 1928, 135 p. II. A la memoire d* Emile Roy (recueil in memoriam contenant notam- ment le Dit du Prunier, poeme du xve s., edition et glossaire, par E. Roy, prof. de litt. frangaise â la Fac. des Lettres deDijon), 1929, xxm-75 p. III. Louis Stouff, Essai sur Melusine, roman du XI Ve s., par Jean d’Arras, 1930, 175 p., 9 pl- IV. Simone FizainE, La vie politique dans la Cote-d’Or sous Louis XVIII, 1931, xv-272 p. V. Melusine, roman du XI Ve s. par Jean d’Arras, publie par L Stouff, 1932, xin-337 P » 1 planche. VI. Marcel Bouchard, L* Academie de Dijon et le premier discours de J-J^ Rousseau, 1950, 109 P- VII. Robert Folz, Le souvenir et la legende de Charlemagne dans l'Empire germanique medieval, 1950, xxiv-624 p., 1 carte (epuise). VIII. Genevieve Bianquis, Etudes sur Goethe, 1951, 172 p. Tous les n08 precedents sont en depot ă Paris : Societe Les Belles Lettres, 95, boulevard Raspail, Paris (VIe). IX. Travaux de la Faculte des Sciences (Sciences naturelles). En depot ă Paris : Presses Universitaires. X. Jean-Lucien Gay, Les effets pecuniaires du mariage en Nivernais, 1953» 328 p. En depot ă Paris : Editions Domat-Montchrestien. XI. Franțois Bugnon, Recherches sur la ramification des Ampeli- dacees, 1953, 160 p. En depot ă Paris : Presses Universitaires. XII. Jean Richard, Les ducs de Bourgogne et la formation du duchc, du XL au XI Ve s., 1954, XE-572 p. XIII. Paul Lebee, Principes et methodes d’hydronymie frangaise, 1956, xxxn-392 p. XIV. Henri Drouot, Une carriere : Frangois Rude. Avec un avant - propos consacre â Henri Drouot et une bibliographie de ses tra- vaux, 1958, 120 p., 8 planches. XV. Robert Laurent, Les vignerons de la Câte-d’Or, 1958, t. I, 576 n • t. II, 288 p. ’ XVI. Ades du colloque sur les influences helleniques en Gaule (Dijon, les 29-30 avril- ier mai 1957), 1958, 156 p., 20 planches. XVII. Jean-Paul Moreau, La vie rurale dans le sud-est du Bassin pari- sien, 1958, 340 p., 30 planches. Ees n00 precedents sont en depot â Paris : Societe Les Belles Lettres. XVIII. Pierre Rat, Les pays cretaces basco-cantabriques, 1959, 528 p., 12 p. de planches hors texte. En depot â Paris : Presses Universitaires. XIX. Raymond OuRSEL, La dispute et la grâce. Essai sur la redemption d’Abelard, 1959, 96 p. XX. Rene Joffroy, L’oppidum de Vix et la civilisation hallstattienne finale dans VEst de la France, 1960, 210 p., 81 planches. XXI. Pierre de SainT-Jacob, Les paysans de la Bourgogne du Nord, au dernier siecle de l’Ancien Regime, 1960, 544 p., 1 hors-texte. XXII. Rene Ternois, Zola et son temps. Lourdes, Rome, Paris, 1961, 696 p. XXIII. Fran^oise HumberT, Les flnances municipales de Dijon, du milieu du XIV* s. â 1477, 1961, 282 p., 3 hors-texte. XXIV. Andre Armengaud, L’opinion publique en France et la crise naționale allemande en 1866, 1962, 148 p., 1 hors-texte. XXV. Francis PRUNER, Antoine, Lettres d Pauline, 1962, 348 p. XXVI. Andre LEGUAI, Les ducs de Bourbon pendant la crise monarchique du XPe 5. Contribution â l’etude des apanages, 1962, xvil-219 p. XXVII. Hommage â M aurice Blondei, 1962, 58 p. XXVIII. Pierre de SainT-Jacob, Documents relatifs â la communaute villa- geoise en Bourgogne, 1962, 160 p. Ees n08 precedents sont en depot â Paris : Societe Les Belles Lettres. XXIX. Henri Tintant, Les Kosmoceratidcs du Callovien inferieur et moyen d’Europe occidentale, 1963, texte 504 p. ; Atlas 120 p. En d£p6t â Paris : Presses Universitaires. XXX. Etudes sur le Contrat Social de Jean-Jacques Rousseau. Actes des Journees d’etude tenues â Lijon les 3, 4, 3 et 6 mai 1962, 1964, 535 P- En d6p6t A Paris : Socictt Les Belles Lettres. XXXI. Hommage au Professeur Pierre £tienne-Martin, 1964, 32 p. En d£p6t ă l’Universită de Dijon. XXXII. E. de Saint-Denis, Essai sur le rire et le sourire des Latins, 1965, 304 P- XXXIII. Frangois Germain, Edition critique de L’enfant maudit, d'Honore de Balzac, 1965, 360 p. XXXIV. Norbert Jonard, Poesies inedites ou rares de Giuseppe Baretti, 1965, 208 p. XXXV. Andre MalET, Le Trăite theologico-politique de Spinoza et la pensee biblique, 1966, 319 p. XXXVI. Jean Bart, Recherches sur Vhistoire des successions ab intestat dans le Droit du duche de Bourgogne du XIIP â la -fin du XVIe s., 1966, 349 p. XXXVII. Claude Treyer, Sahara 1956-1962, 1966, 344 p., 2 cartes h.-t. XXXVIII. Rene Ternois, Zola et ses amis italiens, 1967, 17a p. XXXIX. Rolande GadiixE, Le vignoble de la Cote bourguignonne, 1967, 686 p., 49 cartes et graphiques, 1 carte hors-texte. XL. Hanifa Kapidzic-Osmanagic, Le Surrealisme serbe et ses rapports avec le Surrealisme frangais, 1968, 281 p. XLI. Jacques FromenTAI,, La reforme en Bourgogne aux XV P et XV11P s., 1968, 224 p. XLII. Norbert Jonard, Italo Svevo et la crise de la bourgeoisie europeenne, 1969, 230 p. XLIII Jean-Rene SURATTEAU Les elections de l*An VI et le "Coup d’Etat du 22 Floreal** (11 Mai 1798), 1971, 459 pages En d6pât ă Paris : Societe Les Belles Lettres,